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Benacer ben chohra (1804-1884)

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  • Benacer ben chohra (1804-1884)

    BENACER BEN CHOHRA (1804-1884)

    Un film documentaire sur le parcours de ce « résistant émérite »

    Par : Arezki BOUHAMAM


    S’il y a quelqu’un à qui l’histoire n’a pas rendu justice c’est bien Benacer Benchohra. Un meneur d’hommes de la résistance qui a duré 27 années, au sud du pays, surnommé par les forces coloniales le "marin du désert", pour son agilité, sa stratégie et ses tactiques dans la guerre des dunes sahariennes.

    Les animateurs de « L’observatoire des Bensi Laghouatis », nous ont annoncé que le scenario réalisé par Mohamed Chenaf, (originaire de la région de Laghouat), vient d’obtenir l’aval des autorités Algériennes pour la réalisation d’un film documentaire sur ‘’le résistant émérite’’ pour le compte de la chaine de télévision française (France 2), pour qui il travaille. Pour réaliser le film, le cinéaste s’est inspiré de travaux d’historiens. Selon des sources locales, le tournage est pour bientôt pour immortaliser la bataille de Laghouat par la réalisation d’un film documentaire et la réappropriation des archives la concernant. En attendant de voir le film projeté dans les salles de cinéma, les citoyens nous ont confié leu bonheur de voir une œuvre cinématographique dénoncer les crimes commis en Algérie par la France coloniale, pays des droits de l’Homme.

    Qui est Benacer Ben Chohra ?


    Membre de la tribu des Ouleds Aissa Ben Ali affiliée aux Maâmra et El Hadjadj qui, eux-mêmes, sont rattachées à la mythique tribu des Larbaâ, Benacer ben chohra ben Ferhat ben Moulay Mohamed ben Chaoui ben Ahmed ben Tayeb ben Aissa ben Ali, naquit en 1804 à Mekhareg.
    Très jeune il se distingua par des qualités de chef et de cavalier émérite. Son courage et sa bravoure lui conférèrent auprès de ses pairs et même de ses ennemis, le caractère et le pedigree d’un très grand guerrier.
    Il débuta son combat en 1841, soit 11 années seulement après l’invasion de l’Algérie par le colonisateur. Arrêté prés de Mojbara dans la région de Médéa, il sera emprisonné à la prison de Boghar qu'il quittera quelques jours plus tard après une évasion le 05 septembre 1851. Une évasion des plus spectaculaires puisqu’elle s’est réalisé en éliminant et dépossédant de leurs armes, plusieurs gardiens armés jusqu’aux dents.
    Il se maria une première fois avec la fille de Bensalem Ahmed, Khalifa de Laghouat à l’époque. Celle-ci lui donna une fille. Il ne tarda pas à divorcer pour deux raisons essentielles. Le refus de sa femme de l’accompagner dans les profondeurs du Sahara où il avait décidé d’aller faire la guerre à l’occupant Français après le carnage et la prise de sa ville le 4 décembre 1852,d’une part et d’autre part, pour se démarquer définitivement d’un gendre devenu encombrant et qui avait de surcroit, vendu son âme à l’ennemi en collaborant honteusement avec lui.
    Très jeune, de par les traditions nomades de sa tribu, il avait appris à connaître les profondeurs et les méandres de la steppe et du Sahara, s’imprégnant de tous les repères y afférents à ces paysages sans limites qui lui serviront plus tard, dans son périple guerrier contre l’occupant français. La solidarité entre les citadins et les tribus nomades deviendra son crédo et le cri de ralliement qu’il a su brillamment inculquer aux autochtones pour contrecarrer la main mise des français et de leurs félons sur les richesses du pays.
    Il n’y a pas un coin de cet espace infini où il n’a pas engagé le combat contre l’armée française poussant maintes fois l’outrecuidance jusqu’à déposséder les soldats français, gradés et supplétifs confondus, de leurs habits et de leurs armes.

