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Derrière la croissance, les nombreuses disparités des économies émergentes

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  • Derrière la croissance, les nombreuses disparités des économies émergentes

    En 2012, l'Inde a déçu, l'Indonésie et le Mexique ont le vent en poupe. Les clignotants sont au rouge à long terme pour le Venezuela.

    « L'année du ralentissement est derrière nous. » Pour Alexis Karklins-Marchay, responsable des pays émergents chez Ernst & Young, les économies émergentes ont clairement repris le chemin de la croissance. Souvent affublés de superlatifs, du fait certaines fois d'une croissance à deux chiffres, ces pays sont loin de former un ensemble homogène.

    En 2012, certains ont déçu en dépit de taux de croissance bien supérieurs à ceux de la Vieille Europe. C'est le cas, bien sûr, de l'Inde (6,5 % en 2011-2012, après + 8,4 % en 2010-2011), pénalisée notamment par des goulets d'étranglement majeurs, le délabrement des infrastructures freinant les ardeurs des investisseurs. Beaucoup gardent en mémoire la panne géante d'électricité, qui a touché 600 millions de personnes et dont l'ampleur a jeté un éclairage cru sur la réalité indienne. Pour beaucoup d'observateurs, il n'y a rien à attendre pour 2013.

    D'autres économies ont réservé de bonnes surprises. La Chine n'a pas connu l'atterrissage brutal un temps redouté. Avec + 7,8 %, Pékin a sauvé la mise et calmé les craintes. Les esprits chagrins font observer que la croissance reste alimentée par les investissements publics, moins par la consommation des ménages, et que la réorientation n'a pas encore eu lieu. Qu'importe, la Chine, qui devrait en 2013 voir sa croissance accélérer entre 8,3 et 8,5 %, est redevenue un moteur régional. Dont toutes les économies voisines, y compris le Vietnam, tirent profit.

    Entre ces deux superpuissances, se profilent d'autres pays, l'Indonésie, quatrième population mondiale avec 235 millions d'habitants, étant de ceux-là. Malgré des faiblesses criantes, elle a pour elle d'offrir aux multinationales un bassin de main-d'oeuvre et de consommation. Le pays aux 18.000 îles enregistre des records d'investissements étrangers.

    Stratégie transfrontalière

    L'autre étoile montante est en Amérique latine. Le Mexique se défait progressivement de son image de narco-économie pour apparaître comme une vraie nation émergente avec des entreprises à taille mondiale : Grupo Bimbo dans la boulangerie ou encore Cemex dans le ciment et le béton. Très lié aux Etats-Unis, ce pays y exporte près de 80 % de ses produits et est devenu l'un des plus gros producteurs d'écrans plats. Le Maroc fait aussi office d'enfant chéri chez certains analystes. Relativement épargné par le printemps arabe, il jouit d'une certaine stabilité politique et abrite des acteurs privés. Il peut se ranger aujourd'hui dans une catégorie coup de coeur. Tout comme la Turquie ou les Philippines. Par-delà leurs performances et leur force de frappe économique, les marchés émergents sont en train de revisiter la globalisation en faisant monter de grands thèmes comme la régionalisation. Il est fini le temps où un marché émergent était perçu quasi exclusivement comme une base arrière de délocalisation avant réexportation. Les groupes investissent à présent pour écouler leur production sur le marché intérieur. D'autres développent une stratégie résolument transfrontalière. Telle marque de cosmétiques a mis en place, en Asie, des lignes de produits dans différents pays et alimente ensuite les marchés à partir de ces bases à vocation régionale.

    Cette approche va de pair avec une tendance de fond où l'on voit les économies à croissance rapide s'affranchir progressivement des pays occidentaux en intensifiant leurs échanges commerciaux entre elles. La Chine et l'Inde devraient voir leurs flux progresser de 20 % par an jusqu'en 2020.

    Ces économies sont aussi des laboratoires nouveaux pour l'Occident. En Afrique, où la bancarisation est très faible, les transactions bancaires s'effectuent via le mobile. Dans d'autres pays comme l'Inde, les terminaux sont équipés de deux cartes SIM que les utilisateurs privilégient tour à tour en fonction de leurs besoins et des pays à appeler. L'innovation low cost est née en Inde, mais en a déjà franchi les frontières pour intéresser les pays développés.

    Souvent perçus comme des eldorados pour les exportateurs en manque de débouchés, les marchés émergents ne sont pas toutefois dépourvus de risques. Certains, plus que d'autres, présentent même de vrais dangers. « Trois pays ont les clignotants rouges allumés à l'horizon de cinq ans : le Venezuela et l'Azerbaïdjan, où les revenus tirés du pétrole sont particulièrement mal utilisés, et le Myanmar, qui ne fera pas l'économie d'un ajustement heurté dans sa transition vers une économie plus ouverte », prévient Thierry Apoteker, directeur de TAC. Comme quoi, la croissance, même si elle est importante, ne fait pas tout.


    Pas de définition officielle
    Les BRIC, pour désigner le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, sont apparus en 2005 avec Goldman Sachs, qui a ajouté les « next 11 » (Egypte, Bangladesh, Iran, Indonésie, Corée du Sud, Mexique, Nigeria, Pakistan, Philippines, Turquie et Vietnam).
    La Banque mondiale crée la catégorie « économies émergentes » en 2007.
    Un autre acronyme, les Civets, regroupe la Colombie, l'Indonésie, le Vietnam, l'Egypte, la Turquie et l'Afrique du Sud.
    Ernst & Young traite des 25 économies à développement rapide.
    Natixis classe ces pays en quatre catégories : ceux dont le niveau de vie est assez élevé (Taïwan, Corée) jusqu'à ceux dont la croissance ralentit (Inde, Brésil, Russie), en passant par la Chine ou les pays à faibles coûts salariaux. L'éventail est large.
    les échos fr
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