Cheikh Yassine a fait de ses “visions” un mode d'action politique. Il a notamment expliqué à ses adeptes que l'année en cours serait “l'année de la Qawma” (insurrection populaire). Selon un membre du cercle rapproché de Yassine, ce dernier prétend rencontrer régulièrement le prophète Mohammed. Mieux, il raconte que l'ange Gabriel décrit dans le détail sa version occulte de la révolution. Selon cette version illuminée de l'histoire, “le Maroc va être plongé dans des révoltes populaires sans fin, ce qui poussera l'armée à tirer pour rétablir l'ordre. Après une période de troubles assez sévères, l'armée (sous pression des islamistes) devra transférer le pouvoir à Yassine et ses adeptes”, explique sans sourciller une adliste. Comme ses adeptes accordent un crédit sans concession à ces visions, Yassine est aujourd'hui pris à son propre piège. Au cas où la prophétie ne se réaliserait pas, quelle serait la réaction de ces disciples qui croient fermement que les visions et les paroles du cheikh sont des messages de Dieu lui-même ? La précipitation avec laquelle Yassine cherche le clash avec le pouvoir s'explique autant par l'imminence de l'échéance 2006 que par le rêve du cheikh de régner sur un califat musulman qui s'étendrait de Rabat à la Mecque. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs que les communiqués destinés à l'étranger sont désormais signés “Jamaâ Al Adl Wal Ihsane Fil Maghrib Al Aqsa” et que les services recensent de nombreux adlistes algériens, tunisiens et égyptiens qui n'hésitent pas à faire le déplacement à Salé pour assister aux causeries du cheikh. Sur la question du califat, Yassine n'a d'ailleurs jamais caché son admiration pour le guide de la révolution iranienne.
Khomeiny a radicalisé et systématisé sa pensée autour d'une conviction profonde : la démocratie n'est pas le système adéquat pour l'Iran. D'après lui, les oulémas héritiers du prophète détiennent l'autorité religieuse et politique, jusqu'au retour de l'imam caché. Ces hommes de religion ont le pouvoir de désigner le plus savant d'entre eux pour concentrer l'autorité. Après la révolution islamique, ce principe est devenu la base du nouveau régime iranien que Khomeiny a défini comme le pouvoir absolu du religieux sous le nom de “wilayat-El-faqih”. Remplaçons les références chiites par un habillage sunnite et nous aurons un concentré de la pensée de Yassine. D'autant plus que ce dernier n'a jamais renoncé à son projet de remplacement du régime par un “Califat sur le mode prophétique” et qu'il refuse toujours de reconnaître le statut de Commandeur des croyants au roi. Telle est, en tout cas, l'interprétation faite par les services secrets marocains de ce qui s'apparente, chez les adlistes, à un tournant historique.
Mis à part les rêves des adeptes, Yassine a-t-il les moyens matériels de sa révolution ? Un adliste convaincu traduit ainsi le scénario rêvé par le cheikh : une sortie en masse des militants islamistes débouche sur des révoltes qui embraseraient le pays et obligeraient l'armée à tirer sur la foule. Là encore, Yassine évoque le précédent iranien, assurant que les soldats se rangeront en fin de compte du côté des insurgés. Le cheikh a-t-il les moyens d'organiser lui-même “la chute de la monarchie” ? “Rien ne le prouve. Le postulat, troubles, réaction armée, puis prise de pouvoir par l'armée, qui tendra ensuite les bras à Al Adl est trop simpliste”, estime un responsable sécuritaire. D'autant plus que selon les observateurs, il est fort improbable que l'armée soit infiltrée à ce point par les adeptes de Yassine. “Il y a peut-être quelques éléments de base qui pourraient sympathiser avec la mouvance mais on peut compter sur les services de renseignements de l'armée pour tenir un listing détaillé de tous les soldats qui auraient quelque sympathie pour les islamistes, qu'ils soient salafistes ou adlistes”, rappelle une source proche de l'Intérieur, où l'on semble prendre très au sérieux les gesticulations de la Jamaâ.
Source TelQUEL
Khomeiny a radicalisé et systématisé sa pensée autour d'une conviction profonde : la démocratie n'est pas le système adéquat pour l'Iran. D'après lui, les oulémas héritiers du prophète détiennent l'autorité religieuse et politique, jusqu'au retour de l'imam caché. Ces hommes de religion ont le pouvoir de désigner le plus savant d'entre eux pour concentrer l'autorité. Après la révolution islamique, ce principe est devenu la base du nouveau régime iranien que Khomeiny a défini comme le pouvoir absolu du religieux sous le nom de “wilayat-El-faqih”. Remplaçons les références chiites par un habillage sunnite et nous aurons un concentré de la pensée de Yassine. D'autant plus que ce dernier n'a jamais renoncé à son projet de remplacement du régime par un “Califat sur le mode prophétique” et qu'il refuse toujours de reconnaître le statut de Commandeur des croyants au roi. Telle est, en tout cas, l'interprétation faite par les services secrets marocains de ce qui s'apparente, chez les adlistes, à un tournant historique.
Mis à part les rêves des adeptes, Yassine a-t-il les moyens matériels de sa révolution ? Un adliste convaincu traduit ainsi le scénario rêvé par le cheikh : une sortie en masse des militants islamistes débouche sur des révoltes qui embraseraient le pays et obligeraient l'armée à tirer sur la foule. Là encore, Yassine évoque le précédent iranien, assurant que les soldats se rangeront en fin de compte du côté des insurgés. Le cheikh a-t-il les moyens d'organiser lui-même “la chute de la monarchie” ? “Rien ne le prouve. Le postulat, troubles, réaction armée, puis prise de pouvoir par l'armée, qui tendra ensuite les bras à Al Adl est trop simpliste”, estime un responsable sécuritaire. D'autant plus que selon les observateurs, il est fort improbable que l'armée soit infiltrée à ce point par les adeptes de Yassine. “Il y a peut-être quelques éléments de base qui pourraient sympathiser avec la mouvance mais on peut compter sur les services de renseignements de l'armée pour tenir un listing détaillé de tous les soldats qui auraient quelque sympathie pour les islamistes, qu'ils soient salafistes ou adlistes”, rappelle une source proche de l'Intérieur, où l'on semble prendre très au sérieux les gesticulations de la Jamaâ.
Source TelQUEL
Commentaire