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Syrie-Caucase du Nord. Le conflit pourrait s’étendre

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  • Syrie-Caucase du Nord. Le conflit pourrait s’étendre

    S’il fallait trouver une image représentative de ce que représentent les conflits moyen-orientaux, je choisirais celle du champ magnétique ou celle du pôle d’attraction, la métaphore du champ de mines, plus classique, étant porteuse d’une connotation en l’occurrence réductionniste. Figurez-vous, chers auditeurs, un immense espace traversé de part et d’autre de correspondance bellicistes, s’étendant de la Syrie au Caucase du Nord via les territoires attenants.

    Certains experts de taille tel le politologue Vadim Doubnov ne partagent guère cet avis, considérant que les problèmes de la Transcaucasie et du Caucase russe ne tiennent qu’à leur géopolitique interne. Pourtant, force est de constater que l’entropie syrienne est sur le point de gagner les états voisins au cœur desquels de nettes perturbations sont à relever.

    Ce point de vue est laconiquement repris par l’expert Feodor Loukianov dans le Courrier international. Il y explique l’attitude pro-Bachar de Poutine par le « réalisme structurel » de ce dernier, soucieux de garantir la Russie du tournant expansionniste que pourrait prendre la guerre civile syrienne. Même unilatérale, cette vision a tout de pertinent dans la mesure où «l’affrontement des sunnites et des chiites » à la frontière d’un Iran déjà suffisamment déstabilisé pourrait remonter jusqu’au Haut-Karabagh, opposant Arménie et Azerbaïdjan. On se souvient encore de ces quelques 16.000 morts en l’espace de six ans (1988-1994) et du désastre que constituerait l’exacerbation du conflit pour les forces en présence russes soutenant la partie arménienne. Or, voici qu’on recommence à avoir des nuits blanches à la frontière arméno-azerbaïdjanaise, des tirailleurs azéris ayant tenté de se défouler sur une famille arménienne longeant la frontière en voiture. Bien heureusement, l’attentat n’a pas fait de victimes. En revanche, on sait que le gazoduc situé à proximité de l’incident avait été lourdement endommagé. Je vous laisse cerner les prémisses de l’histoire …

    L’analyse de M. Loukianov, quoique lucide dans son ensemble, s’achève cependant par une erreur flagrante. Selon lui, Israël pourrait devenir à terme « le principal partenaire » de la Russie si l’on arrive à exclure l’Iran du jeu, ce qui est archifaux si l’on se penche sur la crudité de certains faits.

    Primo, la duplicité janusienne de l’Azerbaïdjan a toujours joué et continue à jouer de très mauvais tours aussi bien à l’Arménie qu’à la Russie, aussi bien à la Syrie qu’à l’Iran. On sait de source sûre que Bakou avait aidé à armer l’opposition syrienne sournoisement baptisée d’ASL malgré sa forte composante al-Qaidienne. Le soutien apporté aux rebelles est aujourd’hui estimé à près de 500.000 dollars. Cela suffit à mettre Téhéran dans un état de rage lourd de conséquences pour cet allié avéré de Tel-Aviv. Washington Post, loin d’être porté aux exagérations et aux exercices de style, n’a pas hésité à qualifier Bakou d’ « anti-Iran ».

    Secundo, il est bien connu qu’Israël est le deuxième plus grand consommateur de gaz et de pétrole azéris. Ces intérêts mutuels rapprochent on ne peut plus étroitement les deux états sous l’aile providentielle des USA.

    Une sorte de Triple Alliance s’est ainsi constituée qui fait progressivement remonter le conflit vers la Géorgie dont les vexations antirusses héritées de l’époque postsoviétique contribuent à verser de l’huile sur le feu. Cet axe explosif que nous venons de mettre en évidence confronte directement Bakou à Téhéran en semant le désordre à la frontière géorgienne et en fragilisant l’économie arménienne étant donné un important flux migratoire arménien en provenance de la Syrie et de l’Iran.

    Un deuxième axe transparaît non moins nettement et pourrait à la longue envenimer le Caucase russe : l’axe musulman fondamentaliste qui rêve de renverser Assad et qui jouit du soutien de 6000 islamistes tchétchènes. Sans être exorbitant, ce chiffre révèle néanmoins cette réalité indéniable que le djihadisme n’a pas de frontières et que rien ne l’arrête dans sa lutte. Le facteur caucasien islamiste coûte bien cher puisque, même si la deuxième campagne tchétchène a été déclarée définitivement close en 2009, de fortes humeurs indépendantistes persistent dans la région. On sait comment les USA jouent indirectement sur celles-ci et on imagine quel impact colossal pourrait représenter pour la Russie le très éventuel retour de 100.000 Tchétchènes jusque là installés en Syrie et imprégnés, de un, des différends intraconfessionnels qui déchirent cruellement l’islam, de deux, de ce sentiment d’injustice indélébile remontant aux répressions tsaristes.

    Globalement, la façon dont est exploité le conflit syrien par la nouvelle Triple Alliance fait du Caucase du Sud une sorte de monnaie d’échange, ce que Bakou se refuse à comprendre, voyant en l’état hébreu un allié stratégique et économique de confiance. La Transcaucasie se pose ainsi en case intermédiaire entre les intérêts du continent eurasiatique, solidaire de ces états en ébullition dangereuse que sont la Syrie et l’Iran d’une part, et les intérêts du bloc USA-Israël, de l’autre.

    Clara Weiss, journaliste indépendante, traite fort bien de ce problème dans un article repris par french.irib.ir (« La guerre, en Syrie, pour déstabiliser le Caucase » ?). Voici un extrait qui ponctue son analyse : « Avec l’intensification de la guerre civile syrienne et les préparatifs de guerre contre l’Iran, les impérialistes jouent délibérément avec le feu. Le conflit syrien et une guerre contre l’Iran embraseraient l’ensemble du Moyen-Orient, du Caucase et de l’Asie centrale. L’objectif de deux guerres est de déstabiliser la région entière et d’inciter à des conflits ethniques dans le but d’affaiblir la position de la Chine et de la Russie (…) ». Je vous laisse découvrir l’intégralité du texte.

    Je donnerais tout à fait raison à Mme. Weiss, en notant qu’il est des objectifs réalisables à long terme comme le sont ceux qu’a relevés la journaliste. Il est, en parallèle, des objectifs ancrés dans l’immédiat comme l’est l’affaiblissement des puissances arabes autonomes constituant un véritable bloc d’opposition à l’Israël.

    Ce qui compte maintenant, c’est de tenter de prévenir la fusion, à long terme, de ces deux objectifs. Reprenant la remarque de M. Loukianov sur le réalisme pragmatique de M. Poutine, j’en nuancerais les effets en constatant que la Russie ne peut s’impliquer plus qu’elle ne le fait déjà dans la triste épopée syrienne sans qu’une nouvelle série d’équivoques ne vienne embraser le Caucase russe.

    Françoise Compoint
    La Voix de Russie
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    ouais ouais.....La Federation de Russie devra detruire l'influence wahabite et US neo cons .....et elle y parviendra pour elle, pour sa pluralité , pour Russes , Tatars et autres .....pour sa paix, sa prosperité, sa tranquillité ...........et aussi celles d'autres ...comme les Algeriens normaux ....

