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La MAURITANIE après Putsch/ Un modèle à suivre?

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  • La MAURITANIE après Putsch/ Un modèle à suivre?

    Avec leur Putsch de l'an passé, les généraux mauritaniens viennent de donner une leçon de démocratie au reste du monde arabo-Musulman en destituant l'ancien dictateur et en renonçant au pouvoir en 2007,

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    Ely Ould Mohamed Vall / Tout a changé… sauf moi



    Un an après le coup d’État du 3 août, le chef de l’État mauritanien confirme qu’il quittera le pouvoir en mars 2007. Et qu’il ne soutiendra personne à la future élection présidentielle.

    Pour qui ne s’est pas rendu à Nouakchott depuis un an - a fortiori depuis des lustres -, la capitale mauritanienne a pris des allures de petit dragon du désert. La classe Affaires du vol quotidien d’Air France est pleine à craquer de businessmen européens, américains, australiens ou japonais. Dans les rues des quartiers résidentiels où les villas poussent comme des champignons, des luxueux 4x4 Hummer, aux vitres teintées, témoignent de la richesse soudaine et insolente des nouveaux entrepreneurs locaux. Un peu partout, d’immenses chantiers d’habitats sociaux chassent peu à peu vers la périphérie ce qui reste des kebbas, ces bidonvilles qui furent longtemps la face honteuse de Nouakchott. À 10 kilomètres au nord, le long de la route qui mène à Nouadhibou, deux vastes projets qui vont bouleverser le visage de cette ville de 700 000 habitants se font face. À droite, un nouvel aéroport international construit par les Chinois. À gauche, en bord de mer, un complexe touristique confié par des investisseurs qataris à des entreprises françaises avec hôtel cinq étoiles, terrain de golf et centre commercial. Une vraie révolution à l’aune de ce pays de trois millions d’habitants, due avant tout à son entrée, le 26 février 2006, dans le club des pays producteurs de pétrole. Pour l’instant, seul fonctionne le puits offshore de Chinguetti, à 80 kilomètres au large des côtes. D’autres suivront, pour atteindre une production prévue de 200 000 barils/jour d’ici à la fin de cette décennie.

    Modeste, certes, mais suffisant pour que le pays enregistre dès cette année un accroissement record de son PIB de l’ordre de 45 %. Pour remplir aussi les rares hôtels de Nouakchott d’hommes d’affaires étrangers en quête de contrats et de chambres climatisées. À cela s’ajoutent les quelque 850 millions de dollars de dette publique annulés fin juin par les institutions financières internationales pour prix de la bonne gouvernance locale. Et l’on comprend mieux l’une des caractéristiques principales de la Mauritanie en cette mi-2006 : l’optimisme. Chef de l’État depuis le coup d’État du 3 août 2005 qui a renversé Maaouiya Ould Taya après vingt et un ans de pouvoir solitaire, le colonel Ely Ould Mohamed Vall surfe allègrement sur cette vague de confiance et de grâce à laquelle, il est vrai, il a largement contribué.


    Depuis un an, l’ancien directeur général de la Sûreté, auteur avec ses seize compagnons du Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) d’un « putsch de velours » effectué en l’absence de l’ex-président, multiplie les initiatives et les ouvertures. Réforme de la justice, nouvelle loi sur les médias (considérée comme un « modèle » par Reporters sans frontières), moralisation de la vie publique, création d’une Commission électorale indépendante et surtout nouvelle Constitution, sans doute la plus libérale du monde arabo-musulman dans la mesure où elle rend obligatoire l’alternance au pouvoir au bout d’un délai maximal de dix ans.

    Il y a un peu moins d’un an, en septembre 2005, cet officier supérieur formé en France et au Maroc annonçait dans Jeune Afrique l’essentiel de son projet en y ajoutant cet engagement hautement symbolique : ni lui, ni aucun des membres du Comité militaire et du nouveau gouvernement ne se présenterait à l’élection présidentielle de mars 2007. À huit mois de la fin de la transition, nous avons voulu savoir dans quelle mesure ce programme et cette promesse étaient tenus. L’entretien qui suit s’est déroulé dans la nuit du 11 au 12 juillet dans la résidence qui jouxte le palais présidentiel de Nouakchott, en présence de Mohamed Lemine Ould Dahi, directeur de cabinet du chef de l’État. Comme en septembre dernier, un dîner était censé l’agrémenter. Mais comme en septembre dernier, Ely Ould Mohamed Vall, drapé dans une deraa blanche, n’a touché à aucun plat. La passion et l’appétit n’ont jamais fait bon ménage…

    Jeune Afrique : Il y a un peu moins d’un an, au lendemain de votre accession au pouvoir, vous avez pris dans J.A. cet engagement : « Croyez-moi, tout va changer. » Promesse tenue ?

