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Climat des affaires, climat des “affaires”

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  • Climat des affaires, climat des “affaires”

    Selon le FMI, le climat des affaires en Algérie est défavorable aux investissements. Il y a comme un décalage sémantique entre nous et l’institution internationale. Car le climat, en Algérie, est plutôt aux affaires.
    Si l’on n’investit pas en Algérie, c’est justement parce que l’on peut y faire des affaires sans investir. Deux fatalités, l’une historique et l’autre géophysique, fondent la tragédie du sous-développement national : l’usurpation clanique de l’indépendance politique et la richesse providentielle du sous-sol.
    D’emblée, le clan n’a eu qu’un seul souci : comment organiser l’État et la société pour qu’aucune autre force que la sienne ne puisse émerger dans l’Algérie indépendante ? Les deux terreaux de formation des élites sociales identifiés, l’école et l’économie, il en fit les cibles prioritaires de son entreprise de dislocation structurelle de la société algérienne. Ainsi, tout en excluant de la conception du projet national, sous prétexte d’arabisation, l’élite scientifique disponible au lendemain de l’Indépendance, il “réforma” l’École, pour en faire un instrument de lobotomisation des générations à venir.
    Ainsi prémuni contre le péril culturel, il ne restait alors qu’à désamorcer l’autre menace politique : la formation d’une classe moyenne économique. L’entreprise fut vouée aux gémonies, comme résidu du système colonial, au même titre que la langue française. Le pouvoir imposa l’idée selon laquelle s’il n’y a pas de riches c’est que personne n’est exploité ! Et pour établir l’inutilité économique de l’investisseur et de l’entrepreneur, on célébra l’État-investisseur et l’État-entrepreneur, seul à convenir au projet égalitaire, contre-projet du système colonial inégalitaire.
    L’entreprise d’État assurait toutes les fonctions de l’entreprise privée : production de biens et services, emploi et distribution de salaires. Toutes sauf la fonction de développement qui, elle, devait passer nécessairement par une politique d’investissement, qui lui échappait. L’État reste investisseur, c’est-à-dire décideur du placement du capital, de la rente pétrolière en l’occurrence. L’entreprise ne faisait que contribuer marginalement au système de répartition de la rente. Celle-ci était — et l’est encore plus, aujourd’hui — répartie par le truchement des privilèges fonctionnels, des cessions patrimoniales autoritaires, des pouvoirs régaliens d’agréments, d’exonération, d’effacement de dettes et de l’impunité sélective en matière de passe-droits, de détournements et de corruption.
    Et là, vous ne pouvez vous imaginer comme le climat des affaires est radieux. Enfin… un microclimat, mais tellement rayonnant. Ce n’est donc pas le climat des affaires qui est défavorable. Tout le monde vous dira le contraire à ce sujet ; de Chakib Khelil au vendeur informel de fringues, au trabendiste qui a droit aux formalités VIP, au port et à l’aéroport, jusqu’au “cambiste” informel — mais qui ne se cache pas — du square Port-Saïd ! Tout ce beau monde constitue, avec les activistes des secteurs énoncés plus haut, la véritable base politique du système.
    Ce n’est pas le climat qui hypothèque l’investissement et le développement en Algérie. C’est le choix politique d’un pouvoir qui a les ressources d’enrichir les catégories dont la condition dépend de la rente, c’est-à-dire du pouvoir. La nature de ce pouvoir est antinomique du développement. De l’investissement.

    Par : Mustapha Hammouche
    وإن هذه أمتكم أمة واحدة
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