Annonce

Réduire
Aucune annonce.

L’emploi des jeunes en Algérie dépend encore de la rente pétrolière

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • L’emploi des jeunes en Algérie dépend encore de la rente pétrolière

    Géré dans le cadre de divers dispositifs dont l’évaluation affinée s’impose, l’emploi des jeunes dépend encore de la rente pétrolière, outre l’impact de l’évolution démographique en cours.

    «Comment sortir de la dépendance des hydrocarbures ?».

    Un questionnement récurrent certes, mais dont l’acuité ne trouve cependant pas encore réponse appropriée. Mais «un défi immense» qui doit être relevé, déclarait hier à l’hôtel Sheraton-Club des Pins à Alger, le président du Conseil national économique et social (CNES). Hôte de représentants de l’Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), lors d’un atelier de travail, Mohamed Seghir Babès a estimé que la rente pétrolière, certes, constitue une «bénédiction», dans la mesure où elle contribue au développement socio-économique du pays, à travers la création d’emplois. Pour autant, cette rente constitue également une «malédiction», d’autant que sa valorisation reste sujette à caution comme le président du CNES le laisse entendre.

    Des dispositifs d’emploi financés sur budget

    Or, les six dispositifs de création d’emplois et d’insertion professionnelle des jeunes notamment, mis en place durant la décade écoulée, l’ont été grâce à la dépense publique. Il s’agit des dispositifs gérés par l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ), l’Agence nationale de gestion du microcrédit (ANGEM), l’Agence de développement social (ADS), la Caisse nationale d’allocation-chômage (CNAC) et l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI). Ainsi, le budget alloué au secteur de l’emploi a été multiplié par 4,5 durant les quatre dernières années, passant de 49,8 milliards de dinars en 2008 à 224,49 milliards de dinars en 2012, selon les données présentées hier, par Mme Aïcha Edjekouane, chef de division au CNES. Certes, plusieurs milliers d’emplois ont été créés dans le cadre de la dynamique lancée depuis 2006 en matière de création de micro-entreprises, développement du microcrédit, activités d’intérêt général, des travaux d’utilité publique à haute intensité de main-d’œuvre ainsi que les dispositifs d’aide à l’insertion sociale et l’insertion professionnelle des diplômés et des jeunes sans formation ni qualification. Ainsi, le taux de chômage a pu été résorbé, passant de 29,5% en 2000 à 10% en 2012, indique cette experte. Comme le taux de chômage des jeunes (16-24 ans) est passé de 46% en 2000 à 22% en 2011 et celui des universitaires a été réduit de 21,4% en 2010 à 16,1% en 2011.

    Des dispositifs, sujets de critiques

    Toutefois, les emplois créés notamment sur financements publics sont considérés généralement comme d’attente précaires et ne répondant pas aux exigences de stabilité, rémunération, protection sociale et adéquation avec la formation. Voire, l’absorption de la demande d’emplois pâtit d’une certaine «frilosité» des jeunes, relève Mme Edjekouane pour l’acquisition de métiers dans les domaines de l’artisanat, de l’agriculture et du BTPH, tandis que le secteur tertiaire, les services notamment, sont fort attractifs quoique subissant l’emprise de l’informel. Or, l’évaluation des dispositifs d’emploi et d’insertion professionnelle des jeunes s’impose, davantage affinée et sur la base d’«indicateurs, de critères bien définis ». C’est ce que relève cette experte du CNES, même si elle estime que ces dispositifs ont contribué positivement à «absorber »l’offre de main-d’œuvre, la demande d’emploi», notamment dans les zones du pays qui enregistrent un déficit en services d’emploi. Outre la problématique liée à l’attractivité des jeunes vers d’autres secteurs d’activités davantage porteurs, notamment les travaux manuels ou l’industrie manufacturière, l’impératif d’une plus grande inter-sectorialité, voire l’élaboration d’un pacte national de croissance et d’emploi s’imposent.

    L’évolution démographique, un autre paramètre

    Une urgence, d’autant plus que l’Algérie enregistre une croissance démographique en hausse (un taux de 2,04% en 2011 contre 1,7% en 2005, 1,46% en 1999 et 3,42% en 1967. En d’autres termes, la croissance démographique a repris et la demande en postes d’emplois s’accentue, avec une population en âge actif (15-59 ans) qui est passé de 63% en 2004 à 64,3% en 2011. Notons que les jeunes de 15 à 35 ans représentent actuellement une proportion de 40% de la population, une frange sociale dont les besoins seront davantage accrus durant les prochaines années en termes d’emplois, de logements et d’éducation. A ce propos, le président du CNES avait relevé la nécessité d’«un saut qualitatif» en matière d’éducation après que la bataille «du nombre» ait été gagnée.

    Des OMD aux ODD

    Cette problématique de la promotion de l’emploi et de l’intégration socioprofessionnelle des jeunes, l’AICESIS dont la présidence pour la période 2011-2013 est assurée par l’Algérie, en fait un axe central de sa mission d’évaluation des politiques nationales. Mais aussi de son déploiement en vue d’une implication efficiente de la société civile, organisée dans l’élaboration de l’agenda international pour paraphraser M. Babès, ce dernier prônant «un pacte mondial de croissance économique et de stabilité sociale orienté développement durable». Voire, dans la redéfinition des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) à l’horizon 2015, visant la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de développement socioéconomique, notamment, par rapport aux objectifs de développement durable, une meilleure inclusion sociale et économique et une viabilité environnementale assurée. A propos des OMD, la représentante permanente auprès du Conseil économique et social de l’Organisation des nations unies, Mme Mezoui Hanifa, avait estimé que les OMD ont été largement atteints, en matière de santé et d’éducation, notamment en Algérie et qu’il s’agit d’œuvrer à concrétiser davantage l’inclusion des jeunes dans le cadre des nouveaux ODD (Objectifs de développement durable). Une problématique qui sera abordée le 27 mars prochain à New York, à l’occasion du Forum des Jeunes qu’organise l’ECOSOC-ONU.

    Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) -
Chargement...
X