MAROC HEBDO INTERNATIONAL N° 1010 - Du 01 au 07 février 2013
Revendication. Dans la ville de Figuig, la découverte de quatre cadavres non identifiés devant le siège de la gendarmerie royale relance le débat sur les victimes des années de plomb.
Par marouane kabbaj
A Figuig, une petite ville située tout près de la frontière entre le Maroc et l’Algérie, capitale du Sahara oriental, on ne parle, ces derniers jours, que de cette découverte macabre: A deux mètres de la façade du siège de la gendarmerie royale de la ville, des ossements de quatre cadavres humains de personnes adultes ont été déterrés, lors de travaux d’aménagement de l’avenue principale de Figuig. Les cadavres étaient visibles, dimanche 20 janvier 2013, aux passants sur un espace d’environ dix mètres carrés.
Deux de ces cadavres étaient dans des niches mortuaires semblables à celles attestées à Figuig avec dalles en pierre dure mais dépourvues de leurs parties supérieures. Elles étaient isolées d’environ deux mètres l’une de l’autre. Les deux autres cadavres semblaient écrasés par le sable qui était posé directement sur eux. Ils étaient eux aussi séparés l’un de l’autre.
La manière avec laquelle les corps non identifiés étaient enterrés a fait penser à des victimes des années de plomb. Mustapha Manouzi, président du Forum marocain pour la vérité et la justice, et Kabbouri Saddik, président de la section Bouaârfa de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), ne cachent pas leur soupçon qu’il s’agisse de personnes appartenant aux mouvements de contestation de la branche révolutionnaire de l’Union nationale des forces populaires (UNFP) qui avaient été enlevés et torturés jusqu’à la mort durant les événements de 1963 et 1973.
Enquête réclamée
A cette époque, Figuig fut le théâtre d’arrestations arbitraires, de meurtres et de disparitions forcées. La ville, qui était totalement acquise aux insurgés, avait été investie par les forces spéciales.
La répression des autorités a été très brutale, faisant beaucoup de victimes, au point de justifier le passage dans la région en 2005 de l’Instance Equité & Réconciliation (IER) chargée d’enquêter sur les exactions commises durant les années de plomb. Avant l’inhumation de ce qui reste des quatre cadavres, une enquête devrait être ouverte pour déterminer l’identité des victimes suivant l’analyse de leur ADN et les conditions de leur décès et enterrement. C’est la principale requête des deux organisations de défense des droits humains adressée au Procureur général du Roi près de la cour d’appel d’Oujda. La découverte de ces cadavres ressuscite l’histoire de cette ville durant les années 60, 70 et 80 du siècle écoulé.
Les trois séances d’audition de l’IER des victimes vivantes, qui se sont déroulées à Figuig en 2005, n’ont pas suffi pour lever le voile sur toute la vérité. Le processus se poursuit et une nouvelle page du livre des victimes des années de plomb est aujourd’hui ouverte
Revendication. Dans la ville de Figuig, la découverte de quatre cadavres non identifiés devant le siège de la gendarmerie royale relance le débat sur les victimes des années de plomb.
Par marouane kabbaj
A Figuig, une petite ville située tout près de la frontière entre le Maroc et l’Algérie, capitale du Sahara oriental, on ne parle, ces derniers jours, que de cette découverte macabre: A deux mètres de la façade du siège de la gendarmerie royale de la ville, des ossements de quatre cadavres humains de personnes adultes ont été déterrés, lors de travaux d’aménagement de l’avenue principale de Figuig. Les cadavres étaient visibles, dimanche 20 janvier 2013, aux passants sur un espace d’environ dix mètres carrés.
Deux de ces cadavres étaient dans des niches mortuaires semblables à celles attestées à Figuig avec dalles en pierre dure mais dépourvues de leurs parties supérieures. Elles étaient isolées d’environ deux mètres l’une de l’autre. Les deux autres cadavres semblaient écrasés par le sable qui était posé directement sur eux. Ils étaient eux aussi séparés l’un de l’autre.
La manière avec laquelle les corps non identifiés étaient enterrés a fait penser à des victimes des années de plomb. Mustapha Manouzi, président du Forum marocain pour la vérité et la justice, et Kabbouri Saddik, président de la section Bouaârfa de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), ne cachent pas leur soupçon qu’il s’agisse de personnes appartenant aux mouvements de contestation de la branche révolutionnaire de l’Union nationale des forces populaires (UNFP) qui avaient été enlevés et torturés jusqu’à la mort durant les événements de 1963 et 1973.
Enquête réclamée
A cette époque, Figuig fut le théâtre d’arrestations arbitraires, de meurtres et de disparitions forcées. La ville, qui était totalement acquise aux insurgés, avait été investie par les forces spéciales.
La répression des autorités a été très brutale, faisant beaucoup de victimes, au point de justifier le passage dans la région en 2005 de l’Instance Equité & Réconciliation (IER) chargée d’enquêter sur les exactions commises durant les années de plomb. Avant l’inhumation de ce qui reste des quatre cadavres, une enquête devrait être ouverte pour déterminer l’identité des victimes suivant l’analyse de leur ADN et les conditions de leur décès et enterrement. C’est la principale requête des deux organisations de défense des droits humains adressée au Procureur général du Roi près de la cour d’appel d’Oujda. La découverte de ces cadavres ressuscite l’histoire de cette ville durant les années 60, 70 et 80 du siècle écoulé.
Les trois séances d’audition de l’IER des victimes vivantes, qui se sont déroulées à Figuig en 2005, n’ont pas suffi pour lever le voile sur toute la vérité. Le processus se poursuit et une nouvelle page du livre des victimes des années de plomb est aujourd’hui ouverte
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