    Un mega Stalingrad...pourrait aussi approcher pour les US neo cons (et leurs rats de tout poil porteurs d'eau qu'ils soient d'Afrique, d' Europe ou du Moyen Orient ), et pour les Wahabites l'Arabie, le Qatar ....

    Si la menace se fait sentir en Federation de Russie, si aussi la menace de guerre civile mondialisée notamment inter religieuse se dessine ...il faudra ouvrir grand les goulags pour y enfermer ..les Pro US neo cons, les pro Wahabites, les neo nazis, les pro extremistes israeliens.......et frapper fort et loin ....( ni les missiles anti missiles patriots , ni la Reine d'Angleterre, ni le Qatar , ni l'Arabie n'arrêteront la Federation de Russie dans son combat sacré pour la survie et la paix civile ..Combat victorieux à coup sûr avec des millions d'alliés pour Moscou ..tant il s'agira de sauver la paix civile de nombreux pays, la paix entre les confessions .
    Dernière modification par Sioux foughali, 01 mars 2013, 12h29.

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    • #3
      Qui va provoquer la Federation de Russie ..pour sa deuxième guerre sacrée ??,

      La premiere guerre sacrée a été gagnée ..en 43 à Stalingrad et quelques mois apres definitivement à Koursk

      La deuxième le sera aussi....et beaucoup (le consortium diabolique ( les US neo cons, Wahabites, extrêmistes israeliens) ) iront dans la benne à ordures de l'Histoire
      Dernière modification par Sioux foughali, 23 février 2013, 23h08.

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      • #4
        La Syrie et la Jordanie regroupent des populations originaires du caucase, les circassiens, les combattants syriens qui ont une apparence occidentale, blonds aux yeux clairs (en gros), ces circassiens ont encore de la famille en Turquie, dans le Caucase, c'est peut-être de là que le feu risque de ré-enflammer le Caucase...

        Sioux, seulement en travers de la Russie il y a Israël, qui a vraiment une très puissante aviation, capable de contrecarrer la Russie si elle allait vers le sud (Arabie)... J'ai bien dit "capable", ça veut pas dire qu'elle est plus forte que l'aviation russe (encore que ) et encore moins à l'armée russe dans son ensemble... La péninsule arabique a le parapluie américain, là c'est impossible à la Russie de s'aventurer dans le secteur sans provoquer une terrifiante guerre mondiale.

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        • #5
          ''sans provoquer une terrifiante guerre mondiale. ''

          Peut être Iberius.......sauf que ...Sauf qu' Avec les US neo cons, les Wahabites, les extrêmistes israeliens....la guerre inter etatique et la guerre civile mondialisée ,interpersonnelle et interconfessionnelle et de tous contre tous jusque dans les rues de Paris, Moscou Rabat, Alger, Londres ..au pistolet, au couteau ........on pourrait aussi l'avoir ...avec ces diaboliques
          Dernière modification par Sioux foughali, 24 février 2013, 15h23.

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          • #6
            La Russie devrait laisser venir le wahhabisme à elle, c'est pas à elle d'aller vers le sud, elle trouvera israel et sa puissante armée sur le chemin (en plus de la Turquie, qui a d'ailleurs augmenté son influence en Asie centrale et dans le Caucase), par contre si les russes laissent venir les salafistes, ils pourront leur donner une leçon. Mais c'est dangereux pour la Russie car la société est effrité et moins en cohésion qu'à l'époque soviétique... Poutine est de plus ne plus contesté en Russie même !

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            • #7
              Frappe contre la Syrie – cible : la Russie

              Frappe contre la Syrie – cible : la Russie

              in International, Interview / by Raphaël "JahRaph" Berland / on 5 février 2013 /

              L’interview de Andrej Iljitsch Fursov ci-après a été publiée le 9 août 2012 sur le site KP.ru et traduit par le site Horizons et Débats.


              « Il n’y a qu’une chose qui puisse être pire que l’hostilité avec les Anglo-Saxons : c’est l’amitié avec eux » (Alexej Jedrichin-Wandam)

              Andrej Fursov est directeur du Centre d’études russes à l’Université des sciences humaines de Moscou et membre de l’Académie internationale des sciences (Munich). Compte tenu de l’orientation des questions au départ, il embrasse un large spectre imprévu de sujets abordés. Partant de la situation actuelle en Syrie et du «Printemps arabe», l’historien russe tente des prévisions et des réflexions sur les développements à venir, allant du concret au global. Dernière remarque liminaire: en russe, le terme de «régime» n’a pas forcément de connotation négative.
              ________________________________________
              KP.ru : Pourquoi l’Occident est-il si pressé d’enfoncer les clous dans le cercueil du régime d’Assad ?

              Andrej Fursov : Ce pays de taille moyenne au Proche-Orient est tout à coup devenu le point le plus névralgique de la planète. L’ONU siège en permanence à son sujet. La Russie et la Chine y adoptent une attitude inflexible. Une flotte russe de bâtiments de guerre avec de l’infanterie de marine à bord a mis le cap sur la Méditerranée et fera aussi escale en Syrie. Les USA mettent 15 millions de dollars supplémentaires à disposition des «rebelles». Est-il possible que ça sente la grande guerre ?

              KP : En quoi la petite Syrie a-t-elle gâché la soupe au puissant Occident ?

              A.F. : En tout, simplement. Procédons par ordre – allant du plus petit au plus grand, du régional au global. Dans les constellations proche-orientales et en général dans le conflit des Américains et des monarchies sunnites (Arabie saoudite et Qatar) contre l’Iran chiite, ce pays n’est pas seulement un allié de Téhéran, mais le membre d’une chaîne qui relie celui-ci avec les groupements chiites du monde arabe. Sans cet intermédiaire, l’influence de l’Iran dans le monde arabe serait passablement moins importante. Je ne veux même pas parler de l’oléoduc qui, provenant de l’Iran, traverse la Syrie. Sans solution de la question syrienne, les Anglo-Saxons, c’est-à-dire les Britanniques et les Américains, ne pourront pas prendre le risque de s’attaquer à l’Iran.
              Le régime syrien est de fait le seul régime fort et laïc du monde arabe. Le fait qu’il soit fort dérange les Atlantistes dans leurs plans de transformation du Proche-Orient et du monde entier. Qu’il soit laïc et en même temps économiquement couronné de succès dérange les dirigeants de l’Arabie saoudite et du Qatar.

              KP : Bien des gens disent qu’il s’agit de la première guerre pour le gaz naturel.

              A.F. : On a détecté des gisements de gaz naturel dans le Sud de la Méditerranée – autant en mer que sur terre en Syrie (Kara). C’est difficile de connaître leur dimension, mais ils existent. Le Qatar exporte du gaz naturel liquéfié à l’aide d’une flotte de tankers. Si le régime d’Assad s’effondre, le Qatar aura la possibilité de transporter directement le « combustible bleu » via le territoire syrien sur la côte de la Méditerranée. Cela doublerait au moins son volume d’exportations et gênerait simultanément les exportations de l’Iran. Le renforcement du Qatar sur le marché du gaz naturel affaiblit la position de la Russie. Si les Américains réussissent simultanément à prendre le contrôle du gaz naturel algérien, cela ressemblera bien à un blocage des exportations de gaz naturel pour la Russie. Ce qui signifie que les intérêts économiques du Qatar sont identiques aux intérêts géopolitiques des Etats-Unis, et à leurs efforts d’affaiblir la Russie autant que possible, car la Russie ne doit pas de nouveau se renforcer.

