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Scolarité Parents et enseignants, des partenaires pas toujours en phase

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  • Scolarité Parents et enseignants, des partenaires pas toujours en phase

    Il y a quelques décennies, il était fréquent de voir dans les salles de cours les instituteurs avec une règle à la main. Et les élèves immobiles, les bras croisés qui s’attendent toujours au pire. Ils étaient conscients que leur père ne les défendra pas quand il sera convoqué par le professeur. Il n’avait qu’une seule phrase pour ce dernier «Toi tu le tues, moi je le scalpe». De nos jours, les choses ont bel et bien changé. Les parents ne tolèrent plus ce genre de comportement. Résultat : ils sont souvent en conflit avec les enseignants.
    On voit de plus en plus de parents qui viennent faire la leçon aux enseignants sur leurs méthodes de travail, comme si c’était l’occasion idéale de prendre sa revanche sur un passé où on était obligé de se taire devant l’enseignant. D’autre part, les parents se culpabilisent de plus en plus de ne pas faire tout ce qu’ils pensaient devoir faire vis-à-vis de leur enfant, du coup ils acceptent difficilement que le professeur dise du mal de leur bambin. En effet, de petits faits, de petites incompréhensions peuvent s’amplifier et prendre des dimensions importantes. Par exemple, lorsqu’un enseignant fait venir un parent pour l’informer de son mécontentement face à l’attitude de son enfant, il attend une coopération, un point de vue convergent pour aider son élève à modifier cette attitude. Et quand le lendemain, le parent vient contredire sa sanction, cela peut être ressenti comme un désaveu par l’enseignant ou une forme de déni de sa fonction, ce qui crée des tensions dans le couple parent/professeur. Malheureusement, ce genre de comportement n’est pas du tout bénéfique pour les enfants. L’école est un lieu de vie où se côtoient les enseignants, les élèves et leur famille. Ensemble ils partagent la volonté d’instruire les enfants, de les élever, de préparer leur avenir... et pour mener à bien cette mission, le dialogue devient primordial pour rappeler les règles et les exigences qui distinguent la vie à la maison de la vie en classe.
    Puisque l’école n’est pas un îlot isolé, protégé de toute difficulté, au milieu d’un monde tourmenté. Les parents doivent comprendre qu’en matière d’autorité, il n’y a pas de rivalité entre eux et les enseignants, mais plutôt une incompréhension des règles. L’école, outre la transmission des savoirs, doit aussi transmettre les valeurs et conduites indispensables à la vie collective. On ne gère pas une classe comme on gère ses enfants à la maison. En classe, les enfants sont devenus des élèves, les objectifs ne sont donc plus les mêmes au sein de l’école et de la famille. Il s’agit de deux moments d’éducation, qui ne sont pas rivaux, mais complémentaires.
    L’enjeu est donc de trouver toujours le chemin du dialogue et de la médiation. La clé d’une bonne relation parents/enseignants est de dépasser la relation classique et développer un lien de confiance dans l’institution et envers les enseignants.
    De cette façon, les parents et ces derniers vont chercher ensemble les solutions et les parcours les mieux adaptés à la situation scolaire de l’élève et à ses souhaits. Les parents vont faire part aux enseignants des évolutions positives ou négatives qu’ils perçoivent dans la relation de l’enfant avec l’école et dans son comportement affectif, les enseignants en font de même pour les parents.
    Explications : Houda hjiej, pédopsychiatre

    «Les convocations de l’école sont souvent vécues sur un mode culpabilisant par les parents»

