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    Six mois après s'être posé sur la Planète rouge, le robot Curiosity de la Nasa s'apprête à en forer le sol. En attendant de découvrir, peut-être, une preuve qu'elle a pu abriter la vie

    Le 31 octobre, Curiosity a utilisé une caméra située au bout du bras robotique pour prendre 55 images qui ont été assemblées pour constituer l'autoportrait du rover. - Nasa



    Dans la petite salle du Fimoc, le centre d'opérations des instruments français de Curiosity, basé à Toulouse, l'écran mural affiche l'heure en différents points stratégiques. Il est 10 heures du matin à Pasadena (Californie), siège du Jet Propulsion Laboratory d'où est piloté le rover martien. 11 heures du matin à Los Alamos (Nouveau Mexique), où est situé le laboratoire américain avec lequel le Fimoc se partage, une semaine sur deux, le contrôle de l'instrument ChemCam (lire ci-dessous). Et 11 heures du matin aussi à 350 millions de kilomètres de la Terre, sur le site de Yellowknife Bay, où se trouve actuellement le robot mobile de la Nasa.

    A Toulouse, c'est déjà le soir : 19 heures, heure locale. Une certaine fébrilité se fait sentir parmi les deux ingénieurs et quatre scientifiques présents : dans quelques minutes va démarrer le « Sowg » (« science operation working group »), conférence téléphonique géante rassemblant plusieurs centaines de scientifiques et d'ingénieurs à travers le monde. Une réunion virtuelle de deux heures, présidée par un chercheur américain différent chaque jour, et au cours de laquelle tout ce petit monde va tenter de se mettre d'accord sur ce que l'on fera faire à Curiosity le lendemain : bouger de quelques mètres, manoeuvrer son bras, effectuer des relevés météo... Et, bien sûr, procéder à de nouvelles expériences scientifiques mettant en oeuvre quelques-uns des dix instruments embarqués. « Ce plan d'activité sera ensuite envoyé au rover, qui l'exécutera demain point par point, minute par minute », explique Eric Lorigny, l'ingénieur aux commandes du Fimoc ce soir-là -il est l'un des six Français habilités à envoyer des instructions à ChemCam.

    700 mètres en six mois

    Ce rituel se répète chaque soir à l'identique depuis le 6 août, date de l'atterrissage réussi de Curiosity dans le cratère Gale, en un site baptisé après « Bradbury Landing » en hommage à l'auteur des « Chroniques martiennes », récemment disparu. Si aucune festivité particulière n'est prévue pour mercredi prochain, date anniversaire des six premiers mois de la mission Mars Science Laboratory (MSL), cela ne veut pas dire que, à Toulouse comme à Pasadena, l'ambiance ne soit pas à la fête. Juste que l'on perd vite le contact avec le calendrier terrestre à force de compter en « sols », ces jours martiens d'une durée de 24 heures 40 minutes...

    Pour la cinquantaine de scientifiques et d'ingénieurs du Fimoc, aucun sentiment de routine. Même si Curiosity progresse à une allure de tortue dans les sables couleur de rouille, mettant tous les nerfs à rude épreuve. Après avoir parcouru 570 millions de kilomètres en un peu plus de huit mois pour atteindre la Planète rouge, le robot mobile de la Nasa n'a franchi sur place, en six mois, que 700 mètres en zigzag. « Nous avons pris le temps de faire en chemin de la bonne science », explique Sylvestre Maurice, le père de ChemCam et l'un des principaux chercheurs français impliqués dans la mission MSL.

    Ces premiers résultats, s'ils mettent en ébullition l'étroite communauté des planétologues, ne sont pas de nature à faire vibrer les non-spécialistes : Curiosity a ainsi détecté à la surface de Mars un niveau de radiations cosmiques globalement conforme à ce qui était attendu, constaté l'absence de méthane dans l'atmosphère, la présence d'hydrogène dans la poussière, etc.

    Autre fait avéré, important mais qui n'était pas une surprise : les galets figurant sur des clichés pris par le rover peu après son atterrissage ont apporté une preuve supplémentaire que de l'eau a jadis coulé en abondance sur la Planète rouge, ce que les multiples missions qui se sont succédé depuis l'envoi de la sonde Viking en 1976 avaient déjà solidement établi.

    De là à dire si Mars, née comme la Terre il y a 4,6 milliards d'années, a pu abriter des formes élémentaires de vie avant de devenir vers - 3,5 milliards d'années la planète morte que nous connaissons, il y a un pas... « L'eau liquide constitue une condition nécessaire mais pas suffisante à l'apparition de la vie », tempère Sylvestre Maurice, avant de souligner que l'objectif scientifique de la mission MSL n'est pas de savoir si notre proche voisine a été un jour « habitée », mais « habitable ».

    Témoins chimiques

    Pour répondre à cette question de l'éventuelle « habitabilité » de la Planète rouge il y a 3,5 milliards d'années, les scientifiques concentrent toute leur attention sur deux grands témoins chimiques de son lointain passé aqueux : les sulfates et les phyllosilicates. Yellowknife Bay, terrain sédimentaire sur lequel Curiosity est arrivé le 12 décembre, contient des sulfates dans son sol : c'est pour cette raison qu'il y effectuera « dans les prochaines semaines », à l'aide de son bras robotisé, un premier forage -sans doute l'événement le plus important depuis le succès de l'atterrissage. « Des roches martiennes, nous ne connaissons que la surface, qui est altérée par l'atmosphère. Mais nous ne savons encore rien de leur structure interne », reconnaît Sylvestre Maurice.

    Quant aux phyllosilicates, ces argiles primordiales dont l'analyse éclairera le plus directement le premier milliard d'années d'existence de la Planète rouge, il faudra pour cela attendre que le rover soit rendu au pied du mont Sharp, but ultime de ses pérégrinations. La montagne haute de 5.000 mètres qui se dresse au centre du cratère Gale est encore à quelque 8 kilomètres. Au train de sénateur dont Curiosity progresse, il va encore falloir être patient
    LES ECHOS FR
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