On ne peut plus parler de résilience de l’économie marocaine à la crise économique occidentale, du simple fait que si notre pays continue à afficher une croissance économique relativement honorable, deux lourds handicaps la freinent de plus en plus. En effet, l’année 2012 se serait terminée avec un taux de croissance économique autour de 4,%, bénéficiant tout particulièrement de la consommation des ménages et du bon comportement de l’investissement. Le dynamisme de la consommation se reflète par la bonne tenue des crédits à la consommation de +11,1% à fin octobre 2012 et par l’évolution positive des recettes de la TVA intérieure.
Quant à l’effort de l’investissement, la bonne tenue des importations des biens d’équipement (+9,3 % à fin novembre 2012, à près de 67,2 milliards de dirhams), les dépenses d’investissement du Budget de l’Etat (+1,5 %, à 37,8 milliards de dirhams) et les recettes des investissements et prêts privés étrangers qui ont atteint 26,6 milliards de dirhams, en hausse de 1,2 % en glissement annuel, en démontrent l’efficacité.
L’impact de la crise importée
Toutefois, les transactions commerciales du Maroc avec le reste du monde ont été marquées, à fin novembre 2012, par une aggravation du déficit commercial de 19,4 milliards de dirhams ou de 11,8 % en glissement annuel, pour se situer à plus de 183,1 milliards de dirhams, dépassant la valeur des exportations de près de 19 milliards de dirhams, selon la dernière note de conjoncture de la DEPF du ministère des Finances publiée en décembre dernier. Ainsi, le taux de couverture des importations par les exportations a accusé, de ce fait, une baisse de 0,5 point par rapport au mois précédent et de 2 points par rapport à la même période de l’année précédente, pour s’établir à 47,3 %. Cette tendance est le résultat de la hausse de la valeur des importations de 7,5 %, soit à un rythme plus élevé que celui des exportations (+3,1%) atténuée par la quasi stagnation du chiffre d’affaires à l’export du groupe OCP (+0,8%). Malheureusement, ce déséquilibre de la balance commerciale se transforme, au niveau de celle des paiements, par un solde extérieur négatif qui oblige le Maroc à sortir des dirhams pour l’achat des devises nécessaires à la satisfaction des besoins de son économie. Certes, la CGEM et le Ministère de l’Industrie viennent de créer une commission commune pour réfléchir aux solutions adéquates en vue de la mise à niveau de la compétitivité des entreprises marocaines qui travaillent à l’export. Mais, ces projets sont pour l’instant en gestation et les mesures qui en résulteront ne seront productives et efficaces qu’à moyen terme. Notre déficit commercial est donc un boulet que le Maroc traînera sans doute encore longtemps !
Par ailleurs, à fin novembre 2012, on constate une exécution favorable des finances publiques, du moins du côté de la collecte des recettes. En effet, les prévisions initiales des recettes ordinaires ont été réalisées à hauteur de 91,8 %, enregistrant une progression de 4,4 % par rapport à la même période de l’année précédente. Ce résultat a été concrétisé grâce au bon comportement des recettes fiscales qui ont enregistré un taux d’exécution de 90,6 % et une hausse de 6,3 %, couvrant une amélioration des impôts directs, des impôts indirects et des droits d’enregistrement et de timbre de 10,4 %, de 4,3 % et de 11,1 % respectivement, marquant ainsi des taux de réalisation respectifs de 90,2 %, de 91,7 % et de 90,7 %.
Mais, du côté des dépenses ordinaires, les choses vont beaucoup moins bien, puisqu’elles ont progressé de 10,2 %, à un rythme supérieur à celui des recettes, suite essentiellement, à l’augmentation des dépenses de personnel de 9,2 % et celle de la charge de la Compensation, de 11,3 %.
La Compenssation, gouffre abyssal
Ensemble, ces deux composantes ont contribué à hauteur de plus de 70 % de la hausse des dépenses ordinaires. Hors compensation, celles-ci sont en ligne avec les prévisions de la Loi de Finances, avec un taux de réalisation de 88 %. Mais surtout, ce qu’il faut retenir, c’est que les dépenses de la Compensation ont déjà dépassé de 18,2 milliards de dirhams les prévisions initiales pour l’exercice budgétaire 2012, enregistrant un taux de réalisation de 155,8 % à fin novembre 2012.
