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Le cancer détecté à un stade précoce est guérissable

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  • Le cancer détecté à un stade précoce est guérissable

    Le monde a célébré, la semaine dernière, la Journée mondiale contre le cancer. Cette maladie touche un nombre de plus en plus important de personnes au Maroc. Mais le traitement et la prise en charge de ces dernières ont beaucoup évolué. Explications du Dr Meriem Iraqi, oncologue-radiothérapeute au Centre d’oncologie Al Kawtar, à Fès.

    Le Matin : La Journée mondiale contre le cancer a été célébrée le 4 février. Comment évolue cette maladie aujourd’hui au Maroc ?
    Dr Meriem Iraqi : Au Maroc, nous enregistrons une grande évolution du cancer avec un nombre croissant de patients diagnostiqués. C’est une maladie qui touche tous les âges, toutes les couches sociales et aussi les deux sexes à une proportion presque similaire. Ceci dit, notre pays connaît une très nette évolution dans le traitement du cancer et la prise en charge des malades. Cette amélioration est due à l’installation de plusieurs centres d’oncologie aussi bien publics que privés. Cela a permis d’améliorer la prise en charge des patients et aussi de mieux cerner la maladie au niveau de toutes les régions du pays. Notons qu’auparavant, il y avait peu de centres d’oncologie qui drainaient un nombre très élevé de patients notamment en provenance des régions éloignées. Ceci rendait le coût de la prise en charge élevé et les délais longs. C’est une cause de souffrance supplémentaire que le patient devait supporter alors qu’il a besoin de sa famille et d’être entouré pendant la durée de la maladie. Alors qu’il n’existait que deux centres publics, le Maroc compte actuellement 20 centres d’oncologie :
    8 centres privés dont 7 sont fonctionnels et un en cours de construction ainsi que 12 centres d’oncologie publics, dont 10 sont opérationnels et 2 en cours d’aménagement.
    Ceci a été possible grâce aux efforts conjoints du gouvernement et de la société civile. Dans ce cadre, l’Association Lalla Salma a joué un rôle très important en faisant de la lutte contre le cancer une priorité nationale de santé publique. Au niveau de la région de Fès, outre le CHU et les autres établissements publics qui traitent les malades de toute la région, le Centre d’oncologie Al Kawtar est à ce jour le seul premier centre privé spécialisé dans cette maladie. Il offre tous les traitements nécessaires à savoir, la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie ainsi que les soins palliatifs. Aussi, je tiens à préciser que la plupart des centres d’oncologie qui ont vu le jour ces dernières années, aussi bien publics que privés, sont dotés d’infrastructures et d’équipements modernes qui n’ont rien à envier à ceux qui existent dans des pays développés, notamment en Europe. De plus, les innovations dans le traitement du cancer ont permis d’améliorer les résultats thérapeutiques avec un meilleur taux de guérison et beaucoup moins d’effets secondaires. Ceci a concerné toutes les étapes de la prise en charge, notamment avec de nouvelles techniques chirurgicales moins invasives, de nouvelles techniques et appareils de radiothérapie qui permettent d’épargner au maximum les organes sains et de ne traiter que la tumeur et ses extensions et aussi d’énormes progrès dans la chimiothérapie et l’avènement de thérapeutiques ciblées.

    Et qu’en est-il de la prise en charge des patients nécessiteux ?
    La prise en charge est meilleure aujourd’hui partout et sur tous les plans avec des médecins spécialistes compétents, des équipements, des techniques, des médicaments qui permettent d’obtenir de meilleurs résultats aussi bien sur le plan de guérison que sur le plan de tolérance avec moins d’effets secondaires. Quant au coût du traitement, je tiens à préciser que l’avantage aujourd’hui est que nous pouvons traiter aux centres privés avec des prises en charge des malades qui disposent de la CNOPS, de la CNSS, la Mutuelle des FAR et d’autres assurances. Et la différence à payer par le malade se situe entre 5% à 20%. Quant aux malades indigents, je crois que le RAMED a pu résoudre beaucoup de problèmes.

