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Chine 1ère puissance mondiale dès 2016 : 5 000 ans de civilisation, quels sont les secrets de sa longévité ?

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  • Chine 1ère puissance mondiale dès 2016 : 5 000 ans de civilisation, quels sont les secrets de sa longévité ?

    Depuis 5 000 ans, la Chine imprègne toute la culture de l'Asie de l'Est, aussi bien au niveau religieux que linguistique. Selon l'OCDE, le pays sera même la 1ère puissance mondiale en 2016. Premier volet de notre série consacrée à la Chine.


    Atlantico : Quels sont les éléments de la culture chinoise qui lui ont permis de perdurer quand la plupart des autres grandes civilisations de l’Histoire ont fini par disparaître ?


    Cyrille Javary : Le premier élément de cette particularité est que, de toutes les civilisations nées sur le continent eurasien, la civilisation chinoise est la seule qui a toujours habité le même territoire. C’est une civilisation de paysans sédentaires qui cultivent les céréales sur ces mêmes terres et cela depuis que les hommes pratiquent l'agriculture. Ainsi, à la différence de toutes les autres civilisations, la Chine ne s’est créée ni par les conquêtes ni par les migrations. C’est un élément fondamental de la façon de penser des Chinois car cela remet en cause la notion de début. Quand un peuple migre ou qu’un pays est annexé, cela constitue un marqueur temporel fort de commencement, ce qui n’existe pas le cas pour la Chine.


    Ensuite, la culture chinoise a créé un système d’écriture unique au monde qui fonctionne autour de la représentation d’idées ou de situations et non pas de sonorités comme dans tous les autres systèmes graphiques du continent eurasien. Cela sert de base à une pérennité unique dont l’exemple le plus frappant est que les Chinois n’ont pas changé de système politique depuis 3000 ans. Jusqu’à aujourd’hui. Le pays est toujours gouverné par un parti unique, avant le Parti Communiste, il s'agissait du Parti des lettrés, ceux qui avaient réussi aux examens impériaux (et qui occupaient tous les postes gouvernementaux du gardien de nuit au Premier ministre) dirigeaient le pays. Ce système de méritocratie qui avait ébloui Voltaire permettait à n’importe quel Chinois de s’y présenter autant de fois qu’il le souhaitait. Cela a permis à la Chine d’avoir une énorme avance sur le reste du monde jusqu’à la Renaissance. Évidemment, cela était plus simple de réussir ces examens quand on était fils de lettré, mais il n’était pas rare que les habitants d’un village se cotisent pour payer des études à l’enfant le plus éveillé du village pour qu’il réussisse. Ce système permettait aux Lettrés de disposer en permanence des meilleurs cerveaux du pays à la différence du système féodal français dans lequel seuls les ordres permettait de s’extraire socialement. Ce n’est que plus tard avec la montée de la bourgeoisie que l’on a commencé à comprendre l’importance des études.


    En Chine, le système est le même lorsque que quelqu’un présente sa candidature au Parti. Trois ans d'enquête sont d'abord menés sur le candidat. Sont interrogées toutes les personnes l’ayant fréquenté, la famille, les camarades de classe, les nounous, les professeurs. Le Parti Communiste Chinois compte actuellement 82 millions de membres soit 5% de la population soit exactement la même part que celle qu’occupaient les Lettrés à l’époque impériale. C’est pour cela que les idées de démocratie occidentale ont du mal à prendre en Chine. Pour les Chinois, la durée est signe d’efficacité. Ils ne voient donc pas pourquoi ils devraient changer de système alors que le leur fonctionne très bien et depuis si longtemps.


    Le rapport entre le visible et l’invisible constitue également l’un des piliers de la longévité chinoise. Les autres cultures eurasiennes rejettent le rapport à l’invisible, soit du coté de l’irrationnel, soit du côté du religieux.


    Enfin, s’il est un élément qu’il faut comprendre et qui peut sembler paradoxal, c’est le rapport "amical" avec le changement. En Chine, il n’y a pas de religion du Salut, pas de Paradis ni d’éternité pour aider à supporter le présent. La seule éternité qui soit est celle des saisons qui se suivent. Ce n’est pas un hasard si le livre de base de la pensée chinoise s’appelle le Yi Jing, c’est-à-dire le classique du changement, le livre des mutations. Celui-ci contient une phrase qui résume cette vision des choses : la seule chose qui ne change pas est le changement. Nous Européens détestons le changement. Ce rapport amical des Chinois avec le changement leur a permis de supporter les immenses bouleversements du XXème siècle. La réponse chinoise à la notion de hasard est celle d’une culture paysanne : le rythme des saisons est immuable, après l’hiver viendra la printemps mais personne ne sait s’il sera pluvieux ou ensoleillé.

