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Chypre sacrifie ses banques pour éviter la faillite

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  • Chypre sacrifie ses banques pour éviter la faillite

    Pour obtenir l’assistance financière promis de 10 milliards d’euros, Chypre accepte une très sévère restructuration financière de son secteur bancaire. Une paralysie temporaire de l’économie est prévisible.

    Au forceps, un accord a été obtenu dans la nuit de dimanche à lundi entre le président de Chypre Nicos Anastasiades et ses bailleurs de fonds internationaux. Le virage est complet : plutôt que d’imposer une taxe sur les dépôts bancaire pour tous, Chypre a finalement opté pour la mise en faillite d’une partie de son secteur bancaire.

    Conformément au principe européen, tous les dépôts inférieurs à 100.000 euros seront garantis. En revanche, un grand nombre de déposants au-delà de ce seuil vont perdre une grande partie de leur mise, entre 40 et 60% sans doute selon qu’ils soient actionnaires des deux banques visées par le plan, la Bank of Cyprus et la Banque populaire encore appelée Laiki Bank. Au lieu de répartir la charge entre le plus grand nombre de déposants, le nouveau plan se concentre donc sur les deux principaux établissements du pays qui pèsent pour au moins la moitié de l’activité bancaire du pays. Chypre prévoit ainsi la liquidation de la banque Laïki et la recapitalisation de Bank of Cyprus. C’est la condition pour que les Européens lui prêtent 10 milliards d’euros pour les trois ans à venir.

    Quel est l’avantage de ce plan par rapport à celui conclu à Bruxelles il y a une semaine et qui reposait sur une participation de Chypre à hauteur de 5,8 milliards d’euros via la taxation des dépôts bancaires ? D’abord, il répond au souhait des Européens de diminuer la taille du secteur bancaire de l’île, jugé hors de proportion avec sa capacité économique. Concrètement, Laiki Bank sera fermée : ses actifs sains seront transférés à Bank of Cyprus et tout le reste cantonné dans une « bad bank » qui sera liquidée au fil du temps. Ainsi les actionnaires et les créanciers obligataires perdront la totalité de leurs mises, tandis que les déposants de plus de 100.000 euros devraient perdre une grande partie de leurs fonds, à moins que la bad bank ne parviennent à récupérer peu à peu de quoi les rembourser un peu.

    Pas d’appel aux contribuables

    En revanche, le plan est monté de manière à éviter toute perte à la BCE qui a apporté jusqu’à 9 milliards d’euros de liquidités à Laiki. Ces 9 milliards seront transférés à Bank of Cyprus, qui, elle, sera recapitalisée par ses actionnaires, ses créanciers obligataires et ses déposants détenteurs de plus de 100.000 euros. Ainsi pour la première fois dans l’histoire des sauvetages bancaires européens, il ne sera pas fait appel aux contribuables pour renflouer les banques en faillite, mais bien à tous ceux actionnaires, créanciers obligataires et gros déposants qui ont misé sur la banque.

    Un autre avantage du plan adopté ce matin est qu’il n’a plus besoin du vote du parlement chypriote. Celui-ci a adopté la semaine dernière une loi sur les faillites bancaires et la restructuration de Laiki et Bank of Cyprus. C’est dans le cadre de cette loi que relève désormais la mise en œuvre du plan. Enfin et surtout, l’atout du plan est d’éviter à Chypre d’avoir besoin encore d’une taxe sur les dépôts. « Ce deal est meilleur que celui de la semaine dernière parce qu’il se concentre là où il y a des problèmes : la liquidation de Laiki Bank et la restructuration de Bank of Cyprus », a défendu le président de l’Eurgroupe Jeroen Dijsselbloem. « Cela permettra à Chypre de rebondir vite ».

    Une perte de 40%

    Une affirmation bien audacieuse. En effet, l’inconvénient du plan voté dans la nuit, est qu’il risque de paralyser l’économie chypriote un bon moment. Les pertes imposées aux déposants devraient aussi toucher des entreprises et pourraient entraîner des faillites en chaîne de PME. Quant aux riches oligarques russes, qui s’insurgeaient la semaine dernière contre la taxe de 9,9% sur leurs dépôts du précédent plan, ils risquent de ne pas apprécier de passer à une perte de plus de 40% de leurs économies, pour peu qu’elles soient placée à Laiki.

    Chypre n’est en tout cas pas sortie d’affaires et le Commissaire aux affaires européennes, tout en promettant l’aide des institutions européenne, a prévenu qu’il y aura du sang et des larmes. « Les Chypriotes devront reconstruire leur économie sur de nouvelles bases, ce sera dur mais nous travaillerons ensemble », a-t-il prévenu. « Il n’y a pas d’acharnement sur Chypre », a déclaré le ministre des Finances français Pierre Moscovici, en soulignant que tout autre choix aurait conduit à une faillite désordonnée des banques chypriotes. Il a aussi souligné qu’il n’avait jamais été partisan d’une taxe sur les dépôts au-dessous de 100.000 euros, qu’elle avait été voulue par le président de Chypre Nicos Anastasiades, mais qu’il assumait l’erreur collective d’avoir exploré cette piste.

    Nicos Anastasiades s’est déclaré « satisfait » à l’issue des négociations. De guerre lasse et sans conviction. S’il n’a plus besoin du vote du Parlement, il va lui falloir affronter la rue. Un contrôle des capitaux va être installé et il n’est pas sûr que les banques fermées depuis une semaine, puissent rouvrir rapidement. En revanche, la BCE devrait continuer à alimenter le système bancaire chypriote, maintenant qu’elle a la promesse d’une restructuration.
    les échos fr
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