Cet autre handicap aggrave le déséquilibre budgétaire à l’heure où la santé financière de l’Etat est regardée de près par les agences de notation et les bailleurs de fonds. De même qu’il contribue incontestablement à freiner la croissance économique, ne serait-ce qu’en jouant en la défaveur de l’investissement public.
Certes, la réforme de la Caisse de Compensation est dans le pipe, mais pas encore orchestrée et encore moins précisément programmée.
La Loi de Finances 2013 prévoit des mécanismes pour son allègement comme la création d’un Fonds social alimenté par des impôts marginaux sur les revenu salariaux et les bénéfices des entreprises, mais dont le rendement est loin de couvrir les 70 milliards du budget de la Caisse de compensation !
Il faut à l’Etat mettre en place un mécanisme indépendant pour venir en aide à la classe moyenne et aux couches sociales inférieures. Ce mécanisme consisterait, d’une part, en la libéralisation des prix de l’énergie et des produits de première nécessité, obligeant ainsi à une solidarité manifeste des plus riches des Marocains, et d’autre part, à la création d’un fonds indépendant d’indemnisation pour plusieurs causes qui vont du chômage à la précarité, en passant par des aides financières directes en fonction des situations familiales…
L’Etat se trouve ainsi face à une situation qui s’aggrave et qu’il ne peut solutionner d’un coup de baguette magique, car c’est d’une réforme profonde qu’il s’agit. Celle-ci, d’ailleurs, doit être menée dans la durée pour réussir sans gaspillage, ni déperdition.
Mais dans l’intervalle, la Caisse de Compensation reste le second boulet de l’économie marocaine. Devant une situation aussi difficile, l’appel à la solidarité est un moyen nécessaire, comme un tampon entre les nantis et les défavorisés. Sauf que trop tirer sur la fiscalisation des principaux acteurs économiques que sont les entreprises et les ménages, c’est toucher sans nuances à la création de richesses. Veillons donc à ce que l’on ne tombe pas dans le cercle vicieux de devoir choisir entre la santé de l’économie et celle des finances publiques ….
Afifa Dassouli
lnt
Quant à l’effort de l’investissement, la bonne tenue des importations des biens d’équipement (+9,3 % à fin novembre 2012, à près de 67,2 milliards de dirhams), les dépenses d’investissement du Budget de l’Etat (+1,5 %, à 37,8 milliards de dirhams) et les recettes des investissements et prêts privés étrangers qui ont atteint 26,6 milliards de dirhams, en hausse de 1,2 % en glissement annuel, en démontrent l’efficacité.
L’impact de la crise importée
Toutefois, les transactions commerciales du Maroc avec le reste du monde ont été marquées, à fin novembre 2012, par une aggravation du déficit commercial de 19,4 milliards de dirhams ou de 11,8 % en glissement annuel, pour se situer à plus de 183,1 milliards de dirhams, dépassant la valeur des exportations de près de 19 milliards de dirhams, selon la dernière note de conjoncture de la DEPF du ministère des Finances publiée en décembre dernier. Ainsi, le taux de couverture des importations par les exportations a accusé, de ce fait, une baisse de 0,5 point par rapport au mois précédent et de 2 points par rapport à la même période de l’année précédente, pour s’établir à 47,3 %. Cette tendance est le résultat de la hausse de la valeur des importations de 7,5 %, soit à un rythme plus élevé que celui des exportations (+3,1%) atténuée par la quasi stagnation du chiffre d’affaires à l’export du groupe OCP (+0,8%). Malheureusement, ce déséquilibre de la balance commerciale se transforme, au niveau de celle des paiements, par un solde extérieur négatif qui oblige le Maroc à sortir des dirhams pour l’achat des devises nécessaires à la satisfaction des besoins de son économie. Certes, la CGEM et le Ministère de l’Industrie viennent de créer une commission commune pour réfléchir aux solutions adéquates en vue de la mise à niveau de la compétitivité des entreprises marocaines qui travaillent à l’export. Mais, ces projets sont pour l’instant en gestation et les mesures qui en résulteront ne seront productives et efficaces qu’à moyen terme. Notre déficit commercial est donc un boulet que le Maroc traînera sans doute encore longtemps !
