Le premier ministre japonais entend réviser la Constitution qui limite le rôle de l'armée. Son ministre de l'Éducation voudrait revenir sur les excuses officielles du Japon reconnaissant les massacres commis par son Armée impériale.
Tokyo
Shinzo Abe persiste et signe. Le premier ministre japonais a réaffirmé jeudi son intention de réviser la Constitution d'après guerre, imposée par les Américains, dès que le contexte politique le permettra. «Je commencerai par réviser l'article 96, une décision que nombre de courants à l'intérieur du parti (PLD, droite) soutiennent», a-t-il indiqué à la Diète, se référant à l'article qui décrit la procédure de révision constitutionnelle japonaise. Le principal objectif du premier ministre est de faire sauter le verrou pacifiste de l'article 9, qui n'autorise le Japon qu'à maintenir des forces d'autodéfense.
Cet article, déplore Shinzo Abe, interdit à l'archipel tout déploiement à l'extérieur, réduit a minima son rôle militaire dans la défense de ses intérêts, et amoindrit la dignité de la nation.
Cette ambition affichée s'inscrit dans le vaste agenda idéologique qui a en partie valu à Shinzo Abe d'être porté au pouvoir en décembre. Son ministre de l'Éducation, Hakubun Shimomura, de son côté, avait indiqué l'avant-veille à l'agence Reuters que le gouvernement allait revenir sur les déclarations officielles du Japon reconnaissant les massacres perpétrés par l'Armée Impériale au XXe siècle. Et son souhait aussi de mettre en place une éducation «patriotique», encadrée par l'État.
Une Constitution très populaire difficile à changer
Shinzo Abe, souvent qualifié de «faucon» n'est pas au bout de ses peines. La Constitution japonaise est l'une des plus rigides du monde, ce qui explique pourquoi il s'attaque à la procédure de révision avant la révision constitutionnelle elle-même. Celle-ci nécessite la majorité des deux tiers dans chacune des deux chambres, puis la majorité au terme d'un référendum. Elle a été conçue pour ne pas être changée. Afin d'y parvenir malgré tout, il faut un contexte politique extraordinairement favorable.
Shinzo Abe devra aussi convaincre l'opinion publique. Même si en 1947, l'occupant américain a tenu le stylo, la Constitution était très populaire au moment de sa proclamation, car elle permettait enfin de contenir l'Armée, explique le célèbre historien John Dower dans son livre Ways of forgetting, ways of remembering. Aujourd'hui encore, elle demeure populaire, et reste un des totems idéologiques de la gauche nippone.
Une provocation pour la Chine et la Corée du sud
Enfin, pour imposer son agenda ultranationaliste, Shinzo Abe risque de fâcher un peu plus, ou irriter, tous les pays qui ont souffert de l'Armée Impériale japonaise au XXe siècle. Ce qui fait du monde: entre autres la Chine, la Corée du Sud, mais aussi la Grande-Bretagne, l'Australie, la Nouvelle Zélande, les Philippines et jusqu'aux États-Unis.
Pour toutes ces raisons, le premier ministre ne lancera les grandes manœuvres qu'après un succès électoral aux élections sénatoriales de juillet. Shinzo Abe ira probablement aussi loin qu'il le pourra. Il dispose déjà à la chambre Basse d'une majorité des deux tiers, et se dirige vers un triomphe aux élections de juillet à la chambre Haute.
Depuis sa prise de pouvoir, sa majorité le suit le doigt sur la couture du pantalon. Et derrière elle l'opinion publique. Sondage après sondage, il recueille deux tiers d'opinions favorables. Même la grande presse de gauche semble se ranger, jour après jour, à l'idée d'une révision constitutionnelle. «Ce qu'on lit dans l'Asahi Shimbun sur ce sujet n'a plus rien à voir à ce qu'on lisait il y a dix ans, assure le politologue Takao Toshikawa. Je suis si pessimiste», ajoute-t-il.
figaro
Tokyo
Shinzo Abe persiste et signe. Le premier ministre japonais a réaffirmé jeudi son intention de réviser la Constitution d'après guerre, imposée par les Américains, dès que le contexte politique le permettra. «Je commencerai par réviser l'article 96, une décision que nombre de courants à l'intérieur du parti (PLD, droite) soutiennent», a-t-il indiqué à la Diète, se référant à l'article qui décrit la procédure de révision constitutionnelle japonaise. Le principal objectif du premier ministre est de faire sauter le verrou pacifiste de l'article 9, qui n'autorise le Japon qu'à maintenir des forces d'autodéfense.
Cet article, déplore Shinzo Abe, interdit à l'archipel tout déploiement à l'extérieur, réduit a minima son rôle militaire dans la défense de ses intérêts, et amoindrit la dignité de la nation.
Cette ambition affichée s'inscrit dans le vaste agenda idéologique qui a en partie valu à Shinzo Abe d'être porté au pouvoir en décembre. Son ministre de l'Éducation, Hakubun Shimomura, de son côté, avait indiqué l'avant-veille à l'agence Reuters que le gouvernement allait revenir sur les déclarations officielles du Japon reconnaissant les massacres perpétrés par l'Armée Impériale au XXe siècle. Et son souhait aussi de mettre en place une éducation «patriotique», encadrée par l'État.
Une Constitution très populaire difficile à changer
Shinzo Abe, souvent qualifié de «faucon» n'est pas au bout de ses peines. La Constitution japonaise est l'une des plus rigides du monde, ce qui explique pourquoi il s'attaque à la procédure de révision avant la révision constitutionnelle elle-même. Celle-ci nécessite la majorité des deux tiers dans chacune des deux chambres, puis la majorité au terme d'un référendum. Elle a été conçue pour ne pas être changée. Afin d'y parvenir malgré tout, il faut un contexte politique extraordinairement favorable.
Shinzo Abe devra aussi convaincre l'opinion publique. Même si en 1947, l'occupant américain a tenu le stylo, la Constitution était très populaire au moment de sa proclamation, car elle permettait enfin de contenir l'Armée, explique le célèbre historien John Dower dans son livre Ways of forgetting, ways of remembering. Aujourd'hui encore, elle demeure populaire, et reste un des totems idéologiques de la gauche nippone.
Une provocation pour la Chine et la Corée du sud
Enfin, pour imposer son agenda ultranationaliste, Shinzo Abe risque de fâcher un peu plus, ou irriter, tous les pays qui ont souffert de l'Armée Impériale japonaise au XXe siècle. Ce qui fait du monde: entre autres la Chine, la Corée du Sud, mais aussi la Grande-Bretagne, l'Australie, la Nouvelle Zélande, les Philippines et jusqu'aux États-Unis.
Pour toutes ces raisons, le premier ministre ne lancera les grandes manœuvres qu'après un succès électoral aux élections sénatoriales de juillet. Shinzo Abe ira probablement aussi loin qu'il le pourra. Il dispose déjà à la chambre Basse d'une majorité des deux tiers, et se dirige vers un triomphe aux élections de juillet à la chambre Haute.
Depuis sa prise de pouvoir, sa majorité le suit le doigt sur la couture du pantalon. Et derrière elle l'opinion publique. Sondage après sondage, il recueille deux tiers d'opinions favorables. Même la grande presse de gauche semble se ranger, jour après jour, à l'idée d'une révision constitutionnelle. «Ce qu'on lit dans l'Asahi Shimbun sur ce sujet n'a plus rien à voir à ce qu'on lisait il y a dix ans, assure le politologue Takao Toshikawa. Je suis si pessimiste», ajoute-t-il.
figaro
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