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Justice Italienne : Deux Algériens, injustement incarcérés, indemnisés.

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  • Justice Italienne : Deux Algériens, injustement incarcérés, indemnisés.

    La cour d’appel italienne a reconnu le droit à une indemnisation à deux Algériens injustement accusés d’appartenir à une cellule terroriste. Leurs deux autres concitoyens, incarcérés pour la même affaire, attendent encore réparation.

    Vicence (Italie).
    De notre envoyée spéciale

    C’est une histoire incroyable, que celle qui a vu la vie de quatre Algériens, résidant au nord de l’Italie, basculer dans un cauchemar noir, à cause d’une traduction erronée, de leur conversation téléphonique, écoutée par les policiers.
    Farid, Nabil, Ali et Khaled étaient loin, en ce 21 juillet 2006, de s’attendre à voir leur domicile perquisitionné et leur liberté confisquée sans raison. Même l’imagination du cinéaste le plus créatif n’aurait pu enfanter la trame d’un drame aussi poignant. Le calvaire de Ali Touati, Khaled As, Nabil et Farid Gaad commence à cause d’un interprète égyptien peu scrupuleux. Une banale conversation téléphonique écoutée et enregistrée par les enquêteurs italiens et lors de laquelle l’un d’eux, gérant d’un centre de taxiphone à Vicence (600 km de Rome), informe son ami qu’il allait rencontrer la «djma’â», c’est-à-dire «la bande de copains» en dialecte algérois. Mais le traducteur égyptien, par légèreté ou pour une autre raison, assure aux policiers que les deux Algériens se réfèrent au «Groupe salafiste pour la prédication et le combat».

    Cela a suffi pour que le Raggruppamento Operativo Speciale (ROS) des Carabinieri de la Vénétie et de la Lombardie déclenche une opération antiterroriste pompeusement baptisée «Numidia» qui a abouti à l’arrestation et l’incarcération des quatre malheureux. L’information avait fait la une des journaux, avec en gros titre : «Quatre Algériens appartenant à Al Qaîda arrêtés». Transférés dans deux prisons, loin de leur lieu de résidence, à Padova et à Monza, ils sont placés en isolement carcéral. D’audience en audience, les quatre détenus clament sans cesse leur innocence et seront finalement reconnus non coupables après douze longs mois d’emprisonnement. Les accusations d’appartenance à une organisation terroriste et de soutien logistique aux candidats «à la guerre sainte» qui fournirait de faux documents, tomberont comme un château de cartes, en dernière instance, le 4 août 2007, grâce à la clairvoyance d’un juge du tribunal de Venise. Le procureur de la République avait requis 3 ans et demi de prison contre eux, arguant que d’autres conversations mises sur écoute attestent de la compassion des quatre pour les «musulmans arrêtés après les attentats de Londres de 2005». A cela, la défense avait répliqué : «On ne peut condamner des idées. Nous sommes dans un Etat de droit et la Constitution nous l’interdit.»

    Une terrible injustice

    «Notre réputation est désormais compromise. Qui va nous recruter ? Je ne réalise toujours pas ce qui m’est arrivé», déplore Khaled As, 37 ans, originaire de Djelfa, en Italie depuis 20 ans. «Contrairement à nos deux concitoyens, Khaled et moi n’avons pas obtenu l’indemnisation. C’est absurde, nous sommes victimes de la même erreur judiciaire et pourtant la justice nous a exclus de la réparation», nous explique Ali Touati, 40 ans, originaire de Baraki, qui avait été contraint à laisser sa femme et ses deux enfants sans subsistance pendant plus d’un an, à cause de cette arrestation arbitraire. Les deux frères Gaad, Farid 43 ans et Nabil 31 ans, qui se sont déplacés à Brescia depuis, recevront chacun 50 000 euros environ. «Nos concitoyens ont subi un tort. Nous sommes soulagés que leur innocence ait été établie et espérons que tous auront droit à une juste compensation», nous confie le vice-président de l’Association des Algériens de Vicence, Salim Meknassi.

    Quelques dizaines d’Algériens sont établis dans la province de Vicence. Pour leur part, les responsables consulaires de Milan nous affirment avoir été informés par les autorités italiennes, y compris du refus d’indemniser Khaled et Ali, sans toutefois que les raisons ayant motivé cette décision leur soient communiquées. Les deux victimes ont été jusqu’à saisir la Cour européenne des droits de l’homme qui leur a communiqué, dans une lettre au contenu curieusement sec et brutal, le rejet de leur requête. Datée du 5 novembre 2012 et adressée à l’avocat des Algériens, Paolo Meli, la lettre énonce sur un ton laconique : «La décision de la cour est définitive et ne peut faire objet de recours. La chancellerie de la cour ne sera pas en mesure de vous fournir des précisions sur la délibération du juge unique…» Ali nous confie avoir été très déçu par cette réponse qui dénote, selon lui, «tout le poids des préjugés qui pèsent sur nous autres musulmans, même quand nous sommes innocents et victimes d’abus».

    Les avocats italiens assurent avoir épuisé tous les recours prévus par la justice pour défendre le droit des deux ex-détenus à une juste indemnisation. «Ils nous invitent à saisir les autorités de notre pays», nous raconte Khaled très amer. «Nous avons subi un grave préjudice moral, physique et existentiel. Nous espérons que le gouvernement algérien, par la voie du ministère de la Justice et celui des Affaires étrangères, s’activera en saisissant les autorités italiennes afin que cette injustice soit réparée», espère Ali. Pour d’autres Algériens, Redouane, Abdelkader (tous deux ex-imams du centre islamique de Vicence), «arbitrairement expulsés», selon leurs proches, à la même période, aucune indemnisation ne saurait compenser le tort qui a bouleversé à jamais leur vie et celle de leurs enfants nés en Italie.

    Par Nacéra Benali - El Watan.
    Il y a des gens si intelligents que lorsqu'ils font les imbéciles, ils réussissent mieux que quiconque. - Maurice Donnay

  • #2
    il y a surement une raison pour ne pas etre indemniser alors que les deux autres l'ont étaient ?

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    • #3
      cela ne risque pas d'arriver en Algerie.

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      • #4
        Franchement, si les services de renseignements étrangers utilisent des traducteurs égyptiens, on est pas sorti de l'auberge! Si ces mêmes services n'ont pas compris qu'il y a la même différence entre le dialectal algérien et le parler égyptien qu'entre le chinois et l'anglais, alors ils vont droit dans le mur.

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