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Le Grand Moyen-Orient, à l’ombre de l’Iran

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  • Le Grand Moyen-Orient, à l’ombre de l’Iran

    Le 12 juillet dernier, date du début de l’agression israélienne contre le Liban, les pays occidentaux, accompagnés sans enthousiasme par la Russie et la Chine, décident de renvoyer le dossier du nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Celui-ci approuvera, le 31 juillet, une résolution-ultimatum ordonnant à Téhéran de stopper tout enrichissement de l’uranium avant le 31 août prochain, faute de quoi il s’exposera à des sanctions.

    L’accession de l’Iran au rang de puissance nucléaire militaire est devenue un cauchemar pour beaucoup, en Occident comme au Moyen-Orient. Instabilité régionale, flambée du prix du pétrole, menaces terroristes : la crise nucléaire iranienne constitue un nouveau facteur de tension, surtout que les dirigeants iraniens n’hésitent pas à défier directement les Etats-Unis. Hier, l’ayatollah Ahmad Khamenei est revenu à la charge, en déclarant que «les missiles du Hezbollah [d’une portée de 70 km] ont transformé Israël en pays des fantômes. S’ils veulent agresser l’Iran [Etats-Unis, Israël], ils doivent avoir peur du jour où nos missiles de 2 000 km [Shahab3] frapperont le cœur de Tel- Aviv».

    Forfanterie ou surenchère ?


    La situation tragique du Liban, depuis le 12 juillet, et l’impuissance de l’ONU qui est devenue un appareil à disposition de l’administration américaine témoignent du rôle incontournable auquel peut aujourd’hui prétendre l’Iran dans la région. Aussi n’est-il pas hasardeux de considérer que la clé du problème de la paix au Moyen-Orient dépend largement de la bonne volonté de Téhéran et de son allié, la Syrie.

    Or, les ambitions iraniennes sont croissantes. La volonté de puissance affichée, en son temps, par le dernier shah, Mohamed Reza Pahlavi, est également partagée par ses successeurs, les héritiers de Khomeini, qui démontrent, depuis, une étonnante aptitude à mener une politique prospective, axée sur le conjoncturel autant que sur le conjecturel. Non seulement, l’effondrement du régime que des Cassandre occidentales ont, maintes fois, prédit ne s’est jamais produit, mais l’Iran a poursuivi la réalisation du rêve nucléaire, caressé à l’époque par le shah, dans un but de leadership régional.

    Face à cela, l’Union européenne (France, Allemagne, Grande-Bretagne) et les Etats-Unis tentent une mise au pas que récusent, pour des raisons d’intérêts économiques mais aussi stratégiques, la Russie et la Chine.
    Les pays occidentaux useraient volontiers de la force, mais la menace brandie par Khamenei a de quoi dissuader les plus téméraires.

    On sait que le représentant américain à l’ONU, John Bolton, après avoir accusé Téhéran d’instrumentaliser le terrorisme en Irak, en Palestine et au Liban, n’a pas fait mystère des intentions réelles de son pays quant au but réel de la manœuvre, la chute du régime des mollahs. Washington a beaucoup investi depuis des années dans cette perspective, mais en vain. Les bourbiers afghan, puis irakien, et enfin libanais, n’empêchent pas le président George W. Bush de qualifier l’Iran d’être dans l’ «axe du mal» et d’envisager très sérieusement une attaque d’envergure contre les sites supposés du nucléaire iranien.

    Principales cibles, la centrale de 1 000 mégawatts de Bouchehr, dans le sud du pays, et les centres de traitement de Natanz (Centre) et Arak (Centre-Ouest) sont dans le collimateur des stratèges du Pentagone, à en croire Globalsecurity.org, organisme d’analyse stratégique, proche du département de la Défense US. Mais les conséquences d’une telle agression seraient incalculables, la détermination iranienne quant à une riposte n’étant pas à négliger, surtout du côté israélien.

    L’ambition iranienne de dominer l’échiquier moyen-oriental est un élément, sans doute vrai, de l’équation. L’autre élément, non moins pertinent, concerne le jeu des Etats-Unis et de leur allié israélien dans une partie d’échecs qui condamne les pays arabes et musulmans de la région au sous-développement et à une vassalité politique intemporels. L’articulation des enjeux et des défis (Etats-Unis -Irak, Palestine-Israël, Hezbollah-Israël, etc.) est devenue tellement complexe que l’émergence de l’Iran en tant que puissance régionale à potentiel nucléaire engendre un bouleversement de l’échiquier concocté par la superpuissance américaine.

    Dernier bastion du «front du refus», Téhéran est volontiers accusé par les gourous occidentaux d’exploiter l’arc chiite pour obtenir la suprématie dans le nouveau Moyen-Orient, au détriment de pays comme l’Egypte, l’Arabie saoudite ou la Syrie, mais c’est vite faire l’impasse sur la brutalité et l’arrogance d’Israël qui nourrit le ressentiment des peuples musulmans, en général, et l’insatiable appétit géo-énergétique des Etats-Unis qui encouragent les guerres fratricides, hier Iran-Irak, puis Irak-pays du Golfe et aujourd’hui sunnites-chiites, afin de les maintenir dans un asservissement politique, économique et culturel durable.

    Ainsi les projections des stratèges américains doivent-elles prendre en compte cette nouvelle donne qui les voit bâtir le Grand Moyen-Orient, à l’ombre d’un Iran, sans doute imprévu mais plus que probable.

    Par la Tribune
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