    Ely Ould Mohamed Vall : Je le crois. Tout a profondément changé, à commencer, et c’est le plus important, par l’état d’esprit des Mauritaniens. La vision qu’ils ont d’eux-mêmes et de l’avenir de leur pays n’a rien à voir avec celle qui prédominait à la veille du 3 août 2005. Le ciel était bouché, il s’est éclairci. La morosité, le pessimisme et l’inquiétude imprégnaient toutes les conversations. Aujourd’hui, quand vous parlez avec n’importe quel citoyen, vous ne pouvez qu’être frappé par cet espoir, par cette sérénité et cette dignité retrouvés. Il faut dire que sans le travail quotidien accompli par les autorités, l’état de grâce se serait dissipé depuis longtemps. Or, depuis un an, c’est une vraie révolution à laquelle nous assistons dans les domaines des libertés et de la bonne gouvernance. Avant le 3 août, la Mauritanie marchait sur la tête. Désormais, elle se tient solidement sur ses jambes.

    Pas de regrets, donc…

    Si, un seul : ne pas avoir pu anticiper le 3 août et intervenir plus tôt.

    Vous n’aimez pas que l’on qualifie votre prise du pouvoir de coup d’État. Pourquoi cette pudeur ?

    Pour moi, ce fut un changement majeur, la mère de tous les changements qui ont suivi. Je n’ai jamais conçu, vécu et géré le 3 août comme un coup d’État. Ce qui existait auparavant, ce n’était pas l’ordre, mais le désordre institutionnel. Et puis, du début jusqu’à ce jour, notre action a toujours reposé sur un consensus national que nul ne saurait nier. Or, qu’y a-t-il de plus fondateur et de plus légitime qu’un consensus populaire ?

    Il n’y a plus lieu d’en débattre, puisqu’une nouvelle Constitution a été adoptée le 25 juin par référendum. 96 % de oui et un taux de participation de 77 % : c’est un plébiscite à la soviétique…

    Peut-être, mais sans le Soviet suprême, le parti unique, les commissaires politiques et le bourrage des urnes. Nous avons proposé un projet, et la très grande majorité des citoyens y a adhéré, en toute liberté. C’est limpide.

    Les nouvelles dispositions prévoient notamment l’interdiction de modifier la Constitution sur un point crucial : la durée du mandat présidentiel, qui sera désormais de cinq ans renouvelable une seule fois. Pourquoi ce double verrouillage ?

    La racine du mal mauritanien, c’était le refus de l’alternance au sommet, donc son impossibilité de facto, si ce n’est de jure. D’où ce dispositif visant à la rendre obligatoire au bout de dix ans maximum. Quand une même personne et un même système s’éternisent deux ou trois décennies au pouvoir et que la population ne perçoit aucune perspective d’alternance, c’est la porte ouverte à toutes les aventures et à toutes les violences.

    En rendant ainsi irréversible la limitation des mandats, vous êtes à contre-courant de ce qui se passe sur le continent. L’heure y est plutôt aux prolongations indéfinies…

    Nous n’avons pas la prétention de donner des leçons ou de servir de modèle. Chacun a ses problèmes et sa façon de les résoudre. Pour nous, Mauritaniens, cette solution est apparue la plus appropriée.

    Aviez-vous un plan d’action, un programme précis en tête lorsque vous vous êtes emparé du pouvoir ?

    Pas vraiment. J’avais des idées et un ordre de priorité. Je savais que la Mauritanie nouvelle devait naître de trois chantiers essentiels : justice, bonne gouvernance et alternance politique. Tout ce que nous avons fait depuis s’est articulé autour de ces trois pôles et, à chaque pas en avant, nous nous sommes assurés qu’un consensus national nous accompagnait.


    Y a-t-il eu des dissensions au sein du Conseil militaire sur la marche à suivre ?

    Aucune. Dès le départ, tous les membres du Conseil partageaient le même diagnostic, ainsi que le choix des remèdes. C’est un organe à la fois délibérant et décisionnel, qui se réunit régulièrement deux ou trois fois par trimestre et qui travaille en harmonie avec le gouvernement.

    Mais qui est le patron ? Vous ou le Conseil militaire ?

    Le CMJD est un collectif qui décide pour le pays. Je suis, moi, le président du CMJD, avec toutes les prérogatives attachées à cette fonction.

    Vous avez personnellement veillé depuis un an à ce qu’il n’y ait ni règlements de comptes, ni chasse aux sorcières à l’encontre des membres de l’ancien régime. Pour quelle raison ? Parce que vous-même, d’une certaine façon, en faisiez partie ?

