(1)
Quelquefois je suis poursuivi par des cauchemars : je suis en plein milieu d’un camp de réfugiés ravagé par des bombardements, peut-être au Congo (RDC) ou dans un autre pays désespéré à la périphérie de l’intérêt des médias. Les enfants courent autour avec des ventres gonflés, souffrant clairement de malnutrition. Beaucoup de femmes dans le camp ont des ventres gonflés aussi, mais pas à cause d’un acte d’amour, à la suite d’un viol qu’elles ont subi au cours des derniers mois. Il y a un tir d’artillerie venant des collines et les troupes de l’ONU sont impuissantes à l’arrêter.
Quelquefois je me réveille et le rêve est parti. Ou je réussis à le refouler ; à le purger de mon inconscient. Mais quelquefois il reste avec moi pour le reste de la journée. Et souvent ce n’est pas du tout un rêve, mais une réalité. Je me trouve en fait dans les endroits comme Kibati [Congo], faisant face aux yeux désespérés des enfants, aux yeux résignés, rouges et gonflés des femmes, au canon d’un fusil. Il y a des feux à l’horizon et des bruits de tir d’artillerie venant de la brousse. Et au lieu d’un oreiller, je serre l’obturateur de mon Nikon professionnel, ou le tube en métal de mon stylo.
Ce que j’écris et ce que je photographie parait régulièrement dans les pages des journaux et des magazines. Quelquefois une ou deux images font les murs des musées ou des galeries. Mais c’est toujours une lutte, une lutte pour persuader des rédacteurs, des éditeurs, des distributeurs, ou des conservateurs d’accepter au moins un aperçu édulcoré de réalité à montrer au grand public.
L’ère des reporters vaillants et des rédacteurs déterminés semble être terminée. Les correspondants qui ont couvert la guerre du Viêt Nam, qui ont en fait aidé à arrêter la guerre du Viêt Nam, se font plus vieux. Ils écrivent des mémoires et publient des livres, mais ils sont à peine témoins des conflits d’aujourd’hui. Il y a encore certains journalistes courageux et dévoués – Keith Harmon Snow ou John Pilger pour en mentionner juste deux – mais ils sont plus l’exception qui confirme la règle qu’une occurrence commune.
Et les courageuses voix alternatives sont plus nécessaires maintenant qu’à n’importe quel autre moment de l’histoire récente. Comme le contrôle des entreprises sur les médias devient presque total, presque tous les grands médias servent maintenant l’implantation des intérêts économiques et politiques. Plus ils font, plus ils parlent du besoin de liberté de la presse, d’objectivité et de reportages impartiaux ; ailleurs, pas à la maison.
Pendant que la plupart des média de langue anglaise exerce une répression sans précédent de l’information sur, par exemple, la brutalité de la politique étrangère occidentale en Afrique subsaharienne ou le génocide indonésien en cours en Papouasie Occidentale (deux parties du monde avec d’énormes réserves de matières premières exploitées par les compagnies minières multinationales), les titres des médias des classes dirigeantes aux États-Unis, Royaume-Uni et Australie intensifient leurs attaques contre les points de vues alternatifs venant de Pékin (PRC), Caracas, ou La Havane. La prise de pouvoir la plus forte par les fondamentalistes du marché, la rhétorique la plus antichinoise ou anti-Chavez apparaît sur les chaines des médias occidentaux – chaînes dont la propagande atteint maintenant quasiment chaque coin du globe.
J’ai grandi en Tchécoslovaquie et bien que je ne me souvienne pas des chars soviétiques roulant sur les rues de Prague en 1968, en tant que petit enfant, je me souviens clairement des conséquences – la collaboration, les mensonges et le cynisme du soi-disant « processus de normalisation ». Ce qui me consterne maintenant – étant un citoyen naturalisé des États-Unis – n’est pas tellement que tout ce que je décris ici est entrain en fait d’arriver, mais l’indifférence qui accompagne tous ces événements terribles. Et surtout, que la grande majorité des gens dans le soi-disant « Premier Monde parlant anglais » croit en fait ce qu’ils lisent dans les journaux et ce qu’ils voient sur les écrans de télévision. Les mensonges et la partialité semblent être trop évidents pour être ignorés ! Mais surtout ils existent. En décrivant le lexique du pouvoir occidental, Arundhati Roy a écrit une fois : « Alors maintenant nous savons. Les cochons sont des chevaux. Les filles sont des garçons. La guerre est la paix. » Et nous admettons qu’il en soit ainsi.
