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Abou Zeïd, l’émir aux deux identités

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  • Abou Zeïd, l’émir aux deux identités

    Pour les services, Abdelhamid Abou Zeïd, dont les Français ont confirmé la mort en début de semaine, s’appelle en réalité Mohamed Ghadir. Mais des zones d’ombre subsistent toujours autour de son identité.


    Le nom d’Abdelhamid Abou Zeïd apparaît pour la première fois en 2004 dans un court communiqué de l’ex-GSPC revendiquant un accrochage avec l’ANP dans le sud de Biskra. Les avis de recherche dont se servent les agents de la lutte anti-terroriste indiquent alors qu’il s’agit de Abid Hamadou. Jusqu’en 2009, même Interpol le cherchera sous ce nom. A ce moment-là, un PV des services évoque un autre nom : Mohamed Ghedir. En 2010, la justice accuse officiellement Mohamed Ghedir dit Abdelhamid Abou Zeïd d’être à l’origine de l’attaque de Tinzaouatine en juin 2010 au cours de laquelle onze gendarmes ont été tués.

    Les deux hommes, Mohamed Ghedir et Abid Hamadou, existent bien en réalité. Et leur profil est étrangement ressemblant. Tous deux sont de petite taille et ont rejoint les maquis presque au même moment dans la région de Biskra-Mchounech-Oued Souf au sein de katiba Echahada, aile Oued Souf. Cette katiba était connue comme celle des soufis (souafa), en raison de l’origine d’un grand nombre de ses éléments natifs de Oued Souf, dont les plus connus sont Abou Ishak Essoufi «kadi» du GSPS puis d’AQMI, arrêté en mai 2012, et Abou Elkhabeb, émir de Oued Souf, éliminé en décembre 2011. Abid Hamedou est né dans la zaouia El Abidia, daïra de Touggourt, à 165 km au nord de Ouargla, en 1965. Il a vécu à Sétif de 1985 à 1992 avec son frère Bachir avant de revenir à la zaouia El Abidia où il fréquentait souvent la mosquée Sidi Abid. Selon des rapports sécuritaires, Abid Hamadou a rejoint le Nord-Mali en 2000 avec le groupe de Abderrezak El Para.


    Hamid Essoufi


    Son propre frère aurait été tué dans le nord du Tchad lors de l’arrestation d’El Para. Mohamed Ghedir, 45 ans, est, lui, natif de Debdeb, wilaya d’Ilizi, mais originaire de Oued Souf, plus précisément de la région de R’yah. Poursuivi dans plus de dix grosses affaires pénales en Algérie, mais aussi en Mauritanie et en Espagne, il a été condamné trois fois à la prison à vie et une fois à la peine capitale par le tribunal de Ouargla (affaire Tinzaouatine). En janvier, il été condamné à la perpétuité par contumace pour «constitution de groupe terroriste international», tandis que les cinq membres de sa famille ont écopé de dix ans de prison chacun. Le groupe était impliqué dans le rapt d’Occidentaux en 2003. Si des zones d’ombre demeurent toujours, c’est parce que les contrebandiers de kif et de cigarettes parlent toujours d’un «Abdelhamid Abou Zeïd» aussi appelé «Hamid Essoufi» (de Oued Souf, donc) comme d’un seul homme.

    «Mais aussi parce que l’homme qui apparaît le visage découvert auprès des otages d’Arlit (vidéo d’octobre 2010, ndlr) n’est pas le même que celui de la vidéo de décembre 2012, relève Atmane Tazaghart, auteur de AQMI, enquête sur les héritiers de Ben Laden au Maghreb et en Europe. Curieusement, Pierre Camatte (enlevé en 2009), qui affirme avoir reconnu Abou Zeid sur la première vidéo, ne s’en étonne pas.» Considéré comme le cerveau des kidnappings, Abou Zeïd a placé AQMI devant les autres «filiales» d’Al Qaîda à travers le monde en fomentant, en dix ans, 35 enlèvements d’Occidentaux au Mali, au Tchad et en Mauritanie, assassinant quatre Français, un Américain, un Britannique et trois Saoudiens.

    Les services de sécurité algériens l’avaient classé parmi les 17 plus dangereux terroristes du Sahel (voir liste ci-dessous), devant Mokhtar Belmokhtar et Yahia Abou Al Hammam. Selon les services de renseignements, une cellule spéciale était même chargée de suivre les activités d’Abou ZeÏd et avait recruté des informateurs et des agents au Nord-Mali pour l’arrêter ou l’éliminer. L’opération a failli réussir, début 2009, mais il a échappé par miracle à une embuscade des forces spéciales de l’ANP au lieu-dit Tighessran, à l’ouest de Tinzaouatine, à la frontière malienne, laissant derrière lui cinq terroristes tués. Si aujourd’hui, Mohamed Ghedir est mort, Abid Hamadou est toujours en fuite. 

    Aziz M.- El Watan
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