Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Nizar Kabbani Je suis pour le terrorisme

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Nizar Kabbani Je suis pour le terrorisme

    JE SUIS POUR LE TERRORISME
    Par Nizar Kabbani


    De terrorisme on nous accuse
    Si nous osons prendre défense
    De notre femme et de la rose
    Et de l'azur et du poème
    Si nous osons prendre défense
    D'une patrie sans eau sans air
    D'une patrie qui a perdu
    Sa tente et sa chamelle
    Et même son café noir.
    De terrorisme on nous accuse
    Si nous osons prendre défense
    De la crinière
    De la reine de Saba
    Des lèvres de Maysoun
    Des noms de nos plus belles filles,
    Du khol qui de leurs cils
    En pluie retombe
    Comme une chose révélée.
    Certes vous ne trouverez pas
    En ma possession
    De poésie secrète
    Ni de parler énigmatique
    Ou des ouvrages clandestins,
    Et par devers moi je ne garde
    Aucun poème traversant
    La rue, caché derrière son voile.
    De terrorisme on nous accuse
    Quand nous décrivons les dépouilles
    D'une patrie
    Décomposée et dénudée
    Et dont les restes en lambeaux
    Sont dispersés aux quatre vents…,
    D'une patrie
    Cherchant son adresse et son nom…
    D'une patrie ne conservant
    De ses antiques épopées
    Que les élégies de Khansa…,
    D'une patrie
    Où ni le rouge, ni le jaune, ni le vert
    Ne teignent plus les horizons…,
    D'une patrie qui nous défend
    D'écouter les informations
    Ou d'acheter quelque journal…,
    D'une patrie où les oiseaux
    Sont censurés dans leurs chansons,
    D'une patrie où, terrifiés,
    Les écrivains ont pris le pli
    D'écrire la page du néant…,
    D'une patrie
    Qui ressemblerait dans sa forme
    A la poésie
    Dans notre pays
    Sorte de langage égaré
    Improvisé
    Sans aucun lien avec les êtres
    Sans aucun lien avec leur terre
    Ni avec les problèmes
    Dans lesquels ils se débattent vainement,
    D'une patrie allant pieds nus
    Et sans aucune dignité
    Vers la paix négociée…
    D'une patrie
    Où les hommes pris de panique
    Ont fait pipi dans leurs culottes
    Et où ne restent que les femmes.
    Le sel amer est dans nos yeux
    Et sur nos lèvres,
    Il est dans nos propres propos.
    Notre âme a-t-elle été touchée
    De stérilité héritée
    Léguée par la tribu Kahtane.
    Dans notre nation,
    Il n'y a plus de Mu'awya
    Plus de Abu Sufiane
    Plus personne pour crier "Gare" !
    A la face de ceux qui ont abandonné
    A autrui notre foyer
    Et notre huile et notre pain
    Transformant notre maison
    Si heureuse en capharnaum.
    Il ne reste plus rien de notre poésie
    Qui n'ait sur le lit sur tyran
    Perdu sa virginité.
    Du mépris nous avons pris
    Le pli de l'habitude.
    Que reste-t-il donc de l'homme
    Lorsqu'il s'habitue au mépris ?
    Je recherche dans les feuilles de l'Histoire
    Usaman Ibn Munkid
    Okba Ibn Nafi',
    Je recherche Omar,
    Je recherche Hamza,
    Et Khalid chevauchant
    Vers la Grande Syrie,
    Je recherche al Mu'tacim
    Sauvant les femmes
    De la barbarie des envahisseurs
    Et des furies des flammes,
    Je recherche dans ce siècle attardé
    Et ne trouve dans la nuit
    Que des chats apeurés
    Craignant pour leur personne
    Le pouvoir des souris.
    Avons-nous été atteints
    De nationale cécité ?
    Ou bien tout simplement
    Souffrons-nous de daltonisme ?
    De terrorisme on nous accuse
    Quand nous refusons notre mort
    Sous les râteaux israéliens
    Qui ratissent notre terre
    Qui ratissent notre Histoire
    Qui ratissent notre Evangile
    Qui ratissent notre Coran
    Et le sol de nos prophètes.
    Si c'est là notre crime
    Que vive le terrorisme !
    De terrorisme on nous accuse
    Si nous refusons que les Juifs
    Que les Mongols et les Barbares
    Nous effacent de leur main.
    Oui, nous lançons des pierres
    Sur la maison de verre
    Du Conseil de Sécurité
    Soumis à l'empereur suprême.
    De terrorisme on nous accuse
    Lorsque nous refusons
    De négocier avec les loups
    Et de tendre nos deux bras
    A la prostitution.
    L'Amérique
    Ennemie de la culture humaine
    Elle-même sans culture,
    Ennemie de l'urbaine civilisation
    Dont elle-même est dépourvue,
    L'Amérique
    Bâtisse géante
    Mais sans murs.
    De terrorisme on nous accuse
    Si nous refusons un siècle
    Où ce pays de lui-même satisfait
    S'est érigé
    En traducteur assermenté
    De la langue des Hébreux.
Chargement...
X