              KP : Cela signifie au fond qu’en Syrie, les Yankees attaquent indirectement le Gazprom aimé des Russes ?

              A.F. : Les Anglo-Saxons sont des joueurs de billard au niveau mondial, ils travaillent selon le principe de tirer simultanément plusieurs balles d’un coup (ce qu’on devrait apprendre d’eux). Le chaos orchestré se déroulant au grand Proche-Orient sépare la Chine des sources de pétrole et de gaz naturel dont elle a besoin, ce qui entraîne en même temps une rupture entre la partie chinoise de l’Eurasie et celle de l’Europe occidentale. Le contrôle du pétrole et du gaz provenant du Proche-Orient signifie en première ligne le contrôle des Etats-Unis sur l’Europe, notamment sur l’Europe occidentale, ce qui serait favorable à un affaiblissement de la Russie et de ses positions. Et si un jour cela devait déplaire à l’Europe, on pourrait là aussi provoquer pour un oui pour un non quelques troubles arabo-africains – de telle manière que les citoyens rassasiés désireraient que ça prenne fin.
              Cette logique (bien que ce ne soit pas la seule chose) détermine la poussée vers l’Est des élites de l’Atlantique nord à travers le monde arabe : la Tunisie, l’Egypte, la Libye. Actuellement, ils sont arrivés en Syrie. Cependant, les Atlantistes se voient confrontés dans ce coin de terre syrienne à une autre puissance mondiale, qui peut se mesurer à eux du point de vue économique et même militaire, mais qui représente une civilisation totalement différente. C’est la Chine avec sa poussée vers l’Ouest. La poussée de la Chine est une espèce de croisade pour gagner des ressources. Le Pakistan se trouve déjà sous l’influence de la Chine. Les Chinois ont depuis longtemps des relations avec les talibans d’Afghanistan. L’Iran est aussi un allié, bien que très spécial. Le sud de l’Irak est déjà de facto contrôlé par les alliés chiites d’Iran. Du point de vue géostratégique et géoéconomique, la Chine parvient ici pas seulement jusqu’à la côte de l’océan Indien, mais, vu sous cet angle, jusqu’à l’Atlantique (à savoir jusqu’à la côte syrienne de la Méditerranée). Pour le dire objectivement, en Syrie, les croisés occidentaux sont parvenus à la Grande Muraille de Chine.
              Pour la première fois, l’élite anglo-américano-juive, qui s’était formée au cours des derniers siècles et est devenue une conquête organisationnelle historique de l’Occident, a été confrontée ici à un adversaire mondial d’un genre non-occidental (car la direction de l’URSS était la transposition d’un projet de gauche de l’Occident, d’un jacobinisme de l’époque moderne). Par ailleurs, le segment européen de l’élite occidentale se trouve en face d’un segment chinois pas moins ancien et peut-être même plus ancien, d’où il reçoit aussi l’expérience historique. Orienté tout autant vers les valeurs matérielles, le commerce et l’argent. Mais ayant encore l’esprit très aventureux, car à l’évidence les Chinois ont leur propre système criminel mondial.

              KP : La mafia chinoise est probablement encore un peu plus violente que l’italienne…

              A.F. : Oui, et ne parlons même pas des réserves d’or chinoises comme arme financière menaçante.
              Pékin a très bien compris que la Syrie n’est qu’une étape de la poussée principale des Atlantistes du Nord – et le but est de voir tomber la Chine, de la renvoyer à l’intérieur de ses frontières nationales, de la séparer des sources d’approvisionnement en matières premières et de l’étouffer technologiquement. C’est ce qui explique la position si dure de la Chine à l’ONU en ce qui concerne la Syrie.

              KP : Qu’en est-il de la position de Moscou ? Pourquoi est-elle si différente que dans le cas de la Libye ?

              A.F. : Premièrement, nous avons à présent un autre président. Deuxièmement, je pense que l’affaire avec Kadhafi a appris pas mal de choses aux dirigeants russes. Troisièmement, la Russie entretient une base navale en Syrie. Quatrièmement, l’industrie d’armement russe a des intérêts importants en Syrie, et les intérêts économiques sont une chose sacrée pour les dirigeants russes. Cinquièmement, la Syrie est bien plus proche des frontières de la Russie et de l’espace postsoviétique que la Libye. Tout ceci détermine la position de Moscou, une position qui par son potentiel nucléaire et diplomatique renforce la position chinoise. Ni la Russie ni la Chine ne parviendraient à affronter seuls la communauté internationale.
              Les Anglo-Saxons peuvent sûrement se ficher du veto de la Russie et de la Chine, de l’ONU et du droit international en général, qu’ils ont de toute façon l’intention d’abroger. Mais jusqu’ici, ce ne sont que des intentions. Car comme Staline a dit une fois, la logique des circonstances est toujours plus forte que la logique des intentions. Ces circonstances sont la Russie et la Chine qui provoquent une furieuse rage chez les Atlantistes du Nord – il n’y qu’à écouter quelques fois Madame Clinton et observer sa mimique.

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              • #8
                SUITE :

                KP : En dépit des positions intransigeantes de Moscou et de Pékin, l’Occident ne se retire pas. Pourquoi donc?

                A.F. : Premièrement, cela ne fait pas partie des traditions des Anglo-Saxons de lâcher prise après avoir planté leurs crocs dans une proie comme un pitbull. Ils feront pression à fond jusqu’à ce qu’ils aient imposé leur projet ou jusqu’à ce que l’adversaire leur brise les reins. Deuxièmement, au cours des 25 à 30 dernières années, après avoir vaincu l’élite soviétique (il s’agit exactement de l’élite soviétique – elle a capitulé), ils sont simplement devenus arrogants. Ils se sont habitués à ce que la Russie abandonne tout et ils comptent sur le fait qu’ils peuvent faire pression sur l’élite russe, déjà rien que parce celle-ci a déposé son argent dans des banques occidentales. Troisièmement, et c’est la raison principale qui l’emporte sur toutes les autres : les mises sont beaucoup trop élevées, c’est le destin des élites de l’Atlantique nord elles-mêmes qui est en jeu, il ne s’agit pas du tout seulement de réserves d’hydrocarbures ou du Proche-Orient. L’Occident n’a pas d’autre possibilité que de foncer en avant. L’affaire se présente ainsi : en dépit de l’énorme potentiel matériel et d’information de cette machinerie gigantesque qui est dirigée par des géo-constructeurs et géo-ingénieurs supranationaux extrêmement expérimentés, les Etats-Unis font actuellement l’expérience d’une surtension des forces. « Nihil dat fortuna mancipio » – le destin n’accorde rien pour l’éternité ! Le temps de l’Amérique est en train de passer. Afin de retarder la chute définitive ou même de l’éviter, l’Amérique a besoin de faire une pause pour souffler.
                Ce n’est pas un hasard si dans la nouvelle doctrine militaire qu’Obama a proclamée le 5 janvier 2012, il ne s’agit plus maintenant que les USA – comme jusqu’ici – soient armés pour mener deux guerres parallèles, mais plus que pour une, plus des actions indirectes dans plusieurs régions. Il faut par ailleurs tenir compte du fait que les Américains regroupent jusqu’à 60% de leur puissance militaire dans l’océan Pacifique, l’espace du Pacifique oriental, et qu’ils se préparent ainsi à des confrontations avec la Chine. Ce n’est pas un hasard si la revue Foreign Affairs, une publication du Council on Foreign Relations (CFO) – une des structures américaines les plus influentes en matière de relations internationales – ne cesse de publier depuis peu des articles qui disent ouvertement : les Etats-Unis ont besoin de faire une pause « pour se concentrer sur la reconstruction des bases de la prospérité nationale ». Aujourd’hui, l’Amérique rappelle l’Empire romain du temps de l’empereur Trajan (début du IIe siècle de notre ère). A cette époque, Rome a passé des offensives stratégiques à la défense stratégique ; Rome a commencé à bâtir le limes et à abandonner quelques régions conquises, avant tout au Proche Orient.

