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L’art de perdre son âme

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  • L’art de perdre son âme

    Les écrivains français Alexis Jenny, lauréat du Goncourt 2011, et Jérôme Ferrari, lauréat du même prix 2012, ont tous les deux écrit des œuvres en relation avec l’histoire de l’Algérie.

    Alexis Jenni, né en 1963 à Lyon, a reçu le prix Goncourt 2011 pour son roman L'Art français de la guerre, paru chez Gallimard. «J'allais mal ; tout va mal ; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n'arrive pas à finir, il avait parcouru le monde avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu'aux coudes. Mais il m'a appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l'armée coloniale, mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails. Il m'apprit à peindre, et en échange, je lui écrivis son histoire. Il dit, et je pus montrer, et je vis le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l'art français de la guerre qui ne change pas», raconte Alexis Jenni, à travers le narrateur de son histoire. Ainsi et à travers les souvenirs de Salagnon défilent cinquante ans d’histoire de la France, à travers le fait militaire : la Deuxième Guerre mondiale, l’Indochine, l’Algérie… L’art français de la guerre est, pour reprendre le journal français Le Monde, une «réflexion complexe et profonde sur «la pourriture coloniale», sa manière d'infecter, encore et toujours, la société française».

    Jérôme Ferrari, né en 1968 à Paris, a eu le Goncourt pour son livre Le sermon de la chute de Romeparu chez Actes Sud et dont le titre est inspiré du texte écrit à Hippone (aujourd’hui Annaba en Algérie) en 410 après J.-C. par saint Augustin, après la chute de Rome. Ferrari, qui a enseigné la philosophie au Lycée international Alexandre-Dumas à Alger, a lui aussi écrit sur la guerre d’Algérie. En effet, en 2010, il avait publié le roman Où j'ai laissé mon âme(Actes Sud, France). Ce militaire français dont parle Ferrari a laissé son âme quelque part en Algérie. En 1959, à Alger, le capitaine André Degorce retrouve le lieutenant Horace Andreani avec lequel il avait connu l'horreur des combats puis de la détention en Indochine. A Alger, les prisonniers autochtones passent des mains de Degorce à celles d'Andreani, d'un tortionnaire à l'autre :[Les victimes d’hier sont devenues des bourreaux aujourd’hui. Le roman fait revivre trois journées de la guerre, en mars 1957, où dans une villa de Saint-Eugène à Alger, les deux anciens d’Indochine se livrent à des séances d’intimidation morale et de tortures physiques d’une extrême violence. Mais si Andreani assume pleinement ses actes, Degorce, dépossédé de lui-même, ne trouve l'apaisement qu'auprès d’un prisonnier algérien, Tarik Hadj Nacer dit Tahar, commandant de I'ALN. Ainsi, la cellule de Tahar prend des allures de confessionnal où le geôlier se livre à son prisonnier... «Vous avez perdu la foi et vous ne pourrez la retrouver, parce que tout ce que pour quoi vous vous battez, ça n’existe déjà plus. Et je suis désolé pour vous», dit Tahar à Degorce, en ce jour de mars 1957.

    Kader Bakou- Le Soir
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