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Hichem Aboud.«Je vais encore enquêter sur Mohamed Raouraoua»

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  • Hichem Aboud.«Je vais encore enquêter sur Mohamed Raouraoua»

    Auteur et directeur de la publication Mon Journal




    L’auteur du pamphlet La mafia des généraux durant les années 1990 a fait parler de lui cette semaine, suite à la publication d’une enquête sur le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, qu’il accable de graves accusations de corruption et autres. Rencontré au siège de sa publication Mon Journal, Hichem Aboud nous explique ses motivations et promet d’autres révélations plus fracassantes.


    -Vous avez publié, la semaine dernière, une longue enquête sur le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, portant de graves accusations à son encontre. Pourquoi Raouraoua et pourquoi maintenant ?

    Au départ, je dois préciser que ce n’était pas une enquête sur la personne de Raouraoua, car cela ne m’intéressait pas. C’était un sujet d’actualité parmi tant d’autres, mais dont j’avais le plus d’informations pour le publier, notamment avec les élections à la FAF, où on a vu une véritable parodie électorale.Raouraoua a pratiquement été reconduit par forfait. Personne n’est venu se présenter. Voilà les seules motivations de cette enquête. C’est ce qui m’a interpellé à lancer cette enquête, notamment après son discours lors de l’AG de la FAF, tenue à Oran, où il a déclaré ouvertement qu’il est «irremplaçable», alors que ce monsieur n’a rien fait pour le développement du football en Algérie. Je précise aussi que je n’ai fait que la moitié du travail.

    -On peut s’attendre donc à d’autres révélations…

    Il y aura encore une suite. Revenons à Raouraoua : c’est le président de la FAF et le premier responsable du football algérien. Je ne le vois pas sous un autre angle. Et si j’ai parlé de ses affaires, c’est tout simplement qu’il les a faites alors qu’il occupait des postes de responsabilité.

    -Vous n’avez pas présenté de preuves dans votre enquête pour étayer vos accusations, évoquant plutôt des sources. Avez-vous ces preuves ?

    Ecoutez, je ne me suis pas aventuré à faire cette enquête sans en avoir au préalable vérifié mes sources et rassemblé des preuves. Je ne me suis pas attaqué à Raouraoua en tant que personne, que je ne connais d’ailleurs pas et avec qui je n’ai aucun lien. C’est un personnage public et c’est le patron de la FAF. Et partant de là, nous sommes tous en droit de nous interroger, d’écrire et de commenter son action. Maintenant, s’il y a une fortune qui en découle, on est aussi en droit de se poser des questions sur son origine.

    -Y a-t-il eu une réponse aux différents courriers que vous lui aviez adressés ?

    Je ferai la même chose avec toutes les personnes sur lesquelles je compte enquêter. Je les solliciterai par écrit avec accusé de réception avant toute publication, comme je l’ai fait avec Raouraoua, qui n’a toujours pas répondu. Je lui ai même adressé une autre missive, avec accusé de réception, pas plus tard que ce matin (dimanche, ndlr).

    -On imagine que vous avez eu tout de même des échos de ses proches ?

    Il y a eu, en effet, des ouï-dire. Il aurait dit à certains qu’il sait d’où est venu le coup. Je lui réponds tout simplement que c’est signé Hichem Aboud. Et s’il pense que cela vient d’ailleurs, je lui précise que je ne sers de plume à personne. Je suis trop dangereux pour ceux qui croient pouvoir m’utiliser au risque de me retourner contre eux.

    -Comment interpréteriez-vous cette absence de réaction de sa part ?

    Je m’attendais à cela. Chaque fois qu’on sort des vérités sur une personne, cette dernière fait le mort. En plus, que voulez-vous qu’il dise.Aussi puissant qu’il prétend être, il m’aurait écrasé si mon enquête et les dossiers que je détiens n’étaient pas du solide. Je tiens à vous préciser une chose sur ma manière d’enquêter. Le protégé, je ne le prends pas en considération au début. Je vois son ou ses protecteurs et j’amasse des preuves accablantes sur eux. Personne n’y échappe. C’est ainsi que je travaille sur mes enquêtes.

    -Donc, vous vous êtes d’abord attaqué à ses protecteurs, avant de cibler Raouraoua…

    Evidemment. Il a ses protecteurs et ses mentors, mais dans ce genre de situation ils se dérobent. Le système algérien est d’une telle opacité qu’on permet à des gens d’avoir une dimension de baron, alors qu’ils ne sont que des ballons de baudruche. Ils se targuent de leurs relations parce qu’ils se servent d’elles. Mais dès qu’il y a un petit couac, elles ne sont plus là, et le protégé est lâché.

    -Et pourquoi juste Raouraoua et pas ses protecteurs dont vous dites détenir des dossiers sur eux ?

