Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Chômeurs, bourgeois… gouvernance autiste

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Chômeurs, bourgeois… gouvernance autiste

    Entre les jeunes chômeurs du CNCCD et le Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (CARE), il y a une distance sociale évidente. Gigantesque même. Dans le rapport au pouvoir, le Care - comme d’ailleurs le FCE ou Nabni - peut se targuer d’une «proximité» spatiale avec les autorités que n’ont pas les jeunes « turbulents » chômeurs.

    Les entrepreneurs en tant que « catégorie» ou « organisation » n’arrivent pas à faire valoir leur point de vue, mais ils peuvent, suivant leurs ressources particulières et leur entregent, à résoudre leurs problèmes « à titre individuel ». Les chômeurs n’ont même pas la reconnaissance d’une existence légale, ils se battent dans l’adversité la plus totale. Avec même des trotskistes qui les accusent d’être des agents de menées étrangères… Entre ce haut de l’échelle sociale que sont les entrepreneurs et le bas de l’échelle constitué par les chômeurs, il y a cependant quelque chose de commun.

    Ce qu’ils disent, les revendications qu’ils élèvent ou les propositions qu’ils émettent se noient irrémédiablement dans le trou noir. Le dialogue social en Algérie est plombé par une forme de gouvernance autiste, qui s’écoute parler au lieu d’entendre ceux qui sont des partenaires présumés. S’il ne faut pas snober les intentions exprimées par Abdelmalek Sellal dans son instruction pour l’emploi au Sud, il ne faut pas aussi occulter que c’est un type de réponse d’urgence qui ne traite pas réellement le problème. Au Sud, ceux qui se battent pour l’emploi n’ont pas les qualifications nécessaires pour être employés dans le secteur pétro-gazier.

    Et c’est parce que le pouvoir a fait dans l’autisme qu’il peut déverser beaucoup d’argent là où il ne faut pas, alors qu’il aurait fallu depuis trente ou vingt ans mailler le Sud par des structures de formation pour répondre aux besoins du secteur pétro-gazier. Aujourd’hui, les injonctions d’employer en priorité les gens des wilayas du Sud vont buter sur le fait que les candidats à l’emploi n’ont pas le profil souhaité. Et il est clair que l’Etat ne peut imposer aux entreprises, même à Sonatrach, de recruter des personnels dont ils n’ont pas besoin.

    La réponse d’urgence n’est pas la réponse de fond. On le sait, au Sud, comme au Nord d’ailleurs, il faut investir dans la formation. Cela aurait dû être fait depuis longtemps si l’écoute existait. Sans être dans le stress des chômeurs, les patrons et chefs d’entreprises sont dans la même difficulté à briser le mur d’une gouvernance autiste.

    Ils étaient contre le 51/49, on les a accusés de faire de l’opposition et on a ordonné aux chefs d’entreprises publiques – réduits de fait au rang de bureaucrates – à quitter le FCE. Depuis, les entrepreneurs et leur tink-tank multiplient « l’ijtihad » pour ne pas toucher à la parole sacrée de la gouvernance autiste et essaient de la convaincre de « s’adapter ». Les chômeurs qui ont créé une frayeur – mi-vraie, mi-feinte – au sein du pouvoir vont peut-être convaincre la gouvernance à l’algérienne à se mettre à prêter attention aux propositions des entrepreneurs. Rien n’est certain. Mais le mouvement des chômeurs est un avertissement. Et des entreprises qui marchent et grandissent constituent une solution. Il y a des pistes pour ceux qui veulent voir.
    edito
    reporters.dz
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
Chargement...
X