    Peut-on savoir quels sont les types de cancer les plus répandus au Maroc ?
    Statistiquement, il y a le registre de Rabat conçu depuis 2005 pour répondre de façon claire et fiable à ce genre de questions, et aussi celui de Casablanca qui est plus ancien. Selon les données du dernier registre du cancer de Rabat conçu en juin 2012, l’incidence brute du cancer est plus élevée chez les hommes que chez les femmes et augmente avec l’âge. L’incidence est plus élevée chez les femmes âgées de 35 à 54 ans et est nettement plus élevée chez les hommes après 65 ans. L’incidence standardisée sur la population marocaine entre 2006-2008 est de 110,8/100 000 chez les hommes contre 100,4/100 000 chez les femmes. Le risque cumulé entre 0-74 ans est de 15,2% et 12,1% respectivement chez les hommes et les femmes. Le cancer du poumon vient en premier rang chez l’homme (19,0%) suivi du cancer de la prostate (15,5%). Chez la femme, 40% des cas sont des cancers du sein suivis par le cancer du col utérin (11,4%). Chez les deux sexes, le cancer du côlon est le plus fréquent des cancers digestifs et le lymphome non hodgkinien est le plus fréquent des hémopathies malignes. L’incidence observée à Rabat est voisine des incidences observées dans les pays de l’Afrique du Nord et est nettement inférieure aux incidences observées dans les pays occidentaux. Et c’est aussi le cas des autres régions du Maroc. Je tiens à rappeler que le cancer du sein détecté à un stade précoce est plus facile à traiter et comporte moins de risques de séquelles. Le diagnostic précoce permet de diminuer la mortalité de 25%.

    Est-ce qu’aujourd’hui avec les campagnes de sensibilisations menées par des associations, notamment, l’Association Lalla Salma et la multiplication des centres d’oncologies, la maladie du cancer est maîtrisée ?
    Oui, nous sentons nettement que les gens sont mieux sensibilisés et plus conscients de cette maladie. Nous recevons des malades qui viennent pour le dépistage par ce qu’ils ont quelqu’un de la famille ou un ami qui vient de découvrir un cancer et ils veulent savoir s’ils sont atteints ou non et aussi veulent savoir plus d’informations sur la prévention du cancer. Il y a de plus en plus de femmes qui font des mammographies de dépistage pour le cancer du sein qui est à l’origine d’un taux important de mortalité. C’est important par ce que cela permet de découvrir des cancers au stade préclinique avant même que la maladie ne se manifeste. Les gens doivent savoir qu’avec un diagnostic d’un cancer à un stade précoce, il y a de fortes chances de guérison qui peuvent atteindre un taux proche de 100%. De même, le coût et la durée du traitement sont moins importants alors qu’un cancer à un stade avancé ou métastatique nécessitant souvent des traitements plus coûteux.

    Mais pourquoi à votre avis cette envolée de la maladie depuis quelques années ?
    Malheureusement, il n’y a pas une seule cause pour développer un cancer. C’est une maladie plurifactorielle avec plusieurs causes. Il y a le tabac et l’alcool qui causent 30% des cancers, d’où l’intérêt de la sensibilisation, mais il y a aussi l’alimentation actuelle avec des produits alimentaires modifiés et contenant des produits chimiques, la pollution de l’environnement ainsi que l’actuel mode de vie, le manque d’exercice physique, certaines infections. À cela s’ajoutent les facteurs endogènes, tels que les hormones, l’hérédité, etc.

    Il est enregistré l’absence de l’appui psychique au sein des centres d’oncologie sachant que le cancer est perçu souvent chez le patient atteint comme une fatalité. Qu’en pensez-vous ?
    La prise en charge du cancer est en principe pluridisciplinaire. Elle nécessite le chirurgien, le cancérologue, mais aussi le psychiatre et le psychologue. L’appui psychologique est un volet important dans la prise en charge. Je ne cesse d’ailleurs de répéter à mes patients que le moral joue un rôle important dans les résultats du traitement. De notre côté, il est important d’être à l’écoute du malade et de l’orienter pour mieux vivre avec sa maladie. J’insiste personnellement auprès de mes patients sur le fait que le cancer n’est plus une maladie mortelle et que c’est devenu plutôt une maladie chronique avec certes des traitements plus lourds que dans d’autres maladies. Personnellement, je fais exprès de ne pas séparer dans la salle d’attente les nouveaux patients, des patients sous traitement et ceux qui viennent juste pour des contrôles. Cela leur permet de se parler, de se rapprocher et ils finissent par s’entraider et se consoler. C’est une thérapie de groupe qui marche très bien. J’espère aujourd’hui que les associations d’aides de malades se multiplient et apportent l’appui psychologique qui manque dans la plupart de nos hôpitaux et établissements de santé.



    Publié le : 9 Février 2013 - Propos recueillis par Rachida Bami, LE MATIN ma

  • #2
    Le cancer du poumon vient en premier rang chez l’homme (19,0%) suivi du cancer de la prostate (15,5%).
    Ailleurs c'est l'inverse, chez l'homme, l'incidence du cancer de la prostate est plus élevée que celle du poumon. Comment peut-on expliquer cette tendance au Maroc ? Mode de vie ? Comportements à risque (addiction notamment) ?
    Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance

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