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Par Mehdi Taje
Spécialiste du Sahel
LE PLUS. Le Sahel est désormais une zone stratégique de l'Afrique. Carrefour de conflits, il représente un enjeu pour l'Algérie. Entre l'investissement de la France au Mali et les circonstances de la tragédie d'In Amenas, Mehdi Taje, expert en géopolitique nord-africaine, propose une lecture nouvelle de la position algérienne et formule des hypothèses.
Édité par Henri Rouillier Auteur parrainé par Céline Lussato
La zone sahélienne fixe des intérêts multiples par elle-même, mais elle ne se suffit pas à elle-même.
Dans cet espace, l’Algérie, le Maroc et antérieurement la Libye développent des dispositifs diplomatiques, militaires et secrets obéissant à des calculs de neutralisation de l’autre. Les rivalités sont vives, l’enjeu étant de s’assurer le leadership sur un Sahel tourmenté et vulnérable, mais offrant de multiples opportunités. L’effacement programmé de la Libye en tant qu'acteur régional majeur dans la zone ouvre un large boulevard à un monopole stratégique pour l'Algérie qui n'a jamais caché, depuis 1962, ses visées à l’égard du théâtre saharien.
Une position équivoque ?
Alger, compte tenu de son histoire, de la présence de Touaregs sur son territoire et de ses ambitions, développe depuis de longues années une stratégie complexe. Sans nier l’existence au Sahel d’un noyau dur d’islamistes radicaux vecteurs d’un message politico-religieux et ayant recours au terrorisme et à la violence armée, une deuxième clef d’analyse posée à titre d’hypothèse permet de mieux cerner la portée d’AQMI au Maghreb et au Sahel. À l’intérieur de l’État algérien se situent des centres de décision aux stratégies divergentes qui mènent une lutte interne pour le pouvoir et le contrôle des richesses nationales.
Dans le cadre de cette hypothèse, des hommes pivots du mouvement armé du GSPC, devenu AQMI, seraient aux ordres d’un clan disposant de puissants relais au sein des services algériens. Les actions entreprises, aussi extrêmes soient-elles, ne seraient ni plus ni moins que des messages adressés aux clans adverses.
En ce sens, il convient d’établir une distinction entre commanditaires avisés, poursuivant des objectifs stratégiques ou personnels et les exécutants instrumentalisés, simples pions sur un échiquier, mais fondamentalement imprégnés par l’importance de leur cause. Cette distinction est au cœur du raisonnement : il ne s’agit pas de nier la réalité d’authentiques jihadistes mus par une volonté de lutter contre un Occident impie attaquant des terres d’islam, mais de ne pas s’en contenter.
Il est utile de prendre en considération les stratégies secrètes d’acteurs divers poursuivant des intérêts loin de toute foi religieuse, encore plus de l’islam. Le chômage et les injustices sociales, conjugués à l’absence de progrès économiques et sociaux, jouent en faveur des commanditaires et de la persistance du terrorisme en Algérie. En outre, la stratégie occidentale de harcèlement et de stigmatisation des musulmans alimente le choc Occident-Islam et favorise l’endoctrinement et le recrutement des exécutants.
Le discrédit international posé sur Alger
Aqmi avancerait ainsi sensiblement au gré des intérêts de cercles du pouvoir algérien. Comme le souligne Alain Chouet : "La violence dite islamiste algérienne ne se confond pas avec le djihadisme internationaliste du type Al-Qaida (…) Cette violence paraît toujours fortement corrélée aux aléas et aux vicissitudes de la vie politique algérienne"[1].
La menace d’Aqmi pose en réalité la problématique de la maturité historique de l’État et de la société algérienne et de la nature du pouvoir algérien. En dépit du discours du président Bouteflika, le 15 avril 2011, annonçant la révision de la Constitution et une ouverture politique en vue des élections législatives du 10 mai 2012, une frange du pouvoir algérien s’est empressée de freiner l’ouverture. C’est la réponse à court terme.
Ainsi, à l’image du double-jeu pratiqué par les services secrets pakistanais ISI ([2]) en Afghanistan, dans le cadre d’une sous-traitance, Aqmi serait-elle en partie un instrument d’influence entre les mains de clans algériens générant une rente stratégique ou sécuritaire monnayable auprès des Occidentaux, tout en justifiant les ambitions hégémoniques algériennes à l’égard de l’espace sahélien ([3]) ?
La dérive du Polisario étroitement encadré par Alger contribue également à discréditer la stratégie algérienne dans la région. En effet, depuis de nombreuses années, des analystes divers soulignent l’implication croissante de membres du Polisario dans les trafics et leur collusion avec Aqmi et les groupes se revendiquant de l’islamisme radical au Sahel. Un axe Aqmi - Polisario, trafiquants en tous genres et membres des cartels de drogue sud-américains a prospéré sur fond de vulnérabilité des États du Sahel.
