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Bataille silencieuse et diplomatique autour de la Finul

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  • Bataille silencieuse et diplomatique autour de la Finul

    Une autre bataille se règle en coulisse concernant les prérogatives, la mission et la composition de la FINUL qui sera déployé aux cotés de l'armée libanaise au Sud du Liban .

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    Trois jours après l’arrêt des combats, l’armée libanaise et la Force intérimaire ne se sont toujours pas déployées au sud du fleuve Litani. Les troupes régulières devraient commencer à s’y rendre jeudi. Mais pour elles, pas question de désarmer le Hezbollah de force. Pendant ce temps, les prérogatives et la mission de la Finul font l'objet d'une bataille diplomatique.

    La composition, la mission et les prérogatives de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), renforcées par la résolution 1701 du Conseil de sécurité, font l’objet d’une bataille silencieuse dans les coulisses des Nations unies et des capitales concernées par la crise libanaise. De même que les modalités de déploiement de l’armée libanaise entre le fleuve Litani et la frontière internationale suscitent de forts tiraillements entre les différentes composantes politiques libanaises. Toutes ces gesticulations diplomatiques ont pour toile de fond le sort de la branche armée du Hezbollah, notamment dans la partie méridionale du pays, où doivent se déployer les troupes régulières et les forces internationales.

    Avant même l’entrée en vigueur de la cessation des hostilités, lundi matin, des voix se sont élevées au Liban pour réclamer le désarmement du Hezbollah. Des ministres et des hommes politiques proches des Etats-Unis et de la France ont déclaré que le parti islamiste devait rendre les armes, «conformément aux dispositions de la résolution 1701». La réponse est venue le lendemain de la bouche même de Hassan Nasrallah. Ferme, voire menaçant, le chef du Hezbollah a critiqué «ceux qui évoquent hâtivement ce sujet alors que le sang des martyrs n’a même pas encore séché, que l’armée israélienne occupe toujours certaines régions du Liban sud et que les centaines de milliers de déplacés ne sont pas rentrés chez eux».

    En attendant un accord politique inter-libanais


    Avec son intervention musclée, Hassan Nasrallah a voulu clore le débat public autour de cette question qui devrait être examinée, selon lui, «seulement à l’intérieur des instances concernées», c’est-à-dire le Conseil des ministres, et dans des entretiens à l'écart des projecteurs. C’est du reste parce qu’il n’y a pas encore d’accord politique inter-libanais sur les modalités de déploiement de l’armée que les troupes régulières ne se sont pas encore rendues au Liban sud, trois jours après la fin des combats. Pourtant, l’armée israélienne n’a pas attendu leur venue et a commencé à se retirer de certaines régions qu’elle a occupées récemment.

    Le paysage commence à s’éclaircir. L’armée libanaise «n’a pas l’intention de désarmer le Hezbollah», a déclaré lundi soir le ministre de la Défense, Elias Murr, en ajoutant que «sa mission consiste à protéger le Liban, les habitants du Sud et la Résistance [du Hezbollah] des agressions israéliennes». La France, pressentie pour prendre la tête de la Finul renforcée, tarde à annoncer officiellement sa position. Elle souhaite des éclaircissements concernant la mission et les prérogatives de cette force, ainsi que l’attitude du Hezbollah. Prise entre, d'une part, le marteau des Israéliens et des Américains qui souhaitent le désarmement de la Résistance, et, d'autre part, l’enclume des Libanais qui craignent des complications, Paris tâte le terrain à Beyrouth et à New York.

    Des officiers supérieurs français se sont rendus au siège des Nations unies pour, justement, examiner les détails de la mission des Casques bleus. La ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, est également allée au Palais de Verre pour tenter d’obtenir une mission musclée pour la Finul. Mais le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, a anticipé ses entretiens avec le chef de la diplomatie israélienne en affirmant, mardi, que le rôle de la Finul n’est pas de «désarmer le Hezbollah mais d’aider les autorités libanaises si elles souhaitaient le faire».

    En visite au Liban mercredi, le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a examiné ce délicat dossier avec les responsables libanais. Avant son arrivée, il avait déclaré que «le repli du Hezbollah, du Sud, et son désarmement sont nécessaires». Mais à Beyrouth, il a affirmé après ses entretiens que le désarmement du parti de Hassan Nasrallah est une «question interne libanaise». Il a précisé que le président Jacques Chirac «prendra une décision au moment opportun sur la participation de la France» à la Finul.

    Il faudra du temps pour renforcer la Finul


    La formation de la force internationale paraît donc plus compliquée que prévue. Sans garanties claires, de nombreux Etats hésitent à envoyer des forces armées dans une région où elles pourraient être perçues comme ennemies. Et cela, face à des combattants qui ont tenu tête pendant 35 jours à l’armée israélienne. Les propos du chef actuel de la force intérimaire de l’Onu (2000 hommes), qui connaît bien le terrain au Liban sud, sont d’ailleurs assez explicites. Le général français Alain Pellegrini déclare qu’il va falloir «un an» pour porter les effectifs de la Finul à 15 000 hommes, comme le préconise la résolution 1701.

    Pour l’instant, aucun pays européen n’a officiellement déclaré qu’il était prêt à participer à la force internationale et la plupart des Etats arabes se sont excusés. Mais la Turquie, la Malaisie et le Pakistan sont disposés à y contribuer. Les ministres des Affaires étrangères de ces pays étaient à Beyrouth mercredi pour en discuter avec les responsables libanais. Mais la constitution de la Finul renforcée prendra sans doute du temps. «Nous espérons voir le déploiement de 3 000 à 3 500 soldats d'ici dix jours à deux semaines», indique Hedi Annabi, secrétaire général adjoint de l'Onu pour les opérations de maintien de la paix, qui qualifie ce dispositif d’«idéal pour aider à consolider la cessation des hostilités et amorcer le processus de retrait israélien et de déploiement des forces libanaises».

    Pour sa part, l’armée libanaise devrait commencer dès jeudi à envoyer au Sud trois brigades, soit 9 000 hommes. Elles rejoindront deux autres brigades déjà déployées entre le Litani et la frontière. Mardi, les unités de génie de l’armée ont installé des ponts métalliques enjambant le fleuve pour acheminer des troupes, après la destruction par l’aviation israélienne de tous les ponts sur le Litani. Ce déploiement devrait se faire sans problème avec le Hezbollah qui a annoncé qu’il coopèrerait avec l’armée. Mais pour le parti, il n’est pas question de procéder à un «repli» ou à une remise des armes.

    En fait, le Hezbollah ne possède pas de milice à proprement parler. Ses combattants sont pour la plupart originaires des villages du Liban sud. Dès l’arrivée de l’armée, ils rentreront chez eux et reprendront leurs activités ordinaires. Ils rangeront leurs armes légères et moyennes. Les pièces d’artillerie lourde, notamment les rampes de lancement de roquettes, ont déjà été évacuées vers d’autres régions libanaises, selon des sources bien informées. Pour le parti de Hassan Nasrallah, «Israël ne réussira pas à obtenir par des voies diplomatiques ce qu’il n’a pas pu obtenir en 35 jours de guerre».

    Par RFI
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