                KP : C’est une analogie directe. Les Etats-Unis ont l’intention de quitter l’Afghanistan, et ils se sont déjà retirés de l’Irak…

                A.F. : Les résultats du Sommet de l’OTAN de Chicago, les 20 et 21 mai 2012, en ont apporté la démonstration : ni les États-Unis ni l’OTAN ne quitteront réellement le Proche-Orient et l’Afghanistan. Ce n’est pas pour cela qu’ils s’y étaient rendus. Il est toutefois vrai qu’ils doivent en « sortir » mais avant tout pour y installer un nouveau modèle de commandement. Et cela, tout simplement pour éviter que la place ne soit prise par les concurrents, c’est-à-dire par l’UE et surtout par la Chine. Voilà la vraie raison de ce nouveau modèle de domination de la région : un chaos orchestré. On ne peut imaginer de meilleur candidat pour installer ce modèle et le maintenir que les Islamistes, « les chiens de garde de la mondialisation à la mode américaine ».
                On voit donc au Proche-Orient – notamment dans le pays-clé qu’est Égypte – que le « Printemps arabe » a porté au pouvoir les Islamistes. En réalité, on leur a aplani le chemin. Mais, les Anglo-Saxons ont buté sur deux pays dans leur marche en avant, dans lesquels les Islamistes étaient faibles ou inactifs. Il s’agit de la Libye et de la Syrie. La Libye a déjà été écrasée par l’atroce attaque de l’OTAN, la Syrie est actuellement assiégée. L’armée syrienne se bat contre le terrorisme international, qui est, comme il se doit, dirigé par les manipulateurs des dirigeants anglo-américains.

                KP : Permettez, Andrej Iljitsch ! Les médias occidentaux prétendent que le peuple s’est révolté contre le régime d’Assad. Les insurgés sont des Syriens qui ont déserté l’armée.

                A.F. : En sont responsables les médias occidentaux, ou autrement dit : les moyens de propagande de masse, d’agitation et de désinformation. Leur tâche est purement militaire, soit de mener une campagne de désinformation et de guerre psychologique. Les « rebelles syriens » sont dotés d’armes de précision, de canons antichars, d’appareils de détection à infrarouge, d’excellents fusils pour tireurs d’élite, et de bien des autres armes, de production turque pour l’essentiel. N’est-ce pas un peu beaucoup pour des déserteurs et des réfugiés ? L’essentiel est, toutefois, l’organisation de ces combats. Depuis juin, la situation en Syrie a complètement changé. Assad se heurte à une culture d’état-major hautement qualifiée, de ceux qui planifient les diversions militaires dont seraient bien incapables les déserteurs, même au rang de capitaine ou de major. Les « insurgés » ont passé de la tactique d’usure et de harassement de l’armée syrienne à celle d’attaques massives, soutenues par des contingents comportant 25 000 à 30 000 hommes. Ces hommes armés viennent de Libye, de Tunisie, d’Afghanistan et d’autres pays islamiques. De les envoyer en Syrie permet aux Occidentaux et aux monarchies sunnites de résoudre un problème crucial. Car ces énergies meurtrières doivent être occupées quelque part. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’elles se mettent à travailler sérieusement, et un chien enragé peut aussi mordre son maître.
                Une partie des clans criminels syriens combattent avec les mercenaires professionnels et les terroristes internationaux contre les troupes gouvernementales ; ils assassinent leurs propres voisins et accusent le régime Assad d’avoir commis ces horreurs. La situation en Syrie a mis au jour une réalité : Le terrorisme international, contre lequel les États-Unis prétendent lutter, est en réalité leur arme, créée par eux-mêmes. En Libye, c’est Al-Qaïda qui a accompli la tâche ordonnée par les Atlantistes. En Syrie, on a introduit les hommes d’armes de l’Islamiste Abd al-Hakim Balhadsch, qui fut commandant des « insurgés » libyens. Il est le militaire le plus influent de Tripoli et lié à Al-Qaïda depuis longtemps. Cette organisation est un instrument parfaitement adapté pour les services secrets américains et britanniques. En cas de besoin, on peut les utiliser pour faire exploser ses propres Twin-Towers, puis rendre responsable l’organisation de Ben Laden. Et, si le besoin s’en fait sentir, on peut s’allier à cette organisation pour se lancer contre Kadhafi ou contre Assad. Al-Qaïda peut reprendre du service ; comme le déclara en son temps notre patriarche Avvakoum « hier encore fils de pute, aujourd’hui déjà un prêtre ».
                Ils doivent cesser de nous raconter des stupidités : les Syriens ne se battent pas contre les Syriens, mais contre l’élite anglo-saxonne qui mène sa guerre au travers des terroristes internationaux. Leur façon d’agir ressemble fort à celle des escadrons de la mort de John Negroponte au Guatemala. Les « amis de la Syrie » (qui furent auparavant les « amis de la Yougoslavie, de l’Irak, de la Libye ») voudraient, de leur point de vue, aussi devenir les « amis de la Russie », alors qu’ils sont le principal pouvoir terroriste international. J’espère bien qu’ils se retrouveront un jour, avec leurs complices (y compris ceux de La Haye), à « leur Nuremberg ». Nombreux sont ceux, à l’ouest aussi, qui comparent l’invasion de l’Irak par Bush jr. à celle de la Pologne, des Pays-Bas et de la France par Hitler. La question qui se pose est de savoir si la Syrie sera la dernière ligne avant une nouvelle guerre, non seulement mondiale, mais globale ? La criminalisation de la politique par les dirigeants occidentaux y conduira finalement, tôt ou tard.

                Commentaire


                • #9
                  SUITE :

                  KP : Les États-Unis ont de fait justifié les derniers actes terroristes à Damas qui ont coûté la vie à plusieurs membres du gouvernement syrien.

