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Mali, sport, musique et géostratégie

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  • Mali, sport, musique et géostratégie

    Ç’aurait dû être une semaine sans. La météo du temps, celle des âmes, tout poussait à la chronique buissonnière. Eh, oui, le souhait de prendre la tangente n'est pas seulement l'apanage des écoliers et des… fonctionnaires. Dans la grisaille, sous la pluie, dans le brouillard qui dilue et déforme le contour des objets et des faits, il arrive qu'on ait envie d'être ailleurs, de faire autre chose. Mais voilà, c'est un luxe qu'on ne peut se payer. Surtout à un moment où l'actualité marche à pas forcés.

    Qu'y a-t-il au menu ? Salif Keïta, le chanteur emblématique du Mali tuméfié, où il vit encore, s'exprime dans L'Humanité (29/1) sur la situation de son pays. Le Mali, selon Salif Keïta, «tout en étant croyant, est pacifiste, laïque», il est livré à des extrémistes «financés par l'Arabie saoudite». Il ne mâche pas ses mots, et c’est bien ! Evidemment, face aux exactions commises par les voyous djihadistes sur les «populations de croyants», le musicien albinos exprime toute son approbation enthousiaste à l'intervention française au Mali : «Elle était indispensable [...] nous sommes nombreux à penser que les attaquants (les extrémistes religieux) n'allaient pas s'arrêter au Mali pour menacer ensuite la sous-région. Ils veulent développer le narcotrafic et faire main basse sur les richesses africaines. »

    Bandiougou Gakou, intellectuel malien, ex-ambassadeur du Mali en Iran et ex-conseiller diplomatique du Premier ministre, dresse, en utilisant des termes presque semblables, le même constat que Salif Keïta : «Il n'est pas acceptable ni raisonnable de vouloir islamiser des musulmans.» Dans une longue interview donnée à Maliweb et publiée par Courrier international (n°1161, du 3 janvier au 6 février 2013), cet ancien diplomate développe une analyse exégétique de la tragédie malienne, ainsi que des éléments de politique interne et des facteurs régionaux et internationaux qui l'ont rendue possible.
    Cependant, l'intérêt de cette interview est altéré par une fixation partisane contre l'ancien président Amadou Toumani Touré, dit A.T.T. et contre les Touaregs qu'il affuble du qualificatif de «minorité criarde »

    . C’est toujours la faute à l’autre, l’adversaire politique. C’est A.T.T., ce sont les Touaregs, qui en prennent vraiment pour leur grade. Etc. Là encore,

    on ne peut qu'être sidéré par la péjoration, voire la diabolisation d'une population et d'un mouvement qui se bat depuis l'indépendance du Mali pour son existence. Evidemment, l'opinion de Salif Keïta tout comme celle de Bandiougou Gakou est légitime, si tant est qu'elle ait besoin de l'être, mais il paraît biaisé de n'aborder le problème malien que sous l’angle commun qui résume ce qui se passe au Mali au stakhanovisme de sectateurs de la Charia à «islamiser des musulmans».

    Les raisons de cette explosion sont plus pernicieuses que cette volonté apparente des groupes djihadistes à islamiser les populations déjà musulmanes.

    Devant l'ampleur géostratégique, politique, voire ethnique des ingrédients qui concourent à l'embrasement du foyer malien, cet aspect n'en est qu'une composante et il n'en est peut-être pas le principal. Dans ce fatras d'horreurs qu'est la guerre, une nouvelle réjouissante, du moins pour les Maliens. Le Mali est qualifié aux quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations 2013 après un match nul, un à un, contre la République démocratique du Congo. Ah oui, c'est du foot, bien sûr ! Quant à nous, les Fennecs, maîtres du désert, on a été virés des éliminatoires. C'est comme ça !

    Arezki Metref, Le Soir
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