Les déclarations du président de l'Eurogroupe au sujet de Chypre et les rumeurs de dégradation de l'Italie ont renversé la tendance sur les marchés.
Reuters
Sur les marchés, une déclaration maladroite peut effacer d'un coup les fruits d'un compromis bien accueilli. Les Bourses européennes en ont fait l'expérience lundi. Le plan de sauvetage de Chypre, obtenu à l'arraché dans la nuit de dimanche à lundi, semblait avoir soulagé les investisseurs dans un premier temps. En Asie comme en Europe, les places financières saluaient cet accord par des gains de 1% à 2%. Las, la tendance s'est subitement inversée lundi l'après-midi. Les banques se sont effondrées, entraînant avec elles les grands indices européens : Paris a perdu 1,12 % en clôture et Milan 2,5 %, alors que des rumeurs de dégradation de la note de l'Italie par Moody's circulaient dans le même temps. L'euro a glissé à 1,2830 dollar, un plus bas depuis quatre mois.
A l'origine de ce décrochage, il faut voir les propos tenus par le président de l'Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Celui-ci a déclaré dans une interview à Reuters et au Financial Times que Chypre représentait un nouveau modèle de résolution des crises bancaires dans la zone euro. « Si une banque ne peut se recapitaliser elle-même, alors nous discuterons avec les actionnaires et les créanciers obligataires, nous leur demanderons de contribuer en recapitalisant la banque et, si nécessaire, nous le demanderons aux détenteurs de dépôts non garantis ».
Un changement de pied qui n'a pas plu aux investisseurs. Certes, en juin dernier, la Commission européenne avait déjà proposé une directive sur la résolution des crises bancaires qui prévoyait de mettre à contribution les créanciers obligataires. Mais pas avant plusieurs années (2015 pour les Allemands, 2018 pour d'autres). Et ce texte législatif doit encore être approuvé par le Conseil et le Parlement européens. Jeroen Dijsselbloem a lui-même indiqué que le cas chypriote représentait une nouvelle doctrine pour l'ensemble de l'Union européenne, l'objectif étant que le Mécanisme européen de stabilité (MES), destiné à recapitaliser directement les banques en difficulté, n'ait jamais à être utilisé...
Le président de l'Eurogroupe a corrigé ses propos dans la soirée. Dans un communiqué de deux phrases, il a assuré que « Chypre était un cas spécifique », que tous les plans d'aide sont faits « sur mesure » en fonction de la situation de chaque pays et qu'il n'existe aucun « modèle ». Mais le mal était fait. L'ensemble du secteur bancaire a chuté hier, l'indice paneuropéen pliant de 1,87%. Le calamiteux sauvetage chypriote, comme les propos de Dijsselbloem, pourraient laisser des traces sur les marchés. Pour Carsten Brzeski, chez ING, la zone euro « n'a pas trouvé de modèle pour garantir sa stabilité financière ». Et pour cause : « l'idée d'une union bancaire pour briser le lien entre les dettes souveraines et des systèmes bancaires fragiles n'est pas acceptée par les pays plus forts quand il s'agit de partager le fardeau ».
Par Guillaume Maujean
LES ECHOS
Reuters
Sur les marchés, une déclaration maladroite peut effacer d'un coup les fruits d'un compromis bien accueilli. Les Bourses européennes en ont fait l'expérience lundi. Le plan de sauvetage de Chypre, obtenu à l'arraché dans la nuit de dimanche à lundi, semblait avoir soulagé les investisseurs dans un premier temps. En Asie comme en Europe, les places financières saluaient cet accord par des gains de 1% à 2%. Las, la tendance s'est subitement inversée lundi l'après-midi. Les banques se sont effondrées, entraînant avec elles les grands indices européens : Paris a perdu 1,12 % en clôture et Milan 2,5 %, alors que des rumeurs de dégradation de la note de l'Italie par Moody's circulaient dans le même temps. L'euro a glissé à 1,2830 dollar, un plus bas depuis quatre mois.
A l'origine de ce décrochage, il faut voir les propos tenus par le président de l'Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Celui-ci a déclaré dans une interview à Reuters et au Financial Times que Chypre représentait un nouveau modèle de résolution des crises bancaires dans la zone euro. « Si une banque ne peut se recapitaliser elle-même, alors nous discuterons avec les actionnaires et les créanciers obligataires, nous leur demanderons de contribuer en recapitalisant la banque et, si nécessaire, nous le demanderons aux détenteurs de dépôts non garantis ».
Un changement de pied qui n'a pas plu aux investisseurs. Certes, en juin dernier, la Commission européenne avait déjà proposé une directive sur la résolution des crises bancaires qui prévoyait de mettre à contribution les créanciers obligataires. Mais pas avant plusieurs années (2015 pour les Allemands, 2018 pour d'autres). Et ce texte législatif doit encore être approuvé par le Conseil et le Parlement européens. Jeroen Dijsselbloem a lui-même indiqué que le cas chypriote représentait une nouvelle doctrine pour l'ensemble de l'Union européenne, l'objectif étant que le Mécanisme européen de stabilité (MES), destiné à recapitaliser directement les banques en difficulté, n'ait jamais à être utilisé...
Le président de l'Eurogroupe a corrigé ses propos dans la soirée. Dans un communiqué de deux phrases, il a assuré que « Chypre était un cas spécifique », que tous les plans d'aide sont faits « sur mesure » en fonction de la situation de chaque pays et qu'il n'existe aucun « modèle ». Mais le mal était fait. L'ensemble du secteur bancaire a chuté hier, l'indice paneuropéen pliant de 1,87%. Le calamiteux sauvetage chypriote, comme les propos de Dijsselbloem, pourraient laisser des traces sur les marchés. Pour Carsten Brzeski, chez ING, la zone euro « n'a pas trouvé de modèle pour garantir sa stabilité financière ». Et pour cause : « l'idée d'une union bancaire pour briser le lien entre les dettes souveraines et des systèmes bancaires fragiles n'est pas acceptée par les pays plus forts quand il s'agit de partager le fardeau ».
Par Guillaume Maujean
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