La France file du mauvais coton et elle s’invente des boucs-émissaires. La preuve ? Un hebdomadaire bien-pensant et bien penchant à droite, «Le Point», s’est livré à une charge d’une violence inouïe contre le joueur de football, Karim Benzema. Un de ses éditorialistes, Jérôme Béglé, lui a adressé un très menaçant «Karim Benzema, tais-toi !».
De quoi est coupable Benzema, ce français – qui comme tout ceux qui sont d’origine maghrébine ou africaine – n’est apparemment pas considéré comme étant tout à fait français ? D’avoir dit qu’il ne chantait pas «La Marseillaise». Une hérésie ? Non, des joueurs connus, comme Zinedine Zidane, Michel Platini, Patrick Viera et d’autres, n’ont pas chanté «La Marseillaise» et personne ne leur en a fait le reproche. Benzema a expliqué prosaïquement que son problème n’est pas «La Marseillaise», mais marquer des buts. «Si je ne chante pas ‘‘La Marseillaise’’, que le match commence, que je mets trois buts, je pense qu’on ne va pas dire à la fin du match que je n’ai pas chanté ‘‘La Marseillaise’’. C’est ça, le souci, c’est parce que ça fait un moment que je n’ai pas marqué en équipe de France.»
Un buteur qui admet que son problème est qu’il ne marque pas de buts ou pas assez, cela est d’une franchise très pro. «On ne va pas me forcer à chanter ‘‘La Marseillaise’’. Zidane, par exemple, ne la chantait pas forcément. Et il y en a d’autres. Je ne vois pas où est le problème. Il y a même des supporters qui ne la chantent pas. Ce n’est pas tout le stade qui chante ‘‘La Marseillaise’’ !» L’éditorialiste du «Point» a flairé l’aubaine, un Arabe qui gagne beaucoup de fric et qui est célèbre, quelle bonne cible à brocarder. L’édito est, disons-le, parfaitement débile et animé par une pulsion raciste, qui ne prend même pas la peine de se cacher. Jérôme Béglé, qui est rédacteur en chef dans un journal de droite, n’a aucun problème avec les riches quand ils sont «français de souche».
Il a défendu l’acteur Gérard Depardieu, qui a choisi de se faire belge pour ne pas payer des impôts en France. Mais un Arabe qui gagne de l’argent, cela lui donne quelques nausées et des démangeaisons de meurtre contre «l’enfoiré», «pourri par le fric». C’est une attaque raciste relayée rapidement par le Front national (FN), qui a exigé que Benzema soit interdit d’équipe nationale. La France semble avoir régulièrement besoin de diversion, et des éditocrates au racisme décomplexé œuvrent à la créer. Dans un pays qui a des problèmes de chômage, où les inégalités se creusent et des socialistes milliardaires sont soupçonnés de frauder le fisc et essaient de s’accrocher au poste ministériel… quoi de plus simple que de refaire le coup de l’étranger qui mange le pain des Français.
C’est du délire avec téléréalité à tous les étages, note avec humour un confrère français. Mais fort heureusement, tous ne sombrent pas dans ce délire puant. «Karim Benzema, ne te tais pas !», a rétorqué «Rue 89» dans un éditorial qui répond à la diatribe du «Point». «Benzema ne créera pas de vaccin, ni de fusée. Comme tous ses collègues, il est simplement là pour nous divertir. Alors, non, je n’ai jamais cru en lui, du moins pas à ce point. Il n’a pas brûlé un drapeau tricolore, pas fait de démarches pour changer de nationalité – contrairement à Depardieu que Jérôme Béglé se plaît à défendre – et surtout, n’a jamais dit qu’il n’aimait pas la France. D’ailleurs, pourquoi aurait-il à se justifier de son patriotisme ? Parce qu’à vrai dire, on s’en fout aussi.» «Rue 89» est-il l’expression d’une France résiduelle qui n’a perdu ni la tête, ni son humour ?
Écrit par Lena Azizi
REPORTERS.DZ
De quoi est coupable Benzema, ce français – qui comme tout ceux qui sont d’origine maghrébine ou africaine – n’est apparemment pas considéré comme étant tout à fait français ? D’avoir dit qu’il ne chantait pas «La Marseillaise». Une hérésie ? Non, des joueurs connus, comme Zinedine Zidane, Michel Platini, Patrick Viera et d’autres, n’ont pas chanté «La Marseillaise» et personne ne leur en a fait le reproche. Benzema a expliqué prosaïquement que son problème n’est pas «La Marseillaise», mais marquer des buts. «Si je ne chante pas ‘‘La Marseillaise’’, que le match commence, que je mets trois buts, je pense qu’on ne va pas dire à la fin du match que je n’ai pas chanté ‘‘La Marseillaise’’. C’est ça, le souci, c’est parce que ça fait un moment que je n’ai pas marqué en équipe de France.»
Un buteur qui admet que son problème est qu’il ne marque pas de buts ou pas assez, cela est d’une franchise très pro. «On ne va pas me forcer à chanter ‘‘La Marseillaise’’. Zidane, par exemple, ne la chantait pas forcément. Et il y en a d’autres. Je ne vois pas où est le problème. Il y a même des supporters qui ne la chantent pas. Ce n’est pas tout le stade qui chante ‘‘La Marseillaise’’ !» L’éditorialiste du «Point» a flairé l’aubaine, un Arabe qui gagne beaucoup de fric et qui est célèbre, quelle bonne cible à brocarder. L’édito est, disons-le, parfaitement débile et animé par une pulsion raciste, qui ne prend même pas la peine de se cacher. Jérôme Béglé, qui est rédacteur en chef dans un journal de droite, n’a aucun problème avec les riches quand ils sont «français de souche».
Il a défendu l’acteur Gérard Depardieu, qui a choisi de se faire belge pour ne pas payer des impôts en France. Mais un Arabe qui gagne de l’argent, cela lui donne quelques nausées et des démangeaisons de meurtre contre «l’enfoiré», «pourri par le fric». C’est une attaque raciste relayée rapidement par le Front national (FN), qui a exigé que Benzema soit interdit d’équipe nationale. La France semble avoir régulièrement besoin de diversion, et des éditocrates au racisme décomplexé œuvrent à la créer. Dans un pays qui a des problèmes de chômage, où les inégalités se creusent et des socialistes milliardaires sont soupçonnés de frauder le fisc et essaient de s’accrocher au poste ministériel… quoi de plus simple que de refaire le coup de l’étranger qui mange le pain des Français.
C’est du délire avec téléréalité à tous les étages, note avec humour un confrère français. Mais fort heureusement, tous ne sombrent pas dans ce délire puant. «Karim Benzema, ne te tais pas !», a rétorqué «Rue 89» dans un éditorial qui répond à la diatribe du «Point». «Benzema ne créera pas de vaccin, ni de fusée. Comme tous ses collègues, il est simplement là pour nous divertir. Alors, non, je n’ai jamais cru en lui, du moins pas à ce point. Il n’a pas brûlé un drapeau tricolore, pas fait de démarches pour changer de nationalité – contrairement à Depardieu que Jérôme Béglé se plaît à défendre – et surtout, n’a jamais dit qu’il n’aimait pas la France. D’ailleurs, pourquoi aurait-il à se justifier de son patriotisme ? Parce qu’à vrai dire, on s’en fout aussi.» «Rue 89» est-il l’expression d’une France résiduelle qui n’a perdu ni la tête, ni son humour ?
Écrit par Lena Azizi
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