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Mohia, le plus célèbre des inconnus

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  • Mohia, le plus célèbre des inconnus

    Mohia…le plus célèbre des inconnus est raconté par Abderrahmane Lounès dans un livre paru il y a quelques mois. Un bref voyage saisissant nous fait re-découvrir un homme au destin «tragique», à l’œuvre majeure...

    Il a su comment traduire des œuvres théâtrales universelles en kabyle et les rendre ainsi accessibles à tous les locuteurs kabyles sans distinction. Pas seulement…

    Des œuvres universelles qui peut être «sont élitaires dans leur langue d’origine» et que Mohia a «kabylisé». La langue kabyle s’est donc réappropriée grâce à Mohia des œuvres-clés de l’histoire de la littérature universelle. À propos de l’usage du kabyle, Mohia répondait : «la langue que j’utilise, c’est tout simplement la langue des gens auxquels je suis sensé m’adresser» .

    Se référer aux œuvres universelles représentait pour lui une sorte de «raccourci» pour avancer plus rapidement. "Surtout qu'on venait tout juste de sortir du Moyen age".

    Son souci était aussi de critiquer la société de plus en plus pervertie et en déphasage avec ses valeurs, de la critiquer avec une touche d’humour qui lui était propre. Il confiait ceci dans un entretien accordé à la revue clandestine Tafsut en 1985 : «se moquer de nos faiblesses, de nos illusions, prendre à contre-pied les idées reçues, pousser certains raisonnements jusqu’à l’absurde, démystifier ce qui nous entoure, c’est finalement ce à quoi je m’amuse le plus souvent».

    Sur la question linguistique Mohia tranche : «c’est que si l’on veut être compris de la majorité, on ne peut que s’exprimer dans nos langues vernaculaires, c’est-à-dire le berbère ou l’arabe populaire ».


    L'auteur du livre nous apprend que Mohia "a traduit ou adapté en kabyle des textes (poèmes, chansons, contes, nouvelles, extraits philosophiques) de Platon, Racine,Tristan Corbière,Voltaire...".

    Immense talent ! «Le plus célèbre des inconnus n’a jamais eu la carrière escomptée malgré un talent fou», regrette l’auteur du livre. Peut-être bien que le destin de Mohia a été tracé au rythme d’une Algérie qui était répulsive à sa réalité identitaire et linguistique et donc aux hommes que cette réalité accouchait. Car comme le dit si bien Abderrahmane Lounès dans le présent livre «interdites en Algérie, ses œuvres s’écoulent sous le manteau en Kabylie grâce à un «réseau de distribution» underground bien rôdé».

    «Le plus célèbre des inconnus» est un livre qui nous permet de faire connaissance avec Mohia et son œuvre. On y découvre l’essentiel sur Mohia et sur son œuvre. C’est en cela qu’il est intéressant.

    «Mohia est déprimé de (sur) vivre en exil, mais en même temps, pour moult raisons trop compliquées…Il ne peut plus revenir. Il revoit l’Algérie pour la dernière fois en 1993, en pleine décennie rouge sang », relate A.Lounès."Son exil était incountournable,en vérité, c'était une question de survie (artistique)", note l'auteur.

    Pour revenir à la langue vernaculaire et à propos des emprunts opérés par la langue kabyle, Mohia analysait dans l’entretien accordé à la revue Tafsut publié dans le présent ouvrage: «tout se passe dans ces cas-là comme si le recours aux emprunts devenait un palliatif, non par manque de ressources dont souffrirait la langue maternelle mais à la méconnaissance de ces ressources(…). Nous avons dès lors le sentiment que les emprunts concurrencent et finalement court-circuitent les ressources propres à la langue vernaculaire ».

    Des court-circuit qui nous atteignent sans doute culturellement, politiquement, socialement…Et on se recherche, on se recherche…Pourtant nous avons tout pour nous en débarrasser. Nous avons l’œuvre de Mohia …et de bien d’autres encore. Chacun avec sa particularité. Celle de Mohia réside dans le désir de son auteur de diagnostiquer toutes les faiblesses, nos faiblesses avant de considérer celles des autres…

    Hamida Mechaï- El Watan

  • #2
    Adapter de grandes oeuvres en une langue "minoritaire" donne de l'oxygène à cette langue. De plus Mohia le faisait d'une manière qu'on aurait cru que ce sont des oeuvres d'origine kabyle. Quand on écoute comment il a adapter "Le malade imaginaire" de Molière ou "En attendant Godot" de Beckett, on se dirait que c'est des créations originales, tellement l'adaptation se réfère à d'inombrables codes linguistiques et repères culturels.


