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Le maroc et l'exploration petroliere: Le point

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    ENTRETIEN .AVEC LA DIRECTRICE DEL'ONHYM


    Le Matin : Des informations ont récemment circulé sur le développement de l’extraction du gaz de schistes et des schistes bitumineux au Maroc. Concrètement, on en est à quel stade ?
    Amina Benkhadra : Il faut savoir d’abord qu’il existe deux types d’hydrocarbures : les hydrocarbures conventionnels (le pétrole et le gaz classique) et les hydrocarbures non conventionnels qui sont plus complexes, à savoir les schistes bitumineux qui sont des hydrocarbures non matures et le gaz de schistes.
    En ce qui concerne les schistes bitumineux, le Maroc a évalué le potentiel dans les années 80 et 90.
    Nous avons des réserves importantes de 50 milliards de barils qui nous placent au 6e rang mondial.
    La caractéristique des schistes bitumineux et leur complexité en termes de valorisation font qu’aujourd’hui on n’est pas encore arrivé à la phase d’exploitation industrielle.
    Depuis 2005, l’ONHYM a mis en place toute une stratégie pour le développement des schistes bitumineux axée principalement sur le partenariat avec les sociétés pétrolières et/ou des sociétés détentrices de procédés.
    Avec ces dernières, on essaie de faire une évaluation de nos schistes. Entre 2006 et 2007, Shell a fait des essais, mais ils n’ont pas mûri sur le plan industriel. Aujourd’hui, nous avons trois sociétés dans la région de Tarfaya qui vont faire des essais pilotes pour tester et voir si on va obtenir des résultats.
    On a deux partenaires avec qui nous sommes en négociations sur Timhdite pour leur accorder des zones où ils vont faire également des essais.
    Mais, on n’en est pas encore à la phase de production.
    Ce qui pose problème aujourd’hui, c’est le mode de traitement des schistes.
    Qu’en est-il des gaz de schistes ?
    S’agissant des gaz de schistes, ils ont connu une révolution aux États-Unis sur les cinq dernières années qui a permis à ce pays d’être producteur et d’envisager même l’exportation avant 2020. L’un des aspects importants des gaz de schistes est qu’il s’agit de gaz piégé dans les zones argileuses imperméables sur des zones très étendues. Leur extraction exige des forages verticaux et horizontaux. Au niveau des gaz de schistes, le Maroc est au début du processus. On a signé des accords avec trois sociétés qui ont des autorisations de reconnaissance. On n’en est même pas à un permis d’exploration pour commencer des études géologiques pour évaluer le potentiel. On est en stade d’exploration et encore les premiers pas de l’exploration des gaz de schiste. Dans cette phase d’exploration, certains partenaires vont faire des forages. Ils peuvent à travers l’analyse des premières couches (300 m) obtenir des informations sur ce qui se passe plus bas.
    On ne dispose pas encore de potentiel ou de réserves à annoncer. Ce qui n’est pas le cas des schistes. Chaque étape sera accompagnée des études nécessaires. Si on avance dans l’exploration, des études environnementales seront élaborées.
    On note au cours des dernières années un intérêt soutenu des sociétés pétrolières pour le Maroc. L’ONHYM a signé plusieurs accords avec des compagnies étrangères. Où en est l’exploration pétrolière au Maroc ?
    L’ONHYM est en charge de l’exploration et de la promotion du patrimoine du sous-sol marocain en dehors du phosphate. Dans les domaines des hydrocarbures, nous avons mis en place une stratégie depuis plusieurs années pour pouvoir développer la connaissance du sous-sol marocain. Ceci passe à travers un certain nombre d’outils et de moyens. Il s’agit en premier lieu du code des hydrocarbures marocain qui a été promulgué en 1999-2000 et qui est très incitatif. Il offre beaucoup de conditions favorables aux investisseurs. Au cours de cette dernière décennie, il a en effet permis d’attirer de plus en plus de compagnies étrangères. La géologie marocaine est favorable. Tout le monde s’accorde à dire que c’est un domaine sous-exploré malgré les efforts déployés au cours des décennies précédentes.
    Pourquoi ce domaine reste-t-il sous-exploré ?
    On a des bassins sédimentaires importants. Mais l’investissement n’est pas au niveau escompté.
    Il est en effet coûteux. Il faut aller des premières études géologiques jusqu’au forage. Le processus dans sa globalité est coûteux. Le Maroc est considéré comme une zone frontière : un pays où il n’y a pas encore une découverte majeure qui permettra de donner une forte impulsion, mais dont la géologie est favorable. Les compagnies pétrolières disposent d’un classement dans les régions du monde où elles vont explorer. Il ne faut pas oublier que le Maroc a été le premier pays dans les années 20 où il y a eu des découvertes dans l’Afrique du Nord (1923). Après cette date, des découvertes dans des conditions beaucoup plus faciles en termes de géologie ont été faites au Moyen-Orient et chez nos voisins. Les investissements sont orientés dans les zones les plus faciles sur le plan géologique. Ainsi, même si des efforts ont été déployés par périodes, ils n’ont pas atteint le degré escompté. Les zones les plus faciles sont déjà connues. Les opérateurs vont de plus en plus vers les zones frontières, là où la géologie est favorable, mais la zone est sous-explorée. Le Maroc connaît à son tour plus de concentration des compagnies étrangères.