D’une certaine façon le contrôle de l’information est beaucoup plus achevé maintenant aux États-Unis ou au Royaume-Uni ou en Australie que cela le fut au cours des années 1980 en Tchécoslovaquie, Hongrie, ou Pologne. Il n’y a aucune « soif de vérité » – de vues alternatives – pour chaque pamphlet qui ose défier le régime et la langue de bois politique dans les livres et les films. Il n’y a pas une telle soif intellectuelle à Sydney, New York, ou Londres comme c’était courant de voir à Prague, Budapest, ou Varsovie. Les écrivains et les journalistes occidentaux au mieux « écrivent entre les lignes » et les lecteurs n’attendent, ni ne cherchent, de messages cachés.
Tout cela continue sans conteste : propagande et manque de visions alternatives. Il semble que nous ayons oublié comment mettre en question les choses. Il semble que nous ayons accepté la manipulation de notre présent et de notre histoire ; que nous nous retournions même contre ceux rares qui sont encore debout à gauche et défendant le sens commun et la vérité et ce qui peut être vu à l’œil nu, mais qui est nié au nom de la liberté, la démocratie et l’objectivité (les grands mots qui sont maintenant usés au point qu’ils en perdent leur sens). Sommes-nous, à l’Ouest, une fois encore sur le point d’entrer dans une ère où nous montrerons du doigt les dissidents, allons-nous devenir des indics et des collaborateurs ? Nous avons connu beaucoup de périodes comme ça dans notre histoire. Il y a peu de temps – il n’y a pas longtemps du tout !
Entre-temps, pendant que nos intellectuels collaborent avec le pouvoir et sont récompensés pour leurs efforts, des parties entières du monde baignent dans le sang, la famine, ou les deux. La collaboration et le silence parmi ceux qui savent, ou devraient savoir, est maintenant partiellement coupable de l’état actuel du monde.
Le parfait propos politiquement correct est ancré dans l’écriture, les discours, même la psyché de beaucoup de nos penseurs aussi, Dieu l’interdit, ils n’offenseraient pas les gens de pays pauvres (ils peuvent être massacrés et encouragés à s’étriper, mais ils ne devraient pas « être offensés », surtout leurs chefs politiques et religieux corrompus qui servent les intérêts de l’occident et de ses multinationales). Concrètement – les limites du débat permis sur les écrans de TV ou dans les pages de nos journaux ont été définies. Ou on pourrait dire que la droite et les classes dirigeants ont ridiculisé le « politiquement correct » pour défier les limites de discussion, aussi de la diffamation. Si cela convient à l’establishment, cela définit la dictature féodale dans les endroits lointains (aussi longtemps qu’ils servent ses intérêts comme partie prenante de la culture de tel ou tel pays qu’il contrôle ou veut contrôler. Si la religion sert des intérêts géopolitiques de L’Occident (lire : si la religion nous aide à tuer des chefs Progressifs/De gauche et leurs disciples), l’Ouest déclarera son respect profond pour telle religion, même notre soutien, comme l’Angleterre a soutenu le Wahhabism au Moyen-Orient, aussi longtemps qu’il a cru que le Wahhabism réprimerait le conflit pour une société égalitaire et la distribution équitable de ressources minérales.
Pendant que nous sommes occupés à dégommer Cuba pour les violations des droits humains (quelques douzaines de gens en prison, dont beaucoup seraient probablement accusés de terrorisme à l’ouest, puisqu’ils cherchent ouvertement à renverser la constitution et le gouvernement) et la Chine pour le Tibet (glorifier évidemment l’ancien seigneur féodal religieux juste pour contrarier et exclure la Chine est le principal objectif de notre politique étrangère – une approche ouvertement raciste) il y a des millions de victimes de par nos intérêts géopolitiques pourrissant ou déjà enterrées au Congo (DRC) et ailleurs en Afrique sub-Saharienne, en Papouasie Occidentale, au Moyen-Orient et ailleurs.
