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Augmentation du nombre de divorces en Algérie

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  • Augmentation du nombre de divorces en Algérie

    De 2007 à 2011, le divorce a connu une hausse de 61%, passant de 34 123 à 55 490 cas enregistrés l La répudiation, ce droit dont use et abuse l’époux, vient en première position des demandes de divorce l En cinq ans, 106 614 femmes ont été répudiées l Les femmes sont de plus en plus souvent obligées de recourir au khol’â pour se libérer d’une vie conjugale infernale l En 2007, 2466 ont rompu leur union moyennant une compensation versée à leur mari alors qu’en 2011, ce nombre est passé à 7559.

    Quelle interprétation donner au nombre de plus en plus élevé de divorces en Algérie ? Est-ce le résultat de l’échec de l’institution du mariage au sein de notre société ou cela reflète-t-il l’état de la relation entre l’homme et la femme marquée souvent par la domination masculine ? Les réponses sont difficiles à trouver. Néanmoins, il est important de s’arrêter sur les statistiques du ministère de la Justice dans la mesure où elles mettent en exergue cette tendance à la hausse du divorce, dominée par les demandes des hommes, mais celle de la procédure de khol’â à laquelle recourent de plus en plus les femmes pour se libérer d’une relation conjugale qui ne répond pas à leurs aspirations pour une vie meilleure.

    Ainsi, selon le ministère de la Justice, le nombre de divorces en Algérie est passé de 34 123 en 2007 à 55 490 en 2011. En cinq ans, cette hausse a dépassé les 61,4%. Ces chiffres deviennent inquiétants lorsque l’on prend en compte l’évolution des mariages, durant ces cinq dernières années. En effet, celle-ci n’a pas connu de hausse considérable. Selon les données de l’Office national des statistiques (ONS), le nombre de mariages est passé de 325 485 en 2007 à 331 190 en 2008, 341 321 en 2009, à 344 819 en 2010 et à 369 031 en 2011.

    Les spécialistes affirment que 40% des cas de rupture de liens conjugaux interviennent durant les trois premières années de la vie du couple. Mais cela ne veut pas dire que les autres catégories sont épargnées, révèle un cadre du ministère de la Justice. Selon lui, les exemples concernent aussi bien les jeunes mariés que ceux qui ont fêté leurs noces d’or. Les statistiques du ministère de la Justice montrent une augmentation annuelle progressive : de 34 123 cas en 2007, à 39 383 en 2008 pour atteindre 41 549 en 2009, 49 885 en 2010 et 55 490 en 2011.

    Durant ces années, même si la prédominance des demandes de divorce reste masculine, les femmes sont de plus en plus nombreuses à rompre la relation conjugale en recourrant au khôl’â. A travers cette procédure qui leur permet de racheter leur liberté, les épouses expriment, en fait, leur volonté de se délivrer des souffrances d’une vie conjugale qui ne répond pas à leurs aspirations pour une vie meilleure promise dans le cadre de l’institution du mariage. Leur nombre est passé de 2466 en 2007 à 7559 en 2011, soit une hausse de près d’un tiers. En 2008, elles étaient 3197 à avoir recouru au khôl’â ; ce nombre est passé à 4465 en 2009 pour atteindre 5629 en 2010 et 7559 en 2011.

    Le khol’â, une parfaite inégalité entre l’homme et la femme devant la loi


    Les spécialistes qualifient ce type de divorce de parfaite illustration d’une flagrante inégalité des sexes devant la loi, arguant du fait que les hommes ont le droit de demander le divorce de façon unilatérale alors que les femmes ne peuvent le faire que dans dix cas définis par l’article 53 du code de la famille. Il leur est impossible d’obtenir le divorce pour, par exemple, violence conjugale ou mésentente. La procédure de khôl’â est le seul moyen qui leur permet de contourner ces conditions et de racheter au final leur liberté, moyennant une compensation financière au profit du mari qui, lui, a le droit de répudier son épouse à tout moment sans aucun motif.

    Ce droit de rompre le lien conjugal de manière unilatérale, dont use et abuse l’époux, apparaît clairement dans les statistiques du ministère de la Justice.

    Il vient en première position, bien avant celui prononcé à l’amiable. De 2007 à 2011, les tribunaux ont enregistré 106 614 cas de divorces par répudiation. Un chiffre qui chaque année connaît une forte progression. Il est passé de 17 733 cas en 2007 (plus 51% des divorces), à 18 794 en 2008. En 2009, il a atteint 20 134, alors qu’en 2010 et 2011, il est passé respectivement de 24 663 à 25 290 cas.

    Quant aux épouses qui ouvrent droit à une demande de divorce (les dix cas prévus par l’article 53 du code de la famille), même si elles sont de plus en plus nombreuses, il n’en demeure pas moins qu’elles ne représentent qu’une infime proportion (un peu plus de 8%) des cas de rupture de l’union conjugale. En cinq années, elles ont été 16 991 femmes à avoir obtenu le divorce (motivé tel que défini par l’article 53 du code de la famille), période durant laquelle les hommes ont répudié 106 604 épouses, sans motif ni justification. Ce qui constitue, pour les militants des droits de l’homme, une flagrante violation du principe d’égalité entre l’homme et la femme devant la loi.

    Enfin, les statistiques du ministère de la Justice montrent que le divorce à l’amiable connaît lui aussi une progression significative. Durant les cinq dernières années, il est passé de 11 203 cas en 2007 à 16 826 en 2011. Ainsi, si en 2007, le nombre de ruptures de la vie conjugale à l’amiable était de 11 203 cas, en 2008, il a atteint 14 072 cas. En 2009, ce chiffre a baissé pour se situer à 12 994, puis a entamé sa progression à la hausse en 2010 pour atteindre 14 418 cas et en 2011, année durant laquelle 16 826 cas ont été enregistrés.

    Toutes ces statistiques démontrent de manière exhaustive la vulnérabilité de l’institution du mariage du fait des bouleversements que connaît la société algérienne.

    Le chômage, la crise du logement sont parmi les principaux facteurs qui rendent éphémère la vie conjugale. Une vie qui, souvent, s’apparente à un enfer pour une forte proportion des femmes. Les dernières statistiques révèlent, faut-il le rappeler, que plus des deux tiers des femmes mariées ont été, d’une manière ou d’une autre, victimes de violence. Elles sont les plus sujettes aux privations et la loi inique et inégalitaire, consacrée dans notre pays notamment à travers le code de la famille, ne sont pas pour les protéger mais pour renforcer encore plus le statut d’infériorité consacrée à un large pan de la société.


    Salima Tlemçani - El Watan
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