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Saint-Valentin Un message œcuménique de plus en plus partagé

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  • Saint-Valentin Un message œcuménique de plus en plus partagé

    Fête païenne de l'amour et de l'amitié, que l'Église catholique a fini par faire sienne, en désignant un saint du nom de Valentin comme "patron des couples", la Saint-Valentin a tendance à se populariser à travers le monde et à être bien socialisée par les jeunes algériens.

    Au cours de ces dernières années, les échanges de cadeaux et de ''billets doux'' sont devenus réguliers à chaque échéance du 14 février. L'on ne s'encombre guère d'explications pour chercher l'origine d'une journée dédiée aux élans du cœur; pourvu que la fête y soit. Le panel d'opinions, que la radio chaîne II a pu faire connaître, via une émission animée par Khedidja Chikhi, sur la fête de la Saint-Valentin à ses auditeurs, mardi dernier, relève une compréhensible divergence d'avis sur cette fête célébrée le 14 février de chaque année dans plusieurs pays du monde.

    Néanmoins, l'expression de la différence demeure dans les limites de la tolérance et du respect, contrairement aux anathèmes habituels émanant d'une certaine presse qui relaie la culture et l'esprit intégristes.

    Sans chercher, donc, à remettre en cause un ''rituel'' venu d'ailleurs, ni à culpabiliser ceux qui en font un moment de réjouissance et de divertissement, avec des épanchements sentimentaux ou affectifs, d'autant plus qu'une telle célébration ne dérange en rien notre culture ni n'affecte la quiétude publique, il est toujours intéressant de creuser dans notre culture, particulièrement la poésie chantée, pour prendre connaissance de la littérature sentimentale kabyle qui porte, elle aussi naturellement, ce message œcuménique de l'humanité, celui de l'amour et de l'amitié.

    "Mon amour est mort, comme une braise s’éteignant dans l’eau" chantait Malika Domrane. "Amour, dis-moi pourquoi m’as-tu abandonné à la croisée des chemins"?, interrogeait un "être" aux contours flous, dans une belle prosopopée de Lounis Aït Menguellet.

    On peut multiplier à l’envi les exemples de descriptions, d’interjections, d’exclamations relatives à un objet et une situation que l’on arrive mal à définir. Que ce soit en Occident ou en Orient, le mythe de l’amour parfait a nourri l’imaginaire des hommes et des femmes. La communion dans l’amour- platonique ou charnel- constitue une forme, sans doute la plus achevée, de l’instinct de conservation, de la lutte pour le triomphe de la vie sur le néant. La mythologie grecque a bien introduit dans l’homme le principe de la lutte éternelle entre Éros et Thanatos (respectivement, dieu de l’amour et dieu de la mort). Tous les éléments de la nature sont invoqués par les poètes pour décrire les sentiments de beauté, les palpitations du cœur, les sensations de la transe amoureuse et les élans irrépressibles de l’âme vers l’âme sœur.

    C’est à se demander s’il y aurait eu poésie tout court s’il n’y avait pas l’amour.

    Néanmoins, ce qui a le plus alimenté la littérature- et particulièrement le genre le plus subtil et le plus éthéré de celle-ci-, ce n’est pas tant l’amour idéal, parfait ou réalisé, mais c’est plutôt les peines des voies qui y mènent, les épines reçues en cours de route, les attentes infinies, les espoirs hypothétiques, les désillusions, les désenchantements et les séparations.


    En bref, c’est le ‘’non amour’’ qui nourrit l’écrit et le dit, l’imaginé et l’imagé du domaine amoureux. Il s’ensuit que les meilleures allégories lui sont consacrées, les plus subtiles métaphores lui sont destinées et les plus répandus des tropes lui sont réservés.

    À tel point que l’on peut se demander s’il y aurait eu toute cette floraison de billets doux, de strophes languissantes et de vers émouvants si Roméo a convolé en justes noces avec Juliette, si Tristan et Iseult avaient achevé leur aventure, si Qaïs et Leila avaient emménagé, si le poète andalou Ibn Zeydoun avait à ses côtés Wallada, si May Ziada avait pu rejoindre Khalil Gibrane à New York, si Paul était arrivé à bon port sur l’île Maurice pour revoir Virginie et si Kateb avait eu Nedjma sous son toit. Depuis les récits bibliques (entre autres Le Cantique des cantiques) jusqu’au best-seller américain Love Story d’Erich Segal, en passant par la poésie et les contes de Victor Hugo, Lamartine, Gérard de Nerval, Les Milles et une nuits, la poésie andalouse (Mouwachahat), les Izli de Kabylie, les vers Hawfi, les chansons de Abdelhalim Hafez, El Hasnaoui, Aït Menguellet et Matoub Lounès, l’amour est presque toujours dit et chanté dans ses contrariétés, ses contraintes, ses angoisses, ses tourments, ses aspects inaboutis et ses élans irréalisés. La chanson kabyle a su trouver sa voie dans le juste milieu par rapport à l’héritage de la poésie jugée marginale des Izli- où l’expression libertaire trouve son terrain de prédilection- et le moralisme (rigorisme ?) ambiant de la société confinant à l’étouffement. Depuis les années cinquante, la chanson d’amour a, peu à peu, imposé sa présence sur la scène artistique.