    On remarque que les parents acceptent de moins en moins les critiques des enseignants vis-à-vis de leurs enfants, comment peut-on expliquer cela ?
    D’un point de vue psychologique, il est connu que l’enfant est vu généralement par son parent comme le prolongement narcissique de lui-même. Les parents ont souvent du mal à entendre les critiques venant des enseignants ; car ils ont le sentiment que ces critiques sont adressées à leur personne ou à l’enfant qu’ils ont été ; elles viennent aussi les ébranler dans leur position de parents et remettre en question leur «réussite». Cette convocation de l’école est souvent sentie comme un acte culpabilisateur.
    Certains parents ne partent jamais voir les enseignants de leurs enfants. Quel impact peut avoir cette attitude sur la scolarité de l’enfant ?
    Au-delà des raisons purement psychologiques que je viens de citer, il existe d’autres raisons qui empêchent les parents d’aller se renseigner sur le travail de leurs enfants, parmi celles-ci on note le manque de confiance parfois existant entre l’école et les parents, notamment pour les parents d’enfants en difficultés qui ont peur que leurs enfants ne soient exclues.
    D’autres parents ne demandent pas de nouvelles par manque d’investissement dans la scolarité de leurs enfants, ou par difficulté personnelle à aller rencontrer les autres notamment des étrangers.
    Quelles que soient les raisons empêchant un parent de créer un lien avec le milieu scolaire de l’enfant, ceci peut influer négativement sur les résultats de l’enfant ou sur son avenir à l’école. La réaction des enseignants peut aussi varier en fonction du comportement des parents notamment quand on est face à des enfants en difficultés. D’autres enfants sont plus autonomes que d’autres et vont alors être indifférents au fait que les parents demandent ou pas des nouvelles d’eux à l’école. Dans un mouvement de fierté ou pour signifier qu’ils sont grands, certains enfants vont carrément refuser que leurs parents aient un lien direct avec leurs enseignants.
    D’autres parents sont au contraire trop présent à l’école voire étouffants, est-ce que vous croyez que c’est une bonne chose ?
    La place des parents n’est pas à l’école de leur enfant sauf quand ils y sont invités ou lorsqu’il y a une inquiétude justifiant leur présence. Excessive, celle-ci peut témoigner d’une angoisse des parents, d’une méfiance ou d’un manque de confiance envers le milieu scolaire de leurs enfants.
    Comment pouvez-vous décrire une relation idéale et équilibrée entre les parents et les enseignants ?
    La relation idéale serait une relation structurée avec des règles connues d’avance, afin d’établir un lien de confiance entre les parents et l’école. Les parents doivent savoir qu’ils ont toujours une possibilité d’entrer en contact avec l’enseignant, mais que c’est ce dernier qui établit les modalités (horaire, lieu… ). L’enseignant doit pouvoir aussi établir un contact avec les parents quand cela lui paraît nécessaire par rapport aux besoins de l’enfant. Ce contact doit être formalisé de préférence en présence d’un responsable éducatif ou du directeur de l’établissement. Ce qui régit globalement cette relation est la confiance des parents dans l’institution, ceci va impacter directement sur les réactions des parents et leurs attitudes. Pour les parents plutôt passifs, l’organisation de rencontres autour de thèmes généraux adressés à tous les parents peut faciliter l’accès de certains parents à l’école et favoriser l’échange avec le milieu scolaire.
    Quand l’enfant n’aime pas son professeur

    Au primaire, la relation élève/enseignant est essentielle au succès de l’apprentissage. Des études ont démontré qu’un élève qui a de l’estime pour son instituteur est plus motivé en classe et obtient un meilleur rendement. Il est donc important de favoriser ce lien. Il arrive qu’un enseignant ne soit pas apprécié par l’enfant. Il peut s’agir d’un simple dédain ou au contraire d’une profonde hostilité. Quand le rejet devient perturbant, il faut agir rapidement. Il ne faut absolument pas minimiser ce ressentiment et écouter son enfant pour savoir pour quelles raisons il n’aime pas son professeur : est-ce que c’est à cause des traits de caractère de celui-ci (manque d’humour, sévérité ou autre) ou l’antipathie provient-elle d’un incident précis (comme dans le cas de l’enseignant qui aurait maltraité un élève devant toute la classe…) Ensuite, il faut essayer de dédramatiser la situation. Il est important d’expliquer clairement à l’enfant qu’il n’a pas à «aimer» son professeur, puisqu’il ne passe avec lui que quelques heures par semaines et que cela ne durera pas plus d’une année scolaire.
    Témoignages : Karima 35 ans, maman de Imad 8 ans

    • «La maîtresse de mon fils m’énerve»
    • «Mon fils Imad est un garçon très timide. À la maison il est très vif, parle bien ; il est curieux de tout et rit beaucoup. À l’école, il se montre plus calme et plus attentif, mais semble s’y être toujours senti à l’aise. Il n’a d’ailleurs jamais eu de problèmes scolaires, il n’est pas brillant, mais pas nul non plus. Cette année, il souffre énormément à cause de sa maîtresse de français. Il me dit qu’elle crie beaucoup et l’intimide. Elle le traite de nul quand il est trop lent ou quand il commet des erreurs. Elle lui interdit d’aller aux toilettes sauf à la récréation. Pire encore, il lui arrive de l’en priver quand il ne finit pas son travail. Quand je suis allée la voir pour qu’elle m’explique pourquoi elle se comporte ainsi avec mon enfant, elle m’a dit que si elle le punissait c’était tout simplement pour son bien, pour qu’il progresse. Mais je ne suis absolument pas d’accord avec sa façon de penser. Certes, je souhaite que mon fils soit le meilleur élève de la classe, mais je ne supporte pas non plus de le voir souffrir à cause de cette “sorcière”».


    Publié le : 17 Janvier 2013 - Hajjar El Haiti, LE MATIN ma
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