Enquête. Le Roi artiste
Mohammed VI s’est forgé l’image d’un roi mécène et amoureux des arts. Au fil de son règne, il est devenu le principal acteur culturel du Maroc. Décryptage.
« Mohammed VI a l’art dans la peau depuis son plus jeune âge. Pour lui, c’est quelque chose de très important pour l’évolution du Maroc, c’est pour cela qu’il essaie par tous les moyens d’encourager les artistes qu’il trouve intéressants ou courageux”, explique le publicitaire Noureddine Ayouch, qui a souvent eu l’occasion de le côtoyer. Lorsqu’il était prince héritier, Mohammed VI a vite développé un intérêt envers la musique, le cinéma et la peinture. Enfant, il joue de plusieurs instruments de musique, une manière de parfaire ses “humanités” de futur roi. Adolescent, il s’intéresse au 7ème art, et fréquente régulièrement la salle de cinéma Zahwa à Rabat. Mais c’est surtout la peinture qui le fascine. Il s’y est même essayé, avant que Hassan II ne le découvre et ne l’en dissuade. “Un jour, son père a réalisé qu’il passait beaucoup trop de temps à peindre. Il lui a confisqué tout son matériel, lui expliquant que la peinture ne devait pas passer avant ses futures responsabilités de chef d’Etat”, confie un célèbre plasticien marocain.
Palette royale
A défaut de créer, Mohammed VI est devenu le plus grand collectionneur d’art du pays. Il possède des œuvres de Hassan El Glaoui, Mahi Binebine, Mohamed Kacimi, Jilali Gharbaoui ou encore Chaïbia. En accrochant des toiles aux cimaises de ses résidences, Mohammed VI a recréé en art le phénomène de suivisme qui prévaut dans le sérail concernant son goût pour les voitures ou ses hobbies. Mohammed VI est ainsi devenu prescripteur et influe sur la cote des artistes. “Il a dopé le marché local, créant dans son sillage un effet de mimétisme. La mode royale est comparable au caillou qu’on jette dans une mare. Le premier cercle entourant M6 s’est mis à collectionner lui aussi, imité par le deuxième cercle qui s’est fait copier par un troisième cercle composé de bourgeois au fait du goût du roi par ouï-dire”, affirme un important galeriste casablancais. “Mais il faut savoir qu’il n’achète pas forcément selon ses goûts personnels, surtout ces dernières années. Dès qu’il a compris que la cote d’un artiste dépendait de lui, il a diversifié ses commandes et ses achats. Actuellement, on peut dire qu’il achète vraiment de tout, et booste ainsi la popularité de plusieurs dizaines d’artistes”, enchérit un autre galeriste de la place. Il est également toujours à l’affût de nouveaux talents. Lors de la dernière foire Top 25 Art Fair à Casablanca, l’un de ses envoyés était présent incognito. Après avoir fait la tournée des galeries pour photographier toutes les œuvres exposées, s’informant sur les prix, il s’est attardé sur les créations d’étudiants de l’Ecole des Beaux-Arts de Tétouan, invités au raout artistique.
Mélomanie souveraine
Tout comme Hassan II, Mohammed VI est un grand féru de musique. Mais il est plutôt branché musique occidentale, surtout américaine. Il grandit en écoutant Ray Charles, Aretha Franklin, Paula Abdul ou encore Michael Jackson. Il rencontre le roi de la pop, lors de sa venue éclair à Casablanca en 1996. Mohammed VI aime également le raï, en particulier Khaled, à qui il aurait offert une villa à Saïdia, et Faudel, à qui il est allé jusqu’à accorder la nationalité marocaine l’année dernière. “La différence entre son père et lui, c’est qu’au lieu de continuer à organiser des concerts privés dans ses palais, il a préféré démocratiser la musique. Dès son avènement, il a encouragé la politique des festivals dans tout le pays”, analyse une chanteuse marocaine. En 2006, il s’implique encore plus, en reprenant le festival Mawazine, qui n’était alors qu’un évènement de taille moyenne dans la capitale. Il nomme son secrétaire particulier, Mohamed Mounir Majidi, à la présidence de l’Association Maroc Cultures, organisatrice du festival. A partir de cette année-là, l’évènement accueille des dizaines de milliers de spectateurs chaque soir, et ses concerts sont diffusés en direct sur les chaînes nationales. Sa programmation riche et diversifiée en fait très vite l’un des plus grands festivals de musique au monde. Santana, Mariah Carey, Sting, Elton John, Lenny Kravitz, Joe Cocker, Scorpions, Shakira... ils se sont tous produits sur la scène OLM-Souissi. Mohammed VI va jusqu’à intervenir dans la programmation artistique, favorisant parfois ses goûts personnels. “Bien sûr que certains groupes ou artistes sont suggérés par le roi ou son entourage, mais il s’agit d’une infime partie des chanteurs invités”, affirme une ancienne collaboratrice de l’équipe d’organisation de Mawazine. A en croire les rumeurs qui circulent dans les milieux événementiels, Mohammed VI serait derrière le choix de Stevie Wonder, Whitney Houston ou encore Lionel Richie, autant d’artistes soul, funk et R’n’b ayant bercé son adolescence.