    La bataille du 4 décembre 1852


    En 1851, lorsque les habitants de Laghouat, conscients de l’imminence de l’assaut que l’armée Française forte de 8.000 soldats s’apprêtait à lancer contre la ville, ils ont entrepris résolument et dans la sérénité la résistance. Ainsi, ils envoyèrent une délégation composée des sages de la ville solliciter de Benacer Ben Chohra, fabuleux combattant et fin tacticien, de venir organiser la bataille. Ils le chargèrent également de se mettre en contact avec Med Cherif Ben abdallâh pour qu’il vienne lui aussi, apporter son aide et son expérience. Ce dernier honoré par cette sollicitation, accepta sans conditions de rejoindre à K’sar El-Hirane, Benacer Ben Chohra à qui il vouait depuis très longtemps une admiration sans bornes.
    Benacer Ben Chohra organisera en 1851, une rencontre à Chebka, prés de Berriane (Ghardaïa) entre Yahya Ben-Maamar Bensalem, un autre héros méconnu et oublié de l’histoire, et le Khalifa de Djelfa, Cherif Ben Lahrèche, qui sera bien plus tard désigné par le colonisateur, ‘’Agha’’ des Ouleds Nails en vue de coordonner la lutte contre l’occupant. Une entrevue, nous di-t-on, qui capota par la faute du Cherif Ben Lahrèche qui ne daigna pas répondre à l’appel du devoir ni justifier son absence à une réunion des plus capitale.
    Benacer Ben Chohra s’attela, le 31 juillet 1852, à la fortification de K’sar El-Hirane en prévision de l’imminence des combats. Il prépara la défense de la ville de Laghouat qui s’apprêtait à subir le plus grand assaut d’une armée régulière constituée de plus de 8.000 soldats et de mercenaires surarmés appuyées par des supplétifs algériens dirigés par le collaborateur Ben Hamza des Ouleds Sidi Cheikh.
    Comme à son habitude, Benacer Ben Chohra s'acharna à défendre vaillamment la ville de Laghouat et ses K’sours mais l’utilisation à profusion pour la première fois par l’armée française, de l’armement chimique et des lances flammes, basculera dans l’horreur et le génocide l’issue d’un combat disproportionné à bien des égards.
    Après la chute retentissante de Laghouat et le génocide perpétré contre ses habitants par la soldatesque française, Il rejoignit le chérif Mohamed Ben Abdallah à Rouissat (Ouargla) pour agir en coordination avec lui afin d’unifier la Résistance avec comme devise ‘’ Il faut nous compter, nous grouper, pour agir mieux ensuite’’.
    Le but suprême étant la résistance à l’occupant, une union sacrée naitra spontanément de l’initiative des patriotes algériens qui avaient, comme lui, le pays chevillé au cœur et au corps et ce, sans pouvoir définir ni la tribu ni la tendance, desquelles ces valeureux combattants se réclamaient. Conscients de leur bravoure sans limite, ils unirent leurs forces contre l’occupation car ils ne pouvaient en l’état plus accepter ni la capitulation des uns ni la reddition des autres.
    Benacer Ben-Chohra ou ‘’le marin du désert’’ devient ainsi le Chef incontesté de la résistance intérieure. Il se chargea de mettre sur pied une guérilla dont la mission nodale était d’organiser la lutte contre les Français, leurs alliés et leurs complices, par tous les moyens et quel que soit le visage dont ils se paraient. Il livrera plusieurs batailles oniriques à Nakoussa, Brezina et Rouissat où, blessé, il se fera soigné aux environs d’Oued Ghir.
    C’est lors de son séjour à Ouargla qu’il épousa Yakout, la fille du Khalifa d’Ouargla (Mekhadma) qui lui donnera deux fils, Yahya et Mohamed.
    Son fils cadet Mohamed rentrera de Syrie où il suivra son père dans tous ses périples guerriers, pour combattre les colons aux cotés des Senouci à Tripoli (Lybie) où il sera enterré en 1912. Après le décès de sa femme Yakout, Benacer Ben Chohra épousera Z’hor, la sœur de Si Moulay Abdelkader Drissi qui lui donnera trois filles et deux garçons Yahia et Ferhat

    (à suivre)
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    Ben Chohran ( suite et fin)

