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Témoignages poignants des ex- otages à la clinique Al Azhar

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  • Témoignages poignants des ex- otages à la clinique Al Azhar

    Un véhicule de la gendarmerie est stationné devant l’immeuble de la clinique médico-chirurgicale Al Azhar, à Dély Ibrahim (Alger).

    Dix rescapés étrangers et algériens blessés lors de l’attaque terroriste et la prise d’otages sur le site gazier de Tigantourine y séjournent depuis vendredi pour recevoir les soins nécessaires. Deux Britanniques et un Japonais ont déjà quitté la clinique ; sept autres ex-otages sont actuellement en observation dans cette structure hospitalière.

    Pris en charge pour de multiples blessures balistiques au visage et aux membres inférieurs et supérieurs, cinq Philippins, dont un est en réanimation, et deux Algériens que nous avons rencontrés hier dans leurs chambres à El Azhar, en se faisant passer pour une parente de l’un d’entre eux, sont toujours sous le choc. Ils n’arrivent pas à réaliser qu’ils sont toujours en vie et que le cauchemar est enfin terminé. «Nous avons eu vraiment peur. Nous avons été retenus plus de 34 heures les mains attachées face à des hommes armés et menaçants», nous dit un des Philippins.

    L’ex-otage raconte que les terroristes ont fait sortir tous ses camarades étrangers de leurs chambres pour les conduire dans le foyer de la base-vie où «ils nous ont attachés les mains ; nous sommes tous restés dans cette salle de mercredi à jeudi après midi jusqu’au moment où ils ont décidé de nous transporter dans des véhicules vers l’usine, au CPF, suite à l’échec des négociations probablement. C’est à ce moment-là que l’armée est intervenue. Il devait être 15h. Nous étions, un Britannique et moi, avec trois terroristes à bord d’une voiture qui se dirigeait vers l’usine ; en cours de route le véhicule s’est renversé non loin de nos bureaux (la base de JGC). Je me suis caché sous la voiture avant de prendre la fuite en rampant sur quelques mètres dans cette direction où les éléments de l’armée étaient déjà postés. Nous avons vite été pris en charge et transportés vers l’hôpital de la ville pour être par la suite évacué vers cette clinique. C’était un vrai cauchemar…».

    Son ami, allongé dans son lit, visiblement très affecté par ce qu’il a vécu lors de cette prise d’otages de près de 48 heures, a décliné notre sollicitation avant de nous expliquer dans un murmure, en anglais : «Il m’est arrivé la même chose que mon copain.» «Ici à la clinique, nous sommes bien pris en charge», a-t-il ajouté.

    Les témoignages sont interrompus lorsqu’un infirmier entre dans la chambre ; il explique à un des blessés resté silencieux, qui porte des pansement aux deux jambes et un bandage à la main gauche, qu’il devait se préparer à se rendre au bloc opératoire pour une autre intervention chirurgicale. Il aurait été touché par des balles explosives qui ont occasionné de multiples blessures au niveau des deux jambes. Il a été déjà opéré. Dans la chambre à côté, le quatrième Philippin, le visage et les lèvres ravagés par des brûlures, est immobilisé dans son lit, une minerve au cou, murmure quelques mots incompréhensibles. Selon des informations recueillies sur place, cet ex-otage a été blessé par la ceinture d’explosifs que les terroristes avaient placée autour de sa taille. «L’explosion n’a heureusement pas fait beaucoup de dégâts. Seulement le visage et le thorax ont été touchés», a-t-on souligné avant de préciser qu’un autre rescapés de même nationalité est actuellement en réanimation a subi le même sort.

    Dans une chambre individuelle, un Algérien de l’est du pays, cadre à Sonatrach, est encore sous le choc. Il a été blessé par balle à l’œil gauche. Il raconte qu’il a miraculeusement réussi à échapper aux assaillants qui l’avaient en chasse pour l’achever, après l’avoir touché d’une balle dans le dos et d’une autre dans l’œil. «Avec le retentissement continu de la sirène et les coups de feu à cette heure (5h 30 du matin), j’ai compris que quelque chose de grave était arrivé. J’ai ouvert la porte de ma chambre que j’ai vite refermée pour l’ouvrir par la suite à deux individus qui avaient la tête couverte dun ’turban en chèche. J’ai tout de suite compris que c’étaient des terroristes et j’ai pris la fuite. Les deux individus ont couru derrière moi. J’ai senti quelque chose perforer mon dos mais j’ai continué à courir en direction du réfectoire dans le but de sauter à travers le grillage», relate-t-il, la gorge nouée et les mains tremblantes. Et de continuer après un silence : «Au moment où je me suis retourné pour passer derrière le réfectoire et enjamber le grillage, j’ai reçu une balle dans l’œil mais j’ai réussi quand même à sauter. J’ai encore couru et je me suis enfui dans le sable jusqu’au lever du jour. J’ai repris des forces pour me mettre à marcher jusqu’à la base limitrophe où les agents de sécurité sont venus m’aider. J’ai reçu les premiers soins avant d’être transféré au campement des militaires, non loin du site, qui ont fait un travail exceptionnel pour nous sauver des terroristes et nous évacuer vers l’hôpital de la ville.» Un témoignage poignant sur lequel notre témoin promet de revenir ultérieurement pour montrer toute la monstruosité de cet acte terroriste qu’il a subi dans sa chair. 

    Djamila Kourta, El Watan
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