                  A.F. : Oui, parmi les victimes se trouvent le ministre de la Défense Daud Radschha, le chef des services secrets militaires Assef Schawkat et le chef du comité anticrise Hassan Turkmani. Des personnes très proches d’Assad, ses soutiens. Il fallait s’attendre à une pareille action, et je ne pense pas qu’elle ait été possible sans l’aide de services secrets occidentaux. Mais Bachar el-Assad tient bon, on n’a pas pu le briser au cours des 15 derniers mois, c’est pourquoi on vise maintenant à l’éliminer physiquement, lui et ses proches. On espère qu’une fois disparu, son régime s’effondrera. Y arrivera-t-on ? C’est une autre question. Mais dans ce contexte, il y a autre chose qui est important : l’élite occidentale s’est, après l’assassinat de Kadhafi, engagée ouvertement et sans scrupule sur la voie de l’assassinat de ces dirigeants, qui s’opposent à leurs projets, c’est-à-dire : sur la voie du terrorisme. Alors qu’avec Milosevic et Saddam Hussein on s’était donné la peine d’ouvrir un procès bidon, on a assassiné Kadhafi d’après des méthodes « concrètes » de grand banditisme et on n’a pas même caché sa satisfaction. Qu’on se souvienne de la scène présentant les dirigeants américains réunis à la Maison-Blanche devant le téléviseur pour assister à la mise à mort de « Ben Laden ». Quand on tombe pareillement dans l’abrutissement et dans la dégénérescence morale on se retrouve au niveau de la populace moyenâgeuse qui trouvait plaisir à assister aux exécutions. Les dirigeants occidentaux se comportent comme une organisation mondiale de criminels et ne s’en cache même pas. Selon le principe : « Tu es déclaré coupable uniquement parce que j’ai faim ! »
                  Ainsi, l’ancien président français pro-américain, Sarkozy, avait directement menacé les chrétiens syriens (environ 10% de la population syrienne) que, s’ils continuaient à soutenir Assad, ils pourraient se trouver victimes d’attentats. Et c’est bien ce qui se passe actuellement. Mais on ne se contente pas d’assassiner des chrétiens, mais aussi des Druzes, des Alaouites, des membres du parti Baath au pouvoir depuis 1963. Mais les grands massacres commenceront, dans la mesure où l’Occident réussira à faire tomber le régime d’Assad. Ce qui ne sera possible que par une intervention militaire venant de l’extérieur.

                  KP : Pensez-vous que l’Occident ira aussi loin ?

                  A.F. : Il vaut mieux poser cette question à cette organisation criminelle qui a ses « actions » à Washington, New York, Londres et Bruxelles. Nous ne pouvons qu’imaginer des variantes. La seule puissance militaire sur laquelle s’appuie l’OTAN est la Turquie, laquelle rêve de voir la Syrie divisée en quatre ou six parties, d’obtenir le contrôle de la moitié, ce qui commencerait à lui donner l’image de ce que nous avons connu comme l’Empire ottoman. Toutefois, une telle guerre serait un vrai risque pour la Turquie, du fait des positions de la Russie, de la Chine et de l’Iran, sans compter la question kurde, cela même avec l’aide de la technique militaire de l’OTAN. Et la Syrie elle-même n’est pas dénuée de force. On peut donc plutôt s’imaginer que la guerre actuelle continuera de la même manière, l’Occident s’efforçant d’écraser la Syrie au moyen des mercenaires, en combinant la tactique de désorganisation et d’attaques massives, tout en cherchant à liquider physiquement Assad. Les États-Unis et la Grande Bretagne ont déjà trop investi pour la destruction du régime syrien et ne reculeront que si le prix d’une victoire est trop élevé.

                  KP : Ont-ils vraiment autant investi ?

                  A.F. : Oui. Tant en ce qui concerne la finance que l’organisation. Déjà en 2006, on a mis en place le programme « Démocratie en Syrie », avec un financement prévu de 5 millions de dollars. En 2009, le « Conseil pour la démocratie », qui répartissait cet argent entre les acteurs qui voulaient « démocratiser » de l’intérieur les pays qui devaient être affaiblis par les États-Unis, reçut du Département d’Etat la somme de 6,3 millions de dollars pour le programme, lié à la Syrie, intitulé « Initiative pour le renforcement de la société civile » (il faut croire que les Anglo-Saxons s’imaginent qu’on met en place une société civile en faisant assassiner des femmes et des enfants par des mercenaires).
                  Le « Syrian Business Forum » administre actuellement un budget d’au moins 300 millions de dollars. La moitié de ce montant sert à financer l’« Armée syrienne libre ». L’Arabie saoudite et le Qatar, qui ont signé un accord secret à ce sujet, jouent un rôle important dans le financement des forces anti-Assad. Les positions des Saoudiens et du Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Dschassem Al Thani, démontrent parfaitement la collusion entre l’Occident et les Salafistes. C’est au Qatar que furent tournés des films sur de prétendus combats à Tripoli et à Damas, alors que ces combats n’avaient pas encore commencé. L’émir finança l’assaut de Tripoli et y envoya une troupe arabe de 6000 hommes qui portaient l’uniforme militaire du Qatar. D’ailleurs, c’était aussi Ben Dschassem qui ordonna l’attaque contre le diplomate russe Titorenko au Qatar.

                  KP : Certains politiciens occidentaux pensent que la Russie accueillera Assad et sa famille.
                  Partant de l’idée que le peuple syrien en sera reconnaissant à la Russie. Quelles peuvent être les répercussions pour la Russie de la chute du régime Assad ?

                  A.F. : La Syrie est notre seul allié dans le monde arabe. S’il chute, nous perdrions nos dernières positions dans la région. Mais il ne s’agit pas seulement du monde arabe. La Russie peut facilement disparaître de la carte. Après la Syrie et l’Iran (car il est plus que probable qu’après la Syrie, les Atlantistes envahiront l’Iran – les analystes émettent déjà le nom de cette opération militaire « La grande tempête », qui devrait commencer par une attaque américano-israélienne contre le Hizbollah) ce sera probablement notre tour. On peut donc affirmer qu’on vainc la Syrie (et l’Iran), mais ce qu’on vise finalement c’est la Russie. Les préparatifs sont déjà en route dans toutes les directions : la situation au Proche-Orient, le « bouclier anti-missiles », l’élargissement de l’OTAN vers l’Est, etc.

                  KP : Les affaires concernant le bouclier anti-missiles et l’extension vers l’Est de l’OTAN sont claires. Mais quels sont les liens entre la Syrie et l’Iran et notre sécurité ?

                  A.F. : Ils sont très proches de nos frontières et de nos zones d’influence – la Transcaucasie et l’Asie centrale. Si les régimes actuels de Damas et de Téhéran tombent, alors la zone du « chaos orchestré » par les Atlantistes s’étendra de la Mauritanie et du Maghreb, jusqu’en Kirghizie et au Cachemire. L’arc d’instabilité s’enfoncera comme un coin dans l’Eurasie centrale, d’où les Atlantistes menacent déjà directement la Russie et la Chine. Mais avant tout la Russie.
                  Tout cela pour la folie du pouvoir – au lieu d’acheter les matières premières.
                  Dernière modification par choucha, 24 février 2013, 07h20.

                  Commentaire


                  • #10
                    SUITE :

                    KP : Pourquoi avant tout la Russie ?

