Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Ferhat Abbas, l’homme de presse, Leïla Benammar Benmansour

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Ferhat Abbas, l’homme de presse, Leïla Benammar Benmansour

    Ferhat Abbas signait ses articles de jeunesse du pseudonyme «Kamel Abencérages», clin d’œil à Mustapha Kemal Ataturk qu’il admirait pour son œuvre gigantesque qui fit de la Turquie une nation moderne.

    «Ce journal est l’expression ‘’indigène’’. Il naît pour traduire fidèlement l’opinion des Algériens (…) Tous les peuples, quelle que soit leur race, doivent être libérés de cette barbarie des temps modernes (…) Car la Providence ne voudra pas consacrer un ordre mondial dans lequel l’homme de l’Europe fera figure de demi-dieu. Ce demidieu auquel il faudra éternellement sacrifier les intérêts des autres hommes sans respect pour leur langue, leur culture, leurs traditions, leurs croyances et leurs libertés… La colonisation ne peut pas et ne doit pas survivre au système de sécurité collective et à la coopération internationale de grandes puissances, exigées par tous les peuples», écrit Ferhat Abbas dans l’éditorial du premier numéro du journal Égalité en 1944. Mais en visionnaire, il ajoute dans le même édito :

    «Si Egalité invite les bourgeoisies européennes à se guérir de cette maladie qui s’appelle l’impérialisme, il invite de même et avec la même force, les peuples colonisés à se guérir de la déchéance… Nous savons ce qu’il y a de sordide et de puant dans notre bourgeoisie naissante et dans notre fausse élite.»

    Ferhat Abbas, l’homme de presse écrit par Leïla Benammar Benmansour vient juste de paraître chez Alger-Livres Editions (Collection Etudes et Documents). L’auteure dédie ce livre «à la mémoire des 100 journalistes algériens assassinés, dont 12 femmes, et 2 disparus durant la triste période appelée «décennie noire» (Algérie 1992- 2002)».

    Pour Leïla Benammar Benmansour, consacrer un ouvrage à Ferhat Abbas, l’homme de presse est de «l’ordre des choses», car, passionné de journalisme, il avait mené de pair la profession de journaliste avec celle de l’homme politique. «Il avait compris très tôt, que la presse en tant que média de masse est une arme redoutable dont il faut se servir, et notre homme avait l’art de savoir s’en servir », écrit-elle dans l’introduction de son ouvrage. Dans les années 1920, le mouvement français appelé Algérianisme revendiquait l’algérianité à son seul bénéfice. Ferhat Abbas encore étudiant écrit plusieurs articles pour répondre aux thèses racistes de ce mouvement. «Il signait ses articles de jeunesse de ce pseudonyme qui lui sied ‘‘Kamel Abencérages’’, clin d’œil à l’homme d’Etat turc Mustapha Kemal, qu’il admirait pour son œuvre gigantesque qui fit de la Turquie une nation moderne », explique l’auteure. Ferhat Abbas caressait le rêve de créer son propre journal et exprima ce vœu en 1938 dans l’Entente franco- musulmane où il était journaliste. Mais pour avoir le droit de fonder un journal, il lui fallait être naturalisé français. Ce n’est que le 15 septembre 1944, qu’il a pu créer son propre journal, Egalité.

    Arrêté après la terrible tragédie du 8 mai 1945, il va voir son journal suspendu. Libéré onze mois plus tard, il va créer un nouveau journal La République algérienne. En 1955 et après sa rencontre avec Abane Ramdane, Ferhat Abbas va lui-même fermer son journal, dissoudre son parti l’UDMA et rejoindre le FLN. L’ouvrage de Leïla Benammar Benmansour comporte neuf chapitres dont ceux intitulés La presse indigène : une hécatombe de titres ; UDMA : Appel au peuple algérien au combat pour la République algérienne démocratique et sociale : l’Etat algérien et la formule de l’avenir et Assimilationniste ou nationaliste indépendantiste ?

    Le lecteur trouvera également une biographie de Ferhat Abbas et en annexe la Loi française du 29 juillet 1881 libérant la presse et la librairie. Ferhat Abbas (1899-1985) est un homme politique, homme de presse et écrivain. Il a été président du GPRA (1958- 1961) et président de l’Assemblée nationale constituante (1962- 1963). En 1985, il a été décoré de la médaille de résistant. Leïla Benmansour (épouse Benammar) est née en 1949 à Belcourt (Alger). En 1972, elle avait obtenu une licence en sciences journalistiques et d’information de l’Ecole nationale supérieure de journalisme (ENSJ) à l’Université d’Alger. Elle est également diplômée (en 1995) de l’Institut français de presse (IFP), Université Paris II. En 1998, elle a soutenu un DEA en histoire contemporaine du Maghreb à l’université Paris VII. Leïla Benammar Benmansour est aussi Docteur en information et communication de l’université Panthéon-Assas (Paris II) en 2000 où elle avait soutenu les thèses intitulées L’algérianité ses expressions dans l’édition française (1919- 1939), ainsi que Et le livre devint média, sous la direction du géopoliticien et spécialiste des médias Jacques Barrat. Après avoir été journaliste enseignante, elle se consacre depuis une dizaine d’années à la recherche sur Ferhat Abbas.
    Kader B.- Le SOIR

    Ferhat Abbas, l’homme de presse, Leïla Benammar Benmansour. Alger- Livres- Editions. 277 pages. Année 2013.

  • #2
    à sa mort il semblait être plus proche d'Erdogan que de Attaturk:sans doute la perspective d'une mort prochaine.Quoi qu'il en soit son livre"l'indépendance confisquée" est à lire absolument.

    Commentaire


    • #3
      Merci Morjane.

      Ferhat Abbas a beaucoup évolué au cours de sa carrière, le jeune Abencérage n'a plus rien à voir avec le Ferhat Abbas de la Guerre d'Algérie. Ses positions ont mûries, il est devenu plus réaliste et moins utopique, et surtout elles se sont davantage endurcies... car les autorités coloniales ne faisaient aucun efforts, Ferhat Abbas a mis du temps à comprendre que seuls les armes pourraient rendre aux Algériens leur liberté.
      Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

      Commentaire

      Chargement...
      X