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Réflexions autour de l’opération "SERVAL"

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  • Réflexions autour de l’opération "SERVAL"

    Lorsqu’un pays comme la France, puissance moyenne s’efforçant d’assumer une responsabilité internationale, affirmant respecter la légalité internationale arrêtée par l’ONU et affichant son souci de démocratie, s’engage dans une opération militaire à l’étranger il importe d’analyser à la fois :
    - La légitimité de son action ;
    - Les objectifs poursuivis ;
    - Sa capacité à mener à bien l’action entreprise,

    puis d’en tirer les enseignements et notamment d’appeler l’attention sur les difficultés redoutées voire sur des recommandations.

    La légitimité de l’opération

    L’opération SERVAL constitue, en premier lieu, une réponse à une demande d’un chef d’État d’une nation souveraine, le Mali, s’estimant agressée par des éléments en grande partie étrangers. Par ailleurs, elle s’inscrit dans le cadre d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, la 2085, qui autorise le déploiement d’une Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma) visant à « aider les autorités maliennes à reprendre les zones du nord de son territoire qui sont contrôlées par des groupes armés terroristes et extrémistes et à réduire la menace posée par des organisations terroristes transnationales, y compris Aqmi et le Mujao et les groupes extrémistes y affiliés » et « Demande instamment aux États Membres et aux organisations régionales et internationales de fournir un appui coordonné à la Misma, en étroite coordination avec celle-ci et avec les autorités maliennes, notamment sous la forme de tout type d’aide nécessaire pour réduire la menace ».

    L’intervention française semble donc tout à fait légitime, même si certains esprits chagrins peuvent s’interroger sur la légitimité du pouvoir en place au Mali ou sur le poids décisionnel français. Elle n’a d’ailleurs pas été contestée ni à l’étranger, ni en France (à l’exception de quelques parlementaires isolés). Certaines nations, dont les États‑Unis, ont largement fait état de leur soutien et ont apporté une aide appréciable. D’autres, telle la Grande-Bretagne, ont manifesté leur solidarité et ont fourni un soutien logistique. Certains États africains n’ont pas hésité à engager leurs forces aux côtés des forces maliennes même si les déploiements s’effectuent lentement : Nigeria, Sénégal, Niger, Burkina Faso et Togo.

    L’Algérie, dont on connaît la sensibilité particulière à ce dossier, a très rapidement dit son soutien à l’intervention française en réponse à la demande du Mali mais a également facilité celle-ci en autorisant le survol de son territoire (et cela semble-t-il pour la première fois), geste important de solidarité. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annoncé le début des opérations de la Misma, le 18 janvier. Certes, les réactions réservées des autres pays européens et de la Haute Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité peuvent être jugées décevantes face à des enjeux manifestement sous-estimés, mais on peut espérer une révision de leurs analyses, ce qui semble engagé depuis le 18 janvier. Enfin, parmi les très rares réserves exprimées par des autorités officielles, on peut relever celle du Premier ministre qatari aussitôt renforcée par des déclarations de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM) installée au Qatar ou de divers salafistes notamment au Maroc. Doit-on s’en étonner ?

    L’opération est donc manifestement légitime.

    Les objectifs poursuivis

    La France a évidemment des intérêts particuliers dans la région, tant humains qu’économiques. Son Histoire, son industrie, son commerce, son immigration etc. sont autant d’éléments qui peuvent porter à penser que les motivations françaises sont essentiellement spécifiques.

    Je ne crois pas que cette explication, si fréquemment mise en avant pour dénoncer la stratégie de cette ex-puissance coloniale, constitue la raison fondamentale de la décision française.

    Nous sommes face à une question d’importance géostratégique. A l’évidence le monde musulman, au moins en Afrique, subit des tensions intérieures fortes qui opposent plus des composantes sunnites entre elles, que des chiites aux sunnites. Manifestement nous assistons, dans le prolongement des révoltes arabes, à l’émergence d’un grand mouvement de conquête et de soumission de tout le monde sunnite pour l’asservir aux règles du salafisme d’inspiration wahhabite, tel qu’il se pratique dans le Golfe arabo-persique. Des milices terroristes transnationales s’emploient avec le soutien de certains pays, tels le Qatar et l’Arabie saoudite, à imposer des règles et des mœurs qui n’ont jamais été appliquées tant en Afrique sahélienne qu’en Afrique du Nord. Il est d’ailleurs symptomatique de relever que parmi les très rares pays contestant la légitimité de l’intervention française se trouve le Qatar… Il semble qu’entre les mouvements terroristes, notamment le Mujao et Ansar Dine, il existe une concurrence entretenue par leurs soutiens financiers respectifs.

    Ces mouvements ne répugnent pas à s’investir dans les trafics de migrants, d’armes et de drogues, ou à prélever des taxes de transit sur ceux-ci, trouvant là une source de financement qui complète sensiblement les rançons exigées pour la libération d’otages.

    Il est donc évident que ces mouvements mafio-terroristes ont mis la main sur le Nord-Mali, exploitant à leur profit des tensions et des revendications identitaires touaregs que les autorités maliennes ont eu l’imprudence de maltraiter depuis les années soixante. Partant de cette conquête territoriale, ces mouvements ont entrepris d’étendre le champ de leurs exactions vers le Sud, c'est-à-dire vers la partie sud du Mali. Changeant de modes d’action, ces mouvements mafio-terroristes ont cru qu’ils pouvaient entreprendre des opérations militaires à partir de rezzous de pickups armés qui leur permettraient de conquérir rapidement les espaces convoités. Ce faisant ils se sont rendus vulnérables car exposés en pleine lumière et ont alarmé à la fois les nations de la région et la France.