                    A.F. : La crise du système mondial attendue augmente l’importance du contrôle des ressources de manière incommensurable. L’importance est encore potentialisée en prenant en compte les conditions de la catastrophe géo-climatique et géophysique pronostiquée. Je ne parle pas ici du « réchauffement global » mythique. Mais du recul prosaïque du courant du Golfe, du changement de la chaîne alimentaire dans les océans mondiaux (cela arrive une fois tous les 11 millénaires et demi à douze millénaires et demi) – ce sont là des bouleversements d’une dimension planétaire qui ont commencé environ au début du XXe siècle et se termineront environ dans le premier tiers du XXIIe siècle. Dans de telles conditions de crise et après une telle crise, la seule région stable avec suffisamment de ressources dans le monde est l’Eurasie du Nord, donc principalement le territoire géographique de la Russie. C’est pourquoi notre territoire devient l’une des plus importantes proies géo-historique du XXIe siècle et des siècles suivants. Les russophobes célèbres Brzezinski, Albright et d’autres Occidentaux ont déclaré à plusieurs reprises, qu’il était injuste que la Russie dispose d’un tel territoire et de telles ressources. Cela devrait appartenir à la communauté mondiale – c’est-à-dire aux élites atlantistes, qui sont organisées en loges, clubs, commissions, ordres et autres structures exceptionnelles.
                    Toutefois, pour cela, il est nécessaire d’obtenir le contrôle sur l’Eurasie du Nord, et le territoire pour déployer ses troupes est – l’Asie centrale. Les Américains sont déjà sur place. Bien qu’ils contrôlent déjà le Proche-Orient, ils sont néanmoins encore séparés de l’Asie centrale par la Syrie et l’Iran. Ici, la mèche qu’on a allumée en Afrique du Nord, reste jusqu’à présent interrompue et s’est éteinte. Sans la destruction de ces deux pays, les Atlantistes ne peuvent pas entamer leur combat pour l’Eurasie du Nord. Ils considèrent la Russie comme source de matières premières, la Chine comme source de main-d’œuvre, c’est-à-dire comme quelque chose de secondaire. Et si cette entité secondaire contrarie leurs plans, cela les rend fou. La solution pour la question russe et chinoise est abordée par l’Occident justement avec l’aide de l’Islam, des Arabes. Peu importe si cela se passe sous la forme d’un chaos orchestré, d’une nouvelle conquête arabe ou d’une guerre entre le Califat et les incroyants.
                    Fidèles à leur tradition, les Anglo-Saxons s’efforceront de monter de grands Etats et des peuples les uns contre les autres, de les affaiblir, voire de les exterminer (deux fois au cours du XXe siècle, la Russie et l’Allemagne ont été montés l’une contre l’autre), toutefois, ils s’efforceront aussi d’éliminer l’Islam. Cela se fait par sa radicalisation maximale avec le wahhabisme, le sevrage de sa force économique interne et démographique au cours des guerres eurasiennes, après quoi le monde islamique sera transformé plus tard en une sorte de Ghetto d’une nouvelle tradition, qui ne possèdera pas de propres ressources et technologies. Ceux qui ont joué dans leur enfance à « Donjons et Dragons » [un des tous premiers jeux de rôle médiéval-fantastique créé aux Etats-Unis dans les années 1970, ndt.], se souviennent probablement d’une variante d’un « Monde du soleil noir ». Les mondialistes tenteront de briser le monde islamique en une quantité de petites unités, avec lesquelles des entreprises militaires privées ou des mercenaires de multinationales arriveront facilement à extraire de ceux-ci les restes de ressources pour ensuite s’en débarrasser sur la décharge de l’histoire. L’Occident n’exercera son contrôle que ponctuellement dans des endroits avec grande concentration de ressources (par exemple, aujourd’hui déjà, le contrôle de la côte méditerranéenne de la Libye longue de presque 1800 km); le reste, on le met à libre disposition de tribus, de clans et de syndicats criminels, parmi lesquels chacun contrôlera son petit morceau. Des parties de l’Arabie saoudite, du Pakistan (séparé du Béloutchistan), de l’Iran pourront aussi devenir de tels « morceaux » – une véritable mosaïque islamique. En même temps, l’Occident a besoin de surveillants dans la région et ce rôle peut aller au Grand Kurdistan. Un seul Etat, à qui il sera permis d’être grand.

                    KP : Pourquoi ?

                    A.F. : Sur le territoire du Grand Kurdistan, si celui-ci est créé un jour, se situeront les sources de tous les grands fleuves de la région. Cela veut dire que l’époque prochaine, pauvre en eau, et suite à cela, époque de guerres pour l’eau en tant que ressource, les plus importants leviers de l’influence dans la région – comme au temps de l’Empire assyrien – seront dans les mains du peuple séculaire des Kurdes. Le Kurdistan pourrait devenir le chien de garde le plus important de la région et remplacer Israël dans ce rôle.

                    KP : Pourriez-vous être plus explicite concernant Israël ?

                    A.F. : Les perspectives d’Israël sont, dans un Proche-Orient changeant, assez diffuses. Très probablement, l’Occident démontera Israël, parce que Israël ne sera plus nécessaire, comme l’a prédit Arnold J. Toynbee encore en 1957. Certes seulement après l’évacuation du «tiers supérieur» de la population. La variante de la création d’un Grand Kurdistan et du démantèlement d’Israël n’est pas certaine à 100%, mais très probable. C’est sûr que ce n’est pas l’affaire des prochaines années.

                    KP : Que doit donc entreprendre la Russie dans la situation dramatique, qui se développe autour de la Syrie ?

                    A.F. : Ce que fait la Russie actuellement – c’est-à-dire soutenir la Syrie jusqu’à l’extrême, ne pas permettre qu’on l’écrase. Nous avons déjà envoyé des unités de marine de guerre, pas de grands contingents, mais mieux que rien. Si l’on doit conduire une guerre, alors on ne doit pas le faire par la quantité, mais par la qualité. De plus, le 7 juin, il y a eu des tests sur deux missiles balistiques intercontinentaux : un « Topol » (nous l’avons confirmé) et un « Bulawa » (nous ne l’avons pas confirmé, mais les Américains insistent du moins sur le fait qu’il y a eu un tel lancement). C’est un certain signe. Car la Russie est malgré toutes les réformes encore une puissance nucléaire et c’est nous, pas trop les Chinois, qui sommes considérés comme le principal adversaire par les Américains, et ils continuent et continueront à nous considérer comme tel. Nos diplomates font leur travail. La manière dont Vitali Tschurkin a parlé avec l’ambassadeur du Qatar m’a plu, je constate avec un certain plaisir l’impuissance dans la méchanceté de Madame Clinton et de quelques personnes officielles de rang inférieur du Département d’Etat, impuissance démontrée à l’égard de nos dirigeants. Il faut saluer le fait que la défense aérienne syrienne a déjà obtenu 18 unités de nos systèmes de missiles « Buk-M2 » et 36 unités de nos systèmes de missiles anti-aériens du type « Pantsir S-1 »; bientôt, il y aura encore des livraisons de systèmes S-300 et d’hélicoptères Mi-25.
                    Je compte beaucoup sur l’impulsion de survie des dirigeants russes et sur le fait qu’on ait tiré les vraies conséquences des destins tragiques de Milosevic, Saddam Hussein et Kadhafi. Ceux-ci ont fait d’abord confiance à l’Occident et l’ont payé de leur vie. Hamlet de Shakespeare dit à propos de « Rosencrantz et Guildenstern », «… les deux, auxquels je fais confiance comme aux vipères.» On ne doit pas faire confiance aux vipères – elles mordent mortellement, dans le sens littéral du mot. Ou elles tentent de mordre et utilisent pour cela des problèmes internes ; la Russie en a à revendre. Est-ce donc un hasard que les attroupements des « Boucles blanches » fin 2011/début 2012 coïncident avec la déclaration des dirigeants russes relative à l’affaire syrienne, de poursuivre une position dure ? Certainement pas. Ici, surgit de pleine force le problème de la « cinquième colonne » qui s’est formée chez nous au cours du dernier quart de siècle. Nous vivons dans une époque de guerre, qui a commencé avec l’attaque de l’OTAN contre la Yougoslavie et qui maintenant donne des coups de pieds à la porte de la Syrie avec les mêmes bottes de l’OTAN. Dans des temps pareils, il faut agir selon les directives des temps de guerre. Jamais personne n’a réussi à vaincre un adversaire extérieur ou à s’y opposer sans en même temps ou auparavant avoir mis sous contrôle la « cinquième colonne » ; bien entendu avec des moyens légaux, uniquement légaux. Finalement, une alliance politique et militaire internationale est nécessaire, qui est capable de maîtriser l’agresseur et de créer de la sécurité ou du moins une pause pour respirer de huit à dix ans. Pendant ce temps, la Russie peut arriver à remonter la pente et à se préparer pour la grande guerre du XXIe siècle – à la dernière grande chasse de l’époque du capitalisme, qui malheureusement est presque inévitable. A s’y préparer et à la surmonter.
                    Pour l’instant, il s’agit de tenir l’adversaire potentiel à l’écart et de soutenir les faibles, pour qu’ils repoussent cet adversaire qui vient de loin – ce n’est pas seulement stratégiquement, mais aussi moralement juste.
                    Dernière modification par choucha, 24 février 2013, 18h35.