Notre palmarès des droits de l’homme (si nous considérons tous les êtres humains « humains » et admettons que violer les droits d’un homme, une femme ou un enfant en Afrique, Amérique Latine, Moyen-Orient, Océanie ou Asie est aussi déplorable que le fait de violer des droits de l’homme à Londres, New York, ou Melbourne) est si épouvantable – aujourd’hui comme dans le passé – qu’il n’est pas imaginable que nos citoyens puissent croire encore que nos pays ont un effet de levier moral et devraient être autorisés à arbitrer et à exercer un jugement moral.
Pendant que la propagande post-guerre froide (l’anéantissement de tout qui a été laissé par les mouvements progressistes) ose comparer l’Union Soviétique à l’Allemagne nazie (la même Union Soviétique qui a été sacrifiée par l’Ouest à l’Allemagne nazie ; la même Union Soviétique qui au prix de plus de 20 millions de vies a sauvé le monde du Fascisme), on omet le fait que les premiers camps de concentration n’ont pas été construits par les Russes, mais par l’Empire britannique en Afrique ; et qu’aucun Goulag ne peut égaler les horreurs de la terreur coloniale exercée par les pouvoirs européens entre deux guerres mondiales.
La propagande est si ancrée dans la psyché nationale aux États-Unis et en Europe qu’aucune discussion de cette sorte n’émerge, n’est réclamée, ou simplement permise ou tolérée. Pendant que la révolution soviétique, et plus tard les Goulag, sont utilisés comme une preuve douteuse qu’un système Socialiste ne peut pas vraiment fonctionner (pendant que Staline était clairement paranoïaque, il n’y a eu aucun démenti concernant le complot pour diriger les nazis à l’Est – le fait de sacrifier la Tchécoslovaquie par la France et la Grande-Bretagne à la Conférence de Munich en 1938 était la preuve claire de cela), l’holocauste de l’occident en Afrique (par exemple l’extermination belge de dizaines de millions de Congolais pendant le règne de Roi Leopold I) n’est pas présenté comme la preuve que les monarchies de style occidentale et le fondamentalisme du marché sont essentiellement dangereux et inacceptables pour l’humanité, ayant déjà assassiné des centaines de millions de gens partout dans le monde.
Quelquefois je suis poursuivi par des cauchemars : je suis en plein milieu d’un camp de réfugiés ravagé par des bombardements, peut-être au Congo (RDC) ou dans un autre pays désespéré à la périphérie de l’intérêt des médias. Les enfants courent autour avec des ventres gonflés, souffrant clairement de malnutrition. Beaucoup de femmes dans le camp ont des ventres gonflés aussi, mais pas à cause d’un acte d’amour, à la suite d’un viol qu’elles ont subi au cours des derniers mois. Il y a un tir d’artillerie venant des collines et les troupes de l’ONU sont impuissantes à l’arrêter.
Quelquefois je me réveille et le rêve est parti. Ou je réussis à le refouler ; à le purger de mon inconscient. Mais quelquefois il reste avec moi pour le reste de la journée. Et souvent ce n’est pas du tout un rêve, mais une réalité. Je me trouve en fait dans les endroits comme Kibati [Congo], faisant face aux yeux désespérés des enfants, aux yeux résignés, rouges et gonflés des femmes, au canon d’un fusil. Il y a des feux à l’horizon et des bruits de tir d’artillerie venant de la brousse. Et au lieu d’un oreiller, je serre l’obturateur de mon Nikon professionnel, ou le tube en métal de mon stylo.
Ce que j’écris et ce que je photographie parait régulièrement dans les pages des journaux et des magazines. Quelquefois une ou deux images font les murs des musées ou des galeries. Mais c’est toujours une lutte, une lutte pour persuader des rédacteurs, des éditeurs, des distributeurs, ou des conservateurs d’accepter au moins un aperçu édulcoré de réalité à montrer au grand public.
L’ère des reporters vaillants et des rédacteurs déterminés semble être terminée. Les correspondants qui ont couvert la guerre du Viêt Nam, qui ont en fait aidé à arrêter la guerre du Viêt Nam, se font plus vieux. Ils écrivent des mémoires et publient des livres, mais ils sont à peine témoins des conflits d’aujourd’hui. Il y a encore certains journalistes courageux et dévoués – Keith Harmon Snow ou John Pilger pour en mentionner juste deux – mais ils sont plus l’exception qui confirme la règle qu’une occurrence commune.
