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Système statistique de l’information en Algérie l’art de la manipulation des chiffres !

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  • Système statistique de l’information en Algérie l’art de la manipulation des chiffres !

    Les hommes politiques ne connaissent la misère que par les statistiques. On ne pleure pas devant les chiffres». Cette pensée de l’Abbé Pierre, source d’inspiration pour le génie de la statistique mondiale, le suédois Hans Rosling dans son projet révolutionnaire «Gapminder», peut-elle seoir aux politiques algériens ?


    La réponse pourrait être non, car dans notre pays les gouvernants n’attendent pas les statistiques pour pouvoir localiser les pauvres, les chômeurs, les malades, les analphabètes, les entreprises en difficultés etc. pour connaître les raisons de leur situation et à quoi ressemblera leur avenir. Très peu fiables, contradictoires, manquant de transparence et rarement communiquées en temps réel, les données statistiques sont souvent orientées suivant ce que requièrent la conjoncture et les impératifs du moment.


    Elles n’ont jamais pu être le reflet de la réalité au quotidien, notamment dans ce qui a trait aux questions économiques, tels que le taux de chômage et l’inflation. D’ailleurs, en termes relatifs, des institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont, maintes fois, eu à interpeller l’Algérie sur le manque de crédibilité caractérisant les informations statistiques communiquées. Longtemps récalcitrant de par sa préférence absolue et avérée pour la gestion opaque des affaires économiques, notre pays a fini, sous la contrainte, par franchir le pas en adhérant au Système général de diffusion des données du FMI (International Monetary Fund’s General Data Dissemination System-GDDS), institué en 1997.
    Déjà adopté par près d’une centaine de pays, ce référentiel statistique comprend la publication des informations se rapportant notamment à la comptabilité nationale, la production industrielle, l’indice des prix, le chômage, le secteur financier, la dette, les taux d’intérêt, la balance des paiements, le commerce extérieur et les données socio-démographiques émanant de chacun des pays membres. Avec cette adhésion, l’Algérie s’est retrouvée tenue de se mettre en phase avec les normes et standards internationaux et de se conformer aux meilleures pratiques de la statistique.


    Partant, elle s’est engagée dans un ambitieux programme de refonte de son système statistique. Celui-ci prévoit des investissements conséquents susceptibles de faciliter la mise en route de la nouvelle stratégie statistique nationale, en cours d’élaboration, avec l’ambition d’aboutir à une meilleure affectation des ressources et une répartition plus rationnelle des dépenses. Pour ce faire, le commissariat général de la planification et à la prospective, le Conseil national des statistiques et l’Office national des statistiques (ONS) se sont tracé une feuille de route et ont convenu que tout sera fin prêt d’ici à 2015. Un délai coïncidant, par le plus grand hasard, avec la date butoir fixée les Nations unies pour atteindre les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) décidés en 2000, l’objectif étant de réduire l’extrême pauvreté et la misère dans le monde.


    L’Algérie, qui figure parmi les 189 pays ayant souscrit à ces objectifs, s’est donc donné le temps jusqu’à 2015 pour se doter d’un système d’information statistique moderne et efficace. Ainsi, malgré la modification progressive des indices qui s’est mise en place, à la traîne, notre pays l’est et le restera encore. Et pour cause, les indicateurs arrêtés pour évaluer les progrès et les avancées vers les OMD réalisées par les Etats signataires de la déclaration millénaire onusienne tirent leur infaillibilité des informations fournies par des systèmes statistiques solides, fiables et fluides. Nos voisins de l’Est et de l’Ouest, l’enjeu que constitue la mise à niveau de leur système national d’information statistique, ils en ont pris conscience depuis bien longtemps.


    La voie leur est désormais ouverte à d’autres ambitions, de toutes autres dimensions. Mise en route en 2005, date de son adhésion à la Norme spéciale de diffusion des données (NSDD) du FMI, la modernisation du système national des statistiques a permis au Maroc de se frotter aux modèles européens les plus performants et de tirer parti de leur expertise. Mieux, au Medstat, programme portant sur la mise au point et le développement d’un système permanent d’échanges réguliers de statistiques entre l’UE et les pays partenaires méditerranéens, il lui est fait appel pour apporter sa coopération technique, de par son statut de membre très actif.


    La Tunisie, quant à elle, vient de finaliser son deuxième plan statistique quinquennal (2008-2012) mis en place pour définir les grandes orientations et les actions à entreprendre pour pouvoir les matérialiser sur le terrain. Le partenariat qu’elle a conclu à cette fin avec l’UE devrait lui faciliter l’identification des besoins prioritaires en matière d’informations statistiques, notamment celles afférentes au secteur économique. Avec les capacités actuelles et au rythme où va la mise à niveau de notre système national des statistiques, les objectifs du Millénaire ont-ils des chances d’être atteints par notre pays ? Force est d’en douter, du moins en ce qui concerne celui ayant trait à la croissance économique.

    El Watan - Naima Benouaret
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