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L'argent du Hezbollah

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    Pour alimenter le débat...

    Les diamants, le racket, la drogue

    Début 2000, alors qu’ils livrent un épais rapport sur le rôle joué par la Belgique dans le trafic de diamants angolais, les agents du service belge de renseignements militaire – le SGRS – allument la mèche : « Il existe des indications que la Lebanese connectie citée dans les trafics de diamants se retrouve aussi dans les dossiers de blanchiment, commerce de drogue et le financement d’organisations terroristes telles que (…) le Hezbollah. » Le rapport cite des noms bien connus à Anvers et Abidjan : certains démentent, d’autres laissent passer l’orage.

    Avant de mourir en juillet 2005, le belge Carlos Ferreira, « diamantaire » attitré du chef rebelle Jonas Savimbi, nous confirmera le schéma global, sinon les noms : les libanais liés au Hezbollah achetaient les pierres du trafic au Sud Congo et sur la place de Kinshasa, de même qu’à Abidjan, à l’époque où les guerres du Libéria et de Sierra Leone faisaient remonter les diamants vers la Côte d’Ivoire. Ces « diamants de la guerre » en alimentaient une autre au Proche Orient.

    En avril 2003, l’ONG Global Witness reprend la liste éventée par les services secrets belges. Elle épingle le libanais I.B., autrefois proche de Mobutu, l’un des principaux courtiers en armes de l’Unita, et que ses activités ont lié au trafiquant d’armes russe Viktor Bout. Pour Global Witness, la famille B., grande brasseuse de diamants d’origine contestée, est indubitablement un soutient du Hezbollah. Mais ce n’est pas tout : en sens inverse, l’Angola en guerre représente un endroit où le Hezbollah peut se développer et s’entraîner. Fin 2002, alors que le Hezbollah a réussi une première percée en Amérique du Sud, Global Witness note qu’un chef du Hezbollah au Paraguay est envoyé en Angola pour y lancer le mouvement.

    Le commerce de diamants illicites, certaines activités de trafic d’armes ne sont pas les seules sources de fonds. Dans des villes minières comme Bo et Kenema au Sierra Leone, jusqu’à 80% des licences de diamantaires sont aux mains des libanais chiites, majoritairement de Tyr et du Sud-Liban. Et là, c’est de racket qu’il conviendrait de parler, la rumeur évoquant la présence de délégations du Hezbollah venant opérer ponctuellement les levées de fonds.

    On entre là dans les activités planétaires du Hezbollah, hors sites diamantaires. Le Hezbollah est capable de bien des choses : ainsi en mars dernier, un juge du Michigan démantèle un groupe criminel actif de 1996 à 2004. Ses spécialités : contrebande de cigarettes (détournées des réserves indiennes), contrefaçons de papier Zig Zag, contrefaçons de Viagra et contrefaçons de timbres fiscaux. Le groupe opérait au Liban, au Canada, en Chine, au Brésil, au Paraguay, aux Etats-Unis bien sûr et récoltait des fonds pour le Hezbollah. L’un des cerveaux du groupe était déjà inculpé et poursuivi pour racket au profit du Hezbollah. Cette-fois, il lui est spécifiquement reproché d’avoir imposé une « taxe de résistance » sur les cartons de cigarettes de contrebande, de même qu’un racket présenté comme un soutien financier aux orphelins des commandos suicides.

    Le trafic de drogue est une autre ressource évidente : au début limité (pour raisons religieuses), le financement du Hezbollah par les stupéfiants a été documenté par plusieurs enquêtes fédérales américaines. Le schéma devenait politiquement défendable dès qu’il s’agissait d’importer de la cocaïne aux Etats-Unis.

    Alain LALLEMAND

    LE SOIR édition du 9 août 2006
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