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Etoiles et Toile

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    Bonsoir, comment passer de la Toile aux Etoiles, c'est simple, créer des logiciels et revendre sa société.
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    Mark Shuttleworth, 32 ans. Ce Sud-Africain a fait fortune avec le Net avant de devenir en 2002 touriste de l'espace. Il travaille à une nouvelle version du logiciel libre Linux.

    Le jour où il a perçu 575 millions de dollars avec la revente de son entreprise, il en a dépensé illico une vingtaine pour partir dans l'espace à bord d'un Soyouz avec le Russe Youri Gidzenko et l'Italien Roberto Vittori. Deux petits tours autour de la Terre et direction la station spatiale internationale (ISS). C'était en 2002. Le Sud-Africain Mark Shuttleworth, 28 ans à l'époque, est devenu le deuxième touriste de l'espace, après l'Américain Dennis Tito. Quoique le mot touriste déclenche chez lui des protestations, suivies de multiples anecdotes sur ses mois d'entraînement à la Cité des étoiles, à Moscou, les centrifugeuses, les sévices des médecins qui s'étaient «occupés de Gagarine» ... Il raconte : «C'était vraiment dur. Un matin, je suis arrivé après une nuit blanche passée à boire. L'infirmière m'a hurlé dessus et m'a mis une beigne.»

    Aujourd'hui, Shuttleworth a 32 ans et le cheveu court, porte tee-shirt et bracelet brésilien, mais ne veut surtout pas passer pour un jeune branleur richissime. Il pilonne son interlocuteur des mots «défi», «volonté», «effort» ou «frontières». Multimillionnaire des années barges de la nouvelle économie avant de filer vers les étoiles, il pilote aujourd'hui la conception d'une version du logiciel libre Linux, baptisée Ubuntu, mot bantou évoquant l'humanité et le partage. Depuis un microbureau appartement de Londres, il salarie 55 personnes dans 17 pays et a investi une brouette de millions. Avec l'idée non de gonfler un compte bancaire déjà débordant, mais de réaliser un «rêve» : un bon logiciel distribué gratuitement dans le monde entier comme un «bien commun». Et un prélèvement «raisonnable» sur le commerce de services et d'aide aux entreprises pour assurer l'équilibre du projet.

    Shuttleworth ne lésine pas sur les maximes. Sur un ton grave, il dit : «L'opulence crée la responsabilité.» Rechigne à évoquer son seul vrai signe extérieur de pognon : un avion privé qu'il a eu «du mal à utiliser tant qu'[il] ne travaillait pas dur». Et convoque par facilité ses parents, qui lui ont «enseigné la valeur de l'effort», pour justifier ce côté peine à jouir de la richesse.
    Il est né à Welkom, cité minière au coeur des gisements d'or de l'Etat libre d'Orange, en Afrique du Sud. Son père est chirurgien, sa mère enseignante. L'enfance et l'adolescence se déroulent dans une banlieue blanche du Cap, sans politique au repas familial. C'est sur les terrains de rugby que Shuttleworth vivra la fin de l'apartheid : inscrit dans une école privée où l'on croise quelques Noirs issus de familles aisées, il la verra se transformer en camp retranché de Blancs, au rythme où ceux-ci fuient les écoles publiques devenues mixtes. «Chaque année, nous jouions au rugby avec les mêmes écoles, et la couleur des équipes changeait», dit-il en évoquant une période «extraordinaire».
    La suite...
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Lui évite la politique, se consacre à des études, sans brio. Dans le garage familial, il commence à mettre au point un logiciel destiné à la sécurité des transactions via l'Internet. «Au milieu des machines à coudre, c'était très confortable. J'avais les plats de ma mère et son amour.» Quatre ans plus tard, l'américain Verisign l'approche et met 575 millions de dollars pour emporter l'affaire. «Une expérience étrange», en pleine période de bulle Internet, «à laquelle je n'ai jamais cru». «J'avais conscience que c'était un moment unique», dit-il.

