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La lèpre Une épidémie hier, un défi aujourd’hui

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  • La lèpre Une épidémie hier, un défi aujourd’hui

    La lèpre également appelée «maladie de Hansen» est une affection qui existe depuis la nuit des temps. Pendant très longtemps et dans beaucoup de pays, elle resta une maladie honteuse, car on considérait les lépreux comme frappés d’une malédiction les vouant à l’isolement et à l’exclusion sociale. Aujourd’hui, même si cette terreur mythique a disparu dans plusieurs pays, et que le nombre de lépreux a diminué, cette maladie continue toujours à faire des ravages.
    En effet, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) communiqués en janvier dernier à l’occasion de la Journée mondiale de la lèpre, cette maladie fait annuellement plus de 200 000 nouveaux cas, parmi lesquels plus de 20 000 enfants.
    Évolution de la maladie

    Cette pathologie infectieuse qui est due à la bactérie «Mycobacterium Leprae» s’attaque aux nerfs périphériques, à la peau et aux muqueuses, jusqu’à causer de sévères infirmités si elle n’est pas traitée. Elle s’avère alors particulièrement invalidante. Le premier symptôme visible de la lèpre est l’apparition de taches cutanées au niveau desquelles la peau devient insensible. Les bacilles, logés essentiellement dans les tissus de la peau et dans certains nerfs, peuvent être la cause de la perte de la sensibilité ou de la paralysie. C’est cette perte de sensibilité, plus que la maladie elle-même, qui est responsable des dommages occasionnés aux mains, aux pieds, comme les paralysies, les rétractions tendineuses, les maux perforants, les dislocations articulaires, ainsi que les difformités faciales comme l’effondrement du nez, qui, souvent, font partie d’une lèpre non traitée ou négligée. Les atteintes peuvent alors devenir permanentes et conduire à des troubles sévères, des paralysies et des infirmités définitives. Cette maladie est également une des causes les plus communes de la cécité, des brûlures non ressenties, des traumatismes et des complications viscérales, des maladies rénales...
    Transmission

    Jusqu’à récemment, l’être humain était le seul réservoir naturel connu de la bactérie responsable de cette maladie «Mycobacterium Leprae». Mais ce bacille peut également être présent dans le sol. La transmission de la lèpre, quant à elle, est toujours mal connue. Elle remonte souvent à l’enfance par inhalation de «postillons» d’un lépreux contagieux. Elle se fait également par des mucosités de lépreux mises au contact d’ulcérations ou de plaies cutanées, enfin par l’intermédiaire d’objets souillés : linge, oreillers… Tous ces modes impliquent les contacts étroits et durables d’une promiscuité de type familial. La transmission héréditaire n’existe pas, mais une transmission congénitale semble possible. En outre, le sol infecté et les insectes vecteurs (punaises, moustiques) pourraient jouer un rôle dans la transmission de la maladie. En 2011, la preuve est établie d’une transmission possible du tatou (mammifères d’Amérique tropicale et subtropicale) à l’être humain.
    La «Mycobacterium Leprae» se reproduit très lentement. Elle se multiplie en moyenne une fois tous les douze jours. Sa période d’incubation dure généralement de nombreuses années (entre 2 et 10 ans, voire 20 ans).
    Selon les défenses que l’organisme humain oppose à la multiplication des bacilles, la lèpre peut prendre deux formes : la forme bactérienne amoindrie paucibacillaire (PB) (pauvre en bacilles), avec une à cinq lésions cutanées insensibles, c’est la forme la moins étendue et la moins contagieuse, et la forme bactérienne accrue multibacillaire (MB) (riche en bacilles) avec plus de cinq lésions cutanées insensibles, qui est la forme la plus étendue, la plus contagieuse.
    Traitement

    Depuis 1981, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande une thérapie composée de trois antibiotiques comme traitement de référence contre la lèpre.
    Composé de Dapsone, de rifampicine et de Clofazimine, le traitement est capable de détruire la bactérie et de guérir les malades en 6 à 24 mois (en fonction de la gravité). Il doit cependant être administré suffisamment tôt pour faire disparaître les lésions et éviter les mutilations.
    Explications : Adnane El Hassan, médecin généraliste

    «La maladie ne se manifeste que chez 2% des sujets exposées à l’infection»