    Il ne s’agit pas de cela. Pour moi, dès le premier jour, le changement devait se faire au profit de tous les Mauritaniens et au détriment d’aucun. Je ne me suis jamais départi de cette ligne de conduite. Vous savez, il n’y a pas un leader politique dans ce pays, y compris dans l’ex-opposition, qui n’ait à un moment ou à un autre servi le système autocratique en vigueur depuis l’indépendance. Pourquoi, à l’intérieur de ce système global marqué par l’impossibilité de l’alternance démocratique, aurions-nous dû stigmatiser tel ou tel régime ? Personne n’a de leçons à donner, personne n’est plus légitime que son voisin. Le changement du 3 août n’a pas mis fin à un régime en particulier, mais à tout un système de pouvoir vieux de quarante-cinq ans et usé jusqu’à la corde.


    Pas d’enquêtes en cours ou en vue, donc, sur l’origine de la fortune ou de la propriété de telle ou telle personnalité ?

    Si nous mettions le doigt dans cet engrenage, il nous faudrait pousser nos investigations sur quatre décennies en arrière. Et alors là, bonjour les dégâts. Sérieusement : il n’en est pas question. Ce serait une perte de temps et une source intarissable de polémiques.

    Vous avez pris l’engagement de ne pas vous présenter à l’élection présidentielle de mars 2007. Ni vous, ni aucun membre du CMJD et du gouvernement. Je sais que vous êtes un homme de parole, mais tout de même : pouvez-vous le répéter ici.



    Suite...

    http://www.jeuneafrique.com/jeune_af...76toutaiomfua0

  • #2
    La junte militaire au pouvoir parait sincère dans son désir de démocratiser le pays.

    Le problème dans des pays fragiles comme la Mauritanie c'est le retour possible à tout moment aux putschs surtout après la découverte du pétrole.

    Les appétits extérieurs vont encore plus fausser la donne.

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    • #3
      Mais ces appétits extérieurs avaient déjà commencé sous la dictature de Ould Taya, Ce push a permis d'éviter le bradage du pétrole mauritanien.Les Super-majors pétroliers aiment bien "investir" dans les pays totalitaire, il leur suffit de duper le "Tyran" qui règne sans partage avec un contrat bidon, et ainsi voir l'avenir de tout un pays hypothèqué pour des décennies.

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      Jeune Afrique : Vous avez mené, fin 2005 et début 2006, un long bras de fer avec le principal opérateur, la compagnie australienne Woodside, ponctué notamment par la mise en détention pendant deux mois de l’ancien ministre du Pétrole du régime déchu, Zeidane Ould Hmeida. Pourquoi cet affrontement et sur quoi a-t-il débouché ?

      Ely Ould Mohamed Vall:
      À notre arrivée au pouvoir, nous avons pris connaissance du contrat signé entre Woodside et l’État mauritanien. Quand nous en avons exigé l’application, Woodside nous a signalé l’existence de quatre avenants secrets, dont certains comportaient une cinquantaine d’articles. Tous étaient au détriment de la Mauritanie et vidaient en quelque sorte le contrat initial de sa substance. Ces avenants étaient tout simplement illégaux, puisqu’ils n’avaient été soumis pour approbation ni au gouvernement de l’époque, ni au Parlement. Il s’agissait ni plus ni moins d’un hold-up. Nous avons donc dit à Woodside que nous exigions le retour au contrat de base, sans ces avenants, lesquels n’étaient pas opposables à l’État mauritanien. Woodside nous a rétorqué que ces avenants avaient été signés par le ministre du Pétrole de l’époque, Zeidane Ould Hmeida. Je leur ai fait savoir que nous ne renoncerions jamais à nos droits et que si dans les trois mois une solution à l’amiable n’était pas trouvée, nous irions devant la justice internationale. J’ai ajouté que même si cela devait durer un siècle, nous ne céderions pas. Woodside a compris que nous ne bluffions pas. Fin mars, un accord a donc été trouvé et tous les avenants ont été annulés. Quant à l’ex-ministre, une enquête a été ouverte par la justice le concernant. Il a été libéré depuis.

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      • #4
        l'embellie economique en mauritanie est anterieure au putch.elle est liée a la reconaissance de fait d'israel.
        on le sait bien.tous les pays arabes qui ont pactisé avec israel en ont tiré de substanciels benefices.
        faut savoir ce qu'on veut :le nif ou le tiroir caisse.

        d'un autre coté boutef l'avait donnée en exemple en ce qui concerne la double nationalité.

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        • #5
          Le cas de Mauritanie est intéressant et à suivre.
          Peut-être le premier cas d'idéalistes sincères pas fanatiques du tout, pragmatiques, pieds sur la planète "réalité".

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