    Shuttleworth lance une fondation pour aider l'informatisation des écoles en Afrique. Ouvre un fonds de capital-risque. Puis ce garçon au nom bizarrement prédestiné («vaut la navette», en français) s'envole pour Moscou, quelques mois après Dennis Tito, pour y trouver un aller-retour vers l'espace. «J'ai fait trois semaines de tests médicaux dans de vieux hôpitaux militaires russes. C'était horrible. Mais je me suis mis en position de devenir astronaute : s'il fallait rester des heures dans une pièce sinistre, je le faisais.» Il obtient son ticket vers l'espace pour «un prix officiel de 20 millions» de dollars. A la Cité des étoiles, il apprend le russe, planche sur les techniques de vol ( «J'avais un vrai rôle à remplir» ), croise le spationaute belge Franck De Winne, la future ministre française Claudie Haigneré. Il sympathise avec certains astronautes, s'attire l'hostilité d'autres qui n'apprécient guère «cette petite M**** de 28 ans qui se croit capable de faire ce qu'[ils ont] mis vingt ans à apprendre». Shuttleworth ne voit pas là matière à un débat sur la privatisation des voyages dans l'espace, mais une simple opposition au «changement». Un terme qui rythme son discours et qu'il utilise en synonyme de triomphe de l'initiative individuelle et de mondialisation, comme d'autres scandent le mot «réforme» pour évoquer la disparition des protections sociales.

    Fin avril 2002, à Baïkonour (Kazakhstan), il découvre les immeubles à moitié effondrés, 300 personnes massées «n'importe comment sur le pas de tir», cette fusée «immense». Décollage. «C'est violent, c'est bruyant. Mais vous voyez la Terre par le hublot et vous réalisez que c'est réel», dit-il. Deux orbites terrestres, et il flotte dans la cabine. Avant de rejoindre la station spatiale et trois autres exilés du cosmos pour huit jours de travail scientifique.
    Quand il raconte son fix spatial, Shuttleworth change de ton. Se redresse sur sa chaise, cesse de regarder sa montre. Puis baisse la voix en fin de récit : «Après, je n'ai rien fait pendant plusieurs mois. Je devais me sortir l'espace de l'esprit. Tout le monde me définissait par ce voyage. Cela a pris du temps pour me laver de cette expérience qui a changé mon regard sur le monde.» Mais pas ses bouffées d'orgueil, voire de toute-puissance.

    Shuttleworth se définit comme «fondamentalement immariable, car je ne peux me consacrer à plus d'une chose à la fois, et tous mes héros ont été des pères atroces» . Son panthéon de poche comporte Mandela et Clinton, «pour leur leadership exceptionnel». Il vient de finir une biographie d'Atatürk, pour comprendre «comment se comportent les gens aux commandes en période de grand changement» .

    Obsédé par les destins, il a trouvé un temps «très séduisantes» les idées d'Ayn Rand, théoricienne américaine de l'individualisme radical et de la suppression de l'Etat. En France, où l'on dégaine facilement l'adjectif «ultralibéral», Rand pourrait être qualifiée d'overlibérale. Mais Shuttleworth affirme en être revenu avoir «appris la tolérance à l'égard des gens qui ne veulent pas changer». Il dit avoir compris, notamment en parcourant l'Afrique pour sa fondation, qu' «une société purement individualiste est une société très agressive». Et refuse désormais cette philosophie politique qui ne parle «que de performance et d'excitation». Et jamais de bonheur.

    Florent Latrive
    22 juillet 2006 Libération
    Dernière modification par zek, 05 août 2006, 18h59.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

    Commentaire


    • #3
      C’est ça la nouvelle économie. Une économie ou chacun à une chance de réussir lorsqu’on est entreprenant et innovant. J’aimerai bien connaître un de chez nous (des pays arabes) qui a pu lancer une startup est la revendre après en millions de dollars.
      Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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