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Pour Paris et Londres, en Syrie : lever l’embargo sur les armes ou le chaos !

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  • Pour Paris et Londres, en Syrie : lever l’embargo sur les armes ou le chaos !

    Citation :

    Pour Paris et Londres, en Syrie : lever l’embargo sur les armes ou le chaos !

    Nicolas Gros-Verheyde
    mar 15, 2013

    (BRUXELLES2 au Conseil européen) La décision n’est pas prise. Mais c’est tout comme. Quand un dirigeant français et un dirigeant britannique expriment, haut et fort, en long et en large, avec quelques détails qu’ils sont pour la livraison d’armes à l’opposition syrienne, que toutes les autres solutions, politiques notamment, ont échoué, que la situation sur place est grave et que la déstabilisation de toute une région est proche, il ne s’agit pas d’un coup de bluff ou d’un “truc” pour remonter dans les sondages.

    Nous sommes ici en face d’une vraie prise de décision, et une possible inflexion dans le conflit syrien qui dure déjà depuis 2 ans. L’offensive franco-britannique est, cette fois-ci, bien préparée. Paris comme Londres (les deux anciennes puissances mandataires de la Syrie…) disposent de munitions dans leur sacoche. Et devant la presse – comme devant ses homologues – F. Hollande a déroulé une panoplie d’arguments pour convaincre (notamment sur le contrôle des armes, voir point 4). La majorité n’est pas acquise… mais l’ébranlement est en route. Explications… La discussion va maintenant se poursuivre dans une autre enceinte.

    L’objectif de la manoeuvre franco-britannique : convaincre les partenaires.

    Contrairement à ce qu’affirme le président Hollande, les Européens sont pour l’instant majoritairement opposés à une levée de l’embargo. Mais les “esprits bougent”. Même l’Allemagne souvent mise en avant – à tort – comme étant le chef de file des opposants se tâte. La chancelière Merkel n’a d’ailleurs pas voulu indiquer clairement indiquer sa position, renvoyant sur son ministre des Affaires étrangères. Et au sein de la CDU, l’affaire libyenne, et l’isolement de l’Allemagne, ont été vécu comme un vrai “traumatisme” que tout sera fait à Berlin pour éviter une pareille bérézina. L’Italie comme la Belgique sont en train d’évoluer, demandant des garanties sur les livraisons d’armes. En revanche, les pays neutres ou non membres de l’OTAN (Autriche, Suède…), les Pays-Bas ou la république Tchèque restent farouchement opposés à toute levée de l’embargo sur les armes. « Nous devons convaincre, faire valoir nos arguments, montrer qu’il y a une étape à franchir » explique François Hollande. La décision peut-être prise au plus tard « avant mai », voire avant. « J’estime que l’Europe doit décider dans les prochaines semaines ». Et si il n’y a pas d’accord entre Européens ?, le président français refuse d’employer le mot de “veto”. Mais c’est tout comme : « Nous prendrons nos responsabilités ».


    Les munitions de Paris et Londres

    La première est d’ordre juridique. La décision d’embargo, sur les armes comme les autres sanctions, est valable juste pour trois mois, jusqu’à fin mai. Faute de renouvellement, toutes les sanctions tombent (les armes comme les autres). Ce n’est plus aux anti-embargo de soutenir qu’il faut le lever, c’est aux pro-embargo de justifier qu’ils ont raison. Ce sera difficile…

    La seconde est d’ordre politique, les deux pays ne sont pas seuls. A l’intérieur de l’Union, ceux qui. A l’extérieur, les Etats-Unis, la Turquie et la Ligue Arabe, voire même des personnalités comme le président israélien Shimon Peres estiment nécessaire la livraison d’armes. Cela pèse…

    Le troisième argument est d’ordre médiatique. Les massacres continuent, les reportages s’accumulent. Il sera très difficile à certains dirigeants européens de justifier leur inaction face à leur propre opinion publique. La réalité sanglante en Syrie pourrait bien balayer les dernières hésitations. Les gouvernements qui sont contre « devront venir s’expliquer devant leur opinion publique » lâche un diplomate.