    Quant on fait dans le journalisme d’investigation et qu’on révèle ce qui était jusqu’ici occulté sous la loi de l’omerta, on prend une cible et on l’isole pour la fragiliser.
    Et quiconque tente de lui prêter main forte risque de se brûler les doigts. C’est ma manière de travailler. Dans le cas de la FAF, ma cible c’était Raouraoua et je ne touche pas à ses collaborateurs. Toutefois, si ces gens-là tentent d’intervenir, je leur tape sur les doigts, en sortant leurs dossiers. Alors, il vaut mieux qu’ils se taisent, même s’ils ne font que retarder l’échéance, car leur tour viendra aussi. Mais je ne suis pas juge d’instruction ni la justice pour arrêter un réseau. Etant journaliste, on reste quelque part fragile et la meilleure manière de se protéger est de ne pas tirer toutes ses balles, en gardant des munitions qui vont permettre de répliquer.

    -Revenons aux preuves. Vous dites en détenir, mais sans les avoir exposées. Ne pensez-vous pas que cela a jeté du discrédit sur votre enquête ?

    Quand le principal concerné ne répond pas, ne fait pas de démenti, ne demande pas à voir ces preuves et être confronté à mes témoins, pourquoi voulez-vous que je les exhibe. Ces preuves restent mes atouts.
    Je n’écris pas de bides. Je suis quelqu’un de crédible, qui travaille sur la base de dossiers et de preuves. Avant de publier, j’enquête, j’amasse des preuves et je vérifie tout. J’avais d’autres révélations sur Raouraoua, je me suis toutefois tu pour la simple raison que je n’ai pas eu le temps d’enquêter et de les vérifier. Cela pour vous dire que j’ai des preuves et qu’on pourra vérifier tout ce que j’ai révélé.

    -On a pu constater deux genres de réactions chez des confrères et des lecteurs après cette enquête. Il y a ceux qui disent que vous avez «le mérite d’écrire ce que beaucoup de gens pensent de Raouraoua». D’autres estiment que vous n’avez fait que relater ce qui se disait sur lui. Un commentaire ?

    Je sais que chacun y va de son propre commentaire sur cette enquête et cela ne changera pas le fait que j’ai brisé le mur de la peur de ces barons en carton-pâte. Ceux qui font des réflexions du genre : «qu’on m’a donné le feu vert», «qu’on me protège» ou même «qu’on m’a utilisé», ce ne sont que des incompétents, des médiocres et des crétins. Les compétents m’ont remercié pour mon travail, et d’autres le qualifient de courageux. Je ne suis pas du genre à caresser dans le sens du poil.

    -En exclusivité à El Watan, pouvez-vous nous parler de votre prochaine enquête ? Toujours sur Raouraoua et la FAF ?

    Je vais enquêter sur les relations de Raouraoua avec Aspetar, la fameuse clinique qatarie qui travaille en étroite collaboration avec la FAF. Je vais me rendre au Qatar. J’ai eu des informations et je dois me déplacer pour les vérifier. J’enquêterai aussi prochainement sur Média Algérie, l’agence de publicité qui sert d’intermédiaire entre les sponsors et la FAF, et qui perçoit au passage un pourcentage des plus intéressants.

    Je voudrais savoir pourquoi un tel pourcentage et pourquoi les sponsors passent-ils par cette agence ? Pour ce qui est de Halilhodzic, le dictateur par excellence, ce qui est bizarre, c’est que certaines de mes sources m’ont révélé qu’il ne s’entendait plus avec Raouraoua. Je vais aussi parler de la manière avec laquelle il a atterri à la tête de l’équipe nationale et de son fonctionnement à l’intérieur de l’équipe. Je suis donc prêt à livrer mes sujets et j’aimerais voir mes confrères me devancer, sachant que désormais ils n’auront plus peur des représailles.

    -Pour clore, il n’y a pas eu de suite à votre enquête. Un commentaire à ce propos ?

    La presse, aujourd’hui, publie des dossiers accablants sur des gros scandales, comme ceux d’Amar Ghoul et Chakib Khelil, preuves à l’appui. Malheureusement, les pouvoirs publics ne donnent pas suite. Aucun d’entre eux n’a été, au moins, convoqué par la justice juste pour être entendu. Je ne suis pas frustré pour autant et ma satisfaction, c’est que cette enquête pousse les gens à réagir. Certains m’ont sollicité et remis des documents sur certaines affaires. Rien que ce matin (dimanche, ndlr), j’ai reçu un policier avec un lourd dossier sur une affaire. Et le dossier que j’ai en main, c’est une grosse affaire sur le fameux Melzi, sur qui je me penche en ce moment.

    Tarek Aït Sellamet-EL WATAN
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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