L’Algérie, cible ultime ?
La presse algérienne soutient avec insistance la thèse du ciblage du régime algérien en se prévalant de l’expansion irrésistible des révolutions du printemps arabe et des pressions qui l’assaillent de toute part (à l’Est, les révolutions tunisienne et libyenne, à l’ouest la pression marocaine du fait du conflit saharien et au sud le conflit malien induisant une militarisation croissante impliquant les puissances occidentales). De ce fait, l’Algérie est une citadelle assiégée.
Ce positionnement induit un accroissement continu du budget militaire algérien : premier budget militaire de l’Afrique du Nord, le budget militaire algérien enregistre à nouveau en 2013 une nette augmentation pour franchir la barre des 10 milliards de dollars. Il est clair que cet arsenal dépasse l’impératif de la lutte contre le terrorisme.
L’Algérie avait en outre soutenu la résistance libyenne contre l’intervention extérieure et manifesté ses réserves à l’égard de l’offensive arabe et occidentale contre le régime syrien, dans l’esprit du Front du Refus. Enfin, l’Algérie pressent que sa prise de participation dans l’exploration et l’exploitation des richesses énergétiques du Sahel l’expose à des stratégies hostiles des puissances occidentales.
Certes, les médias algériens ont tendance à dénoncer, derrière la menace, les facteurs externes en omettant la consistance des facteurs internes évoqués par ailleurs de manière éparse. Les mêmes causes ayant provoqué les révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne se retrouvent en Algérie : l’aspiration à la démocratie et à l’État de droit, l’impératif de transparence inspiré par l’opacité du système politique, le chômage et la précarité, les déséquilibres économiques et sociaux en dépit des ressources de l’État, etc.
Le 14 mars 2013, des milliers de jeunes chômeurs défilaient à Ouargla dans le sud algérien et de nombreux acteurs politiques algériens évoquent des plans visant à porter atteinte à la souveraineté algérienne. Le problème de la démocratisation et de l’assainissement des régimes post coloniaux est posé. Le statu quo est irrémédiablement mis en cause. Dans ce contexte, le glacis algérien intrigue ; il pèse sur la dynamique régionale.
Ces développements permettent d’envisager l’attaque de Konna par Ansar Dine et les événements dramatiques de In Amenas sous un autre angle. De toute évidence, les deux actes n’avaient aucune chance d’aboutir.
À Alger, métropole du règlement politique négocié, le ou les clans ayant instrumentalisé la menace terroriste par le passé ont pu décider, compte-tenu de leurs liens avérés avec le chef d’Ansar Dine et des rivalités croissantes au sein de cette mouvance, et face à l’imminence d’une intervention militaire susceptible de viser à terme l’Algérie, d’amorcer une nouvelle dynamique afin de précipiter les événements.
Quelles motivations ?
1. Affaiblir le président Bouteflika qui aspirait à briguer un quatrième mandat. Une sourde lutte de clans se déroule en coulisses à Alger dans le contexte de la succession du président Bouteflika.
Comme ce dernier s’engage dans la course pour un quatrième mandat, bien des appétits se retrouvent frustrés. En conséquence, tout ce qui pourrait affaiblir le président peut s’avérer utile, à commencer par un dérapage de la situation sécuritaire. De surcroît, Bouteflika semblait s’orienter vers l’assainissement de la scène algérienne en cherchant à favoriser l’émergence d’une nouvelle génération politique, acquise à l’État FLN mais mue par la volonté d’initier un bond en avant dans l’ouverture politique et le processus démocratique. Leur socle secoué, les clans rivaux, se sentant menacés, ne pouvaient que multiplier les manœuvres visant à fragiliser l’assise politique du président.
Suite à l’autorisation de survol accordée aux avions français devant intervenir au Mali, la presse algérienne a lancé une véritable politique de dénigrement contre le président Bouteflika, allant jusqu’à l’accuser de collusion avec l’ancienne puissance coloniale et rappelant étrangement la campagne contre le président Liamine Zéroual, le poussant à la démission à l’automne 1998. Les révélations de la presse algérienne du 18 février 2013 sur l’affaire dite "Sonatrach 2" abondent en ce sens.
2. Assurer leur survie en détournant les Occidentaux des changements de régime et en remettant l’Algérie au centre de la lutte contre le terrorisme ;
3. Précipiter l’intervention française afin de favoriser ultérieurement l’enlisement des forces françaises sur les plans militaire et financier (prendre une revanche sur l’histoire). En effet, forcée d’intervenir, la France se retrouve en première ligne avec des troupes au sol de plus en plus nombreuses, risquant d’essuyer de nombreuses pertes et de porter la responsabilité d’une éventuelle afghanisation du Sahel.