    Elle eut affaire à un double défi : casser les tabous du rigorisme social tout en s’efforçant d’élever le niveau du texte de façon à susciter compréhension et adhésion du public. La thématique de l’amour sera d’autant plus enrichie que ce même rigorisme servira quelque part de moteur et de réservoir d’idées puisqu’il empêchait l’expression de l’amour. El Hasnaoui, Taleb Rabah, Cherif Khedam, Allaoua Zerrouki et bien d’autres chanteurs annonçaient déjà les belles envolées de Youcef Abjaoui, les textes révolutionnaires d’Aït Menguellet, les strophes impétueuses de Matoub et les productions qui feront de la chanson kabyle, à partir du milieu des années 70 du siècle dernier, l’expression des sentiments et des aspirations individuels ainsi que le tremplin et le réceptacle des problèmes et des espoirs de toute la société.

    Cherif Kheddam a écrit et chanté des dizaines de textes traitant de l’amour, des sentiments et de la beauté. Il a su allier les éléments de la nature avec les traits de la beauté féminine. Ses métaphores et ses paraboles ont su transmettre le message du cœur épris de la femme, de l’âme tourmentée par les aléas de l’attachement problématique et des relations impossibles. Ghef l’hub tsbaîdegh, Mannagh ak-m saûgh d ldjar, Thin Ihadjène et l’inénarrable A-Lamri traduit par Tahar Djaout quelques mois avant son assassinat, et publié dans l'hebdomadaire Ruptures , sont les quelques morceaux d’un florilège qui s’étend sur cinquante ans d’une carrière bien remplie.

    Matoub, quant à lui, dans une fougue exceptionnelle que traduit la violence du verbe, aborde la relation avec la femme aimée dans un climat de tension où ne manquent ni ‘’guerre’’ psychologique, ni défi d’amour-propre à relever. Mais, à bien y réfléchir- dans un domaine qui se plie mal à la réflexion raisonnée-, cette impétuosité traduirait une sensibilité à fleur de peau, laquelle dans ses excès irrépressibles, retourne contre elle-même la colère d’un destin sentimental inabouti.

    Amar Naït Messaoud,La Dépêche de kabylie

  • #2
    Les ailes brisées (Matoub Lounès)


    Les ailes brisées (Matoub Lounès)



    Vois ce que les jours nous ont réservé !

    Si je m’étais bien conduit à ton égard,

    Aujourd’hui, je ne serais pas resté esseulé.

    Mon cœur par le péché est aveuglé,

    Et par les peines, démembré.

    Dans le désert, je me suis brisé les ailes.

    Les vautours se sont attaqués à ton sort ;

    Personne ne les en a délogés ;

    Ils l’on dépecé en plein jour.

    Si tu avais heureuse fortune,

    Tu ressemblerais à tes congénères :

    Tes ramures porteraient ombrage.



    Mieux eût valu ne pas te rencontrer.

    Si l’on ne s’était pas donné parole,

    Je me serais bien résigné.

    Ton ciel se charge de gros nuages,

    Et un fleuve de soucis

    Te lapide par le souvenir.

    Moi je suis de fer et ton péché est l’aimant.

    La fougue hante tout mon être ;

    Elle ne cherche que moi.

    Aujourd’hui, tu as un enfant ; grand bien te fasse !

    Moi, comme un oiseau,

    Partout on m’a tendu des pièges.



    Sur mon cœur j’ai placé une pierre ;

    Présentez vos condoléances : il est mort.

    Va écouter les arbres

    (Duo Cherif Kheddam-Nouara)

    J’ai laissé mon cœur livré aux algues qui le rongent

    Et me disais que la jeunesse est encore à vivre.

    Ores qu’il est pour moi trop tard,

    Traîné dans les crues,

    Mes flancs copieusement souillés,

    Je plonge dans le giron de la tourmente.

    Fût-ce en payant forte rançon,

    Je ne saurais sauver mon âme.

    Aveuglément j’ai suivi les conseils des ennemis ;

    Mes problèmes s’en sont enchevêtrés,

    Et ma voix s’est perdue dans un puits.

    Ma voix s’est perdue dans un puits,

    Personne ne pourra m’entendre si je crie.

    Sur mon cœur j’ai placé une pierre ;

    Présentez vos condoléances : il est mort.

    -Va écouter les arbres s’ils en gardent souvenir.

    Quand je me rappelle, mon cœur larmoie !

    Le grand frêne est toujours là :

    S’il pouvait parler, il a bien quoi raconter.

    Les oiseaux sur la treille

    Se mettent de la fête pour se mêler à notre joie.

    Combien furent doux ces moments !

    Témoigne, ô pierre, si je mens !

    (…)

    -Mon cœur est hanté par l’angoisse

    Lorsque je me rappelle notre jeunesse.

    Je garde en moi tout ce que tu m’as dit ;

    Je le répéterais si je le pouvais.

    Tu redoutais, comme si tu en étais avertie,

    L’issue de notre chemin.

    Dans le rêve, tu étais bien avec moi,

    Au réveil, ce fut la séparation.



    -Comme j’aime plonger dans les souvenirs,

    Même si j’en crains les retombées sur mon cœur !

    Comme si j’attendais quelque chose,

    Même si je sais que tout est perdu.

    Je n’en ai soufflé mot à personne.

    Je n’ai plus de compagnon.

    Il me reste une personne à qui faire mes confidences :

    C’est à toi ; toi qui es mes ailes !



    -Le mal ne vient ni de toi ni de moi ;

    Nous n’avons rien à nous reprocher.

    Si tous les gens étaient comme nous,

    Jamais nous n’aurions un quelconque ennui.

    Lésés, nous en restons hébétés.

    C’est la loi des temps maudits !

    Le jour s’achève, le soleil décline ;

    Comprenez, ô gens, et souvenez-vous-en.



    Traduction:Amar Naït Messaoud-la dépêche de kabylie

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