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In Aménas : représailles islamistes aux conséquences multiples

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  • In Aménas : représailles islamistes aux conséquences multiples

    Même si à Paris, Londres, Washington et même Tokyo l’on se dit déjà horrifiés par le dénouement dramatique de l’agression terroriste d’In Aménas, faut-il qu’Alger prenne en compte ces états d’âme politiques et ce genre de critiques jusqu’à s’en expliquer («rendre des comptes», exigent certains) officiellement ?

    Dès lors que leurs préoccupations se révèlent sélectives et ne concernent que leurs stricts ressortissants pris en otage ; et qu’à leur tour ils refusent d’admettre que l’Algérie est en passe de devenir un champ de confrontation complémentaire à celui qui vient de s’ouvrir au Mali : la réponse est assurément non.

    Réinstallée à notre corps défendant dans l’œil du cyclone islamiste, l’Algérie se demande pourquoi seuls leurs dommages «humains» seraient prépondérants dans l’analyse de la stratégie guerrière qu’elle s’est choisie. A ce que l’on sache, de ce qui se déroule dans le désert malien, les premières frappes de l’aviation française n’ont-elles pas également fait des victimes collatérales parmi des villageois ? Mais de celles-là, l’on n’en fait guère le décompte et surtout l’on ne glose pas sur l’éthique des armes.

    Cela dit, les postures intellectuelles, aussi bien des analystes occidentaux que de leurs dirigeants, ne devraient en aucune manière affecter, voire susciter un quelconque complexe aux nôtres. Pour une fois, depuis 10 ans, ils ont en effet opté pour la fermeté et la doctrine de l’éradication après avoir longtemps tergiversé et même donné un prolongement légal à l’infernale cohabitation avec l’islamisme politique dont la concorde et la réconciliation sont, à ce jour, la pierre de touche du régime.

    Ce dernier n’a-t-il pas durant les deux premiers mandats prôné une vision de la paix civile sur l’unique concept de l’amnistie ? La solution de la «paix des braves» et des «couteaux aux vestiaires», dont on connaît l’origine et celui qui en détient les droits d’auteur, a certes permis de faire baisser la nuisance du djihadisme des GIA et du GSPC mais ne l’a, cependant pas, rendue soluble dans la légalité républicaine.

    Or, l’accalmie que les islamistes ont progressivement acceptée en contre-partie et de la concorde et de la réconciliation demeurait précaire. Cycliquement, leur terrorisme reprenait du service afin de modifier un peu plus le rapport au pouvoir et de tester ponctuellement la réactivité des services sécuritaires. Or, le régime actuel n’a aucunement envisagé de remettre en question les deals passés entre 2000 et 2004. Tout au plus justifiait- il les flambées d’attentats par l’argument de la «mutation exogène» du terrorisme devenu transnational aussi bien dans son mode opératoire que dans ses structures d’organisation.

    Bref, il laissait entendre que le «djihadisme» indigène n’existait plus et mieux encore qu’il s’est converti en force de proposition politique parfaitement insérée, comme segment du pluralisme, dans l’espace partisan. C’est d’ailleurs cet ersatz de doctrine qu’un certain Belkhadem, alors ministre d’Etat et conseiller du président, fit valoir au lendemain de l’horrible attentat du Palais du gouvernement. Progressivement, le pouvoir est passé du constat prudent à la conviction que l’Algérie a viré sa cuti de la violence islamiste et dans le même temps bouté hors de nos frontières le reliquat d’aventuriers. Mal lui en a pris car les bouleversements dans la région ont permis la réactivation des réseaux islamistes qui viennent de se manifester justement en Algérie dont on avait prétendu qu’elle était définitivement sanctuarisée.

    L’amplitude de l’attaque du site gazier d’In Aménas illustre l’aveuglement du régime qui s’est entêté, durant dix ans, à présenter sa théorie de la concorde comme l’Alpha et l’Oméga de l’extinction du terrorisme. Les premiers à en avoir «pris pour leurs grades», comme il se dit trivialement, ne furent-ils pas certains galonnés de l’armée qui, très tôt, dénoncèrent les risques qu’impliquait l’amnistie des islamistes et leur réinsertion sociale tapageuse. Sur ce chapitre sécuritaire, comme dans beaucoup d’autres, le chef de l’Etat a fini par concentrer entre ses mains les décisions et à ratifier les options.

    Et c’est ainsi qu’au sujet de l’effondrement du Mali et de l’insistance française à rapprocher l’Algérie de sa thèse interventionniste, Bouteflika est passé du rejet catégorique de l’action militaire au feu vert accordé à la France pour le survol de notre espace aérien. Ce qu’un commentateur d’une station étrangère a qualifié de «tête-à-queue » de la position algérienne, a-t-il été l’élément déclencheur de l’attaque d’In Aménas en guise de représailles ? Fort possible. Or, si l’armée est en train d’accomplir l’improbable mission de nettoyage par le vide sur le site stratégique qu’attend le chef de l’Etat pour changer son fusil politique d’épaule en se démarquant clairement de ses vieux compromis tactiques dont il devrait d’ailleurs reconnaître qu’ils ont finalement atteint leurs limites ?

    Par Boubakeur Hamidechi, Le Soir

  • #2
    Si l’armée est en train d’accomplir l’improbable mission de nettoyage par le vide sur le site stratégique qu’attend le chef de l’Etat pour changer son fusil politique d’épaule en se démarquant clairement de ses vieux compromis tactiques dont il devrait d’ailleurs reconnaître qu’ils ont finalement atteint leurs limites ?
    Très bonne chronique de Boubakeur Hamidechi.. et très bonne question à la fin !
    Quand il s'agit de sécurité nationale.. le président se doit de donner une couverture politique à l'engagement de l'ANP !

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