Cameron à Alger : une visite, un message
Un mois après Lord Risby, représentant auprès du Premier ministre britannique pour les affaires économiques chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, la visite à Alger de David Cameron, la première du genre pour le Premier ministre britannique, intervient, pour le moins que l'on puisse dire, dans une conjoncture assez particulière. Si elle n'était pas programmée depuis longtemps, on aurait pu aisément faire le lien avec l'attaque terroriste du complexe gazier d'In Amenas géré par Sonatrach en partenariat avec British Petroleum et Statoil. Mais difficile d'y échapper et surtout de l'éluder dans la mesure où aux lendemains de l'assaut des forces spéciales algériennes pour libérer les otages, Londres s'est fendue d'un maladroit communiqué reprochant au gouvernement algérien de ne pas l'avoir informé de la suite des opérations. Si par la suite, et à l'image des autres capitales occidentales, Londres s'est rendue à l'évidence après analyse de la situation, le mal est là puissions-nous dire puisque pour Alger, et au plus fort de la crise des otages, les vieux réflexes européens ont ressurgi comme au plus fort de la guerre contre le terrorisme.
Ainsi, et au-delà des discours de circonstance et des apparences toutes diplomatiques, l'Algérie, pour le reste du monde en hibernation économique, est un fabuleux marché ouvert. David Cameron, tout comme François Hollande, ne veut pas que des interférences extérieures viennent gâter les bonnes relations, surtout économiques, qui unissent les deux pays. Le Premier ministre british devra certainement réaffirmer le soutien de la Grande-Bretagne à l'Algérie et le volet sécuritaire et la coopération dans le domaine de la lutte antiterroriste seront au centre des intérêts communs entre les deux capitales. Mais ce qui reste comme une certitude c'est que les compagnies britanniques continueront à activer en Algérie, mais en proposant l'aide du Royaume-Uni dans la sécurisation des sites pétroliers où BP est présente. Une demande déjà clairement refusée par Alger aux lendemains de l'assaut contre le commando islamiste, le ministre de l'Energie et des Mines déclarant que pour l'Algérie « il n'est pas question d'accepter des forces de sécurité extérieures » pour sécuriser les installations pétrolières et gazières dans le sud du pays.
Même si les deux pays partagent des fondamentaux dans la lutte antiterroriste, chacun ayant une longue expérience dans ce domaine, la volonté de Londres de protéger ses propres concitoyens devra être certainement le sujet qui fâche et on voit mal comment concilier une intransigeance nationale avec une exigence de sécurité d'autant plus qu'on se dirigerait tout droit vers la présence de forces régulières à l'intérieur même des sites énergétiques. Hormis cette donne, les analystes sont tous d'accord pour confirmer l'excellence des relations politiques et économiques bilatérales. Les chiffres sont là pour le souligner puisque la coopération algéro-britannique a enregistré une avancée substantielle en 2012, dans l'ensemble des domaines, franchissant un palier supplémentaire par rapport aux années précédentes. Les échanges commerciaux entre l'Algérie et la Grande-Bretagne avaient atteint, en 2010, selon les chiffres des Douanes algériennes, plus de 2 milliards de dollars, dont 1,260 milliard de dollars d'exportations algériennes et 771 millions de dollars d'importations. Durant la même année, la Grande-Bretagne a été classée 13e client de l'Algérie et aussi son 13e fournisseur.
par Moncef Wafi
Le Quotidien d'ORAN
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