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                    • #11
                      SUITE ET FIN :

                      KP : Quelles sont les leçons à tirer de la Libye et de la Syrie pour la Russie ?

                      A.F. : Tout d’abord : n’aie jamais confiance, en aucun cas, en les dirigeants occidentaux. Ils nous considérerons toujours comme leur adversaire principal et au moment de notre faiblesse maximale, qu’ils essaient eux-mêmes de produire, ils frapperont de toute leur force et tenteront de régler la « question russe ». Un jour, Leonid Schebarschin s’est exprimé ainsi : « L’Occident ne veut qu’une chose de la Russie : qu’elle disparaisse. » La manière dont on supprime les faibles, on l’a vu à l’exemple de la Libye. La manière dont on se casse les dents sur les plus forts, on le voit à l’exemple de la Syrie.
                      Deuxièmement : les variantes libyenne et syrienne de l’attaque de l’OTAN montrent, comment les évènements se développeront chez nous dans le cas d’actions militaires : la guerre est menée par des mercenaires, avant tout des Arabes, mais aussi par des entreprises militaires privées. Selon le modèle syrien, on tentera de déstabiliser le Caucase et la région de la Volga : on occupe une ville ou une partie de celle-ci, on perpètre des massacres, on en appelle à l’« opinion mondiale », qui exigera à des sanctions, des contrôles, des bases militaires, (nous en avons déjà une dans l’arrière-pays, c’est-à-dire la base de renfort de l’OTAN à Uljanovsk).
                      Troisièmement : Malgré tout le rôle décisif du facteur extérieur, l’état de l’« objet », que vise ce facteur, joue dans la situation en Syrie un rôle extrêmement significatif : un système de gouvernement inefficient, la corruption etc., tout cela agrandit la cible. De ce point de vue, la Russie est aussi très vulnérable. Nous avons des dirigeants tout aussi inefficaces, de la corruption, une économie criminalisée, une étroite imbrication entre nos dirigeants économiques et l’économie mondiale, par conséquent aussi une couche de Compradores pro-occidentaux, en même temps une couche supérieure de niveau professionnel et moral très bas, la pré-domination des intérêts de certains clans avant l’intérêt du pays. Sans parler de la décadence de l’armée, de la crise intellectuelle et morale, ainsi que de l’« usure » du potentiel humain d’une partie importante de la population.
                      Il est certainement vrai qu’une menace extérieure peut souder et mobiliser la population, car il en a toujours été ainsi avec la Russie, que ce soit en 1612, 1812 ou 1941. L’adversaire ne le sait que trop bien. Dans ce sens, l’article de Henry Kissinger sur la situation de la Syrie paru récemment est très intéressant : Contrairement à ses habitudes de tout exprimer clairement, il existe là une quantité d’explications diffuses, y compris des allusions au Saint-Empire romain et à la manière dont il a finalement été détruit. Pourtant, si l’on suit uniquement la pure logique de ce texte et qu’on exprime exactement ce que l’un des plus grands « instigateurs » de ce monde a insinué, on obtient ceci : Le « vieil Henry » met en garde l’Occident d’exercer trop de pression sur la Syrie, car cela pourrait avoir comme conséquence une position intransigeante de la Russie qui la pousserait à une confrontation avec l’Occident. Et cela cache le risque de perdre tout ce qu’on a récolté au cours des vingt dernières années à la suite de l’affaiblissement de la Russie. Ces résultats sont plus importants que la Syrie.
                      En effet, une confrontation avec l’Occident peut modifier fondamentalement la situation de la Russie et ceci dans toutes les couches sociales, mais avant tout dans la couche supérieure, qui non seulement comprendra mais aussi éprouvera à ses dépens que l’élite occidentale ne l’accueillera jamais dans son milieu, mais qu’au contraire tôt ou tard celle-ci la mangera. S’il en est ainsi, alors un changement de cours radical est nécessaire, au moins pour préserver les richesses, son statut et la vie. Les exemples de dirigeants arabes pro-occidentaux comme Ben Ali ou Moubarak montre donc la teneur en vérité de la thèse de l’excellent géopoliticien russe Alexej Jedrichin-Wandam qu’« il n’y a qu’une chose qui puisse être pire que l’hostilité avec les Anglo-Saxons : c’est l’amitié avec eux ». L’Occident, en particulier les Anglo-Saxons, ne garantissent jamais rien à personne et encore moins à quelqu’un qui a trahi son pays et son peuple. Les anciens aimaient à dire : « Roma traditoribus non premia » (Rome ne paie pas les traîtres). A vrai dire, ils les payaient bien, mais seulement jusqu’à un certain moment. Ensuite, on prend des chemins différents. Cela aussi, c’est une leçon à tirer du Proche-Orient par Moscou.

                      KP : Quand pourra-t-on, à votre avis, s’attendre à des changements significatifs de la situation ?

                      A.F. : Suis-je donc un prophète ? C’est difficile dans le monde actuel, qui se situe à la croisée des chemins, d’émettre quelques pronostics. Mais si l’on part de l’état de l’économie des États-Unis, dont la rémission (dans le sens médical) sera terminée selon certaines prévisions au printemps 2013, et si l’on pense qu’on ne peut probablement pas s’attendre à des actions de grande envergure avant les élections présidentielles américaines, alors on arrive à la période entre environ décembre 2012 et février 2013.

                      KP : Ciel, vous nommez des dates véritablement mystiques : la fin du monde selon le calendrier des Mayas, la venue du meurtrier céleste Nibiru…

                      A.F. : Ce n’est pas du mysticisme, mais de la manipulation de la conscience publique, dont le détachement des problèmes réels et l’effarement jusqu’à un état dans lequel l’être humain appelle lui-même : « Je suis pour un gouvernement mondial, lui seul peut me sauver de la catastrophe, du gigantesque astéroïde, des extraterrestres …! » Encore bien plus dangereux que les extraterrestres sont ces « boys », qui vivent au-delà du Bien et du Mal et emportent l’humanité avec la cruauté impitoyable des reptiles. Ce sont eux qui s’attaquent à la Syrie et ce sont eux qu’il faut stopper maintenant à la « frontière de la Syrie ». Comme le disait Voltaire: « Ecraser les vipères » !
                      (Source : KP.ru ; Traduction : Horizons et Débats)

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                      • #12
                        « Protocole de Doha » : fin de l’État syrien ?

