La contrebande du carburant déborde de l’Oriental!
UNE baisse du chiffre d’affaires d’un milliard de dirhams pour les sociétés pétrolières, un manque à gagner de 350 millions de dirhams pour la douane…
Ce sont là les premières estimations des pertes réalisées par le Groupement des pétroliers du Maroc (GPM) suite à la montée de la contrebande du carburant. Celle-ci provient de l’Algérie. «Le phénomène est aujourd’hui à l’origine d’une baisse du chiffre d’affaires du secteur de 30% à 35%», soutient Youssef Aherdan, secrétaire général du GPM.
Circonscrit jusque-là dans l’Oriental, le trafic parallèle de produits pétroliers gagne les régions de Meknès, Fès, El Hoceima, Taounate (voir carte). Les réseaux illégaux ont «débordé» pour atteindre des villes comme Kénitra, voire Rabat. En fait, malgré la fermeture des frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie, la contrebande de différents produits et marchandises est florissante. Des circuits bien organisés sont de part et d’autre des frontières.
La contrebande des produits pétroliers s’est aggravée depuis l’augmentation du prix intervenue en juin 2012 et qui a porté le litre du gasoil à 8,15 dirhams contre 7,15 dirhams auparavant alors que celui de l’essence est passé à 12,18 dirhams contre 10,18 dirhams. Une hausse qui a rendu les carburants de contrebande plus attractifs. Et c’est surtout le gasoil qui est concerné par ce trafic. Il est cédé à 4 dirhams, soit la moitié du prix pratiqué dans les stations-services. «Des bidons contenant du carburant de contrebande sont proposés à côté des stations-services donnant ainsi le choix au consommateur», ironise un opérateur. Sa crainte est que des gérants de stations-services ne soient également «tentés» par ces produits. «Ces carburants ne sont pas de bonne qualité. Le gasoil algérien est à 350 ppm alors que les produits commercialisés dans le circuit légal sont à 50 ppm», relève le GPM.
Face à cette montée de la contrebande, les pétroliers ont alerté les walis des différentes villes, l’administration des douanes et la gendarmerie royale. Des courriers ont été transmis à partir de septembre dernier, mais sans résultats. Une rencontre est programmée ce vendredi avec le wali de Fès pour discuter du problème. Les convois des «mouquatilate», les voitures qui transportent le carburant introduit de manière illicite, se poursuivent. Ils seraient «facilités», selon des opérateurs, par l’autoroute. Celle-ci a permis des «gains de temps» considérables aux contrebandiers. Ce trafic pose aussi des problèmes de sécurité et de sûreté: le carburant est transporté dans des bidons de 50 litres sans aucune mesure de sécurité.
Les pertes enregistrées par les sociétés pétrolières les poussent aussi à revoir leur stratégie de développement et à renoncer à l’approvisionnement des régions «gangrénées»: «Les sociétés de distribution se retrouvent dans l’obligation de revoir complètement leur stratégie de développement dans les régions concernées et de renoncer à toutes formes d’approvisionnement en carburants desdites régions».
La contrebande des produits pétroliers pourrait également avoir un impact social important puisqu’elle menace directement l’emploi. Une première estimation du groupement évalue les pertes qui pourraient être occasionnées par la fermeture des stations-services à 6.000 emplois. «Il faut mentionner l’impact négatif sur la stabilité de l’emploi dans le réseau de distribution des zones en question, ainsi que l’impact négatif sur les recettes fiscales et douanières», souligne le GPM.
Khadija MASMOUDI
- Fès, Meknès, Kénitra et Rabat sont touchées
- Baisse de 30 à 35% du chiffre d’affaires des pétroliers
UNE baisse du chiffre d’affaires d’un milliard de dirhams pour les sociétés pétrolières, un manque à gagner de 350 millions de dirhams pour la douane…
Ce sont là les premières estimations des pertes réalisées par le Groupement des pétroliers du Maroc (GPM) suite à la montée de la contrebande du carburant. Celle-ci provient de l’Algérie. «Le phénomène est aujourd’hui à l’origine d’une baisse du chiffre d’affaires du secteur de 30% à 35%», soutient Youssef Aherdan, secrétaire général du GPM.
Circonscrit jusque-là dans l’Oriental, le trafic parallèle de produits pétroliers gagne les régions de Meknès, Fès, El Hoceima, Taounate (voir carte). Les réseaux illégaux ont «débordé» pour atteindre des villes comme Kénitra, voire Rabat. En fait, malgré la fermeture des frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie, la contrebande de différents produits et marchandises est florissante. Des circuits bien organisés sont de part et d’autre des frontières.
La contrebande des produits pétroliers s’est aggravée depuis l’augmentation du prix intervenue en juin 2012 et qui a porté le litre du gasoil à 8,15 dirhams contre 7,15 dirhams auparavant alors que celui de l’essence est passé à 12,18 dirhams contre 10,18 dirhams. Une hausse qui a rendu les carburants de contrebande plus attractifs. Et c’est surtout le gasoil qui est concerné par ce trafic. Il est cédé à 4 dirhams, soit la moitié du prix pratiqué dans les stations-services. «Des bidons contenant du carburant de contrebande sont proposés à côté des stations-services donnant ainsi le choix au consommateur», ironise un opérateur. Sa crainte est que des gérants de stations-services ne soient également «tentés» par ces produits. «Ces carburants ne sont pas de bonne qualité. Le gasoil algérien est à 350 ppm alors que les produits commercialisés dans le circuit légal sont à 50 ppm», relève le GPM.
Face à cette montée de la contrebande, les pétroliers ont alerté les walis des différentes villes, l’administration des douanes et la gendarmerie royale. Des courriers ont été transmis à partir de septembre dernier, mais sans résultats. Une rencontre est programmée ce vendredi avec le wali de Fès pour discuter du problème. Les convois des «mouquatilate», les voitures qui transportent le carburant introduit de manière illicite, se poursuivent. Ils seraient «facilités», selon des opérateurs, par l’autoroute. Celle-ci a permis des «gains de temps» considérables aux contrebandiers. Ce trafic pose aussi des problèmes de sécurité et de sûreté: le carburant est transporté dans des bidons de 50 litres sans aucune mesure de sécurité.
Les pertes enregistrées par les sociétés pétrolières les poussent aussi à revoir leur stratégie de développement et à renoncer à l’approvisionnement des régions «gangrénées»: «Les sociétés de distribution se retrouvent dans l’obligation de revoir complètement leur stratégie de développement dans les régions concernées et de renoncer à toutes formes d’approvisionnement en carburants desdites régions».
La contrebande des produits pétroliers pourrait également avoir un impact social important puisqu’elle menace directement l’emploi. Une première estimation du groupement évalue les pertes qui pourraient être occasionnées par la fermeture des stations-services à 6.000 emplois. «Il faut mentionner l’impact négatif sur la stabilité de l’emploi dans le réseau de distribution des zones en question, ainsi que l’impact négatif sur les recettes fiscales et douanières», souligne le GPM.
Khadija MASMOUDI
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