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Tunisie : l’impasse

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  • Tunisie : l’impasse

    Plus facile à dire qu’à faire. A l’ouvrage, le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, a réalisé, certainement dépité, toute la difficulté de l’entreprise. Les interactions politiques et les intérêts qui les sous-tendent sont en passe d’avoir raison de son projet de substituer un cabinet de technocrates au gouvernement de coalition partisane. Conséquence : la Tunisie se retrouve au beau milieu de l’impasse politique.
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    Désavoué par son propre camp, le Premier ministre tunisien a fondé grand espoir sur le consensus partisan qui lui sauverait la face et qui, par conséquent, éviterait au pays de sombrer dans le chaos politique déjà menaçant. Hamadi Jebali semble perdre sur les deux fronts : son parti, Ennahda, s’oppose fermement à son projet et le reste de la classe politique tunisienne refuse de cautionner son initiative. Lundi, à l’issue d’un ultime round de consultations avec la classe politique, Hemadi Jebali a compris sa douleur.

    Aussi a-t-il fait l’aveu de ce que son projet de nommer un cabinet de technocrates en remplacement de l’équipe gouvernementale actuelle a échoué. En désespoir de cause, Jebali se rabat sur un hypothétique compromis avec le président Marzouki. Les deux hommes devaient se réunir hier après-midi pour discuter d’une possible solution de compromis. Pas évident, cependant, que la démarche du Premier ministre connaisse un aboutissement heureux. Le parti islamiste Ennahda, dont Jebali fait figure de numéro 2, semble avoir acquis considérablement de notoriété sur la vie politique tunisienne. Au point d’ailleurs de convaincre in extremis le président Marzouki de bloquer la décision de son parti de faire ses adieux au gouvernement.

    Le président Marzouki est, en effet, intervenu pour que la coalition gouvernementale ne vole en éclats. Son parti, le Congrès pour la République, a dû surseoir en dernière minute à sa décision de retirer ses ministres du gouvernement Jebali. Le Congrès pour la République n’a de cesse de réclamer le sevrage d’Ennahda des deux ministères régaliens que sont les Affaires étrangères et l’Intérieur. Ennahda, dont les équilibres internes sont vraisemblablement en défaveur des modérés, représentés par Jebali, n’entend pas se laisser faire.

    Quitte à élargir la lézarde qui est déjà assez visible en son sein. Pour les islamistes d’Ennahda, souscrire au projet de Jebali c’est se faire hara-kiri. Ils prennent le risque du pourrissement car ils ne sont pas sûrs de tirer de bons profits de l’apaisement préconisé par leur numéro 2. L’assassinat de l’opposant politique Chokri Belaïd a renforcé le sentiment antiislamiste, anti-Ennahda principalement, que les proches du défunt ont accusé ouvertement d’avoir une responsabilité dans le crime politique du 6 février dernier ayant bouleversé la Tunisie. Ennahda fait le choix des dissensions internes et ne lâche pas le pouvoir. Surtout pas les ministères régaliens. Le président Marzouki, qui cède facilement aux pressions d’Ennahda, a pris, lui aussi, le risque de faire imploser son parti. Des démissions en série, notamment de députés, y ont été enregistrées. Trois ministres du parti ont réitéré hier mardi qu’ils refusaient de travailler sous tout gouvernement dirigé par Jebali. Ces tiraillements paralysent le gouvernement à un moment où le pays est gangrené par une crise économique aiguë et plongé dans une situation sécuritaire si préoccupante.

    En fait, la Tunisie est en plein dans l’impasse.

    Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir)
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