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Les handicapés en Algérie : Miroir insolent de la société

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  • Les handicapés en Algérie : Miroir insolent de la société

    E n Algérie,s'il y a une catégorie de la société qui est la moins encline à admettre qu'une seule et unique journée lui soit consacrée sur les 365 jours de l'année, c'est bien celle des handicapés, physiques ou mentaux. Ils ne peuvent s'en consoler dans un pays qui vit dans une opulence financière historique et qui consacre quelque 16 milliards de dollars par an aux transferts sociaux sous diverses formes.


    La Journée nationale des handicapés peut déployer tous les trésors de beaux discours en direction de ces populations, elle n'en règlera pas, pour autant, les handicaps et les aléas d'une gestion peu portée sur les critères de développement humain.

    Près de deux millions d'Algériens sont frappé d'un handicap moteur ou mental.

    Parmi les considérations primaires que les pouvoirs publics sont censés mettre en place en leur direction, ce sont les couloirs et les places adaptés à leurs cas dans leurs mouvements quotidiens. En effet, aucune place spécifiquement aménagée pour les handicapés moteurs, traînant leurs chaises roulantes; ni dans les bureaux de postes, ni dans les arrêts de bus ni dans d'autres institutions, y compris dans les milieux les mieux indiqués pour ce genre d'équipement, à savoir les hôpitaux et les polycliniques.

    Or, pour lui faciliter la vie et els déplacements, la première insertion sociale dont doit bénéficier le handicapé- bien avant l'insertion professionnelle-, c'est bien l'aménagement de son environnement physique selon le type de handicap dont il souffre. Les travers de la prise en charge de cette catégorie de la population ne s'arrêtent malheureusement pas à ce niveau.

    La pension de 4 500 dinars, dans un contexte d'inflation généralisée (près de 10 %), est presque une geste de mépris.

    Salima, une jeune fille handicapée devant changer ses chaussures orthopédiques régulièrement (au moins, une fois par an), a souffert le martyr avant que le centre d'appareillage ne daigne prendre en charge les frais des chaussures qui dépassent les 15 000 dinars.
    Elle n'est pourtant pas née handicapée. C'est une injection mal réalisée dans un centre de santé qui lui a abîmé une paire de nerfs rachidiens innervant la plante du pied. Après plusieurs opérations, l'on s'est rendu compte que la torsion de ses pieds est définitive.

    Le constat le plus indulgent fait par des personnalités indépendantes et par la presse est que le système national de prise en charge des handicapés est chaotique, se basant sur des opérations de prestige à l'occasion de la journée nationale ou de la journée internationale qui leur sont dédiées.

    Par ailleurs, les actions du ministère de la Solidarité nationale sont loin d'épouser les préoccupations du pays en la matière, préférant des actions d'éclats en direction de certains secteurs sportifs ou autres (en leur accordant par exemple des bus arborant le sigle de la ''Solidarité''). Y a-t-il meilleure solidarité que celle qui se donne pour objectif d'alléger le mal de nos handicapés, sachant que, comme le dit la sentence, personne n'est à l'abri. "Cela n'arrive qu'aux autres"! Voici une idée qu'il y a lieu de proscrire sachant que, rien que pour les accidents de la circulation, des milliers de nouveaux handicapés allongent annuellement la triste liste déjà bien étoffée.

    Sur un autre plan, l’évolution vers un vieillissement progressif de la population-phénomène qui ressort du dernier recensement général de la population et de l’habitat de 2008- impose une nouvelle réalité. La part de vieux handicapés est de plus en plus importante: handicapés moteurs, suite à l'amputation du pied pour diabète, handicapé visuel, maladie d'Alzheimer, maladie de Parkinson,…etc.

    Le taux de plus en plus élevé de vieux est dû au recul de la natalité et à l’augmentation de l’espérance de vie. D'où de lourdes interrogations qui pèsent sur le système de retraites, de plus en plus soumis à rude épreuve par le départ en retraite anticipée. Devant le départ des enfants vers des "cieux plus cléments'', en établissant leur foyer, les vieux handicapés sont vus comme des "pestiférés''.

    Même dans les hospices de vieux, ce n'est pas la joie, hormis les images montrées à la télévision les jours de l'Aïd, lorsque le ministre de la Solidarité nationale leur rend visite.

    Imparablement, la situation actuelle du foyer algérien, grevé d’un déficit de cohésion et de l’absence d’une culture de la famille, a bien besoin de l’intervention des pouvoirs publics pour asseoir des règles de conduite envers les personnes handicapées- vielles ou jeunes- qui fassent honneur aux valeurs et traditions de notre pays.

    La prise en charge sociale, médicale et psychologique des personnes de la franges des handicapés est, indubitablement, un des signes du développement général d’un pays. Il fait même partie des indices de développement humains instaurés par le Programme des Nations unies pour le développement depuis une vingtaine d’années. Que valent les grandes réussites économiques et l'alignement des chiffres des réalisations dont se piquent nos gouvernants, lorsque des éléments de dignité humaine et de cohésion sociale sont en jeu ?

    Face au déni de justice et d’équité, et devant une croissance et un développement dont a du mal à juger les impacts, un autre regard est pourtant possible. Il nous renseigne sur une certaine détresse sociale qui a pour noms maladie chronique, handicap moteur, handicap visuel, maladies mentales,…C'est le miroir insolent de la société!

    Par Amar Naït Messaoud- La Dépêche de Kabylie
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