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Entretien avec Henry S. Ensher, ambassadeur des Etats-Unis à Alger

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  • Entretien avec Henry S. Ensher, ambassadeur des Etats-Unis à Alger

    Guerre au Mali, réformes politiques en Algérie..


    Pourquoi les États‑Unis ne participent‑ils pas directement à l’intervention militaire menée par la France au Mali ?

    L’opération militaire française a été lancée suite à une demande formulée par les autorités maliennes, il y a quelques jours. Le gouvernement américain est en étroite consultation avec le gouvernement français sur la manière avec laquelle les États‑Unis pourraient aider dans cette opération militaire.


    Une intervention militaire américaine est-elle envisageable dans les prochains jours ?

    Le plus important est que nous sommes en consultation avec la France et avec la Cédéao. Les États‑Unis attendent de voir ce qui va se passer dans le pays. Tout dépendra de la nature de l’intervention, la forme de l’aide qui sera demandée.


    Mais y aura-t-il des troupes américaines sur le sol malien ?

    Ce n’est pas envisageable !


    En quoi consiste l’aide logistique proposée par les États‑Unis à la France ?

    Aucune décision n’a été prise pour le moment. Ça pourrait se traduire par une assistance aérienne. Les forces américaines ne vont pas entreprendre des attaques. Elles vont juste apporter un soutien aux opérations aériennes.


    De quelle manière ?

    Je ne suis pas au courant. Il y a toujours les consultations en cours sur la nature et la forme de l’aide que pourraient apporter les Américains.


    L’Algérie a autorisé le survol, sans limite, de son territoire par des avions de chasse français et fermé ses frontières avec le Mali. Ces mesures répondent‑elles à vos attentes ?

    Il est nécessaire que tous les États de la région contrôlent leurs frontières pour mettre fin à la contrebande de marchandises destinées aux groupes terroristes. Et le plus important, actuellement, est d’avoir une étroite consultation et collaboration entre l’Algérie et le Mali afin d’avoir une idée sur les exigences du gouvernement malien. Les États‑Unis se félicitent, d’ailleurs, de la visite du Premier ministre malien en Algérie.


    Le commandant de l’Africom a précisé qu’il n’y aurait pas de solution satisfaisante à la crise sans la participation de l’Algérie. Comment les Américains conçoivent‑ils cette participation ?


    L’Algérie a joué le rôle de médiateur politique compte tenu de ses étroites relations, à la fois, avec le gouvernement malien et les groupes touareg au Nord‑Mali. L’Algérie est l’État le plus puissant dans la région. Elle peut apporter une assistance multiforme : sécuritaire, politico-militaire, humanitaire et une assistance au développement du pays après la restauration de l’ordre au Mali.


    En quoi consisterait l'assistance politico‑militaire ?

    Pour l’assistance politique, il s’agit de soutenir les efforts du gouvernement malien pour rétablir son autorité dans le nord du pays et apporter une aide dans les négociations avec les populations du nord afin que leurs aspirations soient satisfaites dans le cadre d’un Mali unifié.

    Concernant l’assistance militaire, il s’agit d’aider la Cédéao et le gouvernement malien en leur offrant une assistance logistique. Celle‑ci peut se traduire par la fourniture d’équipements et par la formation. L’armée algérienne a une expérience importante dans la lutte antiterroriste. L’assistance de l’Algérie ne prendra certainement pas la forme d’une intervention [directe] au Mali. L’Algérie devra aussi sécuriser ses frontières.


    Un processus de dialogue a été initié par l’Algérie avant la guerre. A‑t‑on donné toutes ses chances au dialogue ?

    C’est le mouvement des groupes armés vers le sud qui a compromis le dialogue. L’intervention était une réponse à cette action. Mais il y a toujours une possibilité de trouver une solution à travers le dialogue. Celui‑ci doit avoir deux objectifs : obtenir un engagement de lutte contre les terroristes (dont Aqmi) et le crime organisé au Nord‑Mali et un engagement de respect de l’intégrité territoriale du Mali. L’Algérie peut jouer un rôle efficient pour atteindre ces objectifs.


    Qu’a-t-on prévu pour régler le problème des Touareg dans cette région après l’intervention militaire ?

    Le retour au dialogue et aux négociations inter‑maliennes sera nécessaire pour unifier le pays. La communauté internationale apportera certainement une assistance. Et l’Algérie aura un rôle spécial à jouer. Le plus important est la présence du gouvernement malien au nord. Il faudrait qu’il soit présent et opérationnel pour constituer une alternative aux groupes terroristes du nord.


    L’Occident, et particulièrement les États‑Unis, sont déjà intervenus militairement en Afghanistan, en Iraq, en Somalie et dans d’autres pays à travers le monde sans réussir à éradiquer le terrorisme. Pourquoi pensez‑vous que l’intervention pourrait régler le problème au Mali ?

    Les guerres en Afghanistan, en Somalie et en Iraq étaient une réponse à des menaces spécifiques contre les États‑Unis et ses intérêts. C’était une réponse aux menaces, pas aux idéologies qui sont derrières ces menaces. Quant au succès ou à l’échec de ces opérations, il est trop tôt pour porter un jugement. Laissons cela à l’histoire. En Iraq par exemple, on a mis fin au régime de Saddam Hussein et en Afghanistan, on a mis fin au régime d’Al‑Qaïda. Je considère cela comme un succès.

    Pour ce qui est du Nord-Mali, j’estime que la position de l’Algérie est absolument correcte. Les États‑Unis et l’Algérie sont d’accord sur le fait qu’il faut rétablir la démocratie au Mali et rendre son intégrité territoriale à ce pays qui reconnaît les aspirationspolitiques des Maliens du nord.


    En Algérie, certains pensent déceler dans votre soutien à une intervention militaire une volonté d’installer des bases militaires au sud de l’Algérie…

    Je pense que je vais porter un tee‑shirt avec un message dessus : « nous ne voulons pas de bases militaires en Algérie ! ». Est-ce que vous avez une idée du coût d’une base militaire ? C’est énorme. Nous sommes prêts à fournir une assistance et un soutien aux pays de la région mais pas de bases militaires.


    Que pensez‑vous de l’état d’avancement des réformes politiques en Algérie, très critiquées par une partie de la société civile ?

    Mon évaluation n’a pas d’importance. Ce sont les ambitions et les aspirations du peuple algérien de vivre dans une société démocratique, libre, dans laquelle chacun peut s’exprimer et réaliser ses ambitions qui comptent. Quant à la nature et au rythme de ces réformes, c’est au peuple et au gouvernement algérien d’en discuter.


    L’hypothèse d’un quatrième mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika revient avec insistance. Qu’en pensez-vous ?

    Ce n’est pas notre affaire. Je n’ai aucune opinion sur un quatrième mandat. Le gouvernement américain travaillera avec le gouvernement qui sera élu par le peuple algérien.

    TSA
    Dernière modification par mohand-ameziane, 16 janvier 2013, 01h56.
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