Et les courageuses voix alternatives sont plus nécessaires maintenant qu’à n’importe quel autre moment de l’histoire récente. Comme le contrôle des entreprises sur les médias devient presque total, presque tous les grands médias servent maintenant l’implantation des intérêts économiques et politiques. Plus ils font, plus ils parlent du besoin de liberté de la presse, d’objectivité et de reportages impartiaux ; ailleurs, pas à la maison.
Pendant que la plupart des média de langue anglaise exerce une répression sans précédent de l’information sur, par exemple, la brutalité de la politique étrangère occidentale en Afrique subsaharienne ou le génocide indonésien en cours en Papouasie Occidentale (deux parties du monde avec d’énormes réserves de matières premières exploitées par les compagnies minières multinationales), les titres des médias des classes dirigeantes aux États-Unis, Royaume-Uni et Australie intensifient leurs attaques contre les points de vues alternatifs venant de Pékin (PRC), Caracas, ou La Havane. La prise de pouvoir la plus forte par les fondamentalistes du marché, la rhétorique la plus antichinoise ou anti-Chavez apparaît sur les chaines des médias occidentaux – chaînes dont la propagande atteint maintenant quasiment chaque coin du globe.
J’ai grandi en Tchécoslovaquie et bien que je ne me souvienne pas des chars soviétiques roulant sur les rues de Prague en 1968, en tant que petit enfant, je me souviens clairement des conséquences – la collaboration, les mensonges et le cynisme du soi-disant « processus de normalisation ». Ce qui me consterne maintenant – étant un citoyen naturalisé des États-Unis – n’est pas tellement que tout ce que je décris ici est entrain en fait d’arriver, mais l’indifférence qui accompagne tous ces événements terribles. Et surtout, que la grande majorité des gens dans le soi-disant « Premier Monde parlant anglais » croit en fait ce qu’ils lisent dans les journaux et ce qu’ils voient sur les écrans de télévision. Les mensonges et la partialité semblent être trop évidents pour être ignorés ! Mais surtout ils existent. En décrivant le lexique du pouvoir occidental, Arundhati Roy a écrit une fois : « Alors maintenant nous savons. Les cochons sont des chevaux. Les filles sont des garçons. La guerre est la paix. » Et nous admettons qu’il en soit ainsi.
D’une certaine façon le contrôle de l’information est beaucoup plus achevé maintenant aux États-Unis ou au Royaume-Uni ou en Australie que cela le fut au cours des années 1980 en Tchécoslovaquie, Hongrie, ou Pologne. Il n’y a aucune « soif de vérité » – de vues alternatives – pour chaque pamphlet qui ose défier le régime et la langue de bois politique dans les livres et les films. Il n’y a pas une telle soif intellectuelle à Sydney, New York, ou Londres comme c’était courant de voir à Prague, Budapest, ou Varsovie. Les écrivains et les journalistes occidentaux au mieux « écrivent entre les lignes » et les lecteurs n’attendent, ni ne cherchent, de messages cachés.
Tout cela continue sans conteste : propagande et manque de visions alternatives. Il semble que nous ayons oublié comment mettre en question les choses. Il semble que nous ayons accepté la manipulation de notre présent et de notre histoire ; que nous nous retournions même contre ceux rares qui sont encore debout à gauche et défendant le sens commun et la vérité et ce qui peut être vu à l’œil nu, mais qui est nié au nom de la liberté, la démocratie et l’objectivité (les grands mots qui sont maintenant usés au point qu’ils en perdent leur sens). Sommes-nous, à l’Ouest, une fois encore sur le point d’entrer dans une ère où nous montrerons du doigt les dissidents, allons-nous devenir des indics et des collaborateurs ? Nous avons connu beaucoup de périodes comme ça dans notre histoire. Il y a peu de temps – il n’y a pas longtemps du tout !
Entre-temps, pendant que nos intellectuels collaborent avec le pouvoir et sont récompensés pour leurs efforts, des parties entières du monde baignent dans le sang, la famine, ou les deux. La collaboration et le silence parmi ceux qui savent, ou devraient savoir, est maintenant partiellement coupable de l’état actuel du monde.