    Sinistri - Pièce de thèâtre de Mohia.

    "Plus le mensonge est grand et plus les gens y croient». Sinistri adage attribué à Adolf Hitler et dont Sinistri, est un avocat au chômage, en fera un principe de défense, voire un principe de vie. Contraint à l'inactivité faute de clients, cet homme sans scrupule aucun, se lance dans une carrière d'escroc, aidé en cela par son statut d'avocat et un art de la rhétorique sans égal. Choisissant ses victimes parmi les plus naïfs de ses concitoyens, il met en scène les stratagèmes les plus invraisemblables et les plus fous pour abuser ces derniers jusqu'au jour où il se fera lui-même avoir. Un simple berger, venu lui demander de plaider sa cause pour une vulgaire affaire de vol de bétail.

    Une comédie qui sera présentée par un ensemble de comédiens, adaptée de l'œuvre de Mohia Abdallah, connu sous le nom de Mohya, poète et traducteur de langue amazighe, " Sinistri " est une comédie satyrique sur le thème des valeurs et traite du phénomène du mensonge, et sera interprétée en langue tamazight.

    Elle sera présentée par un groupe de jeunes passionnés. Le rôle principal avocat, sera interprété par Samy Allam. Les rôles secondaires seront partagés entre Soraya Bessadi, Kaoudj Toufik, Makour Boualem, Ait Guenissad Hocine et Ouareb Mohand El-Houcine.

    Kahina Idjis

    "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
    Socrate.

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    • #3
      J'ai diné avec Mohya, un jour, il y a près de 20 ans.... alors qu'il visitait mon frère, un de ses camarade de classe....
      Et j'ai honte de ce que je vous dirai:
      Mohya est né chez nous, il a été à l'école avec mon frère chez nous... il a fait des études de mathématiques au pays..... et me voilà mangeant à côté de lui ne sachant absolument pas qui il était!

      Et aujourd'hui j'ai honte de savoir que beaucoup d'hommes et femmes de valeur de chez nous sont soit inconnus, soit ils font carrière ailleurs et particulièrement en France.

      Et tout cela parce que notre pays n'a pas su développer une politique économique, ni sociale, ni culturelle populaire qui aurait permis l'épanouissement de tous les citoyens.

      À quand le réveil du (des) gouvernement(s) à ce manque ?
      L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

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      • #4
        azul,
        ... sacre' memorable 2 heures ou` j ai partage'es une piece exigue avec ce monsieur d un autre monde... du gabarit de mouloud mammeri, feraoun, et de tant d autres qui ont laisse' leur trace dans l histoire de notre chere Kabylie.
        @el familia
        pour assister a une seance d atelier, on m a somme' de ne dire mot que si on m y invite... mais l invitation etait plus que je ne pouvais m y attendre comme on m a demande' de participer, meme brievement a l adaptation de "le malade imaginaire"... avec un air d ironie, Muhya s est addresse' a moi en me disant:" arjit kan, asnini i l americain a d yiki yid'nagh akken ad'yetterjem awal nagh ssin..." je m en rappelle comme aujourd'hui et contrairement a toi, cher Avucic, je connaissais Muhya a travers ses oeuvres. J avais un privilege particulier dont je ne peux parler ici.

        J ai toujours pense' que sa methode devrait etre generalise'e pour justement epanouir notre culture et notre langue maternelle. SI un Atelier "Muhya" etait cre'e' par un/une kabyle dans chaque ville du monde ou ns nous trouvons, notre culture connaitra un essor jamais vu auparavant... cette idee m est venue a la tete apres mon unique presence a cet atelier.... non je ne l ai jamais fait et je le regrette... mais ce n est que partie remise...

        Qu il repose en paix ce grand homme qui etait ministrable... on l avait meme approche' dans ce sense... mais il a envoye' balader les emissaires d alger... comme quoi on ne peut coopter que ceux qui s y pretent....Plutot vivre digne et pauvre que suppot de malfrats. Muhya etait d une autre classe d HOMME... je dis cela ne l ayant connu en personne que pendant 2 heures!
        Lu-legh-d d'aq-vayli, d-ragh d'aq-vayli, a-d'em-tegh d'aq-vayli.

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