La fiesta du roi
Mohammed VI tient beaucoup à Mawazine pour des questions d’image à l’international. “Il est évident qu’à travers ce festival, il veut prouver au monde que le Maroc n’est pas la brousse”, explique un acteur culturel. Le roi est ainsi aux petits soins pour les stars internationales, qui sont tellement chouchoutées qu’elles deviennent de véritables ambassadeurs du Maroc à l’étranger. A la fin de leurs concerts, la majorité n’hésitent pas à se draper du drapeau marocain, ni à remercier chaleureusement “la famille royale pour son accueil et son soutien”. “Ce n’est pas étonnant. Il faut savoir que leurs cachets ne sont quasiment jamais négociés, et que tous leurs caprices sont exaucés”, poursuit cette source dans l’organisation. En 2011, en pleine révolutions arabes, une partie de l’opinion publique demande l’annulation de tous les festivals, en particulier Mawazine, jugé “trop ostentatoire”. Le festival rbati, critiqué par une partie des manifestants du 20 février, va devenir un test pour les acteurs culturels du pays qui sont rivés à la décision de Mohammed VI. Annulera-t-il ou maintiendra-t-il Mawazine ? Deux questions qui montrent l’impact du roi en matière de culture. “On était tous sur le qui-vive en attendant la décision royale. L’annulation de Mawazine pouvait entraîner dans son sillage celle des autres évènements musicaux de l’été. La décision de le maintenir a permis aux organisateurs de festivals de foncer”, se remémore un professionnel de l’évènementiel.
Le cinéma, chasse gardée
Le 7ème art est l’une des grandes passions de Mohammed VI. Un an après son arrivée au pouvoir, il décide que le Maroc a besoin d’un festival de cinéma de grande envergure. Il nomme alors une équipe, avec à sa tête le célèbre producteur Daniel Toscan du Plantier, pour faire de ce rêve une réalité. C’est ainsi qu’est né le Festival international du film de Marrakech, en décembre 2001, quelques mois après les attentats du 11 septembre. Lors des premières éditions, Mohammed VI et Lalla Salma sont présents pendant le dîner officiel de la cérémonie d’ouverture. Et même si aujourd’hui c’est Moulay Rachid, président de la Fondation du festival, qui chapeaute l’évènement, le monarque serait toujours aussi impliqué qu’il y a une dizaine d’années. “C’est lui qui a demandé dernièrement à ce que les hommages soient rendus également aux acteurs et réalisateurs marocains, et non pas seulement aux étrangers”, affirme un réalisateur marocain. Et Noureddine Saïl, directeur du Centre cinématographique marocain, n’a de cesse de le répéter : “Il y a un véritable amour du cinéma au sommet de l’Etat”. “Le souverain regarde toutes les œuvres marocaines, ou qui ont trait au Maroc. L’année dernière, il a été extrêmement touché par Omar m’a tuer avec Roschdy Zem”, explique une source. “Il est d’ailleurs très fier lorsque des films marocains remportent des prix à l’étranger”, renchérit-elle. Mohammed VI n’est pas étranger à l’augmentation du nombre de tournages de films étrangers au Maroc. Il a donné pour instructions de les faciliter en fournissant des figurants piochés dans les rangs des FAR et les forces de l’ordre. Une sacrée aubaine pour les superproductions hollywoodiennes comme Gladiator de Ridley Scott, Alexandre d’Oliver Stone ou encore Babel d’Alejandro González Inárritu, tournés dans le sud du pays. Cette politique rapporte 50 millions de dollars par an au Maroc, dont 6 millions sont consacrés à aider la production cinématographique locale. Cette dernière est d’ailleurs passée de cinq films par an au début des années 2000, à une vingtaine aujourd’hui.