(à suivre)
Par Mehdi Taje
Spécialiste du Sahel
LE PLUS. Le Sahel est désormais une zone stratégique de l'Afrique. Carrefour de conflits, il représente un enjeu pour l'Algérie. Entre l'investissement de la France au Mali et les circonstances de la tragédie d'In Amenas, Mehdi Taje, expert en géopolitique nord-africaine, propose une lecture nouvelle de la position algérienne et formule des hypothèses.
Édité par Henri Rouillier Auteur parrainé par Céline Lussato
La zone sahélienne fixe des intérêts multiples par elle-même, mais elle ne se suffit pas à elle-même.
Dans cet espace, l’Algérie, le Maroc et antérieurement la Libye développent des dispositifs diplomatiques, militaires et secrets obéissant à des calculs de neutralisation de l’autre. Les rivalités sont vives, l’enjeu étant de s’assurer le leadership sur un Sahel tourmenté et vulnérable, mais offrant de multiples opportunités. L’effacement programmé de la Libye en tant qu'acteur régional majeur dans la zone ouvre un large boulevard à un monopole stratégique pour l'Algérie qui n'a jamais caché, depuis 1962, ses visées à l’égard du théâtre saharien.
Une position équivoque ?
Alger, compte tenu de son histoire, de la présence de Touaregs sur son territoire et de ses ambitions, développe depuis de longues années une stratégie complexe. Sans nier l’existence au Sahel d’un noyau dur d’islamistes radicaux vecteurs d’un message politico-religieux et ayant recours au terrorisme et à la violence armée, une deuxième clef d’analyse posée à titre d’hypothèse permet de mieux cerner la portée d’AQMI au Maghreb et au Sahel. À l’intérieur de l’État algérien se situent des centres de décision aux stratégies divergentes qui mènent une lutte interne pour le pouvoir et le contrôle des richesses nationales.
Dans le cadre de cette hypothèse, des hommes pivots du mouvement armé du GSPC, devenu AQMI, seraient aux ordres d’un clan disposant de puissants relais au sein des services algériens. Les actions entreprises, aussi extrêmes soient-elles, ne seraient ni plus ni moins que des messages adressés aux clans adverses.
En ce sens, il convient d’établir une distinction entre commanditaires avisés, poursuivant des objectifs stratégiques ou personnels et les exécutants instrumentalisés, simples pions sur un échiquier, mais fondamentalement imprégnés par l’importance de leur cause. Cette distinction est au cœur du raisonnement : il ne s’agit pas de nier la réalité d’authentiques jihadistes mus par une volonté de lutter contre un Occident impie attaquant des terres d’islam, mais de ne pas s’en contenter.
Il est utile de prendre en considération les stratégies secrètes d’acteurs divers poursuivant des intérêts loin de toute foi religieuse, encore plus de l’islam. Le chômage et les injustices sociales, conjugués à l’absence de progrès économiques et sociaux, jouent en faveur des commanditaires et de la persistance du terrorisme en Algérie. En outre, la stratégie occidentale de harcèlement et de stigmatisation des musulmans alimente le choc Occident-Islam et favorise l’endoctrinement et le recrutement des exécutants.
Le discrédit international posé sur Alger
Aqmi avancerait ainsi sensiblement au gré des intérêts de cercles du pouvoir algérien. Comme le souligne Alain Chouet : "La violence dite islamiste algérienne ne se confond pas avec le djihadisme internationaliste du type Al-Qaida (…) Cette violence paraît toujours fortement corrélée aux aléas et aux vicissitudes de la vie politique algérienne"[1].
La menace d’Aqmi pose en réalité la problématique de la maturité historique de l’État et de la société algérienne et de la nature du pouvoir algérien. En dépit du discours du président Bouteflika, le 15 avril 2011, annonçant la révision de la Constitution et une ouverture politique en vue des élections législatives du 10 mai 2012, une frange du pouvoir algérien s’est empressée de freiner l’ouverture. C’est la réponse à court terme.
Ainsi, à l’image du double-jeu pratiqué par les services secrets pakistanais ISI ([2]) en Afghanistan, dans le cadre d’une sous-traitance, Aqmi serait-elle en partie un instrument d’influence entre les mains de clans algériens générant une rente stratégique ou sécuritaire monnayable auprès des Occidentaux, tout en justifiant les ambitions hégémoniques algériennes à l’égard de l’espace sahélien ([3]) ?
La dérive du Polisario étroitement encadré par Alger contribue également à discréditer la stratégie algérienne dans la région. En effet, depuis de nombreuses années, des analystes divers soulignent l’implication croissante de membres du Polisario dans les trafics et leur collusion avec Aqmi et les groupes se revendiquant de l’islamisme radical au Sahel. Un axe Aqmi - Polisario, trafiquants en tous genres et membres des cartels de drogue sud-américains a prospéré sur fond de vulnérabilité des États du Sahel.
