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Mon cerveau d’avant Internet me manque de plus en plus

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  • Mon cerveau d’avant Internet me manque de plus en plus

    Je suis devenue une créature fébrile et frénétique, une zébulonne en surchauffe perpétuelle, incapable de ne faire qu’une chose à la fois.

    Maintenant, quand j’ai envie de recommander un livre, au lieu de me fatiguer à synthétiser le propos de l’auteur, à le décortiquer et à le commenter, à le mettre en relation avec des lectures passées, je balance deux lignes Facebook ou Twitter: « Lisez ça, c’est super. » Une grande avancée pour la finesse de la pensée et la richesse du vocabulaire.
    Making of
    Le texte de Mona Chollet démarre comme ça : « L’une des raisons pour lesquelles les mises à jour de Périphéries sont devenues si rares, c’est que j’ai été avalée par les réseaux sociaux. » Le titre de ce carnet – c’est bien trop long et riche pour être une note de blog – est « D’images et d’eau fraîche – Ode à Pinterest ». L’auteur, cheffe d’édition au Monde diplomatique, auteure de « Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine » (La Découverte, 2012) a bien voulu que nous en publiions un extrait. Merci. Blandine Grosjean.

    Dans son étude des usagers du téléphone portable, le sociologue Francis Jauréguiberry (« Les Branchés du portable. Sociologie des usages », PUF, 2003) analyse ce que change dans les relations humaines le fait d’avoir à disposition des moyens de communication instantanée, et de pouvoir atteindre n’importe qui, n’importe quand, par un appel ou un SMS – mais sa réflexion vaut aussi pour un statut Facebook ou un tweet.
    Avec le portable et les réseaux sociaux, au lieu de laisser décanter en soi ce qu’on veut dire, au lieu de le ruminer longuement dans son coin, de le laisser mûrir, on s’exprime à flux tendus, par bribes.
    Le portable, un danger pour l’émotion

    « La pulsion interdit l’élaboration de l’élan », écrit Jauréguiberry. Certains de ses interlocuteurs disent eux-mêmes que le portable représente à leurs yeux, dans leurs relations avec leurs proches,
    « un danger pour l’émotion pensée non plus comme passage à l’acte, mais comme tension créatrice. Le risque est de voir l’impulsion chasser l’imagination, et le bavardage remplacer l’échange. Le silence et le différé, condition de retour sur le passé et de projection dans l’avenir, sont les complices d’un présent créateur. Mais lorsque ce présent n’est plus qu’une succession d’immédiats éphémères, où se situe la continuité ? ».
    C’est « Je t’aime, tu me manques. »

    L’un des enquêtés de Jauréguiberry s’inquiète pour les lettres d’amour, en particulier :
    « Le téléphone a un aspect simplificateur de la pensée que le billet doux ou la lettre n’a pas. Parce que la lettre, on l’écrit, on la réécrit, on la jette, on la recommence... On prend plus de temps à faire passer le message. Avec le portable, c’est : “Je t’aime, tu me manques.” Non seulement c’est brut et peu sophistiqué, mais ça appauvrit, je crois, la relation. »
    Forcément, à l’époque où une lettre devait voyager pendant des jours, voire des semaines, avant d’atteindre son destinataire, il aurait paru légèrement incongru de se contenter d’un « Je t’aime mon chéri, bisous ». [...]
    Cet appauvrissement des échanges ne concerne pas forcément l’e-mail – même si certains observent que la logique du SMS est en train de le contaminer, et qu’on s’envoie des courriers électroniques de plus en plus à un rythme de plus en plus rapide. [...]
    Avant, j’étais une personne posée et tranquille

    Bref. Reste le problème des réseaux sociaux, et de la façon dont ils ôtent toute profondeur au temps, mais aussi dont ils nous privent de nos capacités de retrait et de concentration.




    "Mon cerveau d'avant Internet me manque" dit une illustration de Douglas Coupland qui a beaucoup circulé... sur Internet.
    Dans mon cas, il y a effectivement de quoi rester perplexe en comparant la personne tranquille et posée que j’étais avant – pas exactement avant Internet, mais disons aux débuts du Net, avant la grande accélération du web 2.0 –, lorsque je pouvais rester de très longs moments seule dans ma bulle, avec la créature fébrile et frénétique que je suis devenue : une zébulonne en surchauffe perpétuelle, incapable de ne faire qu’une chose à la fois, qui consulte à tout bout de champ ses multiples comptes (e-mail, RSS, Facebook, Twitter), qui abandonne les livres au bout de cinquante pages et qui ne sait plus où donner de la tête entre tous les objets dignes de son attention.
    Mon cerveau est devenu une passoire. J’envisage d’essayer la technique Pomodoro qui consiste à installer un minuteur pour s’obliger à se consacrer à une seule tâche pendant vingt-cinq minutes : gros challenge en perspective.
    Dans Féerie générale (éditions de l’Olivier, lisez-ça-c’est-super), Emmanuelle Pireyre écrit :
    « J’ai noté quelques subtilités récentes de la technologie pour nous rendre dépendants, augmenter indéfiniment les surfaces d’échanges, j’ai noté le recul des possibilités d’autarcie. »
    Qu’est-ce qu’on fout, au juste ?