La nouvelle scène adoubée
Mohammed VI soutient des initiatives indépendantes, lancées par des acteurs culturels. En 2010, l’association EAC L’Boulevard est obligée d’annuler le “Boulevard des jeunes musiciens”, pour manque de fonds. Quelques semaines plus tard, Momo Merhari et Hicham Bahou, les co-fondateurs de l’évènement casablancais, reçoivent un chèque personnel du roi d’un million de dirhams. A travers ce don, Mohammed VI adoube toute la nouvelle scène marocaine, qui s’est construite loin de son sillage, une dizaine d’années auparavant. Trois ans plus tard, il récidive, avec un autre don de la même somme pour L’Boulevard. “C’était une énorme surprise pour nous. Dès que nous avons reçu le premier chèque, nous avons publié un communiqué de presse. Pour nous il était important d’être tout à fait transparents à ce sujet”, explique Momo Merhari. A cette époque, beaucoup de médias crient à la récupération. Pour eux, Mohammed VI veut “étouffer” de manière subtile “le mouvement Nayda”, que beaucoup ont comparé, dans un excès d’enthousiasme, à la Movida espagnole du début des années 2000. “Cela n’a aucun sens. Personne n’est jamais intervenu dans notre travail depuis que nous avons reçu ces chèques. Nous sommes toujours aussi indépendants qu’avant. C’est la preuve qu’il est très respectueux de notre activisme culturel”, poursuit Merhari. Mais toutes les associations ne sont pas comme l’Boulevard. Elles seraient des dizaines ces dernières années à avoir reçu des chèques personnels de Mohammed VI, sans avoir souhaité communiquer dessus, de peur de perdre leur image “d’organisations totalement indépendantes”.
Mohammed VI s’est forgé l’image d’un roi mécène et amoureux des arts. Au fil de son règne, il est devenu le principal acteur culturel du Maroc. Décryptage.
« Mohammed VI a l’art dans la peau depuis son plus jeune âge. Pour lui, c’est quelque chose de très important pour l’évolution du Maroc, c’est pour cela qu’il essaie par tous les moyens d’encourager les artistes qu’il trouve intéressants ou courageux”, explique le publicitaire Noureddine Ayouch, qui a souvent eu l’occasion de le côtoyer. Lorsqu’il était prince héritier, Mohammed VI a vite développé un intérêt envers la musique, le cinéma et la peinture. Enfant, il joue de plusieurs instruments de musique, une manière de parfaire ses “humanités” de futur roi. Adolescent, il s’intéresse au 7ème art, et fréquente régulièrement la salle de cinéma Zahwa à Rabat. Mais c’est surtout la peinture qui le fascine. Il s’y est même essayé, avant que Hassan II ne le découvre et ne l’en dissuade. “Un jour, son père a réalisé qu’il passait beaucoup trop de temps à peindre. Il lui a confisqué tout son matériel, lui expliquant que la peinture ne devait pas passer avant ses futures responsabilités de chef d’Etat”, confie un célèbre plasticien marocain.