    Les arguments pour convaincre

    1- La situation s’aggrave sur place, le régime syrien est armé, la voie politique est condamnée. « Le nombre de victimes s’allonge de jour en jour » explique François Hollande. Nous nous retrouvons face à une « volonté claire d’utiliser tous les moyens, militaires, pour frapper son propre peuple. (Le conflit a causé) 100.000 victimes depuis 2 ans ». « Toutes les initiatives pour ouvrir les discussions politiques, une transition politique ont été ruinées (…) Rien n’a pu être obtenu du régime de Bachar el Assad. » François Hollande reconnait, lui-même, que sa position a évolué. « J’ai longtemps pensé que la livraison d’armement non léthal suffirait. On est dans une asymétrie, avec un régime qui obtient des armes, des matériels, les utilise, a des armes chimiques et menace de les employer ».

    2- La déstabilisation des pays voisins est proche. « Il y a des conséquences directes au Liban » souligne le président. Rappelons que les réfugiés forment aujourd’hui entre 10 et 20% de la population au Liban et en Jordanie. Et comme l’explique un diplomate, le « Hezbollah soutient de façon de plus en plus ouverte le régime d’Assad ». (…) «Le plus grand risque serait de ne rien faire de laisser le régime de Bachar (massacrer la population), que des groupes désespérés se réfugient dans terrorisme, le plus plus grand risque est le chaos… »

    3- La présence d’armes chimiques ? « Il y a des craintes, des menaces quant à l’utilisation des armes chimiques » énonçait le président Hollande lors de sa conférence de presse hier soir. Propos repris, un cran au-dessous cependant aujourd’hui. « Nous n’avons pas d’information. Le régime prendrait un risque extrêmement élevé s’il les utilisait. » Selon certaines informations diplomatiques, « il y a de fortes présomptions d’utilisation d’une arme chimique à petite échelle », autrement dit de façon tactique à l’échelle inférieure à la taille d’un village.

    4- Le contrôle des armes sera assuré par le CNS (Conseil national syrien) , les pays de la Ligue arabe et l’assistance technique. « La France a toutes les garanties que les fournitures de matériels seraient dans des mains qui ne seraient pas celles des fondamentalistes. (…) La Coalition donne toutes les garanties. Et c’est parce qu’elle les fournit que nous pouvons envisager la levée de l’ embargo. Il y aura un accompagnement, une aide technique, une assistance qui sera fournie et évitera un certain nombre de déperditions. (…) Des pays nous assurent qu’ils pourront assurer le contrôle, des pays de la Ligue arabe. »

    Nb : concrètement cela pourrait vouloir dire qu’il y aura une ou plusieurs unités spécialement dédiées à ces types d’armes (surtout sol-air), qu’il y aura des “personnes de confiance” (anciens militaires sur place, doubles nationaux, contractuels arabes…) insérées dans ces unités, à charge de vérifier que les armes.


    Au passage, répondant à une question de B2, le président Hollande a reconnu que des « armes livrées à insurrection en Libye se sont retrouvées dans d’autres champs et d’autres lieux, au Mali et aussi en Syrie » (Nb : aux groupes fondamentalistes et djihadistes). Mais a-t-il ajouté aussitôt c’est une preuve de plus que « pour les armes mieux vaut les contrôler, que de les laisser circuler sans contrôle ».


    Bruxelles2



  • #2
    Citation :

    Embargo sur les armes : 20 ans après, la même erreur ?

    Nicolas Gros-Verheyde / Yougoslavie (mémoire d’un désastre)
    mar 16, 2013

    (BRUXELLES2) Les Européens ne semblent pas avoir tiré les leçons du passé. Et ils se retrouvent aujourd’hui en Syrie dans la même nasse dans lequel ils s’étaient trouvés pris au piège en ex-Yougoslavie. Hasard des dates, nous nous trouvons aujourd’hui à 20 ans près à la date anniversaire du siège de Srebrenica (le 11 mars 1993, le général Morillon se rend dans l’enclave). Le lent aboutissement d’un drame déjà écrit depuis deux années déjà.

    Faute d’intervention militaire sur lequel chacun trouve toujours une bonne raison pour s’y opposer, la communauté européenne et la communauté internationale ont en effet imposé un embargo « général et complet » sur toutes les livraisons « d’armements et d’équipements militaires à la Yougoslavie », visant donc “toutes les parties” du conflit.