Le parfait propos politiquement correct est ancré dans l’écriture, les discours, même la psyché de beaucoup de nos penseurs aussi, Dieu l’interdit, ils n’offenseraient pas les gens de pays pauvres (ils peuvent être massacrés et encouragés à s’étriper, mais ils ne devraient pas « être offensés », surtout leurs chefs politiques et religieux corrompus qui servent les intérêts de l’occident et de ses multinationales). Concrètement – les limites du débat permis sur les écrans de TV ou dans les pages de nos journaux ont été définies. Ou on pourrait dire que la droite et les classes dirigeants ont ridiculisé le « politiquement correct » pour défier les limites de discussion, aussi de la diffamation. Si cela convient à l’establishment, cela définit la dictature féodale dans les endroits lointains (aussi longtemps qu’ils servent ses intérêts comme partie prenante de la culture de tel ou tel pays qu’il contrôle ou veut contrôler. Si la religion sert des intérêts géopolitiques de L’Occident (lire : si la religion nous aide à tuer des chefs Progressifs/De gauche et leurs disciples), l’Ouest déclarera son respect profond pour telle religion, même notre soutien, comme l’Angleterre a soutenu le Wahhabism au Moyen-Orient, aussi longtemps qu’il a cru que le Wahhabism réprimerait le conflit pour une société égalitaire et la distribution équitable de ressources minérales.
Pendant que nous sommes occupés à dégommer Cuba pour les violations des droits humains (quelques douzaines de gens en prison, dont beaucoup seraient probablement accusés de terrorisme à l’ouest, puisqu’ils cherchent ouvertement à renverser la constitution et le gouvernement) et la Chine pour le Tibet (glorifier évidemment l’ancien seigneur féodal religieux juste pour contrarier et exclure la Chine est le principal objectif de notre politique étrangère – une approche ouvertement raciste) il y a des millions de victimes de par nos intérêts géopolitiques pourrissant ou déjà enterrées au Congo (DRC) et ailleurs en Afrique sub-Saharienne, en Papouasie Occidentale, au Moyen-Orient et ailleurs.
Notre palmarès des droits de l’homme (si nous considérons tous les êtres humains « humains » et admettons que violer les droits d’un homme, une femme ou un enfant en Afrique, Amérique Latine, Moyen-Orient, Océanie ou Asie est aussi déplorable que le fait de violer des droits de l’homme à Londres, New York, ou Melbourne) est si épouvantable – aujourd’hui comme dans le passé – qu’il n’est pas imaginable que nos citoyens puissent croire encore que nos pays ont un effet de levier moral et devraient être autorisés à arbitrer et à exercer un jugement moral.
Pendant que la propagande post-guerre froide (l’anéantissement de tout qui a été laissé par les mouvements progressistes) ose comparer l’Union Soviétique à l’Allemagne nazie (la même Union Soviétique qui a été sacrifiée par l’Ouest à l’Allemagne nazie ; la même Union Soviétique qui au prix de plus de 20 millions de vies a sauvé le monde du Fascisme), on omet le fait que les premiers camps de concentration n’ont pas été construits par les Russes, mais par l’Empire britannique en Afrique ; et qu’aucun Goulag ne peut égaler les horreurs de la terreur coloniale exercée par les pouvoirs européens entre deux guerres mondiales.
La propagande est si ancrée dans la psyché nationale aux États-Unis et en Europe qu’aucune discussion de cette sorte n’émerge, n’est réclamée, ou simplement permise ou tolérée. Pendant que la révolution soviétique, et plus tard les Goulag, sont utilisés comme une preuve douteuse qu’un système Socialiste ne peut pas vraiment fonctionner (pendant que Staline était clairement paranoïaque, il n’y a eu aucun démenti concernant le complot pour diriger les nazis à l’Est – le fait de sacrifier la Tchécoslovaquie par la France et la Grande-Bretagne à la Conférence de Munich en 1938 était la preuve claire de cela), l’holocauste de l’occident en Afrique (par exemple l’extermination belge de dizaines de millions de Congolais pendant le règne de Roi Leopold I) n’est pas présenté comme la preuve que les monarchies de style occidentale et le fondamentalisme du marché sont essentiellement dangereux et inacceptables pour l’humanité, ayant déjà assassiné des centaines de millions de gens partout dans le monde.
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