L’Algérie, cible ultime ?
La presse algérienne soutient avec insistance la thèse du ciblage du régime algérien en se prévalant de l’expansion irrésistible des révolutions du printemps arabe et des pressions qui l’assaillent de toute part (à l’Est, les révolutions tunisienne et libyenne, à l’ouest la pression marocaine du fait du conflit saharien et au sud le conflit malien induisant une militarisation croissante impliquant les puissances occidentales). De ce fait, l’Algérie est une citadelle assiégée.
Ce positionnement induit un accroissement continu du budget militaire algérien : premier budget militaire de l’Afrique du Nord, le budget militaire algérien enregistre à nouveau en 2013 une nette augmentation pour franchir la barre des 10 milliards de dollars. Il est clair que cet arsenal dépasse l’impératif de la lutte contre le terrorisme.
L’Algérie avait en outre soutenu la résistance libyenne contre l’intervention extérieure et manifesté ses réserves à l’égard de l’offensive arabe et occidentale contre le régime syrien, dans l’esprit du Front du Refus. Enfin, l’Algérie pressent que sa prise de participation dans l’exploration et l’exploitation des richesses énergétiques du Sahel l’expose à des stratégies hostiles des puissances occidentales.
Certes, les médias algériens ont tendance à dénoncer, derrière la menace, les facteurs externes en omettant la consistance des facteurs internes évoqués par ailleurs de manière éparse. Les mêmes causes ayant provoqué les révolutions tunisienne, égyptienne et libyenne se retrouvent en Algérie : l’aspiration à la démocratie et à l’État de droit, l’impératif de transparence inspiré par l’opacité du système politique, le chômage et la précarité, les déséquilibres économiques et sociaux en dépit des ressources de l’État, etc.
Le 14 mars 2013, des milliers de jeunes chômeurs défilaient à Ouargla dans le sud algérien et de nombreux acteurs politiques algériens évoquent des plans visant à porter atteinte à la souveraineté algérienne. Le problème de la démocratisation et de l’assainissement des régimes post coloniaux est posé. Le statu quo est irrémédiablement mis en cause. Dans ce contexte, le glacis algérien intrigue ; il pèse sur la dynamique régionale.
Ces développements permettent d’envisager l’attaque de Konna par Ansar Dine et les événements dramatiques de In Amenas sous un autre angle. De toute évidence, les deux actes n’avaient aucune chance d’aboutir.
À Alger, métropole du règlement politique négocié, le ou les clans ayant instrumentalisé la menace terroriste par le passé ont pu décider, compte-tenu de leurs liens avérés avec le chef d’Ansar Dine et des rivalités croissantes au sein de cette mouvance, et face à l’imminence d’une intervention militaire susceptible de viser à terme l’Algérie, d’amorcer une nouvelle dynamique afin de précipiter les événements.
Quelles motivations ?
1. Affaiblir le président Bouteflika qui aspirait à briguer un quatrième mandat. Une sourde lutte de clans se déroule en coulisses à Alger dans le contexte de la succession du président Bouteflika.
Comme ce dernier s’engage dans la course pour un quatrième mandat, bien des appétits se retrouvent frustrés. En conséquence, tout ce qui pourrait affaiblir le président peut s’avérer utile, à commencer par un dérapage de la situation sécuritaire. De surcroît, Bouteflika semblait s’orienter vers l’assainissement de la scène algérienne en cherchant à favoriser l’émergence d’une nouvelle génération politique, acquise à l’État FLN mais mue par la volonté d’initier un bond en avant dans l’ouverture politique et le processus démocratique. Leur socle secoué, les clans rivaux, se sentant menacés, ne pouvaient que multiplier les manœuvres visant à fragiliser l’assise politique du président.
Suite à l’autorisation de survol accordée aux avions français devant intervenir au Mali, la presse algérienne a lancé une véritable politique de dénigrement contre le président Bouteflika, allant jusqu’à l’accuser de collusion avec l’ancienne puissance coloniale et rappelant étrangement la campagne contre le président Liamine Zéroual, le poussant à la démission à l’automne 1998. Les révélations de la presse algérienne du 18 février 2013 sur l’affaire dite "Sonatrach 2" abondent en ce sens.
2. Assurer leur survie en détournant les Occidentaux des changements de régime et en remettant l’Algérie au centre de la lutte contre le terrorisme ;
3. Précipiter l’intervention française afin de favoriser ultérieurement l’enlisement des forces françaises sur les plans militaire et financier (prendre une revanche sur l’histoire). En effet, forcée d’intervenir, la France se retrouve en première ligne avec des troupes au sol de plus en plus nombreuses, risquant d’essuyer de nombreuses pertes et de porter la responsabilité d’une éventuelle afghanisation du Sahel.
(à suivre)
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