    La Chine a donc toujours connu un régime politique centré sur un parti unique. Comment ce pouvoir central peut-il tenir un pays si grand et si culturellement varié ?


    Il faut bien comprendre que dans un système royaliste ou approchant, le Roi lui-même n’est que rarement remis en cause. En général ce sont plutôt les ministres et les préfets qui le sont. On oublie toujours que le 14 juillet 1789 au soir, le peuple de France a dressé une statue à Louis XVI sur les ruines de la Bastille.


    En Chine c’est le même problème mais multiplié par la taille du pays. En effet, la taille du pays et sa structure permettent aux potentats locaux d’édulcorer voire de réduire presque à néant les directives du pouvoir central. C’est une constante de l’Histoire chinoise dont souffre le pays et dont il a toujours souffert. Les Chinois n’ont pas l’impression de vivre dans un pays tyrannique mais l’injustice créée par la corruption des potentats locaux est parfois durement subie. Il faut se rappeler qu’une province chinoise est un pays européens. Imaginez donc que nous ayons quatre-vingts sept pays européens à faire fonctionner ensemble alors que nous n’y arrivons déjà pas à vingt-sept. Les habitants de ces provinces n’ont pas les mêmes traditions, la même cuisine, la même histoire ou encore la même langue mais ce qui les unit c’est qu’ils ont la même écriture. C’est ce qui cimente le pays dans l’espace et dans le temps. Par exemple, tous les films passant à la télévision sont sous-titrés et peuvent ainsi être compris par tout dans le pays.


    De la même manière, un lettré chinois peut lire une stèle datant de l’époque de Confucius sans avoir la moindre idée de comment elle aurait été prononcée par ce dernier. On pourrait comparer cela à la structure du latin au Moyen-Age où un professeur pouvait aller enseigner à Rotterdam, à Milan ou n’importe où ailleurs, système qui a été détruit par les nationalismes.

    Quel est le rôle des différentes philosophies taoïste, confucianiste et bouddhiste, qui régissent la vie spirituelle des Chinois dans la longévité de leur civilisation ?

    Avant tout, il est important d’éviter le terme de religion car il s’agirait d’une projection qui n’a pas cours en Chine. Les Chinois les appellent plutôt des sagesses, ce sont des guides pour la vie quotidienne.
    On fait appel à un Taoïste pour déminer l’invisible quand vous ouvre un magasin mais plutôt à un Bouddhiste pour guider l’âme d’un proche vers le bon chemin. Le Confucianisme quant à lui est une sorte de code de savoir-vivre en société adapté à un pays qui a toujours été surpeuplé.

    Il y a cependant des signes extérieurs de religiosité qui se rapprochent de la perception occidentale, des temples, des moines, des cérémonies. C’est pourtant un rapport très différent au culte, il s’agit plutôt d’une sorte de demande, de négociation. Il y a un rapport très laïque aux forces de l’invisible. La seule vraie religion de Chine est celle de l’Empereur, le fils du Ciel, celui que le régulateur impersonnel du cycle des saisons à choisi pour commander sur terre. On en revient à nouveau à cette tradition paysanne. Cette laïcité des cultes permet à la Chine une formidable capacité d’absorption culturelle. Les derniers exemples en date ne sont pas spirituels mais restent frappants, Le communisme et le capitalisme.

    Cyrille Javary

    Cyrille Javary est sinologue et auteur de nombreux livres sur la culture chinoise dont le dernier Les trois sagesses chinoises. Taoïsme, Confucianisme, Bouddhisme. Écrivain, conférencier et formateur d'hommes d'affaires, il a fondé et dirige le centre Djohi qui forme à la compréhension et l'utilisation du Yi Jing, livre fondateur de la pensée chinoise depuis plusieurs millénaires.


    atlantico.fr


  • #2
    Sacré europiens. Des fois ils disent que c'est la démocratie qui est la porte de la prospérité, maintenant que le développement de la Chine leur montre que le développement économique ne peut etre le résultat de la démocratie, surtout qu'on sait qu'il y a bcp de démocratie pauvre, l'auteur nous parle de la stabilité de la politique chinoise avec le parti unique comme porteur de salut pour le peuple Chinois et son supermatie économique qui va dominer les pays démocratiques tous réunis.

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