    Mesure suicidaire

    Cette mesure, voulue par les Européens (sous présidence néerlandaise) et les Etats-Unis (sous la présidence de G. Bush père) dès juillet 1991, validée par une résolution du Conseil de sécurité (proposée par la France), va se révéler totalement suicidaire pour les Bosniaques et les Croates. Ceux-ci qui ne disposent alors de peu de forces et d’armements par rapport au pouvoir central de Belgrade et des Serbes, doté d’un arsenal bien fourni, alimenté par les Soviétiques. Le ministre croate de la Défense d’alors, Gojko Susak critique, dans un entretien au Monde, l’attitude européenne qu’il considère injuste : « Seule, la Croatie ressent les conséquences de l’embargo sur les fournitures d’armes à la Yougoslavie. » et il demande des armes antiaérien et antichars, assurant que Zagreb ne recherche que des armes défensives, en aucun cas offensives. « Nous avons le devoir d’armer la population, de résister, d’éviter un bain de sang » explique-t-il… Des arguments qu’on peut retrouver aujourd’hui en Syrie.

    Contournement de l’embargo

    Dans les années 1990, plusieurs des pays pourtant à l’origine de l’embargo semblent bien décidés à le contourner, de manière plus ou moins officieuse. L’Allemagne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, notamment, arment Croates et Bosniaques. Les Allemands fournissent des lance-roquettes anti-chars fabriqués par MBB, les Italiens des fusils italiens à canon lisse, les Hongrois des AK 47, Des missiles sol-air américains Stinger destinés à l’Afghanistan changent de route à Chypre, etc… L’arrivée de Bill Clinton à la Maison Blanche en 1993 marque un changement d’impulsion outre-Atlantique. Le soutien américain à la reconstruction des forces croates devient un secret de Polichinelle. En 1994, les Américains se retirent officiellement du dispositif de contrôle de l’embargo mis en place conjointement par l’UEO et l’OTAN (ce qui provoque un drame au sein de l’Alliance). Et en 1995, le Congrès vote une levée unilatérale de l’embargo sur les armes à destination de l’armée bosniaque. Il faudra le veto du président pour empêcher la mesure d’entrer en vigueur.

    Ces livraisons ainsi que l’envoi de formateurs conduit à des offensives successives. Les Croates commencent la reconquête du terrain perdu en Krajina en janvier 1993 ; reconquête achevée en août 1995. En octobre 1994, le 5e corps bosniaque débute une vaste offensive dans la zone de sécurité de Bihac. En juillet 1995, c’est l’offensive croate en Bosnie, poursuivie de manière concertée par les forces croato-musulmanes en septembre 1995 en Bosnie occidentale et centrale. Un cessez-le-feu est signé en octobre. Et les négociations de Dayton s’ouvrent en novembre 1995. Ce ne sera finalement qu’en juin 1996 que l’embargo sur les armes sera levé après un ultime accord sur le désarmement entre toutes les parties impliquées dans le conflit.

    Une leçon…

    L’utilité de l’embargo n’a jamais été vraiment évaluée ni fait l’objet d’une introspection européenne. Et pour cause ! Son résultat a été nul sur l’aggravation du conflit. Et il n’aura conduit qu’à retarder d’un ou deux ans son issue et de faire des milliers de victimes supplémentaires. De fait, si une solution politique comme les accords de Dayton a pu survenir, et mettre fin au conflit, c’est en partie grâce aux efforts de négociation. Mais c’est surtout grâce/à cause de la violation de l’embargo. Les forces serbes ont senti le vent du boulet et le son de la défaite. Les pertes successives sur le terrain les ont amené à négocier là où elles n’y étaient pas prêtes quelques années auparavant… Le paradoxe est là : la violation de la loi internationale a abouti au respect de son esprit.


    Bruxelles2



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    • #3
      Pour Paris et Londres, en Syrie : lever l’embargo sur les armes ou le chaos !
      Quelle différence y a-t-il entre :
      1. - le Chaos actuel
      2. - le Chaos à venir avec plus d'armes en circulation ?!


      That's the question !?

      Pour ma part, je ne vois aucune différence, sauf de rendre la "chaotisation" de la région plus rapide ! C'est tout.

      Et c'est tant mieux. Car çà nous permets de voir plus rapidement le retour de bâton sur les instigateurs de ce chaos !

      Voilà Mister ADAMA !
      Dernière modification par absent, 17 mars 2013, 20h36.

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