Palette royale
A défaut de créer, Mohammed VI est devenu le plus grand collectionneur d’art du pays. Il possède des œuvres de Hassan El Glaoui, Mahi Binebine, Mohamed Kacimi, Jilali Gharbaoui ou encore Chaïbia. En accrochant des toiles aux cimaises de ses résidences, Mohammed VI a recréé en art le phénomène de suivisme qui prévaut dans le sérail concernant son goût pour les voitures ou ses hobbies. Mohammed VI est ainsi devenu prescripteur et influe sur la cote des artistes. “Il a dopé le marché local, créant dans son sillage un effet de mimétisme. La mode royale est comparable au caillou qu’on jette dans une mare. Le premier cercle entourant M6 s’est mis à collectionner lui aussi, imité par le deuxième cercle qui s’est fait copier par un troisième cercle composé de bourgeois au fait du goût du roi par ouï-dire”, affirme un important galeriste casablancais. “Mais il faut savoir qu’il n’achète pas forcément selon ses goûts personnels, surtout ces dernières années. Dès qu’il a compris que la cote d’un artiste dépendait de lui, il a diversifié ses commandes et ses achats. Actuellement, on peut dire qu’il achète vraiment de tout, et booste ainsi la popularité de plusieurs dizaines d’artistes”, enchérit un autre galeriste de la place. Il est également toujours à l’affût de nouveaux talents. Lors de la dernière foire Top 25 Art Fair à Casablanca, l’un de ses envoyés était présent incognito. Après avoir fait la tournée des galeries pour photographier toutes les œuvres exposées, s’informant sur les prix, il s’est attardé sur les créations d’étudiants de l’Ecole des Beaux-Arts de Tétouan, invités au raout artistique.
Mélomanie souveraine
Tout comme Hassan II, Mohammed VI est un grand féru de musique. Mais il est plutôt branché musique occidentale, surtout américaine. Il grandit en écoutant Ray Charles, Aretha Franklin, Paula Abdul ou encore Michael Jackson. Il rencontre le roi de la pop, lors de sa venue éclair à Casablanca en 1996. Mohammed VI aime également le raï, en particulier Khaled, à qui il aurait offert une villa à Saïdia, et Faudel, à qui il est allé jusqu’à accorder la nationalité marocaine l’année dernière. “La différence entre son père et lui, c’est qu’au lieu de continuer à organiser des concerts privés dans ses palais, il a préféré démocratiser la musique. Dès son avènement, il a encouragé la politique des festivals dans tout le pays”, analyse une chanteuse marocaine. En 2006, il s’implique encore plus, en reprenant le festival Mawazine, qui n’était alors qu’un évènement de taille moyenne dans la capitale. Il nomme son secrétaire particulier, Mohamed Mounir Majidi, à la présidence de l’Association Maroc Cultures, organisatrice du festival. A partir de cette année-là, l’évènement accueille des dizaines de milliers de spectateurs chaque soir, et ses concerts sont diffusés en direct sur les chaînes nationales. Sa programmation riche et diversifiée en fait très vite l’un des plus grands festivals de musique au monde. Santana, Mariah Carey, Sting, Elton John, Lenny Kravitz, Joe Cocker, Scorpions, Shakira... ils se sont tous produits sur la scène OLM-Souissi. Mohammed VI va jusqu’à intervenir dans la programmation artistique, favorisant parfois ses goûts personnels. “Bien sûr que certains groupes ou artistes sont suggérés par le roi ou son entourage, mais il s’agit d’une infime partie des chanteurs invités”, affirme une ancienne collaboratrice de l’équipe d’organisation de Mawazine. A en croire les rumeurs qui circulent dans les milieux événementiels, Mohammed VI serait derrière le choix de Stevie Wonder, Whitney Houston ou encore Lionel Richie, autant d’artistes soul, funk et R’n’b ayant bercé son adolescence.
La fiesta du roi
Mohammed VI tient beaucoup à Mawazine pour des questions d’image à l’international. “Il est évident qu’à travers ce festival, il veut prouver au monde que le Maroc n’est pas la brousse”, explique un acteur culturel. Le roi est ainsi aux petits soins pour les stars internationales, qui sont tellement chouchoutées qu’elles deviennent de véritables ambassadeurs du Maroc à l’étranger. A la fin de leurs concerts, la majorité n’hésitent pas à se draper du drapeau marocain, ni à remercier chaleureusement “la famille royale pour son accueil et son soutien”. “Ce n’est pas étonnant. Il faut savoir que leurs cachets ne sont quasiment jamais négociés, et que tous leurs caprices sont exaucés”, poursuit cette source dans l’organisation. En 2011, en pleine révolutions arabes, une partie de l’opinion publique demande l’annulation de tous les festivals, en particulier Mawazine, jugé “trop ostentatoire”. Le festival rbati, critiqué par une partie des manifestants du 20 février, va devenir un test pour les acteurs culturels du pays qui sont rivés à la décision de Mohammed VI. Annulera-t-il ou maintiendra-t-il Mawazine ? Deux questions qui montrent l’impact du roi en matière de culture. “On était tous sur le qui-vive en attendant la décision royale. L’annulation de Mawazine pouvait entraîner dans son sillage celle des autres évènements musicaux de l’été. La décision de le maintenir a permis aux organisateurs de festivals de foncer”, se remémore un professionnel de l’évènementiel.