    [...] J’assume toujours ma vision enthousiaste d’Internet : il a modifié de façon spectaculaire les rapports de force dans la société, permis une éclosion d’expression fabuleuse. Ma génération ne serait nulle part sans Internet. En vingt ans, elle a déjà écrit une épopée.

    Je suis très consciente de la façon dont, loin de m’isoler, Internet a enrichi, très concrètement, ma vie réelle et relationnelle. Mais en même temps, je suis sensible à ces discours sur le trop-plein, la routine, le fantomatique. Est-ce que je serais en train de céder à un catastrophisme de Cassandre réac façon Finkielkraut ?
    A partir de quand le « fantomatique entre les hommes » cesse-t-il d’être, comme l’art, un bienfait, une forme de communication profonde et indispensable, complémentaire des autres, pour enfermer chacun dans une dérive solitaire et impuissante ? Est-ce que ce n’est pas aussi la vieille peur, la vieille réprobation sociale de l’imaginaire qui se manifeste dans les discours technophobes ?
    Entraînés dans des usages qui s’emparent de nous bien avant qu’on ait eu une chance de les penser, on peut seulement s’arrêter de temps en temps pour essayer de comprendre ce qu’on fout, au juste. Mais sans espérer apporter à cette question une réponse définitive


    Rue89
    La Réalité est la Perception, la Perception est Subjective

  • #2
    je me demande si la génération de moins de 20 ans peuvent imaginer a quoi ressemblée la vie avant l'internet...
    There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.

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    • #3
      @born: ils ne le pourront pas
      La Réalité est la Perception, la Perception est Subjective

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      • #4
        Je fais sans doute parti de ces derniers qui peuvent encore imaginer la vie avant internet, et c'est clair, le monde allait moins vite. La concentration était accrue, le sérieux aussi, la simplicité, les contacts humains plus sincères... après ne soyons pas dans une nostalgie faussement positive. Internet a apporté de grands avantages sur beaucoup de plans, il permet l'accès à une plénitude de choses pour des gens qui sont modestes.
        Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

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        • #5
          Une lettre dans une enveloppe timbrée .... ça fait tellement loin que j'ai sérieusement du mal a me souvenir quand j'ai en reçue une.


          Aprés reflexion, la derniere lettre que j'ai reçu m'a été envoyé par grand père allah yarhmou, ça remonte a 20ans, je me souviens l'avoir gardé longtemps dans ma poche.
          Dernière modification par BeeHive, 02 avril 2013, 19h32.

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          • #6
            Envoyé par BeeHive
            Une lettre dans une enveloppe timbrée .... ça fait tellement loin que j'ai sérieusement du mal a me souvenir quand j'ai en reçue une.
            ça n'a aucun charme c'est vrai, heureusement que les "impôts" sont là.

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            • #7
              je me demande si la génération de moins de 20 ans peuvent imaginer a quoi ressemblée la vie avant l'internet...
              Les K7
              Dans la nuit noire, sur la pierre noire, une fourmi noire, ... Dieu la voit.

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              • #8
                J'envoie encore des cartes postales moi, avec les timbres et tout

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                • #9
                  Bonsoir gentil clown ...

                  ’avant Internet
                  Moins d’indifférence, plus d'humanité, familles unies, harmonie des couples...moins de fous et détraqués, pervers et meurtriers.....

                  C’était avant...
                  " Regarde le ciel c'est marqué dedans , toi et moi. Il suffit de regarder les étoiles et tu comprendra notre destinée "♥ღ♥
                  M/SR

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                  • #10
                    Bonsoir

                    Des volontaires pour recréer le Village de Night Shyamalan??

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                    • #11
                      J'ajoute de la ram sur mon ordi proportionnellement à la perte de ma capacité mémoire...:22:
                      "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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                      • #12
                        J'ajoute de la ram sur mon ordi proportionnellement à la perte de ma capacité mémoire...


                        hayla...
                        There's nothing wrong with being shallow as long as you're insightful about it.

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