    ❶ Quels sont les facteurs de risque aggravant la maladie de la lèpre ?
    Les facteurs de risque peuvent être liés à plusieurs causes. On distingue les facteurs relatifs à l’exposition à ML (Mycobacterium Leprae) ; il existe à l’évidence une corrélation entre l’intensité de l’exposition et l’augmentation du risque de contracter la lèpre (lit et maison d’un lépromateux, respectivement 29 et 4,3%.) Il y a aussi les facteurs relatifs à l’environnement, si le climat et l’altitude ne semblent jouer aucun rôle, les facteurs socio-économiques précaires paraissent déterminants dans la dissémination de la maladie (complexe de pauvreté).
    Les facteurs relatifs au sujet réceptif : extrême complexité des facteurs immunologiques. Par ailleurs, beaucoup de personnes sont exposées à l’infection par le BH (bacille de Hansen), mais la maladie ne se manifeste que chez 2% des sujets, ce qui implique une inégalité de réponses vis-à-vis du bacille qui s’explique par la mise en jeu des facteurs immunologique et génétique. Enfin, il y a aussi les facteurs physiologiques. En effet, différents épisodes de la vie génitale de la femme et la malnutrition sont connus pour favoriser ou aggraver une lèpre.
    ❷ Quelles sont les formes de cette maladie ? Et quelle est la plus grave ?
    Il existe deux formes : la forme lépromateuse et la forme tuberculoïde. La lèpre lépromateuse est une forme où les lésions cutanées et muqueuses prédominent : atteinte cutanée avec des macules hypochromiques discrètes, à contours flous. Puis apparaissent les lésions typiques de cette forme, à savoir les lépromes, qui sont des papules luisantes nodulaires de sensibilité normale, siégeant sur tout le corps, mais prédominant au visage. L’atteinte des nerfs est moins sévère dans cette forme, mais il n’y a pas d’immunité vis-à-vis de la bactérie «Mycobacterium Leprae». Par conséquent, les patients souffrant de ce type de lèpre sont contagieux.
    La lèpre tuberculoïde, quant à elle, est la forme la plus fréquente. Elle associe de grandes taches dépigmentées sur la peau, devenue insensible au toucher, à bords nets, uniques ou en petit nombre, contenant peu ou pas de bacilles. Les éruptions cutanées, comme dans toutes les formes de lèpre, sont non prurigineuses. Des troubles nerveux touchant les membres, avec troubles de la sensibilité et anomalies cutanées (ulcères, maux perforants, mutilations, paralysies), sont également notés, des lymphocytes circulants qui reconnaissent ML, par contre les patients ne sont pas contagieux.
    ❸ Parlez-nous des moyens de traitement et de prévention ?
    Bien que non mortelle, la lèpre expose à des invalidités sévères et des handicaps permanents si elle n’est pas traitée à temps. Le traitement comporte la dapsone (DDS), la rifampicine (RMP) et la clofazimine (CLO). Ces trois antibiotiques constituent le traitement de référence de l’OMS. Cette association médicamenteuse détruit l’agent pathogène et guérit le malade. La durée du traitement varie entre 6 et 24 mois, selon la gravité de la maladie.
    La lèpre au Maroc

    Au Maroc, bien que la lèpre n’ait représenté un problème de santé publique que dans certaines zones géographiques circonscrites, les autorités sanitaires marocaines, au même titre que les professionnels de la santé avaient pris conscience très tôt de la gravité de la maladie, en raison du coût de son handicap et surtout de l’opprobre social qui s’y rattachait et avaient organisé une stratégie pour la circonscrire.
    Aujourd’hui, les réalisations du Programme national de lutte contre la lèpre (PNLL), mis en place en 1981, sont considérées comme palpables par les responsables de la santé, qui affirment dans un guide de la lutte antilépreuse que la moyenne annuelle des nouveaux cas qui était de 140 durant les années 80 n’était plus que de 60 depuis l’an 2000. À la fin de l’année 2006, seuls 200 malades étaient sous traitement, alors qu’ils étaient 1 079 en 2000. Et selon les derniers chiffres encore, le Maroc ne compterait pas plus de 40 cas déclarés.
    Repères

    • Les zones les plus touchées par la maladie sont : l’Afrique inter-tropicale, l’Inde, la Chine, l’Asie du Sud-est, l’Amérique Centrale et du Sud, quelques foyers existent en Europe : Portugal, Espagne, Italie, Grèce.
    • «Mycobacterium Leprae», la bactérie responsable de la lèpre, est un bâtonnet immobile de 3 à 8 µ de longueur. Il appartient à la famille des mycobatéries atypiques. Il se colore en rouge vif par la méthode de Ziehl-Nielsen. C’est un bacille acido-alcoolo résistant.
    • Raoul Follereau a été le premier à dénoncer devant l’ONU le sort des lépreux enfermés dans des léproseries. Follereau est un écrivain et journaliste français, créateur de la Journée mondiale de lutte contre la lèpre et fondateur de l’œuvre connue aujourd’hui en France sous le nom de Fondation Raoul-Follereau, qui lutte contre la lèpre.
    • Le Bacille de Calmette et Guérin (BCG) aurait une efficacité protectrice vis-à-vis de la «Mycobacterium Leprae».


    Publié le : 12 Mars 2013 - Hafsa Sakhi, LE MATIN MA
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