    La crainte, de bon sens, de voir se développer un État défaillant, et donc une zone de non-droit, à l’instar de ce qui s’est passé en Somalie, qui pourrait de plus s’étendre aux pays frontaliers, a certainement été la raison majeure du déclenchement de l’intervention militaire française en réponse aux autorités maliennes.

    La capacité à mener à bien l’action entreprise

    Le théâtre malien est situé à 3 300 km de la France, près de deux fois moins loin que l’Afghanistan, mais surtout dans un environnement de pays amis qui n’hésitent pas à autoriser leur survol et qui pour certains abritent des bases françaises. Cette situation est évidemment favorable au déploiement de moyens de façon sûre et sereine.

    Le milieu est désertique et hostile. Les forces françaises ont une bonne connaissance des particularités de ces espaces et disposent de plus des relais utiles pour agir.

    L’ennemi est constitué de milices armées se déplaçant surtout avec des pickups, parfois sérieusement armés y compris avec de l’artillerie et des missiles légers anti-char ou anti-aérien de courte portée. Les effectifs sont évalués entre 2.000 et 5.000 hommes, dont un noyau dur de 1 500 à 2 000 combattants islamistes aguerris, entourés de divers groupes criminels et de mercenaires à leur solde, dont les motivations idéologiques ne sont certainement pas aussi fortes.

    Face à cet ennemi la France dispose, aux côtés de ses alliés africains, de moyens performants et modernes servis par des personnels entrainés, aguerris et compétents. Les effectifs sont adaptés au besoin. Certes, un effort sur les outils de surveillance permanente du théâtre mériterait d’être fait pour répondre au besoin d’acquisition de renseignements sur une zone si vaste…

    Néanmoins, sur le plan opérationnel, il n’y a pas de doute que les forces françaises disposent globalement des capacités nécessaires pour mener à bien l’opération SERVAL, dans sa dimension lutte contre des milices armées conduisant des raids en milieu désertique. La destruction ou l’expulsion de ces milices hors du territoire malien est parfaitement réalisable.

    Conclusion
    Une mission et des objectifs légitimes servis par des moyens adaptés aux tâches à accomplir permettent d’estimer que cette opération doit réussir même si elle peut ne pas être sans risque humain.

    Il n’en reste pas moins que des difficultés peuvent ternir le succès vraisemblable de l’opération SERVAL, si celle-ci n’est pas suivie d’une stabilisation et d’une sécurisation du Mali dans ses frontières reconnues de façon pérenne.

    Deux risques pèsent lourdement sur l’avenir :
    Tout d’abord que les milices islamistes reviennent à leur mode d’action habituel qui les conduit à se fondre dans la population pour conduire des actions terroristes visant à déstabiliser et décrédibiliser le pouvoir, recréant ainsi le désordre, la peur et la terreur.

    Ensuite, que les vieux démons maliens resurgissent aussitôt que la menace djihadiste sera réduite, recréant des tensions et des soulèvements, notamment touaregs, que réprimerait le pouvoir.

    Pour réduire ces risques, il importe de comprendre que la sécurité et la stabilité ne pourront revenir que si des moyens multinationaux sont déployés très rapidement avant même la fin des opérations militaires, de façon durable, pour accompagner le Mali dans sa reconstruction afin :

    - Répondre aux revendications traditionnelles des touareg ;
    - Conforter les capacités de l’État, son organisation et son autorité ;
    - Relancer une économie saine exempte de trafics mafieux ;
    - Combattre la menace terroriste transnationale résiliente ;

    Ces tâches ne pourront pas être assurées par les seuls moyens de la Cédéao. Il conviendra probablement d’y associer des coopérations et soutiens régionaux, notamment les États du champ, mais aussi européens voire américains, ainsi que des intermédiaires régionaux non partisans capables de comprendre les ethnies qui peuplent le territoire malien.

    Au-delà de l’opération militaire, éviter que la situation ne se détériore à nouveau constitue bien le véritable enjeu. Il conviendrait de s’y préparer dès à présent et d’associer, sans plus tarder, les divers acteurs susceptibles d’apporter leur concours. Là est l’urgence aujourd’hui.


    *Jean-François Coustillière est Consultant indépendant, associé au groupe d’analyse JFC Conseil
    tsa

  • #2

    Plus vite la guerre sera terminée mieux s’en porteront les populations et la paix régionale.

    Le risque est dans le maintien de l’ordre qui dépendra de la présence française avec ce que VGE ancien président français a évoqué : la guerre néo coloniale. SERVAL ne se réalise que grâce aux forces armées présentes dans les pays de l’ex empire colonial. C’est dire que les soldats qui débarquent actuellement sont appelés à créer de nouvelles bases et à y maintenir pour des décennies la présence de l’ex colonisateur. Un retour aux sources que se souhaitent à haute voix des Maliens …et des Algériens. Le Français et le visa plutôt que le faux frère et la hougra de la néo colonisation arabo-hilalienne.

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    • #3
      http://www.youtube.com/watch?v=TW9kWe3MI-M&feature=player_embedded

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