    Le ‘’marin du désert’’ et l’Emir Abd Elkader



    Benacer Ben Chohra le a mené sans répit contre l’occupant français, une résistance faite de vie précaire et dangereuse dont l’objectif suprême est d’unir et engager dans le combat libérateur, toutes les forces de la résistance intérieure et ce, jusqu’à son exil forcé au Liban puis en Syrie où il rejoignit l’Emir Abd Elkader à qui il proposera de reprendre le combat pour libérer le pays du joug colonial. Ce dernier refusera la proposition alléguant avoir signé un traité avec les Français.
    Ensuite, Il se réfugia à Tozeur et Nafta dans le Djérid tunisien où il sera l’hôte du chef de la Zaouïa Rahmania. A partir de Tunisie, il noua des contacts avec les réfugiés algériens avec lesquels il organisait des incursions en territoire algérien contre les tribus collaboratrices avec l’ennemi et les soldats français.
    Ses actions soutenues par Med Boualeg Yakoubit et Aissa, finirent par provoquer le courroux du Bey de Tunis qui ordonna à ses représentants d’arrêter ces deux dirigeants et mettre fin à leurs actions belliqueuses récurrentes qui pourraient attirer à son pays les foudres de guerre de l’armée française. Déçu par ce geste inapproprié, Benacer Ben Chohra écrivit au Bey de Tunis une lettre très courroucée lui demandant d’accorder plus d’intérêts à la cause algérienne.
    Lorsque la résistance des Ouleds Sidi Cheikh fut déclenchée en 1864, Benacer Ben Chohra retourna en Algérie, entra à Ouargla, prit contact avec Si Laâla et participa à de nombreuses batailles victorieuses. Les deux résistants s’associèrent et se constituèrent une armée de plus de 1.500 cavaliers qui accrocha le 6 août pendant plusieurs jours l’armée Française dans la dure bataille de Taguine. Les deux hommes déplacèrent leur armée qui comprenait les cavaliers des Ouleds Sidi Cheikh et les Larbaâs des Ouleds Aïssa au Sud de Brezina, pour rencontrer Sidi El hadj Eddine de la Saoura et ce, pour faire jonction avec son détachement. Mais l’armée coloniale plus puissante en hommes et en armes, les coupa de leurs arrières et bases d’approvisionnements.
    Et lorsqu’éclata la deuxième révolte des Ouleds Sidi Cheikh conduite par Cheikh Bouamama, Benacer Ben Chohra dont la tête était mise à prix, les rejoignit en passant au nez et à la barbes des soldats français auxquels il fera des misères en passant par Oued Zargoun, M’heyguen, Tadjrouna et Lalmaya.

    En 1865, il retourna à Ouargla en compagnie de Si Laala, se rendit à El Goléa et Ain Salah pour mobiliser les gens et étendit son action jusqu'à Aïn Madhi qui résistait toujours aux coups de butoir de l’armée coloniale qui réprimait à tout-va, afin d’étouffer dans l’œuf toute velléité contestataire trop menaçante pour sa sécurité.
    Tout en menant héroïquement son combat en Algérie, il n'interrompit pas ses contacts avec la Tunisie d’où il continuait à assurer la fourniture des armes et des provisions aux diverses insurrections qui éclataient un peu partout.

    Benacer Ben Chohra, Cheikh El Mokrani et Cheikh Aheddadh en 1871


    Benacer Ben Chohra participa également à la résistance de Cheikh El Mokrani dont il sauva la famille d’une mort certaine, et de cheikh Aheddadh en 1871. En effet, agissant de concert avec Mokrani en Kabylie, Benacer Ben Chohra participa a trouvé juste de sauver la famille de son ami et compatriote qui etaient tous les deux affiliés à la Zaouia Rahmania comme Laala Fadhma N'ssoumer. Après l'arrestation, suite à des délations le 20 janvier 1872, d’Ali Boumezrag, chef des partisans d'El Mokrani, près de Rouissat, Benacer Ben Chohra poursuivra sans répit, son activité à partir du Djérid et Nefzaoua pendant plus de huit ans (jusqu’à 1880), jusqu'à ce que le Bey de Tunis sous la menace des français, l’obligera à quitter définitivement le territoire Tunisien.
    Avant de partir la tête haute, vers les chemins verdoyant du seigneur, Benacer Ben Chohra fera à la vie ici bas une digne pénitence avec une humilité et une contrition de cœur que l’on pourrait croire sans le moindre doute, que c’est plutôt l’œuvre de celui qui regarde la terre et qui la fait trembler, il aura été comme aux premiers jours de son engagement dans la résistance envers le colonisateur au bout de sa logique de résistance et de bravoure ‘’ non stop’’. Comme ceux qui l’ont précédé, il a semé le grain de la révolte mais il ne sera pas là le jour de la moisson. Il continuera malgré tout, à être l‘un le résistant que l’ennemi n’a jamais pu asservir ou faire signer une quelconque allégeance ou une capitulation. Cependant, à l’image de Abane, zighout et autres Massinissa, les manuels scolaires restent confiner dans leur logique de condescendance et d’occultation à son endroit.
    Conscient de son combat, le ‘’marin du désert’’ se rendit à Beyrouth (Liban) où il mourut en héros en 1884, à l’âge de 80 ans avec le sens du devoir accompli.



    B A


    Liberté
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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