Par ailleurs, à fin novembre 2012, on constate une exécution favorable des finances publiques, du moins du côté de la collecte des recettes. En effet, les prévisions initiales des recettes ordinaires ont été réalisées à hauteur de 91,8 %, enregistrant une progression de 4,4 % par rapport à la même période de l’année précédente. Ce résultat a été concrétisé grâce au bon comportement des recettes fiscales qui ont enregistré un taux d’exécution de 90,6 % et une hausse de 6,3 %, couvrant une amélioration des impôts directs, des impôts indirects et des droits d’enregistrement et de timbre de 10,4 %, de 4,3 % et de 11,1 % respectivement, marquant ainsi des taux de réalisation respectifs de 90,2 %, de 91,7 % et de 90,7 %.
Mais, du côté des dépenses ordinaires, les choses vont beaucoup moins bien, puisqu’elles ont progressé de 10,2 %, à un rythme supérieur à celui des recettes, suite essentiellement, à l’augmentation des dépenses de personnel de 9,2 % et celle de la charge de la Compensation, de 11,3 %.
La Compenssation, gouffre abyssal
Ensemble, ces deux composantes ont contribué à hauteur de plus de 70 % de la hausse des dépenses ordinaires. Hors compensation, celles-ci sont en ligne avec les prévisions de la Loi de Finances, avec un taux de réalisation de 88 %. Mais surtout, ce qu’il faut retenir, c’est que les dépenses de la Compensation ont déjà dépassé de 18,2 milliards de dirhams les prévisions initiales pour l’exercice budgétaire 2012, enregistrant un taux de réalisation de 155,8 % à fin novembre 2012.
Cet autre handicap aggrave le déséquilibre budgétaire à l’heure où la santé financière de l’Etat est regardée de près par les agences de notation et les bailleurs de fonds. De même qu’il contribue incontestablement à freiner la croissance économique, ne serait-ce qu’en jouant en la défaveur de l’investissement public.
Certes, la réforme de la Caisse de Compensation est dans le pipe, mais pas encore orchestrée et encore moins précisément programmée.
La Loi de Finances 2013 prévoit des mécanismes pour son allègement comme la création d’un Fonds social alimenté par des impôts marginaux sur les revenu salariaux et les bénéfices des entreprises, mais dont le rendement est loin de couvrir les 70 milliards du budget de la Caisse de compensation !
Il faut à l’Etat mettre en place un mécanisme indépendant pour venir en aide à la classe moyenne et aux couches sociales inférieures. Ce mécanisme consisterait, d’une part, en la libéralisation des prix de l’énergie et des produits de première nécessité, obligeant ainsi à une solidarité manifeste des plus riches des Marocains, et d’autre part, à la création d’un fonds indépendant d’indemnisation pour plusieurs causes qui vont du chômage à la précarité, en passant par des aides financières directes en fonction des situations familiales…
L’Etat se trouve ainsi face à une situation qui s’aggrave et qu’il ne peut solutionner d’un coup de baguette magique, car c’est d’une réforme profonde qu’il s’agit. Celle-ci, d’ailleurs, doit être menée dans la durée pour réussir sans gaspillage, ni déperdition.
Mais dans l’intervalle, la Caisse de Compensation reste le second boulet de l’économie marocaine. Devant une situation aussi difficile, l’appel à la solidarité est un moyen nécessaire, comme un tampon entre les nantis et les défavorisés. Sauf que trop tirer sur la fiscalisation des principaux acteurs économiques que sont les entreprises et les ménages, c’est toucher sans nuances à la création de richesses. Veillons donc à ce que l’on ne tombe pas dans le cercle vicieux de devoir choisir entre la santé de l’économie et celle des finances publiques ….
Afifa Dassouli
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