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à propos de la destruction du secteur industriel : «Le démantèlement des entreprises publiques a été planifié»

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  • à propos de la destruction du secteur industriel : «Le démantèlement des entreprises publiques a été planifié»

    Comment l’Algérie a gaspillé son capital industriel, privilégiant ainsi l’importation des biens de consommation ? Pourquoi les gouvernements successifs n’ont pas daigné porter secours aux anciens fleurons de l’industrie algérienne ? Qui a intérêt à ce que le secteur algérien ne se relève jamais ?


    L’invité du forum d’El Watan, Maâmar Benguerba, ancien directeur de la gestion industrielle, a expliqué que la débâcle de l’industrie a été orchestrée dès la mort du président Boumediène. Le coup de grâce a été donné dans les années 2000 avec une gestion désastreuse lors des trois mandats du président Bouteflika.

    La volonté de nuire au secteur industriel tient en un exemple : depuis 2000, les sept ministres nommés dans le secteur industriel ne connaissent rien à l’industrie. «Si par hasard, ce même ministre nommé, sans compétence aucune dans le secteur, a quelques soubresauts d’intelligence et qu’il cherche à comprendre, il est viré aussitôt», souligne M. Benguerba.
    Le fait est, explique cet ancien directeur de la gestion industrielle, que l’Algérie était suspectée de devenir «la Prusse de l’Afrique» et qu’il fallait, à tout prix, l’en empêcher.

    En dépit de nombreuses difficultés, l’Algérie avait réussi, selon Maâmar Benguerba, à mettre en place un tissu industriel. «Certes, dit-il, des erreurs ont été commises. Il faut situer cela dans le contexte de l’époque – la globalisation des marchés n’existait pas encore –, mais on avait saisi l’importance de ce secteur, car il constituait un vecteur important pour l’emploi et pour la satisfaction des besoins nationaux.» En ce temps-là, dit M. Benguerba, le pays avait encore de l’ambition.

    «Aujourd’hui, constate-t-il, il n’y a pas d’aspiration nationale, il n’y a pas cette flamme qui a animé les gens qui ont fait la guerre de Libération nationale, puis la génération qui a été baptisée les bâtisseurs et qui avait cette volonté de construire le pays». La destruction du secteur industriel a été entamée à l’ère de Chadli Bendjedid. La première étape consistait dans le programme de restructuration organique. On reprochait, à cette époque, à l’industrie son appétit en terres agricoles. L’on déplorait aussi le fait que les cadres soient tous mobilisés pour ce secteur. «Pouvez-vous me dire combien de milliers d’hectares ont été consommés depuis par les autoroutes et par le béton ? Et s’il n’y avait pas assez de cadres, les dirigeants devaient prendre leurs dispositions pour en former», s’insurge Maâmar Benguerba avant de trancher : «Casser les entreprises était une démarche réfléchie. On a détruit l’élan industriel du pays.» Il réfute l’idée selon laquelle la politique industrielle a été mal dessinée. «Il aurait fallu mener cette politique à son terme. Regardez la Turquie, qui avait un projet similaire au nôtre, et qui a réussi à faire sa mue.»

    Élimination des cadres de l’industrie

    La deuxième phase du démantèlement des entreprises publiques consistait dans l’élimination des cadres du secteur. «La logique de destruction des cadres, rappelle M. Benguerba, a commencé dans les années 1980. Tous les cadres qui étaient considérés comme acquis au secteur public ont été débarqués.» Puis vint ce que Maâmar Benguerba qualifie de «tribalisation» de la gestion du secteur industriel à travers notamment la création des fonds de participation. «Dans les années 1995-1996, souligne-t-il, Ahmed Ouyahia, alors chef de gouvernement, a gardé quelques entreprises parce que personne n’en voulait, qu’elles étaient trop grosses et les a laissé mourir de la plus belle mort : pas de renouvellement des équipements, alourdissement de leur fonds de roulement, pas de financements…» Le président Bouteflika et ses conseillers auront, eux aussi, participé à l’écroulement de l’industrie algérienne.

    Maâmar Benguerba, a relevé que l’actuel locataire d’El Mouradia n’était pas un fervent défenseur du secteur public. «Bouteflika voulait à tout prix casser les holdings (au nombre de 11), qui avaient à l’époque à peine 3 ans d’expérience et qui n’avaient, de ce fait, pas encore fait leurs preuves. Benbitour a alors proposé de couper la poire en deux et les rassembler en 5 holdings. Plus tard, Bouteflika créera 27 sociétés de gestion de participations (SGP)», confie-t-il.
    A l’origine, le ministère de l’Investissement et la Promotion de l’investissement, longtemps chapeauté par Abdelhamid Temmar, devait être un département d’animation chargé de faire des missions, des séminaires, des conférences. «On avait déjà cassé suffisamment ce secteur qu’il fallait le penser», précise M. Benguerba.

    La fermeture des entreprises publiques et le licenciement de milliers de travailleurs donnent aujourd’hui l’image d’un gigantesque gâchis. «Nous avons dépensé énormément d’argent pour le secteur public. La plupart des Algériens étaient d’origine rurale, on les a formés pour travailler à l’usine. Lorsqu’on a commencé à avoir une main-d’œuvre qui maîtrisait les métiers de l’industrie et la discipline, des gredins viennent pour tout casser et convertir ainsi d’anciens manœuvres d’usine, qui avaient une maîtrise et une compétence technique, en garçon de café», affirme, dépité, Maâmar Benguerba. Maintenant que les machines ont cessé leur vacarme, ce sont les ports qui s’activent avec leur cortège de containers, quelques factures en plus et des milliers d’emplois en moins.

    Dessalement de l’eau de mer, une escroquerie déguisée

    Les projets de construction d’usines de dessalement de l’eau de mer, présentés comme la solution miracle à la pénurie d’eau, serait, à en croire Mâmar Benguerba, ancien ministre du Travail, une grossière tromperie. «Sur les 15 unités de dessalement de l’eau de mer prévues, dit-il, 14 ont été confiées aux étrangers. Cela veut dire que le pays est ainsi structurellement importateur d’eau.»

    Et de préciser : «Les contrats signés avec les sociétés étrangères ont été mal négociés. L’Algérie paie toutes les quantités d’eau, y compris celles qu’on n’utilise pas. Elle leur fait des tarifs réduits de gaz. Les contrats signés avec les autorités : on paie les quantités, mais on fait une tarification spécifique de gaz ; on pompe de l’eau qu’on n’utilise pas ; on n’a pas pris la précaution de renouveler les unités.» Maâmar Benguerba s’interroge aussi sur le fait que ces projets soient sous la tutelle du ministère de l’Energie et non pas sous celle des Ressources en eau.
    Amel Blidi/El watan
    Ce n’est pas parce qu’on a des idées fondées sur la religion qu’on est terroriste, et ce n’est pas parce qu’on se prétend moderniste ou démocrate qu’on ne l’est pas. Mahiou FFS assassiné le 4/11/1994
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