    Aujourd’hui, l’ONHYM a mis en place une dynamique de promotion très active.
    Les équipes de l’Office participent à toutes les grandes conférences internationales aux États-Unis, en Asie, en Europe… Nous sommes présents avec des stands et des présentations techniques et scientifiques sur les bassins au Maroc. Au travers les échanges, des sociétés expriment leur intérêt pour des investissements au Maroc.
    En 2012, plusieurs sociétés étrangères ont fait leur déplacement au Maroc. Quel est le niveau d’investissement actuel?
    L’intérêt pour le Maroc existe depuis plusieurs années. Effectivement, en 2012-2013 on note une plus grande affluence. Aujourd’hui, on a des accords avec 31 sociétés, soit à travers des contrats de reconnaissance soit des permis d’exploration.
    Si on prend la moyenne des dernières années, les partenaires ont investi entre 600 MDH et 1,2 MMDH par an, soit 10 à 15 fois l’effort que nous déployons. L’État à travers l’ONHYM investit entre 60 et 70 MDH par an.
    Pourquoi les investissements demeurent-ils en deçà des aspirations malgré les efforts déployés ?
    L’investissement n’est pas encore suffisant, car il faut faire beaucoup de forages. Le défi est de pouvoir maintenir l’intérêt des compagnies et les pousser à forer davantage. Or le forage coûte très cher. Avant de prendre une décision de forage, il faut passer par un processus extrêmement complexe d’évaluation.
    À titre d’exemple, pour l’offshore atlantique qui est, pour nous, une zone à fort potentiel, les premiers forages en offshore profond ont été faits en 2005 par la société Shell. Ces forages ont coûté chacun 25 millions de dollars à cette époque.
    Le même forage en 2009 par Repsol à Tanger-Larache a coûté 80 millions de dollars. Aujourd’hui, les prévisions relatives aux forages qui vont être faits en 2014 sont de 100 à 110 millions de dollars.
    Les coûts augmentent énormément. Avant de passer au forage à 100 millions de dollars, il faut peser le pour et le contre. On est, ainsi, mobilisé pour augmenter davantage le niveau d’investissement.
    Quels sont justement les arguments de l’ONHYM pour attirer davantage de compagnies pétrolières ?
    Des similitudes existent entre certains bassins marocains avec des zones productrices notamment dans le Golf du Mexique et au large de Nova Scotia. Les données actuelles semblent motivantes et intéressantes. Les compagnies sont ainsi intéressées. Le Maroc dispose d’un potentiel, mais on n’a pas encore fait de découvertes majeures.
    On a fait des découvertes dans le Gharb et à Mezgala. Des découvertes de gaz ont été faites au large de Tanger-Larach et à l’est du Maroc (Tamdrara).
    Quelles sont les régions les plus prometteuses ?
    Il s’agit de l’offshore atlantique avec un focus sur la région d’Essaouira, d’Agadir et le Sud. On ne peut pas se prononcer sur les régions où l’on n’a pas encore foré. Tout dépend de l’importance des travaux qui seraient faits à l’avenir.
    Peut-on espérer qu’un jour le Maroc sera un pays producteur de pétrole ?
    C’est ce que nous souhaitons. C’est vers cet objectif que s’orientent tous les efforts que nous menons. Au stade actuel, je préfère ne pas m’avancer pour une telle affirmation. Les efforts en cours doivent se poursuivre. On doit accélérer et augmenter le niveau d’investissement. Je pense que le résultat pourrait être au rendez-vous. Notre souci est que les compagnies maximisent leurs efforts d’investissements et passent d’une phase à l’autre.
    Comment se fait le développement de l’expertise nationale ?
    Nous disposons d’équipes géo-scientifiques expertes dans le domaine de la géologie, de la sismique, du traitement des données… Quand il s’agit de certaines techniques pointues, on fait appel aux prestataires de service. À titre d’exemple, pour faire une campagne de sismique, on fait appel à des sociétés spécialisées. Nous faisons des interprétations en parallèle. Nous avons des compétences et nous nous appuyons chaque fois que c’est nécessaire sur les prestations extérieures pointues.
    L’ONHYM dispose d’une quarantaine de géologues et physiciens. Si demain les choses s’accélèrent, on pourrait former davantage d’experts pour accompagner le développement futur.
    Vous avez tenu votre conseil d’administration en janvier. Quelles sont les priorités tracées pour 2013 ?
    Il s’agit de poursuivre les programmes d’exploration dans le domaine du pétrole. Nous avons des zones sur lesquelles travaillent les équipes de l’ONHYM. Nous suivons nos partenaires de près sur l’ensemble du territoire. Des réunions périodiques sont tenues avec eux. Pour 2013, une douzaine de forages sont prévus outre des campagnes de sismique. Dans le domaine Mines, nous travaillons sur quelque 28 projets entre les métaux de base, les métaux précieux et les roches et minéraux industriels. Nous avons également des partenariats avec plusieurs entreprises. La dynamique enclenchée depuis quelques années se poursuit avec la nécessité de développer davantage les investissements dans ce secteur très risqué et très capitalistique.

    Publié le : 1 Avril 2013 - Entretien réalisé par Jihane Gattioui, LE MATIN

  • #2
    C'est cruel, un tel entretien sur un tel sujet, un 1 er avril !
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