Le cinéma, chasse gardée
Le 7ème art est l’une des grandes passions de Mohammed VI. Un an après son arrivée au pouvoir, il décide que le Maroc a besoin d’un festival de cinéma de grande envergure. Il nomme alors une équipe, avec à sa tête le célèbre producteur Daniel Toscan du Plantier, pour faire de ce rêve une réalité. C’est ainsi qu’est né le Festival international du film de Marrakech, en décembre 2001, quelques mois après les attentats du 11 septembre. Lors des premières éditions, Mohammed VI et Lalla Salma sont présents pendant le dîner officiel de la cérémonie d’ouverture. Et même si aujourd’hui c’est Moulay Rachid, président de la Fondation du festival, qui chapeaute l’évènement, le monarque serait toujours aussi impliqué qu’il y a une dizaine d’années. “C’est lui qui a demandé dernièrement à ce que les hommages soient rendus également aux acteurs et réalisateurs marocains, et non pas seulement aux étrangers”, affirme un réalisateur marocain. Et Noureddine Saïl, directeur du Centre cinématographique marocain, n’a de cesse de le répéter : “Il y a un véritable amour du cinéma au sommet de l’Etat”. “Le souverain regarde toutes les œuvres marocaines, ou qui ont trait au Maroc. L’année dernière, il a été extrêmement touché par Omar m’a tuer avec Roschdy Zem”, explique une source. “Il est d’ailleurs très fier lorsque des films marocains remportent des prix à l’étranger”, renchérit-elle. Mohammed VI n’est pas étranger à l’augmentation du nombre de tournages de films étrangers au Maroc. Il a donné pour instructions de les faciliter en fournissant des figurants piochés dans les rangs des FAR et les forces de l’ordre. Une sacrée aubaine pour les superproductions hollywoodiennes comme Gladiator de Ridley Scott, Alexandre d’Oliver Stone ou encore Babel d’Alejandro González Inárritu, tournés dans le sud du pays. Cette politique rapporte 50 millions de dollars par an au Maroc, dont 6 millions sont consacrés à aider la production cinématographique locale. Cette dernière est d’ailleurs passée de cinq films par an au début des années 2000, à une vingtaine aujourd’hui.
La nouvelle scène adoubée
Mohammed VI soutient des initiatives indépendantes, lancées par des acteurs culturels. En 2010, l’association EAC L’Boulevard est obligée d’annuler le “Boulevard des jeunes musiciens”, pour manque de fonds. Quelques semaines plus tard, Momo Merhari et Hicham Bahou, les co-fondateurs de l’évènement casablancais, reçoivent un chèque personnel du roi d’un million de dirhams. A travers ce don, Mohammed VI adoube toute la nouvelle scène marocaine, qui s’est construite loin de son sillage, une dizaine d’années auparavant. Trois ans plus tard, il récidive, avec un autre don de la même somme pour L’Boulevard. “C’était une énorme surprise pour nous. Dès que nous avons reçu le premier chèque, nous avons publié un communiqué de presse. Pour nous il était important d’être tout à fait transparents à ce sujet”, explique Momo Merhari. A cette époque, beaucoup de médias crient à la récupération. Pour eux, Mohammed VI veut “étouffer” de manière subtile “le mouvement Nayda”, que beaucoup ont comparé, dans un excès d’enthousiasme, à la Movida espagnole du début des années 2000. “Cela n’a aucun sens. Personne n’est jamais intervenu dans notre travail depuis que nous avons reçu ces chèques. Nous sommes toujours aussi indépendants qu’avant. C’est la preuve qu’il est très respectueux de notre activisme culturel”, poursuit Merhari. Mais toutes les associations ne sont pas comme l’Boulevard. Elles seraient des dizaines ces dernières années à avoir reçu des chèques personnels de Mohammed VI, sans avoir souhaité communiquer dessus, de peur de perdre leur image “d’organisations totalement indépendantes”.
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