                        « Protocole de Doha » : fin de l’État syrien ?

                        Il faudra sans doute attendre encore des mois, certainement des années, avant que ne soit reconstitué le processus par lequel la Syrie s’est retrouvée piégée dans cette guerre civile. A l’évidence, Damas n’en a pas mesuré la dangerosité, non seulement pour le régime en place mais, singulièrement, pour la Syrie qui risque de disparaître en tant qu’État national. Or, le voile commence à se lever sur les circonstances du «conclave» qui s’est tenu à Doha au début du mois de novembre dernier, qui a vu une «opposition» hétéroclite, divisée, sans programme et sans perspective, se donner un chef, Ahmed Moez Al-Khatib et se former en «coalition».

                        Mais pour arriver à ce résultat, les «opposants» syriens ont été sommés par le Qatar de «trouver» un accord, sine qua non, avant de sortir de la salle mise à leur disposition, affirment des sources proches du dossier. Autant dire que les «opposants syriens» avaient le «revolver» sur la tempe pour arriver à cet accord minimum. Le Premier ministre qatari, Cheikh Hamad bin Jassim bin Jaber al-Thani, y veillait personnellement. En réalité, la «révolte» en Syrie, totalement prise en charge par des pays étrangers et leurs services de renseignements, a été une guerre par procuration contre l’État national syrien, laquelle guerre n’avait besoin de «Syriens de service» que pour servir de «couleur locale».
                        En Syrie ce sont des combattants venus de nombreux pays arabes, des éléments d’Al Qaïda, des djihadistes d’Afghanistan, de la Somalie et autre Pakistan, bien armés, qui tuent la population civile syrienne et se battent contre l’armée syrienne aux côtés d’une poignée de déserteurs. Donc, à Doha, il fallait «unifier» l’opposition dont la crédibilité était mise en doute y compris par l’un de ses principaux bailleurs de fonds, les États-Unis qui ont pesé de tout leur poids pour redonner un semblant de cohérence et de visibilité à une opposition créée de toutes pièces par la France, le Qatar et les États-Unis, notamment, appuyée par la Turquie laquelle a obtenu de l’Otan l’installation sur son territoire de missiles «Patriot» aux frontières avec la Syrie. Doha aura donc été un recentrage de la rébellion qui n’arrivait pas à concrétiser les objectifs que lui ont tracés ses commanditaires.

                        On comprend en fait, le pourquoi de la chose lorsque l’on connaît les clauses du «Protocole» de Doha, dont nous avons pu consulter le document, formulé en treize points qui se détermine comme suit:
                        «1- Réduction du nombre des soldats de l’armée syrienne à 50 000;
                        2- La Syrie ne pourra faire valoir son droit à sa souveraineté sur le Golan que par les moyens politiques. Les deux parties signeront des accords de paix sous l’égide des États-Unis et du Qatar;
                        3- La Syrie doit se débarrasser, sous la supervision des États-Unis, de toutes ses armes chimiques et bactériologiques et de la totalité de ses missiles. Cette opération doit se dérouler sur les terres de Jordanie;
                        4- Annulation de toute revendication de souveraineté sur Liwa Iskandaroun (« Le Sandjak d’Alexandrette ») et désistement au profit de la Turquie de certains villages frontaliers habités par les Turkmènes dans les «mouhafadhas» d’Alep et d’Idlib;
                        5- Renvoi de tous les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan, ceux recherchés par la Turquie lui seront livrés. Inscription de ce parti sur la liste des organisations terroristes;
                        6- Annulation de tous les accords et conventions signés avec la Russie et la Chine dans les domaines des forages du sous-sol et de l’armement;
                        7- Permettre le passage à travers le territoire syrien d’un gazoduc qatari à destination de la Turquie puis de l’Europe;
                        8- Permettre le passage à travers le territoire syrien des conduites d’eau en provenance du barrage Atatürk et à destination d’Israël;
                        9- Le Qatar et les Émirats arabes unis s’engagent à reconstruire ce qui a été détruit par la guerre en Syrie à la condition que leurs sociétés aient l’exclusivité de la reconstruction et de l’exploitation du pétrole et gaz syrien;
                        10- Gel des relations avec l’Iran, la Russie et la Chine;
                        11- Rompre les relations avec le Hezbollah et les mouvements de résistance palestinienne;
                        12- Le régime syrien sera islamique et non salafiste;
                        13- Le présent accord entrera en application dès la prise du pouvoir» (par l’opposition, Ndlr).
                        Fin de citation.

                        C’est là le prix des pressions étrangères et de la démission et de la traîtrise arabes. Un prix fort, exorbitant pour la Syrie, que des personnes se disant «Syriennes» ont avalisé. En fait, cet accord, ou plutôt ce «Protocole» constitue donc le prix que l’opposition syrienne aura à payer une fois installée au pouvoir à Damas, comme le précise l’article 13 dudit «accord de Doha». Ainsi, chacun des parrains de la «révolte du peuple syrien» s’est servi selon ses voeux et demandes.
                        Les États-Unis en désarmant la Syrie et en l’éloignant de ses amis, la Turquie en récupérant des villages syriens et en rectifiant à son profit la frontière, le Qatar en s’octroyant la «reconstruction» du pays et l’Arabie Saoudite par la mise en place d’un régime islamiste à sa dévotion. C’est là en réalité une castration en règle de la Syrie, dépouillée de sa souveraineté dans le même canevas qu’ont été pour l’Égypte les accords de Camp David en 1979.
                        De fait, c’est à peine si on n’exige pas de «l’opposition» – portée à bout de bras par le Qatar – la reconnaissance immédiate d’Israël, dont on prévoit cependant (article 2 de l’accord de Doha), un règlement négocié. Un partage du magot syrien. Nulle part il n’est question de démocratie, de liberté, de droits de l’homme, de construction d’une nouvelle Syrie où les Syriens, quelles que soient leur ethnie, religion et croyance, jouiraient des mêmes droits. Or, chacun des «parrains» s’est d’abord servi et a pris ce qu’il voulait. Pour ceux qui connaissent l’histoire mouvementée du Proche-Orient ottoman, tout s’explique et Doha n’a été que le point de non-retour d’une opposition syrienne qui n’avait pas voix au chapitre. Elle n’était là que pour justifier la «syrianité» des événements.
                        On l’a bien vu au Caire avec le nouveau «patron» de la «coalition» Ahmed Moez al-Khatib venu dans les bagages de Cheikh Hamad bin Jassim bin Jaber al-Thani à la réunion de la Ligue arabe qui eut lieu à la mi-novembre. En Syrie, le processus activé pour la Libye est dépassé et fait désormais craindre une déstabilisation générale du monde, voire sa fragmentation comme des «experts» civils et militaires américains y travaillent sans désemparer. A méditer!

                        Noureddine Merdaci
                        Dernière modification par choucha, 28 février 2013, 13h29.

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                        • #13
                          merci Choucha pour ces points de vue

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