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L’engagement algérien de Stéphane Hessel

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  • L’engagement algérien de Stéphane Hessel

    Ecrivain, diplomate, humaniste et infatigable militant des droits humains, Stéphane Hessel nous a quitté mercredi dernier à Paris. El Watan Week-end donne la parole aux Algériens

    «C’était un défenseur de l’indépendance de l’Algérie. Il ne comprenait pas pourquoi la France, qui avait résisté au nazisme, voulait à tout prix garder ses colonies.» Nadjia Bouzeghrane, journaliste et membre fondateur d’El Watan, a, au cours de sa carrière, rencontré plusieurs fois Stéphane Hessel. L’intellectuel français, décédé dans la nuit de mardi à l’âge de 95 ans, est toujours resté très attaché à l’Algérie où il fut diplomate, conseiller puis chef de la mission culturelle et universitaire de 1963 à 1969. «Il faut savoir qu’à l’époque, l’Office culturel français était une structure très importante !, rappelle Amazit Boukhalfa, journaliste. Toute la génération de cadres qui ont assuré le développement de l’Algérie après 1962 sortait de l’école française ! L’Office gérait toute la coopération algéro-française — essentiellement les enseignants — et deux grands établissements : les lycées Descartes et Gauthier.

    L’enjeu pour la France était de taille, car il ne fallait pas perdre cette grande puissance francophone qu’était l’Algérie. C’est la raison pour laquelle elle y envoyait des gens efficaces, comme Stéphane Hessel.» Ce dernier a aussi fait partie des signataires de la pétition à l’initiative du site Médiapart en octobre 2011, pour la reconnaissance du 17 Octobre 1961. Il fut aussi un des fondateurs de l’association France-Algérie en 1963 aux côtés de Germaine Tillion et d’autres personnalités françaises réunies à l’initiative du général de Gaulle autour d’Edmond Michelet, ancien garde des Sceaux. Elles avaient en commun la conviction profonde que l’accession de l’Algérie à l’indépendance en juillet 1962 pouvait établir entre les deux Etats et les deux peuples une ère nouvelle de relations faites d’estime et d’amitié. «Nous avions eu beaucoup d’amitié pour lui, parce qu’il était très ouvert et non conformiste, se souvient Rédha Malek, ancien Premier ministre et membre de la délégation FLN pendant les Accords d’Evian. Avec le temps et la réflexion, le diplomate qu’était Stéphane Hessel est devenu penseur connu pour ses sacrifices et ses positions très courageuses tout au long de sa vie, notamment en ce qui concerne l’Algérie et la Palestine.»

    Nadjia Bouzeghrane se rappelle son engagement dans les années 1990. «Je l’ai connu pendant la décennie noire. Il s’était mobilisé aux côtés des démocrates algériens ! A chaque fois que je le rencontrais, c’était toujours autour d’une cause : le terrorisme en Algérie, la Palestine, surtout après l’opération Plomb durci sur Ghaza. Il s’était rendu à Ghaza avec sa femme grâce à son passeport diplomatique, quand d’autres militants pour les droits des Palestiniens ont été refoulés. Lui, le juif résistant passé dans les camps de concentration, a interpellé le gouvernement israélien. Il ne comprenait pas comment des dirigeants d’un peuple qui a subi tant d’exactions puissent reproduire cela sur un autre peuple.» Quand la fondation Frantz Fanon lui a remis un prix à la faveur de la semaine anticoloniale le 20 février 2011, Stéphane Hessel avait déclaré : «Ne vous laissez pas décourager, le monde est en train de bouger.

    Ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, partout dans le Monde arabe et au Proche-Orient, tout cela signifie que ma génération va partir, mais que la jeune génération va poursuivre notre effort, notre lutte et nos combats, pour qu’il n’y est plus, sur cette terre, de femmes et d’hommes qui ne bénéficient pas de leur liberté de citoyen dans un Etat libre. Cela il faut fortement le souhaiter pour les Palestiniens qui, depuis soixante ans, souffrent d’une oppression inadmissible.» Nadjia Bouzeghrane, qui l’a interviewé à cette occasion, sourit : «Ce qui m’a toujours frappé chez Hessel, c’est cette jeunesse d’esprit et cet optimisme. Il était aussi profondément libre. Juif, il n’a pas hésité à critiquer Israël pour la colonisation de la Palestine. Français, il n’a pas manqué de critiquer la politique de l’immigration de son pays.» Stéphane Hessel sera inhumé jeudi 7 mars au cimetière Montparnasse à Paris.



    Comment observez-vous ce qui est en train de se passer au Maghreb et dans le monde arabe ? :

    Je pense que le moment est venu de s’apercevoir un peu partout dans le monde, mais en tout premier lieu dans les pays despotiquement gouvernés, qu’il est possible désormais pour les peuples, eux-mêmes, de revendiquer plus de justice sociale, un accès pour tous à l’éducation, à la santé, au logement, toutes choses qui figurent dans la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée il y a 65 ans, mais qui ne sont pas encore traduites dans la réalité. Ce besoin de traduire dans la réalité ces valeurs, les peuples du Sud de la Méditerranée l’ont profondément ressenti comme pouvant conduire, par leur indignation d’abord, leur engagement ensuite, à plus de justice sociale et à une vraie démocratie.

    Extrait de l’interview du 27 février 2011 «Plus de justice sociale et une vraie démocratie pour les peuples du Sud» par Nadjia Bouzeghrane, publié dans El Watan.
    Faten Hayed- EL WATAN
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